« Aquarius » : les 630 migrants en route vers l'Espagne

Bloqués depuis le 10 juin au large des côtes maltaises, ces 630 migrants vont effectuer une traversée d'au moins quatre jours pour rejoindre l'Espagne.

Source AFP

Ces migrants ont été secourus au large de la Libye entre le samedi 9 et le dimanche 10 juin (photo d'illustration).

Ces migrants ont été secourus au large de la Libye entre le samedi 9 et le dimanche 10 juin (photo d'illustration).

© AFP

Temps de lecture : 4 min

Six cent vingt-neuf migrants, ballottés en Méditerranée depuis dimanche 10 juin après le refus de l'Italie et de Malte de les accueillir, sont partis mardi 12 juin au soir vers l'Espagne à bord de trois bateaux, dont le navire humanitaire Aquarius. Il faudra encore au moins quatre jours de mer à cette flottille composée de l'Aquarius, où ils se trouvaient encore tous jusqu'à mardi, et de deux autres italiens où quelque 500 d'entre eux ont été transbordés, avant de toucher le port espagnol de Valence.

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Quelque 72 heures après le début de cette crise sans précédent en Europe, le dénouement semblait donc enfin proche pour ces migrants secourus au large de la Libye entre samedi et dimanche, mais qui sont restés ensuite bloqués jusqu'à mardi à une trentaine de milles des côtes maltaises, à la suite du refus de l'Italie et de Malte de les accueillir. Ce refus a déclenché une vague d'indignation, ou d'approbation, dans toute l'Union européenne, mais aussi un échange virulent entre la France et l'Italie qui se sont mutuellement accusées de « cynisme ». La présidence du Conseil italien a ainsi fait savoir mardi qu'elle refusait les « leçons hypocrites » de Paris, ou de « pays ayant préféré détourner la tête » du problème migratoire. Giuseppe Conte, le président du Conseil italien, réagissait aux propos du président français Emmanuel Macron, qu'il rencontrera vendredi à Paris, dénonçant le même jour la « part de cynisme et d'irresponsabilité du gouvernement italien » après son refus d'accueillir l'Aquarius.

L'ONG SOS Méditerranée, qui a affrété ce navire humanitaire et confirmé son départ vers l'Espagne mardi soir, n'a pas donné de détail sur la situation à bord des trois bateaux. Plus tôt dans la journée, Anelise Borges, de la chaîne Euronews et seule journaliste à bord de l'Aquarius, avait toutefois décrit à l'Agence France-Presse la fatigue mais aussi l'impatience de ces migrants, dont sept femmes enceintes et onze enfants en bas âge, à enfin toucher terre. « La situation est calme si on considère le nombre d'heures [passées en mer] et les souffrances que ces gens ont déjà endurées », avait-elle ainsi raconté par téléphone dans l'après-midi.

Inquiétude

Mais tandis que cette attente se prolongeait, beaucoup de ces migrants se sont inquiétés d'être renvoyés en Libye, à tel point que les secouristes de l'Aquarius ont dû faire le tour du navire, cartes en main, pour montrer qu'ils étaient désormais loin des côtes libyennes, a encore raconté cette journaliste d'Euronews au téléphone. L'Aquarius, présent depuis février 2016 dans cette partie de la Méditerranée, où il a secouru près de 30 000 personnes, était depuis dimanche au centre d'un bras de fer entre l'Italie et Malte, avant que l'Espagne ne se propose de l'accueillir.

La détermination du ministre italien de l'Intérieur Matteo Salvini, à la manœuvre depuis le début de cette crise, l'a finalement emporté, grâce au geste salué par l'Italie du gouvernement socialiste espagnol de Pedro Sánchez. « Sauver des vies est un devoir, transformer l'Italie en un énorme camp de réfugiés, non. L'Italie en a fini de courber l'échine et d'obéir, cette fois IL Y A QUELQU'UN QUI DIT NON », assurait dès lundi sur Twitter Matteo Salvini, qui est en même temps le patron de la Ligue (extrême droite).

Lire aussi - Migrants : Matteo Salvini remporte son premier bras de fer en Europe

Matteo Salvini, qui s'est imposé ces derniers jours comme le véritable homme fort du gouvernement italien, a confirmé mardi que les autres ONG opérant au large de la Libye seraient traitées de la même manière. Autrement dit, que les ports italiens leur seraient dorénavant interdits.

« Front en Europe »

Ce qui n'a pas empêché SOS Méditerranée d'affirmer mardi vouloir poursuivre ses opérations de sauvetage au large de la Libye, dès que l'Aquarius serait de retour d'Espagne. Le nouveau ministre italien de l'Intérieur estime néanmoins avoir atteint son but : contraindre les autres pays européens à prendre en charge une partie du « fardeau » de la crise migratoire. « Nous avons ouvert un front en Europe », s'est-il ainsi félicité lundi. « Si l'Europe existe, qu'elle nous fasse le plaisir de nous aider », a-t-il ajouté. L'Italie, qui a vu quelque 700 000 migrants débarquer sur ses côtes depuis 2013, a régulièrement accusé les Européens de l'avoir laissée seule face à la crise migratoire.

Et si la fermeté du nouveau gouvernement populiste italien a suscité l'indignation de certains en Europe, elle a aussi rencontré l'approbation de plusieurs pays de l'Est. Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a ainsi assuré mardi l'Italie de son « total soutien », tandis que son homologue slovaque Peter Pellegrini a souhaité que la fermeté de Rome ne soit « que le début » du renforcement des frontières maritimes de l'UE.

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Commentaires (8)

  • Ambroudiane

    Les questions que vous posez l'ont été maintes et maintes fois.
    Pas de réponses. L'Europe et l'ONU dénoncent mais ne donnent aucune solution.
    Quant à ceux qui disent qu'il faut importer des migrants pour que l'Europe ait de la main d'oeuvre dans le futur, je leur pose la question suivante : "Savez-vous qu'il y a actuellement 16 millions de chômeurs en Europe ? ".
    Il serait facile -en France- de remettre les 39 heures hebdomadaires et la retraite à 65 ans puisque les populations vivent bien plus longtemps et en meilleure santé.
    CQFD.

  • MAIRELEC

    Alexandre Del Valle
    https : //rmc. Bfmtv. Com/mediaplayer/replay/radio-brunet/
    l'émission complète est encore plus instructive

  • MAIRELEC

    Leonardo Agueci, procureur à Palerme https : //mobile. Lemonde. Fr/afrique/article/2016/11/23/a-palerme-la-mafia-delegue-ses-basses-uvres-aux-migrants-nigerians_5036662_3212. Html 
    je ne fais pas de commentaire