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16 ) Un dévoiement du langage de l’union mystique dans l’EMV ? - Réfutation de l'article de dom Guillaume Chevallier

communautesaintmartin.org/…MV-III-ASPECTS-PSYCHOLOGIQUES-DES-PERSONNAGES-.pdf

Qui est le mentor de dom Guillaume Chevallier ?

Voir aussi la réponse de F.M.Debroise à ces articles,

celle du docteur psychiatre D.Gloppe

et celle du collectif Marie de Nazareth: Réponse à Don Guillaume Chevallier : il n’y a aucune erreur doctrinale dans les écrits de Maria Valtorta

---> J'aurais aimé pouvoir au moins vous dire qu'épuisé d’avoir vainement essayé de nous balader avec ses micro-citations décontextualisées, DGC se soit à présent essayé à un petit changement de stratégie, dans son attaque de l'EMV : tentant par exemple cette fois-ci un détournement d’attention, afin de nous entraîner sur une fausse piste, ou quoi que ce soit d'autre...

---> Mais non, il n'en est rien : son massacre pur et dur de l'oeuvre va continuer imperturbablement comme il a commencé, sans aucune forme d'originalité.

DGC :
Quoique la lutte contre l’amour possessif soit un thème récurrent, l’amour le plus spirituel – que les maîtres appellent « union mystique » – est exprimé en termes excessivement charnels. On est loin ici de la délicatesse de l’analogie que suggère dans l’Écriture le Cantique des cantiques ou le langage symbolique de Sainte Catherine de Sienne ou Saint Jean de la Croix. L’Église ne recourt à ce langage qu’avec les précautions qui sauvegardent le changement de plan nécessaire de l’image signifiante (les noces de l’époux et de l’épouse) à la réalité signifiée (l’union des volontés d’une créature – à l’intérieur du mystère de l’Église – avec le Créateur). Valtorta utilise le langage mystique des noces de manière grossière.

---> Ce n'est pas Maria Valtorta qui l'invente, c'est le Christ Lui-même qui s'identifie à l’Époux, dans les Évangiles : cela n'a rien d'une simple comparaison entre une image signifiante et une réalité signifiée, c'est une réalité spirituelle absolue, quoi que l'auteur semble vouloir la qualifier de "vulgaire". L'EMV n'ajoute ni ne retranche rien à cette réalité des épousailles du Christ avec les âmes : elle lui donne toute sa vraie place.

---> L’auteur nage ici dans l’aveuglement le plus complet qu’a provoqué en lui sa « théologie de la désincarnation » : pour lui en effet, que l’on se situe pendant, ou après la Vie incarnée de notre Seigneur sur la terre, tout doit se dérouler exactement dans le même « vide des sens » que dans un monastère bénédictin, presque « en fermant les yeux », sans rien à raconter.

---> Et ainsi, puisque dans un monastère bénédictin, les candidats à la vie religieuse n’expérimentent généralement pas le Christ avec leurs sens, par conséquent, tout ce qui serait directement lié à l’Incarnation dans le récit de la Vie terrestre du Seigneur ( c’est-à-dire : tout, en fait ) est considéré par l’auteur comme éminemment « charnel » et « grossier », selon ses propres termes.

---> En réalité, il y a quand même quelque chose qui gêne beaucoup l’auteur dans le mystère de l’Incarnation du Verbe, et c’est justement : son Incarnation ! Car elle l’empêche de rêver à cette spiritualisation totale, cette pure absence d’expérimentation du Christ par les sens, cette dernière amenant bien trop d’affects humains à son goût : on arrive presque à imaginer son dégoût, lorsqu’il se trouve obligé chaque année à Pâques, de se rappeler par exemple :

- Comment saint Jean commence sa fameuse épître, en faisant très explicitement référence à l’expérience des sens : « Ce qui était depuis le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché du Verbe de vie, nous vous l’annonçons. ( 1 Jean 1,1 )

- comment Thomas mit ses mains ( !!! ) dans les plaies du Seigneur, allant donc jusqu’à Le…. toucher ! après sa Résurrection, s’écriant dans un sursaut ému de foi, impossible à contenir : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » ( Jean 20,27 )

- ou bien encore, comment Marie Magdeleine, au lieu d’expérimenter sobrement la Résurrection du Christ avec la même retenue qu’une moniale contemplative, se mit d’abord très charnellement à pleurer sans retenue, « comme une Magdeleine » qu’elle était, puis dans son émoi indescriptible accompagnant son cri « Rabbouni ! », se mit grossièrement à vouloir toucher le Christ Ressuscité de ses mains ! ( Jean 20,11-18 ) : mais quelle honte.

---> Peut-être n’était-elle pas rassasiée du « scandale grossier et vulgaire » qu’elle avait causé jadis, lorsqu’en larmes, elle embrassa les pieds de Jésus, les parfumant et les essuyant avec quoi… avec ses cheveux !? ( Luc 7,38 ) Mais quel spectacle vil et abject. On est vraiment bien loin ici du « langage symbolique de Sainte Catherine de Sienne ou Saint Jean de la Croix », si cher à DGC !

Le sujet vient dans les conversations les plus ordinaires, avec des accents à la limite du vulgaire, par exemple dans ce dialogue avec Philippe. « Jésus » vient de lui annoncer que sa fille ne veut plus du fiancé à qui son père la promettait. Philippe est interdit : quelle est la cause de ce refus ? « Jésus » joue sur un quiproquo que l’on pourrait lire dans L’École des femmes, avec Philippe dans le rôle d’Arnolphe, pour évoquer la consécration virginale.

---> De qui DGC se moque : nous allons le comprendre immédiatement, en lisant sa ... "citation" de l'oeuvre, quelque peu arrangée par ses soins.

---> Et si juste après - rien que pour rire un peu - on se moquait à la manière dont le fait DGC, mais cette fois-ci : de la scène ou la future sainte Mariam Baouardy, âgée de treize ans, annonça à son oncle interdit – qui à son tour tiendrait ici le rôle d’Arnolphe, tiré de « L’École des femmes » de Molière - qu’elle ne voulait pas se marier, mais plutôt se consacrer toute à Dieu ? C’est ce que je vous proposerai à la fin de cet article, en tout bien tout honneur bien évidemment, sous forme d’une petite pièce théâtrale hagiographique.

--->
Et oui, car il se trouve que le parallèle entre les deux histoires, celle de Mariam Baouardy et celle de la vocation de la fille de Philippe dans l’EMV, est quasiment parfait, à quelques variantes près.

---> Mais d’emblée, il faut se retenir de rire à entendre DGC dépeindre cette histoire si touchante, tellement humaine et spirituelle à la fois et continuant d’arriver de nos jours dans beaucoup de familles ayant la joie d’accueillir une vocation religieuse, comme étant : « à la limite du vulgaire ». Mais il arrive souvent que, lorsqu’on a « de la matière dans les yeux », on ne se montre pas toujours forcément … très objectif.

Philippe - Il n’y a pas de raison de repousser un excellent époux. A moins que… Non, ce n’est pas possible !
« A moins que ? Achève, Philippe » dit Jésus, pour l’encourager.
« A moins qu’elle en aime un autre. Mais ce n’est pas possible ! Elle ne sort jamais de la maison, et à la maison elle a une vie très retirée. Ce n’est pas possible ! »
« Philippe, il y a des amants qui pénètrent même dans les maisons les plus fermées ; qui savent parler, malgré toutes les barrières et toutes les surveillances, à celles qu’ils aiment ; qui abattent tous les obstacles de veuvage, ou de jeunesse bien gardée, ou… encore d’autre sorte, et qui prennent celles qu’ils veulent. Et il y a aussi des amants qu’on ne peut refuser parce qu’ils sont irrésistibles dans leur volonté, parce qu’ils sont séduisants pour vaincre toute résistance, fut-ce celle du démon. C’est l’un d’eux qu’aime ta fille, et le plus puissant.

[Suivent des hypothèses de Philippe : quelqu’un de la cour d’Hérode, de la maison du Proconsul ?]

( « Je tuerai plutôt ma fille. Ne souris pas, Maître, je souffre ! )
le texte est subtilement coupé ici par DGC, afin de rendre impossible l'explication du "mais tu plaisantes, Maître ! " de Philippe. Voici donc rétabli ce qui est coupé, qui explique tout :

// Jésus :
- C'est l'un d'eux qu'aime ta fille, et le plus puissant.

Philippe :
- Mais qui ? Quelqu'un de la cour d'Hérode ?

Jésus :
- Ce n'est pas une puissance !

Philippe :
- Quelqu'un... de la maison du Proconsul, un patricien romain ? Je ne le permettrai à aucun prix. Le sang pur d'Israël n'entrera pas en contact avec un sang impur. Je tuerais plutôt ma fille ! Ne souris pas, Maître ! Je souffre !

Jésus :
- C'est parce que te voilà comme un cheval emballé ! Tu vois des ombres là où il n'y a que lumière. Mais sois tranquille: le Proconsul n'est qu'un serviteur, de même que ses amis patriciens, et César lui-même. //


Mais tu plaisantes, Maître ! Tu as voulu me faire peur. Il n’y a personne de plus grand que César et de plus maître que lui.

( Et oui, car Jésus suggère bien que "l'amant" dont il s'agit représente "une puissance", donc : forcément romaine et impure, dans l'esprit de Philippe qui s'en irrite ! Ce à quoi Jésus répond que César lui-même n'est qu'un serviteur comparé à cet "Amant" ---> pour Philippe, encore tout charnel, c'est une plaisanterie ! Or ce n'en est pas une... ndt )

« Il y a moi, Philippe.
« Toi ? Tu veux épouser ma fille ?!
« Non. Son âme. Je suis l’amant qui pénètre dans les maisons les mieux fermées et dans les cœurs les mieux verrouillés par sept et sept clefs. Je suis celui qui sait parler malgré toutes les barrières et les surveillances. Je suis celui qui abat tous les obstacles et prend ce qu’il veut prendre : les purs et les pécheurs, les vierges et les veuves, ceux que le vice n’enchaîne pas et ceux qui en sont esclaves. Et à tous je donne une âme unique et nouvelle, régénérée, rendue heureuse, éternellement jeune. Mes fiançailles. Et personne ne peut refuser de me donner mes douces proies
// » (IV, 104, 90-91)

Flagrant délit de coupure du texte au milieu d’une phrase, qui continue ainsi :

// « … ni le père, ni la mère, ni les enfants et pas même Satan. Que je parle à l'âme d'une fillette comme ta fille ou à celle d'un pécheur plongé dans le péché et ligoté par Satan par sept chaînes ( celle de Marie Magdeleine ndt ) , l'âme vient à moi. Et rien ni personne ne me l'arrache plus. Et aucune richesse, puissance, joie du monde ne procure la joie parfaite qui est le lot de ceux qui s'unissent à ma pauvreté, à ma mortification. Dépourvus de tout pauvre bien, revêtus de tous les biens célestes, ils sont joyeux de la paix d'appartenir à Dieu, et à Dieu seul... Ce sont eux, les maîtres de la terre et du Ciel : de la première parce qu'ils la dominent, du second parce qu'ils le conquièrent.

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--->
Donc, rien de ce qui est charnel ne peut plus arracher à Jésus les « douces proies » qu’Il s’ait conquises, car son Amour étant purement spirituel, Il les conduit à une joie parfaite que rien de ce qui est terrestre ne peut donner : nous sommes ici aux extrêmes antipodes de ce que décrivait DGC avec un air de dégoût hautain, comme étant « charnel » et « grossier ».

---> C’est Philippe seul qui se montre charnel ici, et non pas Jésus qui se met à son niveau pour l’aider à quitter son point de vue charnel, et à s’élever à un point de vue infiniment plus spirituel.

---> C'est donc Philippe, parce qu'il pense encore de façon tout à fait charnelle, qui crée ici le quiproquo, et non Jésus, qui amène la vérité certes en douceur, mais en toute clarté. Jésus veut simplement éviter un choc trop brutal, et que Philippe ne pense qu'Il veuille prendre sa fille pour femme. Il le laisse donc deviner, par étapes.

--->
En effet Philippe, dans sa pensée encore charnelle, n’envisage pas encore une seule seconde que, sinon un autre homme, il puisse exister un concurrent au fiancé qu’il destine à sa fille. Il soupçonne donc que cet inconnu puisse être de la cour d’Hérode ou de la maison du proconsul : c’est-à-dire un simple homme, capable de procréer avec elle.

---> Il a une mainmise très charnelle sur sa fille : il sait bien qu’elle n’est pas sortie de sa chambre ? Elle n’a donc selon lui pas pu connaître un autre amour.

---> Et c’est bien évidemment son espérance encore toute charnelle de voir se prolonger sa descendance par le mariage humain de sa fille, qui lui empêche de voir et d’accepter qu’un amour infiniment plus spirituel puisse contrecarrer ses plans.

---> Jésus est à l’exact opposé de Philippe : Il est étranger au charnel, puisque l’image qu’Il prend des « amants qui pénètrent même dans les maisons les plus fermées ; qui savent parler, malgré toutes les barrières et toutes les surveillances, à celles qu’ils aiment ; qui abattent tous les obstacles de veuvage, ou de jeunesse bien gardée, ou… encore d’autre sorte ( Il veut parler ici de l’opposition de Philippe son père, ndt ), et qui prennent celles qu’ils veulent », non seulement fait référence :

- au psaume 44, 10 et 15-17 : « Parmi tes bien-aimées sont des filles de roi ; à ta droite, la préférée, sous les ors d'Ophir » ; « on la conduit, toute parée, vers le roi. Des jeunes filles, ses compagnes, lui font cortège, on les conduit parmi les chants de fête : elles entrent au palais du roi. À la place de tes pères, te viendront des fils, tu en feras des princes sur toute la terre. »,

- mais aussi au premier chapitre du Cantique des cantiques : « Délice, l’odeur de tes parfums ; ton nom, un parfum qui s’épanche : ainsi t’aiment les jeunes filles ! » ( Cant 1,3 ) , où bien évidemment, ce n’est pas d’un amant séducteur polygame dont il est question, mais de Dieu Lui-même, l’Amant et l’Époux des âmes, comme aussi dans la parabole évangélique des vierges sages et folles ( Matt 25,1-13 ).

---> « Et il y a aussi des amants qu’on ne peut refuser parce qu’ils sont irrésistibles dans leur volonté, parce qu’ils sont séduisants pour vaincre toute résistance, fut-ce celle du démon. C’est l’un d’eux qu’aime ta fille, et le plus puissant. »
Effectivement, nul ne peut rivaliser en puissance d’Amour avec Celui qui est désigné par tous comme : « l’Époux » ! ( Jean 3,29 ; Matt 9,15 ; Matt 25,1-13 ), à l’Amour duquel il serait vain de résister, bien que cela soit possible, mais seulement pour obtenir la damnation. « Voici l’Époux qui vient, Il arrive au milieu de la nuit. Heureux l’homme qu’Il trouvera éveillé, malheureux celui qu’Il trouvera livré à la paresse. Veille dans la prière, ne te laisse pas appesantir par le sommeil, pour ne pas être livré à la mort, et voir devant toi se fermer les Portes du Royaume. Mais écris toi, debout et pleinement éveillé : Saint, saint, saint es-tu, Seigneur mon Dieu ! Par la prière de la Mère de Dieu, aie pitié de nous. » ( Vigiles nocturnes orientales )

Le dernier terme laisse pantois. Il s’agit, bien sûr, d’une image, mais si lourdement amenée qu’elle ne parvient pas à dissiper l’impression que laisse ce personnage qui se révèle non seulement séducteur, mais prédateur. Les personnages féminins recherchent cette proximité avec « Jésus », qui se traduit de manière fort concrète par exemple dans cette scène comparable à un moment de fiançailles sublimées : « C’est toi qui viens, mon Dieu, pour prendre ta pauvre servante et en faire ton épouse ».

---> Ce soi-disant « dernier terme qui laisse pantois », artificiellement mis en exergue par DGC à l’aide de sa citation tronquée au milieu d’une phrase, est : « douces proies », terme pourtant couramment employé par les plus récentes saintes mystiques, pour parler de leur ravissement dans l’Amour du Christ, comme :

- Sainte Élisabeth de la Trinité, dans sa célèbre prière d’abandon, où elle se compare bien à « une proie » pour la sainte Trinité, en ces termes : « Ô mes Trois, mon Tout, ma Béatitude, Solitude infinie, Immensité où je me perds, je me livre à vous comme une proie. Ensevelissez-vous en moi pour que je m’ensevelisse en vous, en attendant d’aller contempler dans votre lumière l’abîme de vos grandeurs. »

- Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, dans son acte d’offrande, s’offre en « victime d’holocauste à l’Amour Miséricordieux », or la victime de l’Amour en est par définition … la proie !

- Et cette spiritualité n’apparaît pas là par hasard : elle s’inspire directement de la spiritualité Thérésienne, qui parle dans « Le château intérieur » des moments où elle se sent comme « capturée » par l’Amour de Dieu ( donc : comme une proie ),

- et de saint Jean de la Croix, utilisant par exemple dans son poème "La Nuit obscure" des métaphores d'amour et de chasse pour décrire la quête de l'âme pour l'union divine, décrivant par exemple comment l'âme est attirée par Dieu dans une sorte de chasse amoureuse, où Dieu agit comme le chasseur divin qui poursuit l'âme : qui se trouve ainsi être "sa proie".

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Oui, il y a bien quelque chose de lourd, voire de très lourd, mais ce n’est certainement pas la manière dont Jésus amène l’image des âmes comme étant ses « douces proies » : DGC ferait bien de reprendre plutôt à son propre compte cette accusation de lourdeur, tellement inappropriée pour parler de l’Oeuvre.

---> On aura compris que jamais le Christ n’échappera à cette suspicion de l’auteur d’être un prédateur séducteur, resservie à n’importe quel prétexte, alors même que les propos du Christ dans l’EMV sont parfaitement fondés sur la Bible. La cause n’est pas à chercher dans l’oeuvre, mais dans la conscience de l’auteur, marquée au fer rouge par le souvenir des gestes d’abus, commis par le fondateur de la communauté saint Martin ( l’abbé Guérin ) sur certains de ses séminaristes.

---> Mais pour mieux se protéger des inévitables futurs abus semblables de la part de déséquilibrés pervers narcissiques, DGC va-t-il donc proposer d’interdire la diffusion de la Bible et de la plupart des écrits spirituels des saints, qu’il est toujours possible pour un déséquilibré mental d’interpréter d’une manière déviante, purement charnelle ?

---> Enfin : « C’est toi qui viens, mon Dieu, pour prendre ta pauvre servante et en faire ton épouse ». Ces fiançailles sublimées, décriées par l’auteur, sont pourtant en tout point comparables à celles de la petite Thérèse de Lisieux avec Jésus, comme elle le décrit de manière si touchante et non sans un brin d’humour, dans son autobiographie, en ces termes :

«Lettre d’Invitation aux Noces de soeur Thérèse de l’Enfant Jésus de la Sainte Face »
8-20 septembre 1890
J.M.J.T.
Le Dieu tout-puissant, créateur du Ciel et de la terre, souverain dominateur du monde, et la très glorieuse Vierge Marie, Reine et princesse de la cour céleste, s'abaissent à vous faire part du mariage de leur fils Jésus Roi des Rois et Seigneur des Seigneurs, avec Mademoiselle Thérèse Martin maintenant dame et princesse des royaumes apportés en dot par son époux, savoir : L'enfance de Jésus et sa Passion, ses titres de noblesse étant de L'Enfant Jésus et de la Ste Face.
Monsieur Louis Martin, propriétaire et maître des Seigneuries de la souffrance et de l'humiliation, et Madame Martin, princesse et dame d'honneur de la cour céleste, veulent bien vous faire part du mariage de leur fille Thérèse avec Jésus le Verbe de Dieu, seconde personne de la Ste Trinité qui, par l'opération du St Esprit, se faisant homme est né de la Vierge Marie.
N'ayant pu vous inviter à assister à la bénédiction nuptiale qui leur a été donnée sur la montagne du Carmel (la cour céleste seule y étant admise), vous êtes néanmoins priés de vous rendre au retour de noces qui aura lieu demain jour de l'Éternité, auquel Jésus fils de Dieu viendra sur les nuées du Ciel pour juger les vivants et les morts (l'heure étant encore incertaine vous êtes invités à vous tenir prêts et à veiller).


---> Que va répondre DGC à cela : qu’il n’aime pas la petite Thérèse de Lisieux, peut-être ? Ou bien carrément, qu’il la trouve hérétique ? Voyons, mais c’est bien sûr.

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---> DGC vient coller à la suite sa citation suivante comme s'il y avait unité de personnage, montrant ainsi la confusion qu’il opère entre les deux jeunes filles dont il est question dans l’une et l’autre citation, alors que celles-ci sont bien distinctes. N’ayant qu’un intérêt très lointain pour cette œuvre, il devient clair qu’il n’a pas vraiment pris le temps de la lire en profondeur, sinon il aurait facilement pu éviter ce genre d'erreur grossière.

---> Il s’agit donc bien ici d’une autre jeune fille, mais quel est le contexte, et qui est-elle donc ? Non seulement l’auteur n’en a pas grand-chose à faire, mais il serait bien incapable de le dire ! Faisons-le pour lui.

Contexte :

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À l’heure des adieux, Jésus a réuni dans la maison de Lazare une quinzaine de femmes disciples, et après les avoir exortées toutes ensembles pour renforcer leur unité, en vue de leur future mission au service de l’Église naissante, Il a voulu ensuite les recevoir une à une comme un Père, pour les entendre individuellement et recueillir leurs désirs, leurs confidences ultimes, en toute liberté, pour celles qui en éprouveraient le besoin.

---> Qui est cette jeune fille qui est venue à son tour Lui confier ses voeux et va ensuite lui baiser les pieds ? Qu’a-t-elle demandé à Jésus lors de cet entretien privé ?

- Elle s’appelle Annalia (Anna Léa). Elle est une judéenne d'Ophel, un quartier populaire de Jérusalem. "Une jeune brunette, élancée". Elle a à peine seize ans, quand elle se fiance à Samuel, mais la phtisie est sur le point de l'emporter. L'apôtre Jean, informé de la détresse de sa mère Élise, intercède pour sa guérison auprès de Jésus et l'obtient.

- Cette expérience de la mort, engage Annalia dans un chemin de conversion : elle souhaite un don absolu à son sauveur. Elle partage ce vœu de virginité totale avec son fiancé puis le présente à la Vierge Marie, et par elle, à Jésus.

- Pressentant le destin du Messie et pensant ne pas pouvoir le supporter, elle lui demande une grâce : mourir avant lui.

- "Annalia, c'est beaucoup ce que tu demandes, et c'est beaucoup ce que tu donnes... Ma fille, tu as compris Dieu et la perfection à laquelle la créature peut s'élever pour ressembler au Très Pur et pour plaire au Très Pur" (Tome 3, chapitre 16).

- Son fiancé ne poursuit pas dans son intention : il rompt avec Annalia et devient un ennemi de Jésus. Annalia renouvelle son vœu de virginité absolue au désespoir de sa mère qui finit pourtant par se résigner (Tome 5, chapitre 58).

- Elle est bientôt rejointe par d'autres vocations : Marianne et sa sœur, les deux filles de Philippe l’apôtre; puis Myriam, la fille ressuscitée de Jaïre (Tome 5, chapitre 60), et enfin Sara, une parente (Tome 8, chapitre 44).

- Son vœu est exaucé : elle voit le triomphe de Jésus entrant à Jérusalem le dimanche des rameaux et meurt immédiatement après (Tome 9, chapitre 9). Jésus console la mère éplorée : "Elle est morte par la joie d'aimer" (Tome 9, chapitre 11).

Et c’est juste après avoir été exhaussée en privé par Jésus, lui accordant son vœu ultime de Le précéder dans la mort comme une pure offrande vierge, offerte à Dieu avec l’Agneau Rédempteur, que survient cette scène si touchante, pleine d’un très chaste amour reconnaissant que la vierge victime donne au Grand Prêtre, étant Lui-même la Parfaite Victime divine.

---> Je ne vais pas dire à quoi me fait penser la réaction de DGC n’ayant rien compris à la scène, ou cherchant à nous en cacher la vraie nature, pour ne pas devenir trop offensant envers lui...

La jeune fille, radieuse de joie et de santé, se penche pour baiser les pieds du Maître, pendant qu’il la bénit en priant sur elle. Et vraiment la salle, blanche, comme si elle était toute de lys, est un digne environnement pour ce rite, et s’harmonise bien avec ses deux protagonistes, jeunes, beaux, tout de blanc vêtus, dans la splendeur d’un amour angélique et divin. Jésus quitte la jeune fille absorbée dans sa joie et il sort doucement pour aller bénir les enfants, etc. » (VIII, 44, 382)

Sans s’avancer excessivement, on trouve ici le sensualisme mystique auquel un certain nombre d’abus spirituels et sexuels récemment dénoncés peuvent se rapporter. Même lorsqu’il n’est pas accompagné de gestes condamnables, ce sentimentalisme sensuel éloigne nécessairement d’une vie authentiquement spirituelle et entrave, par des notions dégradées de l’amour, et par l’insistance sur l’expérience sensible, la progression dans l’amour divin.


---> Et là, ça devient excessif, faut arrêter … À un moment donné, ça suffit !... C’est trop !… On se noie dans la plus pure bêtise humaine ... À l’aide ! …

---> Vous cherchez une solution contre toute forme de perversion religieuse ? Adoptez la « théologie de la désincarnation » de don Guillaume Chevallier ! Avec cette toute nouvelle théologie pseudo catholique, aucun contact, aucun geste, aucune émotion n’est plus désormais toléré : avec la « théologie de la désincarnation », vous vous sentirez en tout temps comme enfermé dans une bulle, à l’abri de tout contact humain, même le plus infime ! efficacité garantie par des spécialistes !

---> Là encore, il faut faire effort pour ne pas en rire ! Ce que dit en gros DGC est ceci : « Quoi qu’il en soit, même si l’on ne relevait aucun geste condamnable dans ce récit, il faudrait le condamner quand même, par principe. Parce que telle est ma décision. » Et effectivement, qui aurait-il d’injuste à cela ? On en reste « pantois », comme dirait quelqu’un…

---> Et quel est ce fameux « geste ambigu » qui ferait référence à du « sensualisme mystique auquel un certain nombre d’abus spirituels et sexuels récemment dénoncés peuvent se rapporter » ? C’est un geste : non seulement d’une innocence extrême, celle de baiser les pieds de Jésus, non seulement d’une entière justice, puisqu’en tant que Fils de Dieu, Jésus est digne de recevoir l’adoration et l’amour de toutes ses créatures en toute pureté, mais en plus, un geste déjà fort bien connu par les lecteurs des Évangiles, puisque c’est celui que sainte Marie Magdeleine pratiqua avec beaucoup d’effusions et de larmes, lors de son repentir aux pieds du Maître, dans la maison de Simon le pharisien ( Luc 7,37-38 ).

---> Jamais une telle nullité crasse n’aurait pu être imaginable de la part d’un prêtre, on a presque envie de lui conseiller d’aller vite s’inscrire au catéchisme pour les recommençants, ou de manière peut-être plus pragmatique, d’envisager de faire une thérapie, afin de ne plus rester obnubilé comme il l’est par les abus d’ordre sexuel, survenus malheureusement au sein de sa propre communauté sacerdotale.

Conclusion :

---> Comme le précédent dossier sur les "gestes ambigus", celui du "dévoiement du langage mystique dans l’EMV" apparaît donc absolument vide, et l’auteur : aux antipodes de l’honnêteté intellectuelle, tout prêtre et « exégète » qu’il soit, inventant des dossiers inexistants basés sur des illusions de citations massacrées par ses soins, et/ou totalement incomprises.

À mon tour de rivaliser avec DGC, en ne voyant comme lui qu’un vulgaire « vaudeville » dans l'édifiant récit de la vocation d’une sainte jeune fille : Mariam Baouardy (1846-1878), qui j’en suis persuadé ne m’en voudra pas, car elle doit avoir beaucoup d’humour, et comme nous, réclamer justice du très honteux pamphlet commis contre sa chère sœur Maria Valtorta, simple messagère du Christ.

« COMMENT MARIAM ANNONCE À SON ONCLE QU’ELLE RENONCE AU MARIAGE, AFIN DE RÉSERVER SON ÂME POUR DE CÉLESTES ÉPOUSAILLES »
( toute ressemblance avec l’histoire de la fille de Philippe voulant se consacrer à Jésus serait tout à fait fortuite. )

---> Très vulgaire comédie de boulevard, libre adaptation de « L’École des femmes » de Molière, qui vous choquera surement par son caractère « excessivement charnel », et dont la sensualité toute humaine risque fort d’entraver le progrès spirituel, de manière très semblable à ce que nous venons soi-disant d’étudier dans l'œuvre de Maria Valtorta.

- Dans le rôle-titre : sainte Mariam de Bethléem
- première assistante : Marie, la Reine des vierge
- second rôle : l'oncle de Mariam ( alias « Arnolphe » )
- troisième rôle : la tante de Mariam
- figurants : les invités.
- Critique et metteur en scène : Jean Baptiste Poquelin, dit Molière, revenu de l’au-delà pour l’occasion.

Acte 1 , Scène 1

Mariam, jeune vierge de Bethléem, est promise à un jeune homme en mariage, un excellent parti pour son futur ménage.

L'oncle :
"Entre, Mariam, nous t'attendons tous ! Selon la coutume, viens danser devant nous et sert nous donc un peu de café. Nous avons tous hâte de voir la jeune fiancée que tu es !"

la tante :
"Eh bien, ma belle, montre toi !"

Mariam entre.

Les invités :
"Aahhhhhhhhh !!! La voilà !!! ".

Mais dans son cœur, Mariam était attirée par un tout autre amour...

L'oncle :
"Quoi ????? "

JBP : Mais non, tais-toi, tu ne le sais pas encore ! Tu souris, et tu fais comme si de rien n’était, d’accord ? Allez :

l'oncle, la tante et les invités :
"Aaaahhhhhh !!!! "

Et effectivement, notre gracieuse jeune vierge entre, et selon la coutume, danse, parée de tous ses atours, sous son splendide voile, portant à chacun du café, un magnifique plat à la main.

Elle s'était adressé à la Reine des vierges, qui l'avait intérieurement fortifiée.

Mariam :
"Ô Marie ma mère, comment ferais-je pour affronter la colère de mon oncle ? C'est un lion, il refusera de m'entendre, et surement cherchera à se venger de moi ! "

la Reine des vierges :
"N'ai pas peur, Mariam, je suis avec toi, j'intercède pour toi, tu auras la force."

les invités :
"Aaahhhhhh !!!!! "

Mais soudain, que se passe-t-il ? Mariam soulève le couvercle qui recouvrait le plat, et découvre ses cheveux coupés, qu’elle a disposés dessus.

Les invités :
"Oohhhhhhh !!!! "

l'oncle et la tante :
"Mais qu'est-ce que c'est que ça, Mariam ! Tu te déshonores et nous avec toi !? "

Mariam :
"Non, mon oncle. Mais mon cœur appartient à un autre Époux, et je ne puis consentir à ce mariage que tu as voulu pour moi. C’est pourquoi je me suis coupé les cheveux."

l'oncle :
"Comment ?? Un amant ?? Ahhhh, je le tuerai !! qui est-il ?!!"
( Toute ressemblance avec le précédent récit tiré de l’EMV est clairement évidente, mais purement fortuite ! ndt )

Mariam :
"c'est Jésus, mon Dieu et Seigneur, l'amour de ma vie, je veux me consacrer à lui pour toujours. Personne d'autre que Lui n'aura mon cœur."

Les invités :
"Ouhhhhhh !!! Ouhhhhh !!! "

l'oncle et la tante :
"Oh non !!! Notre belle fête est gâchée !!! Mauvaise enfant, tu vas voir, nous allons te mener la vie dure en représailles de ta trahison !!! "

Mariam :
" Faites de moi ce que vous voudrez, rien ne pourra fléchir ma décision !
C’est toi qui viens, mon Dieu, pour prendre ta pauvre servante et en faire ton épouse, je me donne à Toi sans retour ! » ( Toute ressemblance… ndt )

FIN

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Est-ce juste là une pauvre scénette théâtrale un peu loufoque, digne d'un mauvais « vaudeville » ? Et non : car l'histoire est absolument authentique, bien qu'arrangée quelque peu par mes soins. C’est bien ainsi que Mariam Baouardy, orpheline de treize ans et future sainte Mariam de Bethléem, annonça sa vocation à l’oncle qui l’avait en sa garde.

---> Son histoire, à cause des très nombreux points communs qu’elle a avec celle de la fille de l’apôtre Philippe dans l’EMV, mériterait donc elle-aussi d’être dénoncée comme une parodie de mariage par DGC.

---> Mariam deviendra martyr de sa foi en Christ, égorgée par un musulman qui tentait en vain de la convertir à l’islam et de l’épouser, après quoi la sainte Vierge la ramènera miraculeusement à la vie, la soignant dans une grotte, la nourrissant et la veillant jusqu’à sa guérison. Elle deviendra plus tard sœur carmélite, en France et dans d’autres pays.

---> Et comment ne pas saisir cette occasion de lire dans son intégralité le récit de l’EMV qui a fait l’objet d’un débat si inutile, et qui est une pure merveille ?

EMV 241 - Vocation de la fille de Philippe. L'arrivée à Magdala et la parabole de la drachme perdue.

La barque longe la côte de Capharnaüm à Magdala.

Marie de Magdala prend pour la première fois sa pose habituelle de convertie: assise au fond de la barque aux pieds de Jésus qui, de son côté, est assis austèrement sur une des banquettes de la barque. Le visage de Marie-Madeleine est très différent de celui d'hier.

Ce n'est pas encore l'expression radieuse qu'elle a lorsqu'elle court à la rencontre de Jésus chaque fois qu'il arrive à Béthanie, mais c'est déjà un visage débarrassé des craintes et des tourments, et son regard, d'abord aussi humble qu'il avait été effronté, est maintenant serein et assuré; dans ce sérieux plein de dignité brille de temps à autre une étincelle de joie quand elle entend Jésus s'entretenir avec les apôtres ou avec sa Mère et Marthe.

Ils parlent de la bonté de Porphyrée, si simple et si aimante, ils parlent de l'accueil affectueux de Salomé et des femmes de la famille de Barthélemy et de Philippe, ce dernier dit :

«S'il n'y avait pas cette raison qu'elles sont encore bien jeunes et que leur mère ne veut pas les savoir sur les routes, elles aussi te suivraient, Maître.

- Leur âme me suit, et c'est également un saint amour...
Philippe, écoute-moi : ta fille aînée est sur le point de se fiancer, n'est-ce pas ?


- Oui, Maître. Un fiancé digne et un bon époux. N'est-ce pas, Barthélémy ?

- C'est vrai. Je m'en porte garant, car je connais la famille. Je n'ai pu accepter d'être celui qui propose l'affaire, mais je l'aurais bien fait si je n'avais pas été retenu auprès du Maître, avec la pleine assurance de voir se fonder une famille sainte.

-Mais la jeune fille m'a prié de te dire de n'en rien faire.

- Le fiancé ne lui plaît pas ? Elle se trompe. Mais la jeunesse est folle ! J'espère qu'elle se laissera convaincre. Il n'y a aucune raison de repousser un excellent époux. À moins que.... Non, ce n'est pas possible ! dit Philippe.

- À moins que ? Achève, Philippe, dit Jésus pour l'encourager.

-À moins qu'elle en aime un autre. Mais c'est impossible ! Elle ne sort jamais de la maison, où elle mène une vie très retirée. C'est impossible !

- Philippe, il y a des amants qui pénètrent même dans les maisons les mieux fermées : qui savent parler, malgré toutes les barrières et surveillances, à celles qu'ils aiment ; il y en a qui renversent tous les obstacles, qu'ils soient de veuvage, de jeunesse bien gardée ou... d'autre sorte encore, et qui prennent celles qu'ils veulent. Et il y a aussi des amants qu'on ne peut refuser parce qu'il est impossible de résister à leur toute puissante volonté, et parce qu'ils sont assez séduisants pour vaincre toute résistance, fût-elle celle du démon. Ta fille aime l'un d'eux, et c'est le plus puissant.

- Mais qui ? Quelqu'un de la cour d'Hérode ?

- Ce n'est pas une puissance !

Quelqu'un... de la maison du Proconsul, un patricien romain ? Je ne le permettrai à aucun prix. Le sang pur d'Israël n'entrera pas en contact avec un sang impur. Je tuerais plutôt ma fille ! Ne souris pas, Maître ! Je souffre !

- C'est parce que te voilà comme un cheval emballé ! Tu vois des ombres là où il n'y a que lumière. Mais sois tranquille: le Proconsul n'est qu'un serviteur, de même que ses amis patriciens, et César lui-même.

- Tu veux rire, Maître ! Tu as voulu me faire peur. Personne n'est plus grand que César, il n'y a pas de plus grand maître que lui.

- Il y a moi, Philippe.

- Toi ? Tu veux épouser ma fille ???

- Non, son âme. Je suis l'amant qui pénètre dans les maisons les mieux fermées et dans les cœurs les mieux verrouillés par une multitude de clés. Je suis celui qui sait parler malgré toutes les barrières et surveillances. Je suis celui qui abat tous les obstacles et je prends ce que je veux prendre : les purs et les pécheurs, les vierges et les veuves, ceux que le vice n'enchaîne pas et ceux qui en sont esclaves. Et je leur donne à tous une âme unique et nouvelle, régénérée, béatifiée, éternellement jeune. Ce sont mes fiançailles. Et personne ne peut refuser de me donner mes douces proies, ni le père, ni la mère, ni les enfants et pas même Satan. Que je parle à l'âme d'une fillette comme ta fille ou à celle d'un pécheur plongé dans le péché et ligoté par Satan par sept chaînes, l'âme vient à moi. Et rien ni personne ne me l'arrache plus. Et aucune richesse, puissance, joie du monde ne procure la joie parfaite qui est le lot de ceux qui s'unissent à ma pauvreté, à ma mortification. Dépourvus de tout pauvre bien, revêtus de tous les biens célestes, ils sont joyeux de la paix d'appartenir à Dieu, et à Dieu seul... Ce sont eux, les maîtres de la terre et du Ciel : de la première parce qu'ils la dominent, du second parce qu'ils le conquièrent.

- Mais cela n'a jamais existé dans notre Loi ! s'exclame Barthélemy.

- Dépouille-toi du vieil homme, Nathanaël ! Quand je t'ai vu pour la première fois, je t'ai salué en te qualifiant de parfait israélite, sans fraude. Mais tu appartiens maintenant au Christ, pas à Israël. Sois donc au Christ sans fraude ni réticence. Revêts-toi de cette nouvelle mentalité, sans quoi tu ne pourras jamais comprendre toutes ces beautés de la Rédemption que je suis venu apporter à l'humanité tout entière.»

Philippe intervient :

«Tu dis que ma fille a été appelée par toi ? Et qu'est-ce qu'elle va faire, maintenant ? Je n'y fais pas obstacle, loin de là. Mais je veux savoir, ne serait-ce que pour l'aider, en quoi consiste son appel...

- À apporter les lys consacrés par un amour virginal dans le jardin du Christ. Il y en aura tellement au cours des siècles à venir ! Tellement ! Des parterres parfumés par l'encens pour contrebalancer les sentines des vices. Des âmes de prière pour contrebalancer les blasphémateurs et les athées. Elles viendront en aide à tous ceux qu'accablent les malheurs humains et feront la joie de Dieu.»

Marie de Magdala ouvre la bouche pour poser une question et elle le fait en rougissant encore, mais avec plus d'aisance que les autres jours :

«Et nous, les ruines que tu relèves, que devenons-nous ?

- Ce que sont vos sœurs vierges...

- Oh ! Ce n'est pas possible ! Nous avons foulé trop de boue et... et... et ce n'est pas possible.

-Marie, Marie ! Jésus ne pardonne jamais à moitié. Je t'ai dit que je t'ai pardonné. Et c'est bien le cas. Toi, et tous ceux qui ont péché comme toi, à qui mon amour pardonne et qu'il épouse, vous parfumerez, vous prierez, vous aimerez, vous réconforterez. Rendues conscientes du mal et capables de le soigner là où il est, âmes qui, aux yeux de Dieu, sont des martyres. Elles lui sont donc aussi chères que les vierges.

- Martyres ? En quoi, Maître ?

- Contre vous-mêmes et les souvenirs du passé, et par soif d'amour et d'expiation.

- Dois-je le croire ?... »

Marie-Madeleine regarde tous ceux qui sont dans la barque, cherchant une confirmation pour l'espérance qui s'allume en elle.

«Demande-le à Simon. Je parlais de toi et de vous autres, pécheurs, en général, un soir éclairé par les étoiles, dans ton jardin. Et tous tes frères peuvent te dire si ma parole n'a pas chanté pour tous les rachetés les prodiges de la miséricorde et de la conversion.

- L'enfant m'en a parlé lui aussi, de sa voix angélique. Je suis revenue de sa leçon l'âme rafraîchie. Il m'a permis de te connaître mieux encore que ma sœur, si bien qu'aujourd'hui je me sens plus courageuse pour affronter Magdala. Maintenant que tu m'as dit cela, je sens grandir ma force. J'ai scandalisé le monde mais, je te le jure, mon Seigneur, désormais le monde, en me regardant, arrivera à comprendre ce qu'est ton pouvoir.»

Jésus lui pose un instant la main sur la tête, alors que la Vierge Marie lui sourit comme elle sait le faire: un sourire de paradis.

Voici Magdala qui s'étend au bord du lac, avec le soleil qui se lève en face, la montagne d'Arbèle qui la protège des vents par derrière, et l'étroite vallée aux pentes abruptes et sauvages, d'où débouche dans le lac un petit torrent, qui se dirige vers l'occident ; ses rives escarpées sont pleines d'une beauté fascinante et sévère.

«Maître, crie Jean de l'autre barque, voici la vallée de notre retraite... »

Son visage resplendit comme si un soleil s'était allumé en lui. «Notre vallée, oui. Je l'ai bien reconnue.

- Impossible de ne pas se souvenir des lieux où l'on a connu Dieu, répond Jean.

- Alors, moi, je me rappellerai toujours ce lac parce que c'est sur lui que je t'ai connu. Sais-tu, Marthe, que c'est ici que j'ai vu le Maître, un matin ? dit Marie-Madeleine.

- Oui, et pour un peu, nous allions tous au fond, vous et nous. Femme, crois bien que tes rameurs ne valaient pas grand-chose, intervient Pierre, en faisant la manœuvre d'accostage.

- Nous ne valions rien, ni les rameurs ni ceux qui étaient avec eux... Mais il reste que cela a été la première rencontre et cela a une grande valeur. Plus tard, je t'ai revu sur la montagne, puis à Magdala, et encore à Capharnaüm... Autant de rencontres, autant de chaînes brisées... Mais Capharnaüm a été l'endroit le plus beau. C'est là que tu m'as délivrée...»

Ils descendent à terre, alors que les passagers de l'autre barque sont déjà descendus, puis entrent en ville.

La simple curiosité ou... une curiosité qui n'est pas si simple que cela de la part des habitants de Magdala doit être une torture pour Marie-Madeleine, mais elle la supporte héroïquement en suivant le Maître qui marche devant au milieu de tous ses apôtres, alors que les trois femmes restent en arrière. Les chuchotements sont audibles. L'ironie n'y fait pas défaut. Tous ceux qui, à l'époque où Marie était la maîtresse influente de Magdala, la respectaient par crainte de représailles, maintenant qu'ils la voient et la savent séparée de ses amis puissants, humble et chaste, se permettent de lui montrer du mépris et de lui lancer des épithètes peu flatteuses.

Marthe, qui en souffre autant qu'elle, lui demande :

«Veux-tu rentrer à la maison ?

— Non, je ne quitte pas le Maître. Et je ne l'invite pas à entrer avant que la maison ne soit purifiée de toute trace du passé.

—Mais tu souffres, ma sœur !

— Je l'ai mérité.»

On voit bien qu'elle souffre ! La sueur qui perle sur son visage, la rougeur qui se répand jusqu'à son cou ne sont pas dues uniquement à la chaleur...

Ils traversent toute la ville de Magdala en se rendant dans les quartiers pauvres, jusqu'à la maison où ils se sont arrêtés l'autre fois. La femme est stupéfaite quand, levant la tête au-dessus du lavoir pour voir qui la salue, elle se trouve en face de Jésus et de la bien connue dame de Magdala, qui n'est plus vêtue luxueusement, plus chargée de bijoux, mais qui a la tête couverte d'un voile de lin léger, vêtue de bleu pervenche, un habit montant, étroit — qui n'est certainement pas le sien, bien que l'on ait essayé de le mettre à ses mesures —, enveloppée dans un lourd manteau qui doit être un supplice par cette chaleur.

«Me permets-tu de m'arrêter chez toi et de parler à ceux qui me suivent ?» (C'est-à-dire à tout Magdala, car la population tout entière a suivi le groupe apostolique).

«Tu me le demandes, Seigneur ? Mais ma maison est à toi !»

Et elle s'empresse d'apporter des sièges et des bancs pour les femmes et les apôtres. En passant près de Marie-Madeleine, elle s'incline comme une esclave.

«Paix à toi, ma sœur» répond celle-ci.

La surprise de la femme est telle qu'elle laisse tomber le petit banc qu'elle tient dans ses mains. Mais elle ne souffle mot. Son geste me fait pourtant penser que Marie traitait plutôt avec hauteur les gens qui dépendaient d'elle. L'étonnement de la femme grandit encore quand elle s'entend demander comment vont les enfants, où ils sont, et si la pêche a été bonne.

«Ils vont bien.... Ils sont à l'école ou chez ma mère. Seul le petit dernier dort dans son berceau. La pêche est bonne. Mon mari te portera la dîme...

— Non, ce n'est plus nécessaire. Garde-la pour tes enfants. Me permets-tu de voir le petit ?

— Viens.»...

Les gens affluent dans la rue. Jésus commence à parler :

«Une femme avait dix drachmes dans sa bourse. À cause d'un faux mouvement, sa bourse tomba de sa poitrine, s'ouvrit, et les pièces de monnaie roulèrent par terre. Elle les ramassa avec l'aide des voisines présentes, et les compta. Il y en avait neuf. La dixième était introuvable. Etant donné que le soir tombait et qu'on manquait de lumière, la femme alluma sa lampe, la posa sur le sol, prit un balai et se mit à balayer attentivement pour voir si la pièce avait roulé loin de l'endroit où elle était tombée. Mais la drachme restait introuvable. Lassées de rechercher, ses amies s'en allèrent. La femme déplaça alors le coffre, l'étagère, un autre coffre lourd, changea de place les amphores et les cruches posées dans la niche du mur. Mais impossible de trouver la drachme. Elle se mit alors à quatre pattes et chercha dans le tas de balayures près de la porte de la maison pour voir si elle avait roulé hors de la maison en se mélangeant aux épluchures de légumes. Et elle trouva enfin la drachme, toute sale, presque ensevelie sous les ordures qui étaient tombées sur elle.

Toute joyeuse, la femme la prit, la lava, la sécha. Elle était devenue plus belle qu'avant. Elle rappela à grands cris ses voisines — qui s'étaient retirées après les premières recherches —pour la leur montrer : "Voilà ! Vous voyez ? Vous m'avez conseillé de ne pas me fatiguer davantage, mais j'ai insisté et j'ai retrouvé la drachme que j'avais perdue. Réjouissez-vous donc avec moi, car je n'ai pas eu la douleur de perdre un seul de mes trésors. "

Votre Maître, et avec lui ses apôtres, agit comme la femme de la parabole. Il sait qu'un simple déséquilibre peut faire tomber un trésor. Chaque âme est un trésor et Satan, qui hait Dieu, provoque les faux mouvements capables de faire tomber les pauvres âmes. Devant cette chute, il en est qui s'arrêtent près de la bourse, c'est-à-dire qui s'éloignent peu de la Loi de Dieu qui recueille les âmes sous la protection des commandements. D'autres vont plus loin, c'est-à-dire s'éloignent encore de Dieu et de sa Loi. Enfin, d'autres encore roulent jusque dans les balayures, dans les ordures, dans la boue. Là, elles finiraient par périr et par être brûlées dans le feu éternel, où sont les immondices que l'on brûle dans des lieux appropriés.

Le Maître le sait et cherche inlassablement les pièces perdues. Il les cherche partout, avec amour. Ce sont ses trésors, et il ne se fatigue pas, ne se laisse dégoûter par rien. Il fouille tant et plus, remue, balaie jusqu'à ce qu'il trouve. Et lorsqu'il l'a retrouvée, il lave l'âme par son pardon, appelle ses amis, tout le Paradis et tous les hommes bons de la terre, et leur dit : "Réjouissez-vous avec moi, car j'ai retrouvé ce qui était perdu, et c'est plus beau qu'auparavant, car mon pardon le renouvelle."

En vérité, je vous dis qu'il y a grande fête au Ciel et que les anges de Dieu et les hommes bons de la terre se réjouissent pour un pécheur qui se convertit. En vérité, je vous dis que rien n'est plus beau que les larmes du repentir. En vérité, je vous dis que seuls les démons ne savent pas, ne peuvent pas se réjouir pour cette conversion qui est un triomphe de Dieu. Et je vous dis aussi que la manière dont un homme accueille la conversion d'un pécheur donne la mesure de sa bonté et de son union à Dieu. Que la paix soit avec vous.»


Les gens comprennent l'instruction et regardent Marie-Madeleine venue s'asseoir à la porte avec le petit bébé dans les bras, peut-être pour se donner une contenance. Les gens s'éloignent lentement et il ne reste que la maîtresse de la petite maison et sa mère, arrivée avec les enfants. Il manque Benjamin, encore à l'école.

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EMV 583 - La veille du sabbat qui précède l’entrée à Jérusalem. L’adieu aux femmes disciples. Le malheureux petit‑fils de Nahum ( petit extrait, faisant suite à ce que nous avions lu dans le volet 12 : « Le combat contre l’amour possessif tiendrait-il une place suspecte dans l’EMV ? »)

Résumé du contenu :
583.1 : Une quinzaine de femmes disciples attendent Jésus.
583.2 : Marie-Madeleine proclame sa foi en Jésus.
583.3 : Plautina se demande comment Jésus pourrait se ressusciter lui-même.
583.4 : Marie de Magdala affirme sa foi en Jésus comme Dieu.
583.5 : Restez unies dans les jours à venir.
583.6 : Bientôt vous irez annoncer un Royaume qui ne connaît pas de frontières. 583.7 : Pas de découragement pour les premières défaites, pas d'orgueil pour les premières victoires.
583.8 : Soyez comme des filles pour ma Mère. Elle vous guidera en tout.
583.9 : Jésus est disponible pour recevoir individuellement les femmes disciples qui doivent partir.
583.10 : La première à s’entretenir est Marie Salomé que Jésus réconforte.
583.11 : La seconde est la vieille Anne de Mérom qui demande grâce pour ses fils. 583.12 : Les troisièmes sont Jeanne et Valéria qui ne veut pas retourner en Italie. 583.13 : Elle veut rester avec ceux qui parlent du Maître.
583.14 : Jeanne gardera les enfants d’Anne de Mérom.
583.15 : Jésus apaise Jeanne qui craint pour Kouza.
583.16 : Les cinquièmes sont Annalia qui rappelle la promesse de Jésus, et Sarah qu’il bénit.
583.17 : Jésus demande à Annalia de confirmer sa demande. Elle se réjouit de l’imminence de sa réalisation.

583.18 : Départ et bénédiction des femmes et des enfants.
583.19 : Lazare fait le compte-rendu de sa rencontre avec Pilate.
583.20 : Un pauvre enfant, complètement trempé, se tient près de la grille.
583.21 : L’enfant difforme demande à mourir.
583.22 : L’enfant confie son calvaire.
583.23 : Lazare reconnaît le petit-fils de Nahum.
583.24 : Il est confié aux bons soins de Noémi.
583.25 : Pierre est de retour de Jérusalem, satisfait et rassuré.

(…)
Et c'est le doux visage d'Annalia qui se présente.

"Avance. Ta compagne, où est-elle ?"

"À côté, Seigneur. Elle veut s'en aller, elles vont partir. Marthe a compris mon désir et me garde jusqu'au coucher de soleil de demain. Sarah retourne à la maison pour dire que je reste. Elle voudrait ta bénédiction car... Mais je te parlerai ensuite."

"Qu'elle vienne, je la bénirai."

La jeune fille sort pour revenir avec sa compagne qui se prosterne devant le Seigneur.

"La paix soit avec toi, et que la grâce du Seigneur te conduise sur les sentiers où t'a conduite celle qui t'a précédée. Sois affectueuse pour sa mère, et bénis le Ciel qui t'a épargné les liens et les souffrances afin de t'avoir toute entière pour Lui. Un jour, plus que maintenant, tu le béniras d'être restée stérile par ta volonté. Va !"

La jeune fille s'en va toute émue.

"Tu lui as dit tout ce qu'elle espérait. Ces paroles étaient son rêve. Sarah disait toujours : "Ta destinée me plaît, bien qu'elle soit nouvelle en Israël, et je la veux moi aussi. N'ayant plus de père, et ma mère étant douce comme une colombe, je ne crains pas de ne pouvoir la suivre. Mais pour être certaine de pouvoir l'accomplir, et qu'elle soit sainte pour moi comme elle l'est pour toi, je voudrais l'entendre de sa bouche". Maintenant tu le lui as dit, et moi aussi, je suis en paix, car je craignais parfois d'avoir exalté un cœur..."

"Depuis quand est-elle avec toi ?"

"Depuis... Quand l'ordre du Sanhédrin est venu, je me suis dit : "L'heure du Seigneur est venue et je dois me préparer à mourir". Car je te l'ai demandé, Seigneur... Et maintenant je te le rappelle... Si tu vas au sacrifice, moi, hostie avec Toi."

"Veux-tu encore fermement la même chose ?"

"Oui, Maître. Je ne pourrais pas vivre dans un monde où tu ne serais pas... et je ne pourrais survivre à ta torture. J'ai tellement peur pour Toi ! Beaucoup d'entre nous se font des illusions... Pas moi ! Je sens que l'heure est venue. Il y a trop de haine... Et j'espère que tu accueilleras mon offrande. Je n'ai que ma vie à te donner, car je suis pauvre, tu le sais. Ma vie et ma pureté. C'est pour cela que j'ai persuadé à maman d'appeler sa sœur chez elle, pour qu'elle ne reste pas seule... Sarah sera sa fille à ma place, et la mère de Sarah sera pour elle un réconfort.

Ne déçois pas mon cœur, Seigneur ! Le monde n'a aucun attrait pour moi. C'est pour moi une prison où beaucoup de choses me répugnent grandement. C'est peut-être parce que j'ai été au seuil de la mort, que j'ai compris comment ce qui pour beaucoup représente la joie, n'est qu'un vide qui ne rassasie pas. Il est certain que je ne désire que le sacrifice... et te précéder... pour ne pas voir la haine du monde jetée comme une arme de torture sur mon Seigneur, et pour te ressembler dans la souffrance..."

"Nous déposerons alors le lys coupé sur l'Autel où s'immole l'Agneau, et il deviendra rouge du Sang rédempteur. Et il n'y aura que les anges qui sauront que l'Amour a été le sacrificateur d'une agnelle toute blanche, et ils marqueront le nom de la première victime de l'Amour, de la première continuatrice du Christ."

"Quand, Seigneur ?"

"Tiens ta lampe prête et reste en vêtements de noces. L'Époux est à la porte. Tu verras son triomphe et non sa mort, mais tu triompheras avec Lui en entrant dans son Royaume."

"Ah ! je suis la femme la plus heureuse d'Israël ! Je suis la reine couronnée de ton diadème ! Puis-je, comme telle, te demander une grâce ?"

"Laquelle ?"

"J'ai aimé un homme, tu le sais. Je ne l'ai plus aimé comme époux car un amour plus grand est entré en moi et lui ne m'a plus aimée, parce que... Mais je ne veux pas rappeler son passé. Je te demande de racheter ce cœur. Le puis-je ? Ce n'est pas pécher que de vouloir me souvenir, alors que je suis au seuil de la Vie, de celui que j'aimais, pour lui donner la Vie éternelle, n'est-ce pas ?"

"Ce n'est pas pécher. C'est porter l'amour jusqu'au terme saint du sacrifice, pour le bien de l'aimé."

"Bénis-moi, alors. Maître. Absous-moi de tout mon péché. Prépare-moi pour les noces et pour ta venue. Car c'est Toi qui viens, mon Dieu, pour prendre ta pauvre servante et en faire ton épouse."

// La jeune fille, radieuse de joie et de santé, se penche pour baiser les pieds du Maître, pendant qu'il la bénit en priant sur elle. Et vraiment la salle, blanche, comme si elle était toute de lys, est un digne environnement pour ce rite, et s'harmonise bien avec ses deux protagonistes, jeunes, beaux, tout de blanc vêtus, dans la splendeur d'un amour angélique et divin. //

Jésus quitte la jeune fille absorbée dans sa joie et il sort doucement pour aller bénir les enfants qui, avec des cris de joie, se précipitent vers le char où ils montent joyeux avec les femmes qui s'en vont. Restent Élise et Nikê pour reconduire le jour suivant Annalia dans la ville.

Il a cessé de pleuvoir et, une fois les nuages dispersés, le ciel montre son azur, et le soleil fait descendre ses rayons pour rendre étincelantes de lumière les gouttes de pluie. Un magnifique arc-en-ciel joint par son arc Béthanie à Jérusalem. Le char s'en va en grinçant et sort par le portail. Il disparaît.

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Enfin, pour les amoureux du Christ, et pour ceux qui voudraient mieux découvrir comment Il est décrit dans l’œuvre, voici ce passage incontournable, et tellement finement descriptif de ce que les apôtres ont du connaître de Lui, durant leur chemin à ses côtés durant les trois années de Vie publique.

EMV 243

Dans la maison de Cana, c'est la fête pour la venue de Jésus et une fête peu inférieure à celle qu'il y eut pour les noces miraculeuses. Il manque les musiciens, il n'y a pas d'invités, la maison n'est pas enguirlandée de fleurs et de verts rameaux, il n'y a pas de tables pour des hôtes nombreux, ni le majordome près des crédences et des jarres remplies de vin. Mais tout est dépassé par l'amour que maintenant on donne dans sa juste forme et sa juste mesure, c'est-à-dire non pas à l'hôte, peut-être un peu parent mais qui n'est jamais qu'un homme, mais à l'Hôte Maître dont on connaît et reconnaît la vraie Nature et dont on révère la Parole comme une chose divine. Aussi les cœurs de Cana aiment avec tout eux-mêmes le Grand Ami qui s'est présenté avec son habit de lin à l'entrée du jardin, au milieu de la verdure du sol et de la rougeur du crépuscule, embellissant toutes choses par sa présence, communiquant sa paix non seulement aux âmes auxquelles il adresse son salut, mais jusqu'aux choses.

Où que se tournent ses yeux bleus, il semble s’étendre un voile de paix solennelle et pourtant joyeuse. La pureté et la paix s'écoulent de ses pupilles, comme la science de sa bouche et l'amour de son cœur.

Pour qui lira ces pages, ce que je dis paraîtra peut-être impossible. Et pourtant le même lieu qui, avant l'arrivée de Jésus était un endroit ordinaire, ou bien un endroit où un mouvement affairé exclue la paix qu'on suppose étrangère à l'agitation du travail, ce lieu dès qu'il se présente, s'ennoblit, et le travail lui-même prend un je ne sais quoi d'ordonné qui n'exclut pas la présence d'une pensée surnaturelle qui se fonde avec le travail manuel. Je ne sais si je m'explique bien.

Jésus n'est jamais renfrogné, pas même aux heures de plus grand ennui pour quelque événement qui Lui arrive, mais il est toujours majestueusement digne et il communique cette dignité surnaturelle au cadre où il se meut. Jésus n'est jamais d'une gaieté étourdissante, ni pleurnicheur, avec une figure déformée par le rire, ni un hypocondriaque, même aux moments de plus grande joie ou de plus grand découragement.

Son sourire est inimitable. Aucun peintre ne pourra jamais le reproduire. Il semble que ce soit une lumière qui émane de son cœur, une lumière radieuse aux heures de plus grande joie pour une âme qui se rachète ou une autre qui s'approche de la Perfection; un sourire je dirais couleur de rose quand il approuve les actions spontanées de ses amis ou de ses disciples et il se réjouit de leur voisinage; un sourire azuré, toujours pour rester dans les couleurs, angélique quand il se penche sur des enfants pour les écouter, les instruire, les bénir; un sourire tempéré par la pitié quand il regarde quelque misère de la chair ou de l'esprit; enfin un sourire divin quand il parle du Père ou de sa Mère, ou qu'il regarde et écoute cette Mère très pure.

Je ne puis dire l'avoir vu hypocondriaque même aux heures de plus grand déchirement. Dans les tortures de la trahison, dans les angoisses de la sueur de sang, dans les affres de la Passion. Si la tristesse submerge l'éclat très doux de son sourire, cela ne suffit pas pour effacer cette paix qui semble un diadème de gemmes paradisiaques qui resplendit sur son front sans rides et éclaire de sa lumière toute sa divine personne.

Et ainsi je ne puis dire l'avoir jamais vu s'abandonner à une gaieté excessive. Pas étranger à un franc éclat de rire, si les circonstances le demandent, il reprend tout de suite après sa sérénité pleine de dignité. Mais quand il rit, il rajeunit prodigieusement au point de prendre le visage d'un jeune de vingt ans et il semble que le monde rajeunisse par l'effet de son beau rire franc, sonore, nuancé.

Je ne peux pas dire non plus Lui avoir vu faire les choses avec hâte. Qu'il parle ou qu'il se meuve, il le fait toujours paisiblement sans être jamais lent ou nonchalant. C'est peut-être parce que, grand comme il l'est, il peut faire de grands pas sans pour cela se mettre à courir pour faire beaucoup de chemin, et parce qu'également il peut atteindre avec facilité les objets éloignés sans avoir besoin de se lever pour les atteindre. Il est certain que jusque dans ses gestes il a l'air majestueux d'un grand seigneur.

Et la voix ? Voilà : cela fait presque deux ans que je l'entends parler et pourtant parfois je perds le fil de ce qu'il me dit, tellement je me plonge dans l'étude de sa voix:’ Et le bon Jésus, patiemment, répète ce qu'il a dit en me regardant avec son sourire de bon Maître, pour éviter que dans les dictées il ne s'ensuive des coupures dues à la béatitude que j'éprouve en écoutant sa voix, en la goûtant, en étudiant son timbre et sa beauté. Mais, après deux ans, je ne saurais pas dire avec précision à quel endroit du registre des voix le classer. J'exclus absolument la voix de basse, comme j'exclus celle de ténor léger. Mais je ne sais toujours pas s'il a une puissante voix de ténor ou celle d'un parfait baryton avec une très grande étendue de son registre vocal. Je dirais que c'est cela parce que sa voix prend parfois des intonations de bronze, presque ouatées tant elles sont profondes, spécialement quand il parle en tête à tête avec un pécheur pour le ramener à la Grâce, ou quand il indique aux foules les déviations des hommes. Mais ensuite, quand il s'agit d'analyser et de mettre à l'index les choses défendues, et de dévoiler les hypocrisies, le bronze se fait plus clair, et il devient tranchant comme un coup de foudre quand il impose la Vérité et sa volonté, jusqu'à arriver à résonner comme une plaque d'or frappée par un marteau de cristal quand elle s'élève pour chanter un hymne à la Miséricorde ou pour magnifier les œuvres de Dieu; Ou bien encore elle prend un timbre affectueux pour parler à la Mère et de la Mère. Alors elle est vraiment imprégnée d'amour, cette voix, d'un amour respectueux de fils et d'un amour de Dieu qui loue la plus parfaite de ses œuvres. Et ce ton, bien que moins appuyé, il s'en sert pour parler aux préférés, aux convertis, ou aux enfants. Et il ne fatigue jamais, pas même dans les plus longs discours parce que cette voix revêt la pensée et la parole en en exprimant la puissance ou la douceur selon le besoin.

Et moi, je reste parfois la plume à la main à écouter et puis je m'aperçois que le développement de la pensée est trop avancé et qu'il est impossible de ressaisir... et je reste là jusqu'à ce que le bon Jésus répète, comme il fait quand on m'interrompt ! pour m'apprendre à supporter patiemment les choses ou les personnes ennuyeuses dont je vous laisse à penser combien elles sont "ennuyeuses" quand elles m'enlèvent la joie parfaite d'écouter Jésus.
Elie M.
Je ne sais pas si cela peut aider, mais il y a ici : Symbole des apôtres, Irénée, seconde Venue | EEChO un commentaire intéressant : Jésus est dit donner une interprétation de la phrase du symbole des apôtres "pour juger les vivants et les morts" qui corrige la compréhension habituelle (inexacte) dans le sens de l'article de recherche exégétique !
apvs
C'est en tout cas très intéressant, merci pour ce partage, @Elie M. ;) Dans ma mise en lumière des erreurs en séries de DGC, je me suis focalisé sur ses trois articles que l'on qualifie habituellement dans le jargon spécialisé de "merdiques", mais bien sûr, il y aurait quasiment une infinité d'autres commentaires pertinents à réaliser sur ce que nous apporte l'œuvre de Maria Valtorta, et je …Plus
C'est en tout cas très intéressant, merci pour ce partage, @Elie M. ;) Dans ma mise en lumière des erreurs en séries de DGC, je me suis focalisé sur ses trois articles que l'on qualifie habituellement dans le jargon spécialisé de "merdiques", mais bien sûr, il y aurait quasiment une infinité d'autres commentaires pertinents à réaliser sur ce que nous apporte l'œuvre de Maria Valtorta, et je suis à mille lieux de tout épuiser ! 😊 🙏
Bien à vous +