Symphytum
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Saint Thomas d’Aquin et l'Immaculée Conception (suite et fin)

Saint Thomas d'Aquin, le thomisme et l'Immaculée Conception

Somme Théologique
de saint Thomas d’Aquin, Lachat, ed. Vivès, 1874, tome 11, p. 607, partie 3, question XIV, article 3 : Le Christ a-t-il lui-même contracté ces infirmités ou défaillances corporelles ?, solution 1 :

Je réponds aux arguments : 1° Le corps de la sainte Vierge fut conçu dans le péché originel (ad primum ergo dicendum, quod caro Virginis concepta fuit in originali peccato). Lachat ajoute tout de suite une note : "Pour cette affirmation et toutes celles du même genre, que nous rencontrerons plus loin, nous prions le lecteur de revenir à une note insérée tome VI, pages 133-141".

Tome VI, pages 133-141. I° - II°, q. LXXXXI, art. 3 : Le péché du premier père se transmit-il par origine à tous les hommes ?
Il parait que le péché du premier père ne se transmet pas par origine à tous les hommes.
1° La mort est une peine qui vient du péché originel. Or tous ceux qui descendent corporellement d'Adam ne subiront pas la mort, comme on le voit par cette parole, Thessal., IV, 15 : « Nous qui vivons, nous réservés pour l'avènement du Seigneur, nous ne préviendrons point ceux qui se sont endormis ». Donc ces hommes-là ne contracteront point le péché originel (1).
2° Personne ne donne ce qu'il n'a pas. Or l'homme baptisé n'a pas le péché originel. Donc il ne le communique pas à ses descendants.
3° Le don du Christ est plus grand que le péché d'Adam, comme on le voit dans l'Apôtre. Or le don du Christ ne passe pas à tous les hommes. Donc le péché d'Adam ne se communique pas non plus à tous les membres de la race humaine. Mais saint Paul dit, Rom., V, 12 : « La mort a passé dans tous les hommes par celui en qui tous ont péché ».
CONCLUSION. - Tous les hommes, qui descendent originellement d'Adam contractent, excepté Jésus-Christ seul, le péché originel. Il faut croire selon la foi catholique que tous les hommes issus d'Adam contractent, si ce n'est Jésus-Christ seul, le péché originel ; car, autrement, tous les hommes n'auraient pas besoin de la rédemption opérée par le Fils de Dieu. On peut trouver une raison de cela dans ce que nous avons dit précédemment, au premier article. Le péché originel se transmet avec la vie du premier père à ses descendants, comme le péché actuel se transmet, avec le mouvement, de la volonté de l'âme aux membres au corps. Or il est manifeste que le péché actuel peut se transmettre à tous les membres qui doivent, selon les lois de la nature, recevoir le mouvement de la volonté : donc le péché originel se transmet à tous ceux qui descendent d'Adam par le mouvement successif de la génération.

Je réponds aux arguments :

1° Comme on le dira plus amplement dans la troisième partie, l'opinion la plus probable et la plus conforme aux vrais principes, c'est que les hommes qui se trouveront vivants sur la terre à l'avènement du Seigneur, subiront la mort pour ressusciter bientôt après. Toutefois s'il était vrai, comme quelques-uns le disent dans une lettre de saint Jérôme, que ces derniers habitants du monde ne dussent pas mourir, nous répondrions à l'argument qu'ils n'en mériteront pas moins la mort ; mais que Dieu leur remettra cette peine, comme il peut remettre les peines des péchés actuels.

2° Le baptême détruit la faute et soustrait à la peine du péché originel, parce qu'il fait renaître à la grâce la partie spirituelle de l'homme; mais il laisse subsister le péché originel dans le ferment d'iniquité, dans la concupiscence qui constitue le désordre de l'âme inférieure et du corps même. Or l'homme se propage, en communiquant la vie par cette dernière partie de son être, et non par sa partie spirituelle : le fidèle baptisé transmet donc le péché héréditaire. Car l'homme n'engendre pas comme régénéré par la foi et par le baptême, mais comme conservant quelque chose de l'ancienne vie du péché.

Comme le péché d'Adam se transmet à tous ceux qui naissent corporellement de la source corrompue de notre race, ainsi la grâce de Jésus-Christ passe à tous ceux qui renaissent spirituellement par la foi et par le baptême; et non seulement la grâce du second Adam remet le péché du premier, mais il efface les péchés actuels et conduit à la gloire bienheureuse.

Voila la note qui explique tout:

(1)Le vicaire de Jésus-Christ a fait entendre au monde, du haut de la chaire suprême, ces immortelles paroles : « Par l'autorité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, des apôtres Pierre et Paul et de la Nôtre, Nous déclarons, Nous prononçons et définissons que la doctrine qui tient que la bienheureuse Vierge Marie, dans le premier instant de sa conception, a été, par une grâce et un privilège spécial accordé par le Dieu tout-puissant en vue des mérites de Jésus-Christ sauveur du genre humain, préservée et exempte de toute tache du péché originel, est révélée de Dieu et que par conséquent elle doit être crue fermement et inviolablement par tous les fidèles ». (Lettre apostolique de Pie IX définissant l'Immaculée Conception) Après cette infaillible décision, qu'importe à la foi le sentiment particulier des docteurs ? « Rome a parlé : la cause est finie », comme saint Augustin le disait de son temps. Cependant pour l'honneur de la sainteté, de la tradition chrétienne et de la théologie catholique, nous voulons prouver que celui dont la Mère du saint amour avoir ceint les reins n'a pas trahi le devoir de la reconnaissance avec les intérêts de la vérité, en flétrissant la pureté de sa céleste Protectrice.

1° Saint Thomas, In Sentent. I, dist. XLIV, art. 3, ad 3, a enseigné que la sainte Vierge fut exempte du péché originel. Les anciennes éditions de ses ouvrages, nommément celle de Lyon 1520, revue par Lambertus Campensis ; puis celle de Rome 1570, faite par l'ordre de Pie V et confrontée sur les meilleurs manuscrits (ad probatissimos codices colleta), renferment ce passage, à l'endroit indiqué : « La pureté se conçoit par l'absence de son contraire. La plus grande pureté possible dans les créatures est donc celle qui n'est souillée par aucun péché ; et telle est la pureté de la Vierge bienheureuse, qui fut exempte du péché originel et du péché actuel (quæ peccato originali et actuali immunis fuit). Cependant cette pureté était au-dessous de celle de Dieu, parce qu'elle renfermait la possibilité du péché ». Si les anciennes éditions pouvaient ne pas offrir au lecteur une garantie suffisante, nous lui donnerions celle des manuscrits. En 1388, un demi siècle avant l'invention de l'imprimerie, Pierre d'Ally, parlant au nom de l'Université de Paris, cita le passage qu'on vient de lire dans un mémoire présenté au pape résidant à Avignon contre Jean de Montson (Monte sono). On le trouve encore dans d'autres théologiens qui jouissent d'une grande autorité.

2° Saint Thomas, In Galat., cap. III, lect. 6, excepte la sainte Vierge des femmes qui ont contracté le péché originel. Cinq éditions de cet ouvrage ont été données de 1525 à 1555 : quatre à Paris, 1525, 1529, 1532 et 1541 ; puis une à Venise, 1555. Ces cinq éditions, « purgées de plusieurs fautes par la collation des plus anciens manuscrits », disent les titres, portent à l'endroit que nous venons d'indiquer : « Bien qu'il ait daigné se faire malédiction pour nous, le Christ est le seul et l'unique qui ne soit pas soumis à la malédiction du péché. C'est de là qu'il est dit dans le Psaume : « Je suis le seul jusqu'à ce que je passe » ; de même : « Il n'y en a point qui fasse le bien, il n'y en a pas un seul » ; et Eccl., VII, 29 : « Entre mille hommes j'en ai trouvé un seul », savoir Jésus-Christ, qui est sans péché ; « mais de toutes les femmes je n'en ai pas trouvé une seule » qui n'ait quelque péché, du moins le péché originel ou le péché actuel. On excepte la Vierge très digne de louanges, la très pure Marie qui fut exempte de tout péché, du péché originel et du péché véniel ; (excipitur purissima et omni laude dignissima V. Maria, quæ a peccato immunis fuit, originali et veniali). Les quatre premières éditions qui renferment ce passage, celles de Paris, se succédèrent rapidement, dans l'intervalle de 13 ans, paraissant 3, 4 et 6 ans les unes après les autres ; elles se répandirent donc au loin, en Espagne, en Angleterre, en Allemagne comme en France, et bientôt après l'édition de Venise fut entre les mains de tous les savants de la Péninsule. Et lorsque parurent ces publications, la question sur l'état primordial de la Sainte Vierge agitait l'Europe entière, divisant les universités, les chapitres, les ordres monastiques et pour ainsi dire les églises ; les religieux, les professeurs, les prélats, retirés dans les bibliothèques, cherchaient partout des preuves, partout des réfutations ; la réponse du jour succédait à l'argument de la veille, toute assertion douteuse était soumise à l'examen de la science et toute allégation fausse convaincue de mensonge. Au milieu de cette lutte qui passionnait tous les esprits, dans ces temps de patientes recherches et de longues études, voire même de critique (n'en dé- plaise aux voltairiens de toute sorte), quand la maladresse apportait un texte altéré par les copistes ou par la mauvaise foi, d'unanimes réclamations descendaient des chaires publiques et s'élevaient en même temps du fond des monastères.

Eh bien, voilà que cinq éditions répandues dans le monde catholique produisent à la lumière un témoignage des plus formels, une déclaration péremptoire que l'on attribue au prince de l'Ecole, au docteur angélique, à la plus grande autorité dans la science divine ; et pas une université ne dévoile l'interpellation, pas un adversaire de l'Immaculée Conception ne proteste contre la fraude, pas une voix ne dénonce les faussaires à l'animadversion publique ! Donc le passage qui proclame la pureté perpétuelle de la Vierge se trouvait dans les manuscrits, donc il est sorti de la bouche de saint Thomas, donc il est authentique. Le P. De Rubeis, dans l'ouvrage De gestis, et scriptis ac doctr. S. Thomæ, Venise 1750, p. 82, dit que les manuscrits du Commentaire sur l'Epitre aux Galates renferment des variantes. Cela est vrai. Aucun de ces manuscrits n'est de la main de saint Thomas ; nous les devons à de zélés disciples qui recueillaient les paroles du maître à mesure qu'elles descendaient de la chaire; ils varient donc, ils doivent varier dans l'expression, mais ils n'ont qu'une voix sur la doctrine.
Que prouvent donc ces variantes d'une part, et cette unanimité de l'autre ? Deux choses : d'abord que les auteurs des manuscrits ne se sont pas copiés les uns les autres, ensuite qu'ils ont fidèlement reproduit la pensée du saint docteur. Au lieu d'un témoin, nous en avons trente ; voilà tout. En 1549, onze ans après la dernière des quatre éditions de Paris, F. Jacobus Albertus Castrensis en donna une nouvelle, qui supprime l'exception faite en faveur de la sainte Vierge : Exipitur purissima, etc. Sur quoi fonde-t-on ce retranchement ? L'éditeur dit, dans la préface, qu'il a voulu corriger les fautes d'impression. Une phrase entière, énonçant une doctrine fondamentale vivement controversée, c'est là certes une singulière faute typographique ! « Si c'en eût été une, dit P. Suchet dans les notes de l'ouvrage intitulé : Critique de la bibliothèque des auteurs ecclésiastiques..., par Elies Du Pin, Paris 1734, p. 717 ; si c'en eût été une dans l'édition de 1525, ne l'eût-on pas corrigée dans les suivantes ? Si les réviseurs des épreuves ne se fussent point aperçus de la faute, les théologiens au moins et les savants ne l'eussent-ils pas remarquée ? Leur eût-il fallu 21 ans pour 2 s'en apercevoir ? »

Dans le but d'attirer les acheteurs, le susdit Castrensis annonce qu'il publie de nouveaux commentaires de saint Thomas sur les Epîtres canoniques de saint Jacques, de saint Pierre et de saint Jean ; mais ces écrits, grossièrement apocryphes, sont d'un Thomas anglicisa, que le savant critique prend pour Thomas angelicus. Enfin le P. Suchet montre qu'il n'a point consulté les manuscrits. Tout son mérite est d'avoir dédié sa publication, « pour se mettre à l’abri des traits de l'envie », à un évêque de Maux, qu'il dit grand admirateur d'Erasme. La manœuvre dont il s'était rendu coupable ne resta pas longtemps cachée. Une ancienne brochure qui se trouve à la bibliothèque impériale de Paris, Saint-Vict., 956, sous ce titre : Certum quid circa doct, doctoris angel. S. Thomæ Aquin..... renferme ces mots, p. 200 de la collection : « On a falsifié, non-seulement l'explication de la Salutation angélique, mais encore le Commentaire sur l’Epitre aux Galates. Les premières éditions de cet ouvrage portent : «...Mais, de toutes les femmes je n'en ai pas trouvé une seule qui n'ait quelque péché, du moins le péché originel ou le péché actuel. On excepte la Vierge très digne de louanges, la très pure Marie, qui fut exempte de tout péché, du péché originel et du péché véniel ». Dans les éditions plus récentes, une main peu délicate a supprimé la dernière phrase : « On excepte, etc. ». D'autres ouvrages ont soulevé cette réclamation; mais, chose étrange ou plutôt toute simple dans les siècles de lumières et de progrès, aucun éditeur ne l'a entendue jusqu'à ce jour.

3° Saint Thomas enseigne, dans la Salutation angélique que la sainte Vierge n'a encouru ni le péché originel, ni le péché véniel, ni le péché mortel. Un prêtre qui rappelle les anciens savants, M. Uccelli, de Bergame, a retrouvé dans les bibliothèques de Paris cinq manuscrits de cet opuscule : le premier à la bibliothèque de SainteGeneviève, n° 676, autrefois CC fol°, p. 84 ; le deuxième à la bibliothèque impériale, de l'ancien fond de SaintVictor, n° 233, p. 70 ; le troisième, aussi à la bibliothèque impériale, du fond du Roi, n° 426, p. 79 ; le quatrième, pareillement à la bibliothèque impériale, du fond de Notre-Dame, n° 66 ; enfin le cinquième à la bibliothèque de l'Arsenal, n° 581 g. in-folio. Les recueils qui contiennent le premier et le deuxième de ces manuscrits forment peut-être, dit M. Uccelli dans l'Ami de la Religion, CLXXII, p. 519, la première collection qui ait été faite des opuscules de saint Thomas. Le manuscrit de Sainte-Geneviève et celui de Saint-Victor sont du XIIIe siècle; Echard en parle avantageusement dans l'ouvrage intitulé, Scriptores ord. PP. Prædic., tom. I, p. 334, 340. Le manuscrit du Roi est aussi du XIIIe siècle; Echard en défend l'authenticité, p. 333, et le P. de Rubeis dans l'écrit déjà cité, p. 90.

La collection dans laquelle se trouve le manuscrit de Notre-Dame renferme plusieurs opuscules, dont un intitulé : De la discussion publique dans le concile de Bâle sur la conception de la sainte Vierge, rapport fait à la commission chargée d'examiner cette question. L'auteur de ce rapport, Jean de Ségobie, évêque de Césarée, y joignit comme pièce justificative la Salutation angélique, de saint Thomas, car il la cite et l'invoque souvent. Ainsi qu'on le voit par une lettre publiée tout récemment encore dans l'ouvrage : Pareri della definizione dommatica della concept. della B. V. àl., part. II, vol. IV, p. 7, une copie du même manuscrit fut envoyée, munie du sceau royal, à Rome, par S. E. Crescenzi, nonce apostolique à Paris. Enfin la collection de l'Arsenal porte, à la fin du traité de saint Thomas contre les Sarrasins : « Ecrit par le frère Vliet, prêtre de Rethy (en Belgique), l'an 1408 ». Tels sont nos manuscrits : d'une part, ils datent du XIIIe jusqu'au XVe siècle ; d'une autre part, ils ont eu pour auteurs ou pour garants des Français, un Belge et un Espagnol, car Jean de Ségobie avait été chanoine de Tolède ; ajoutons que le cahier de Notre-Dame a reçu l'approbation tacite du concile de Bâle, et tout le monde nous accordera cette conclusion, que nos monuments constatent la croyance de toute l'Europe durant deux siècles du moyen-âge.
Eh bien, si l'on confronte sur ces manuscrits les éditions imprimées de saint Thomas, celles de Paris, d'Anvers, de Cologne, même celle de Venise 1776, même celle de Rome faite par l'ordre de Pie V, on verra que la haine de l'Immaculée Conception a porté une main coupable sur le texte primitif de la Salutation angélique. Selon ces éditions, le chef de l'Ecole, après avoir dit que l'ambassadeur du Très-Haut vénéra la sainte Vierge parce qu'elle surpassait les anges par la grâce et par la familiarité avec Dieu, ajoute : « Elle les surpassait aussi par la pureté ; car non seulement elle était pure en elle-même, mais encore elle a procuré la pureté aux autres. Elle était très pure en elle-même quant à la faute, parce qu'elle n'encourut ni le péché mortel ni le péché véniel (nec mortale, nec veniale peccatum incurrit) ». Encourir le péché mortel ou le péché véniel, cela n'est d'aucune langue ; le verbe appelle un autre complément. Aussi le manuscrit de Sainte-Geneviève et celui de l'Arsenal disent-ils : « Elle n'encourut ni le péché originel, ni le péché véniel, ni le péché mortel (nec originale, nec veniale, nec morfale peccatum incurrit) » ; le manuscrit du Roi, celui de Saint-Victor et celui de Notre-Dame portent : « Elle n'encourut ni le péché originel, ni le péché mortel, ni le péché véniel (nec originale, nec mortale, nec veniale peccatum incurrit) ». On voit qu'on a supprimé, dans les éditions imprimées, un mot essentiel, celui de originale. On le voit clairement, manifestement : Les manuscrits de Paris portent en eux-mêmes toutes les preuves de l'authenticité la plus irréfragable ; les anciens auteurs en prouvent l'autorité ; Bernard De Bustis va jusqu'à reproduire dans l'office de la Conception, première leçon du jour de l'octave, le célèbre nec originale, nec mortale, nec veniale peccatum incurrit ; Salmeron, sur l'Epitre aux Romains, disp. 5, dit que ces paroles sont de saint Thomas, et la brochure citée plus haut, de la bibliothèque impériale, en flétrit la suppression frauduleuse. Mais pourquoi tant de preuves, tant de témoignages ? L'homme qui se comprend dit-il : Encourir le péché actuel, ou le péché originel ?

4° Saint Thomas, dans la Somme théologique, p. III, qu. XXVII, art. 3, [...]
Note personnelle: Ici, malgré la bonne volonté des rédacteurs de cet article, une ignorance involontaire leur fait critiquer la teneur du texte de la Somme théologique, tandis que les propos rapportés, si ils peuvent être entendu de façon contradictoire avec le dogme de l'Immaculée Conception, ne s'y opposent pas du tout lorsque l'on saisit la différence capitale entre la "peine" du péché originel, et la "faute", qui sont deux choses différents et qui sont développées par de nombreux théologiens, ou lorsque l'on saisi la notion de Saint Thomas à propos de l'animation. En effet si on l'entend selon le sens retenu par les auteurs de cet article, la TSVM n'aurait jamais contracté la "peine" du péché originel, or c'est une grossière erreur, une hérésie, car si elle n'a pas contracté cette peine, elle n'a pas besoin d'être sauvée, comme cela est développé au début de cet article. Et seul Jésus-Christ, qui n'est pas né d'Adam n'a pas contracté le péché originel, ni dans la "peine", ni dans la "faute".
Ceci mérite explications: tous les hommes naissants d'Adam doivent contracter le péché originel, ceci est la
"peine", et tous en ont contracté la tache, la "faute", à la seule exception de la TSVM, qui par un privilège singulier, fut préservée, purifiée, de cette tâche qu'elle n'a jamais contractée. Le terme "purifié" est parfois utilisé par différents auteurs, non pas pour signifier une faute contractée qui fut nettoyée, mais pour signifier l'exemption d'une tâche qui ne fut jamais contractée (St Thomas et l'Immaculée Conception, RP Spada, p53, je donnerai le lien à la fin de l'article). Marie n'a jamais contractée la "faute", qui fait qu'une âme est souillée, en état de péché mortel, mais elle a contracté la "peine" qui fait qu'elle aurait dut contracter la "faute", mais, sans pousser jusqu'à la "faute" on peut tout de même appeler la "peine" péché originel. Ce qu'on retrouve dans l'enseignement de Saint Thomas et de Suarez, (St Thomas et l'Immaculée Conception, RP Spada, p136-140). Ainsi le docteur angélique nie la sanctification de la Sainte Vierge dans le moment même de l'animation, doit être entendu comme la purification du vice de nature, qui eu exempté la TSVM de la "peine" du péché originel, mais la place après l'animation, au premier moment où elle était capable de la grâce, et donc de voir la "peine" effacée, purifiée, pour ne point contracter la "faute", qu'elle aurait du contracter (St Thomas et l'Immaculée Conception, RP Spada, p148-173). C'est une doctrine qui est très mal comprise, mais qui est véridique. On ne peut comprendre autrement les développements de Saint Thomas, lorsqu'il affirme à plusieurs reprises cet insigne privilège de la TSVM, de n'avoir point contracté la tâche du péché originel, en vertu des mérites de son Fils, Notre Seigneur. Si c'était le cas, il aurait alors prêché deux doctrines différentes et c'est faire gravement insulte au docteur commun de l'Eglise, ainsi ils sont plusieurs à préférer croire à une corruption des textes du docteur qu'à une telle opposition dans ses prises de positions, il est vrai que certains de ces textes ont été corrompus, alors que d'autres ont seulement étés mal compris.
L'erreur des premiers rédacteurs de cet article, continuant son développement dans la cinquième partie, je ne la relaie donc pas, mais libre à chacun de la consulter.


Source: www.a-c-r-f.com/documents/LACHAT_Thomas-d…

Complément: Saint Thomas et l'Immaculée Conception, RP Spada, ddata.over-blog.com/…/Saint_Thomas_et…