Abbé Girouard: ENONCE DE MISSION, 2 juin 2013

ÉDITORIAL
Le 2 juin 2013

ÉNONCÉ DE MISSION

Les raisons pour lesquelles nous avons décidé de quitter le Prieuré et l’église de la Fraternité à Langley, en Colombie-Britannique, ne sont pas compliquées ni difficiles à comprendre. Commençons cependant par ce qui n’est pas entré en ligne de compte...

Si j’ai refusé mon transfert punitif à Montréal, et si un groupe de 27 adultes et onze enfants, représentant environ le tiers de la paroisse de Langley, ont décidé de commencer une nouvelle paroisse et m’ont demandé d’être leur curé, ce ne fut pas basé sur des émotions. Nous ne sommes ni en colère, ni amers, et n’avons aucun ressentiment vis-à-vis la Fraternité, même si nous avons été trahis par ses supérieurs. Nous n’avons pas non plus quitté Langley pour l’amour du changement ou par désir d’aventure et d’excitation.

En fait, on nous a pratiquement forcés à quitter un endroit que nous avons contribué à bâtir et à maintenir, parce que nous ne pouvions plus endurer la propagande à laquelle on nous a soumis par action et par omission. Nous avons réalisé que demeurer silencieux face aux périls confrontant notre bien-aimée Fraternité serait un péché grave. Non seulement parce que nous côtoierions une dangereuse épidémie spirituelle, mais aussi parce que nous contribuerions à la destruction du mouvement traditionnel. Nous n’avons ménagé ni le temps ni l’énergie dans notre recherche et notre étude des documents qui font la lumière sur la crise actuelle de la Fraternité. Grâce au bon travail de S.E. Mgr Williamson, et des nombreux prêtres et fidèles de la Résistance, nous fûmes en mesure de comprendre ce qui s’est passé, et de prendre la bonne décision, avec l’espoir que celle-ci puisse encourager d’autres prêtres et d’autres fidèles à faire de même.

Ce que nous avons compris c’est que, à toutes fins pratiques, la Fraternité Sacerdotale St-Pie X est devenue la 10ème congrégation religieuse à se rallier à l’Église Conciliaire. Même si l’accord n’a pas encore été signé, il a été accepté en principe lors du Chapitre Général de juillet 2012, et c’est ce qui constitue la grande Révolution au sein de la Fraternité. Que le Chapitre ait demandé trois, ou six, ou 200 conditions, n’a aucune importance. Les quarante membres du Chapitre ont décidé qu’il serait désormais acceptable de signer un accord avec ceux qui, sans repentir, n’ont de cesse de détruire l’Église Catholique.

Aucun Catholique digne de ce nom ne peut accepter de se prêter à ce jeu. Nous ne pouvons dire que nous sommes Catholiques, et que nous aimons Notre Sauveur, Sa mère et les saints, si nous acceptons de négocier avec ceux qui contribuent, par leurs actions ou par leur silence, à la damnation d’innombrables âmes pour lesquelles Notre Seigneur a donné Sa vie. Par exemple, comment pouvons-nous accepter de parler et de pactiser avec des gens qui favorisent le Novus Ordo Missae? Comment ne pouvons-nous pas être remplis d’horreur et comprendre que cette Messe est une abomination devant Dieu?

Je me rappelle Mgr Lefebvre citant le prophète Malachie lors d’une conférence contre la Nouvelle Messe: « Le fils honore son père, et le serviteur son maître : Si donc je suis un père, où est mon honneur? et si je suis un maître, où est ma crainte? dit le Seigneur des Armées. À vous Ô prêtres qui méprisez mon nom et qui dites : En quoi avons-nous méprisé ton nom? Vous offrez un pain pollué sur mon autel, et vous dites : En quoi t’avons-nous pollué? En ce que vous dites : La table du Seigneur est méprisable. Si vous offrez une victime aveugle comme sacrifice, n’est-ce pas mauvais? Et si vous en offrez une qui boite ou est malade, n’est-ce pas mauvais? Offrez-les à votre prince, et vous verrez s’il s’en satisfait, ou s’il vous regardera avec complaisance, dit le Seigneur des Armées. » (1 :6-8).

La mission de la FSSPX n’a jamais été d’intégrer la structure de l’Église conciliaire afin de la “transformer” de l’intérieur. Une telle illusion fut condamnée par Mgr Lefebvre en 1988 après les sacres épiscopaux. La mission de la Fraternité est de former de vrais prêtres catholiques. Ces prêtres prêcheront à leur tour la vérité et combattront l’erreur vigoureusement, sans compromis, ni « conversations », « dialogues », « négociations ». C’est ainsi que cette petite légion sera comme un phare attirant les âmes de bonne volonté.

Les fidèles et les bons prêtres ont été trahis par les supérieurs actuels de la Fraternité. Supérieurs qui ne tolèrent aucune divergence ou critique. La seule façon pour nous de recevoir la vérité et de la proclamer haut et clair, est de nous séparer de la nouvelle Fraternité. Il nous faut être prêts à faire beaucoup de sacrifices, et nous devons prier beaucoup pour la fin de cette crise et pour notre persévérance dans le bon combat.

Vous me demanderez peut-être: quand viendra le temps de rejoindre Rome? Comment savoir si nous avons un bon Pape? La réponse est très simple : Quand le Pape condamnera la Nouvelle Messe et en interdira la célébration sous peine d’excommunication; quand il condamnera et rejettera publiquement l’ensemble du Concile Vatican II; quand il mettra à la poubelle toutes les réformes issues depuis le Concile; quand il licenciera tous les évêques et prêtres hérétiques ou immoraux; quand il réparera les injustices subies par Mgr Lefebvre et les prêtres fidèles. En d’autres mots, quand vraiment, par ses actions, il fera le grand nettoyage.

Et quand pourrons-nous retourner à la FSSPX et lui redonner notre confiance? La réponse est pratiquement la même que celle ci-dessus : Quand Mgr Fellay, les autres membres du Chapitre de 2012, et tous les prêtres qui ont fait la promotion de la nouvelle politique, seront limogés et interdits de tout futur supériorat; quand les textes du Chapitre seront officiellement et légalement condamnés; quand S.E. Mgr Williamson et les prêtres fidèles seront réhabilités par les nouveaux supérieurs; quand un livre sera écrit sur toute cette crise et sera lu à chaque année dans nos communautés; quand un nouveau Chapitre Général condamnera de la manière la plus forte la Nouvelle Messe et Vatican II, et interdira tout contact avec les autorités conciliaires, jusqu’au moment où Rome aura fait le grand ménage.

Vous me direz peut-être que je ne suis pas réaliste, et que cela ne pourra jamais arriver! Je vous répondrai simplement : Et alors? Où est le problème? Attachons-nous uniquement à faire notre devoir et à glorifier Dieu, et laissons-Lui la tâche de s’occuper des autres. Prions et sacrifions-nous pour leur conversion, certes, mais pas question de compromis ou de s’exposer au danger de perdre nos âmes! Ça jamais, au grand jamais!

Que Dieu vous bénisse tous.

NB: Ce texte a été signé par l'abbé Girouard et ses paroissiens, et envoyé par la poste au curé et aux paroissiens de la FSSPX à Langley.
Fr. Patrick Girouard
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