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Changement de paradigme

Évangéliser ou dialoguer ? il faut choisir

«....
Pour ceux qui n'appartiennent qu'extérieurement à l’Église, comme le parvis touche à la maison sans en faire vraiment partie; qui, tout en gardant des simulacres extérieurs de religion, n’acceptent ni la foi ni les lois de l’Église dans leur intégrité, comme font les pécheurs endurcis et les hérétiques, chasse-les, retranche-les de ta communion ; ne discute point avec eux, ne les mesure point, ne tiens aucun compte de leurs prétentions. Il est tout à fait inutile de chercher à adapter la Vérité révélée aux exigences de ceux qui sont par avance décidés à ne la point entendre. C’est pourquoi Notre-Seigneur, à l’heure de sa Passion, ne répondit rien aux juges qui l’interrogeaient; c’est pourquoi, de nos jours encore, l’Église se refuse avec tant de fermeté, à toute « conversation », qui se propose d’amorcer un compromis entre sa doctrine et celle des sectes dissidentes. Le dogme catholique est un bloc de diamant auquel il est impossible de retrancher ou de changer la moindre parcelle. Il faut le prendre tel qu’il est.
Ne mesure donc point Le parvis, car il a été donné aux nations; car ces faux chrétiens se mettront du côté des ennemis de l’Église à l’heure de l’épreuve. Avec ceux-ci, ils la fouleront aux pieds, pendant quarante-deux mois, c’est-à-dire le temps du règne de l’Antéchrist. Ils la fouleront aux pieds, comme on foule le raisin dans le pressoir, pour en faire sortir le vin de la charité; mais ils ne pourront l’écraser, car il est écrit que les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre elle.... » in Sens mystique de l'Apocalypse Dom Jean de Monléon

Notre-Seigneur envoie ses disciples en mission, pour évangéliser et baptiser, pas pour dialoguer et composer avec l'erreur, avec les ténèbres.....
D'où nous vient cette nouveauté du dialogue ?
Jean Guitton a révélé que, consulté par Paul VI dès son élection, il lui avait suggéré une encyclique sur la « Vérité ». Mais ce thème ne convint pas au pape ; il préféra celui du « Dialogue » et publia le 6 août 1964 sa première encyclique « Ecclesiam Suam », peut-être la plus actuelle encore 50 ans après. Paul VI y définit l’Eglise par deux pôles : « Une Église qui approfondit la conscience qu’elle a d’elle-même et une Église qui se donne au monde dans le dialogue. »

Dans une interview au grand quotidien Corriere della Sera, il explique : « Beaucoup s’interrogent sur le pourquoi du dialogue, parce qu’ils n’ont pas conscience du vrai problème. Quand j’étais archevêque à Milan, j’ai vu les archives du diocèse du temps de Saint Charles Borromée. Les problèmes étaient alors : l’achat d’un confessionnal, la réparation d’une église, la présence de trois ivrognes dans une paroisse, les agissements d’une sorcière. Aujourd’hui, la situation est tout à fait autre. Il s’agit de millions de personnes qui n’ont plus la foi en Dieu. D’où la nécessité pour l’Église de s’ouvrir. Nous devons approcher ceux qui ne croient plus et ceux qui n’ont plus confiance en nous. »

Parmi les gestes concrets de Paul VI, je pense à sa visite au siège des Nations Unies. Un voyage éclair de 32 heures (il n’y avait pas encore de jet). On ne réalise pas ce tour de force qui lui permit de ne rester que 13 heures bien remplies à New York. J’étais dans la basilique St-Pierre quand le Pape, n’accusant apparemment aucune fatigue, fut accueilli avec un tonnerre d’applaudissements par les 2 000 évêques du Concile, émerveillés de ce marathon qui aurait épuisé bon nombre d’entre eux.

Je pense à ce paralytique du Trastevere, mon quartier romain, que le Pape prit un jour dans ses bras, en lui promettant qu’après la résurrection, il danserait avec lui devant le Seigneur. Je pense aussi à l’anneau de pacotille qu’il offrit aux Évêques, appel à une vie plus pauvre et signe de l’unité du collège épiscopal pour lequel il rétablit l’antique institution du Synode à saveur orientale. »

Sa béatification nous permettra de mieux découvrir ce mystique, ce prophète, ce pasteur dont je fus si proche. Enveloppé et comme cerné par une poussée contestataire d’impatiences ou de résistances autour de l’année 68, il a dû s’appliquer jour après jour, à tenir le cap du renouveau conciliaire et à prendre parfois des décisions exigeantes pas acceptées de tous. Sa sérénité intérieure ne transparaissait pas toujours sur son visage, mais toute son action en reflétait l’intensité. Qui connaît l’extraordinaire dialogue imprévu lors de la première rencontre de Paul VI avec le Patriarche Athénagoras à Jérusalem ? Ignorant que les micros étaient déjà branchés, juste avant l’échange des discours, des paroles furent enregistrées où ils se disaient l’un à l’autre : « Que pouvons-nous faire pour avancer ensemble ? »

Voici une nouvelle heure privilégiée d’écoute commune ! Que toutes nos Églises se rassemblent, se condensent dans l’humilité de la même question. Nous serons sûrs alors d’accueillir au moins quelques brassées de réponse venant d’En-haut, de l’Esprit, avec cette parole de Paul VI à la fin du Concile : « Je ferme les yeux sur cette terre des hommes, douloureuse, dramatique, magnifique. »

Tout Paul VI est dans cette parole frémissante et joyeuse qui figure à la fin de son testament.
Cardinal Roger Etchegaray
Espelette, le 26 août 2014

"Le pontificat de Paul VI a déjà été défini devant l'histoire, quels que soient ses résultats finaux, qu'il échoue ou qu'il triomphe, puisque, de toute façon, ce sera le pontificat d'un pape qui a vraiment essayé de dialoguer avec tous les hommes".. Ces mots ont été écrits par le philosophe et ami de Paul VI, Jean Guitton dans son livre Dialogues avec Paul VI publié en 1967.
C'était la première fois qu'un pape s'adressait ouvertement à un laïc. Et, dans ce cas, avec un profane à qui il a fait confiance. L'Osservatore Romano Le journal du pape lui avait reproché d'avoir osé écrire un livre sur la Vierge Marie. Mais le pape ne s'en est pas soucié. Il avait pris au sérieux le dialogue entre l'Église et le monde et le rôle des laïcs au sein de l'Église.

L'histoire raconte que lorsque Jean XXIII a annoncé la convocation du concile Vatican II, Montini, alors archevêque de Milan, s'est exclamé : "Ce garçon ne sait pas quel nid de frelons il est en train de remuer".. C'est à Paul VI, à partir de juin 1963, qu'il revient de faire en sorte que la convocation faite quatre ans plus tôt par Jean XXIII porte ses fruits, et des fruits durables. C'est donc Paul VI qui a rendu possible l'aboutissement du Concile Vatican II et sa clôture en décembre 1965. Et si cette tâche était ardue, celle d'accompagner, d'encourager et de guider l'énorme travail qu'a été la période post-conciliaire ne le serait pas moins.

C'est à Paul VI que nous devons l'élan œcuménique et le renouveau pastoral de Vatican II, les réformes ecclésiales dans le domaine de la synodalité, la création des conférences épiscopales, ainsi que les réformes des élections papales et la réforme liturgique définitive encouragée par le Concile. Les réformes que Paul VI dirigeait vers l'intérieur de l'Église catholique étaient accompagnées de réformes très importantes également en ce qui concerne les relations entre l'Église et le monde, selon les enseignements de la constitution pastorale. Gaudium et Spes.

Paul VI était le pape du dialogue, comme en témoigne sa première encyclique. Ecclesiam Suam (1964). Il a été le premier pape à effectuer des voyages internationaux. Rappelons sa visite à l'Organisation des Nations unies à l'occasion du 20e anniversaire de sa fondation, son discours au siège de l'OIT lors de son voyage en Suisse, ainsi que ses déplacements à Bombay pour le Congrès eucharistique international et à Medellín pour la deuxième assemblée générale de la CE. Nous ne pouvons oublier son voyage mémorable en Terre Sainte où il a rencontré le patriarche de Constantinople Athénagoras Ier et avec lequel il a exprimé son engagement ferme sur la voie de l'œcuménisme, ni ses voyages en Ouganda, en Iran, à Hong Kong, au Sri Lanka, aux Philippines et en Indonésie, entre autres.

Paul VI a institué la Journée mondiale de la paix, créé le Conseil pontifical pour la justice et la paix, réorienté la Doctrine sociale de l'Église dans le sens initié par le Concile Vatican II, réformé la diplomatie vaticane, approfondi le processus d'intégration de l'Église dans la société. Ostpolitik Il a tenu six consistoires cardinalices au cours desquels il a approfondi l'internationalisation du cardinalat, comme l'avaient fait ses prédécesseurs.

Il faut tenir compte de la présence et des encouragements du Pape au IIIe Congrès mondial de l'apostolat séculier, une rencontre de grande valeur pour le laïcat espagnol, qui se trouvait dans une crise profonde en raison de la résistance épiscopale à l'approfondissement de l'autonomie des laïcs, ou de la convocation de la première Commission vaticane pour l'étude de la femme au début des années soixante-dix.

Paul VI était un pape réformateur qui, en quinze ans de pontificat, a publié six encycliques, quatorze exhortations apostoliques et plus de cent lettres apostoliques. De tous ses documents magistériels, sa première encyclique est la plus marquante, Ecclesiam Suam publiée le 6 août 1964 ; Populorum Progressio publiée le 26 mars 1967 et, très certainement, Humanae Vitae publiée le 25 juillet 1968.

A côté de ces trois documents majeurs, il y en a deux autres qui ont eu un impact important sur le grand public : l'exhortation apostolique Evangeli Nuntiandi publiée le 8 décembre 1975, et la lettre apostolique Octogesima Adveniens qui, en commémoration de l'encyclique Rerum Novarum de Léon XIII, a été publié le 14 mai 1971.

Un regard sur son Magistère
Ecclesiam Suam connue comme l'encyclique du dialogue, est, en quelque sorte, celle qui marque le pontificat de Paul VI, si l'on suit, entre autres, les propos du philosophe Jean Guitton au début de ces pages. Paul VI a cru et œuvré depuis la papauté pour que la rencontre entre l'Église et le monde, dans le sillage théologico-doctrinal de Vatican II, permette une connaissance réciproque d'où pourraient jaillir de sincères relations d'amitié.

Paul VI croyait fermement au dialogue comme moyen et style permettant de
rechercher la vérité chez les autres et en soi-même. Clarté, douceur, confiance et prudence sont les caractéristiques d'un dialogue qui permet de se faire comprendre en toute humilité et qui n'est possible que si l'on a pleinement confiance en sa propre parole et en l'acceptation de l'autre pour avancer sur le chemin de la vérité.

C'est de la logique du dialogue que Paul VI a avancé dans son Magistère social. Le dialogue avec le monde exige d'être attentif aux signes des temps et aux injustices qui compromettent la dignité humaine. Populorum Progressio, le "magna carta du développementest une réponse à l'appel lancé par le Concile Vatican II à toute l'Église, en particulier dans sa constitution pastorale Gaudium et Spes, afin qu'il puisse répondre aux joies et aux espoirs, aux peines et aux angoisses des hommes et des femmes de son temps.
La décennie des années 60, riche en contrastes et en paradoxes, a fait prendre conscience au monde des profonds déséquilibres et inégalités entre un monde riche, stable et riche et un monde appauvri dans lequel les êtres humains manquent des biens les plus élémentaires pour leur survie. Dans un monde où la logique de la croissance économique prévalait, Populorum Progressio a osé remettre en question le nouvel évangile du développement. Si la croissance économique est nécessaire, a écrit le Pape, rappelant GS, si notre monde a besoin de techniciens, a-t-il ajouté, il a besoin d'encore plus d'hommes de profonde réflexion qui cherchent un nouvel humanisme. Le développement, le vrai développement pour tous les êtres humains et pour tous les peuples, est le passage de conditions de vie moins humaines à des conditions de vie plus humaines. Car la raison d'être du développement ne réside pas dans l'avoir, mais dans l'être, et donc dans le plein épanouissement de la vocation à laquelle chacun d'entre nous est appelé.

Et c'est cette tâche, la tâche de la pleine humanisation, que le christianisme sert. Comme le dit l'Exhortation Evangelii Nuntiandi, "(...) entre l'évangélisation et la promotion humaine (développement, libération), il existe en effet des liens très forts. Liens d'ordre anthropologique, car l'homme à évangéliser n'est pas un être abstrait, mais un être soumis à des problèmes sociaux et économiques. Liens d'ordre théologique, car le plan de la création est indissociable du plan de la rédemption, qui atteint des situations très concrètes d'injustice, qu'il faut combattre et rétablir la justice".. Parce que le salut et la sanctification, ne l'oublions pas, impliquent aussi de se libérer des situations d'injustice qui empêchent le plein développement de notre humanité ou, en d'autres termes, le plein développement de notre vocation qui, en dernière analyse, est l'appel à la sanctification.

La bonne presse dont ont bénéficié les trois documents susmentionnés a semblé être éclipsée par la publication de l'Encyclique Humanae Vitae. Des raisons historiques et culturelles expliquent pourquoi l'accent a été mis dans ce document sur la question de la moralité ou de l'immoralité des moyens artificiels permettant de prendre des décisions responsables sur la question de la parentalité. Je crois sincèrement que c'est injuste. Et que l'injustice a été faite et est encore faite, à parts égales, par ceux qui sont toujours déterminés à réduire ce document à cette question alors qu'il s'agit en fait de questions préliminaires.

Paul VI a parlé de l'amour conjugal, de la transmission de la vie et du soin de la vie. Humanae Vitae est un document qui a été mis sous séquestre pendant des décennies et qui a profondément marqué le pape Paul VI et qui a aussi profondément marqué l'Église catholique intérieurement. La question mérite, après l'attention que le pape François lui a consacrée à l'occasion de son 50e anniversaire, un nouveau regard dans un monde où la vie humaine risque d'être réduite à une force dont la valeur réside dans sa productivité et, donc, dans les profits et la rentabilité qu'elle peut produire........"

Mª Teresa Compte Grau-15 octobre 2018
in omnesmag.com
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Il faudra bien un jour répondre à certaines questions......nommer les choses par leur nom
o 5480
AveMaria44
Une bonne référence.