Comment le département de Mayotte subventionne le pèlerinage à La Mecque


Comment le département de Mayotte subventionne le pèlerinage à La Mecque:

Le 101e département français alloue des subventions de plusieurs milliers d’euros à des associations pour encadrer les pèlerins mahorais, en accord avec un décret sur le droit des cultes.

La loi de 1905 ne s’applique pas sur l’ensemble du territoire français. Ni en Alsace-Moselle, ni dans plusieurs territoires d’Outre-mer. D’où certaines particularités… À Mayotte, par exemple, le conseil départemental peut «aider les pèlerins à accomplir le hadj», tout en «respectant la laïcité». Le département a accordé, en 2018, un total de 70.000 euros de subventions à quatre associations organisatrices de pèlerinages à La Mecque. «Chaque année, on fait cela, précise Hadadi Andjilani, chef de cabinet du président du conseil départemental. C’est symbolique: le département ne finance pas le culte, nous ne faisons que de l’accompagnement.»

Considérant «le besoin d’encadrement et de sécurité des pèlerins mahorais en partance pour l’Arabie saoudite», «l’augmentation du nombre des pèlerins à Mayotte en 2018», et «que les demandes présentées par les associations répondent bien à la nécessité de la population mahoraise», le conseil départemental a ainsi voté, le 11 juin dernier, cette subvention de 70.000 euros aux associations organisatrices de pèlerinages à La Mecque «pour la prise en charge des billets d’avion, le transport interurbain, l’hébergement de l’équipe d’encadrement des pèlerins». Sachant qu’un tel voyage coûte «au moins 4500 euros par personne», «nous finançons moins de la moitié», souligne Hadadi Andjilani.

Décret Mandel

Jusqu’à l’indépendance des Comores, en 1975, «il y avait la prise en charge d’un pèlerin par canton, rappelle le député (LR) Mansour Kamardine. Après, la tradition a perduré à Mayotte. Au milieu des années 1990, j’ai fait partie de ceux qui, au nom de la laïcité, ont proposé de subventionner non plus les pèlerins, mais les associations organisatrices. Le coût d’un accompagnement est bien inférieur à une assistance s’il y avait un problème, voire un rapatriement de corps…»

«Si, un jour, des catholiques sollicitaient le département pour aller à Lourdes, pas de problème, nous ferions pareil»

Selon le département, 648 pèlerins ont fait le voyage l’été dernier. «Ce sont en général des gens âgés, qui ont besoin de médicaments», explique Saïd Maanrifa Ibrahima, président de l’Aspel, l’une des associations, qui dit recevoir «cette subvention chaque année depuis plus de trente ans». «Ils ne parlent pas l’arabe, ne savent pas s’orienter à La Mecque, donc c’est obligatoire de leur fournir des guides et des infirmiers!», assure-t-il. À Mayotte, comme en Guyane et dans les autres collectivités territoriales d’Outre-mer, la loi de 1905 n’est jamais entrée en vigueur. Lorsque l’archipel est devenu, en mars 2011, le 101e département français, le droit des cultes a continué d’être régi par un décret-loi dit «décret Mandel» datant de 1939, qui permet à toutes les sensibilités religieuses de bénéficier d’une aide publique. Aucune disposition de ce décret ne s’oppose à ce qu’une collectivité territoriale finance – dans le respect du principe d’égalité entre les cultes, et à la condition qu’il existe un motif d’intérêt général – des dépenses liées aux cultes.

Y a-t-il vraiment un motif d’intérêt général à subventionner des accompagnants pour le hadj? «Bien sûr, répond Hadadi Andjilani. C’est comme s’il y avait un groupe de jeunes qui voulait aller visiter la tour Eiffel: ils auraient besoin d’un accompagnement pour ne pas se perdre dans le métro! Et si, un jour, des catholiques sollicitaient le département pour aller à Lourdes, pas de problème, nous ferions pareil.»

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