Revue "En Route"
338

Nos églises… lieux de récréation?

Par le père Ovila Melançon, c.s.c.

Dans plusieurs de nos églises ou chapelles, il arrive qu’on parle tout haut, avec autant d’aise que si l’on était dans une gare, une cuisine, un salon. On dit maintenant que l’on peut parler dans les églises, mais on ne se préoccupe pas de savoir QUI a inventé cette mode… Aucun document officiel de l’Église n’autorise dans nos églises un tel sans-gêne, qui est aux antipodes de la Foi authentique et vivante envers la Sainte Eucharistie. La Constitution de Vatican II sur la Sainte Liturgie ne nous rappelle-t-elle pas que le Christ est présent "au plus haut point, sous les espèces eucharistiques" ?

Le sans-gêne dans nos églises est un moyen très efficace pour vider nos églises : en effet, comment les fidèles, qui sont fréquemment les témoins d’un tel manque de foi, peuvent-ils ensuite être attirés à venir prier dans nos églises et y adorer le Saint-Sacrement ? … Certains diront parfois : "Mais la chose se fait partout" ! Quand il s’agit d’un mal, peu importe que beaucoup s’en rendent coupables… Alors, on n’a pas le droit d’aligner notre conduite sur "ce qui se fait", mais plutôt sur "ce qui DOIT se faire"…

Lorsque Jésus a chassé les vendeurs du Temple, il leur a dit : "Ma Maison sera appelée une maison de prière; et vous, vous en faites un repaire de brigands" (Mt. 21, 13)… À ceux qui prennent des "récréations" dans les églises ou chapelles, on pourrait reprendre les paroles de Notre-Seigneur en les modifiant ainsi : "Ma Maison sera appelée une maison de prières; et vous, vous en faites un lieu de récréation"…

Un tel comportement manifeste, malgré les prétendues bonnes intentions, une "foi" intermittente, miteuse, que l’on pourrait comparer à un caméléon, qui change de couleurs selon les circonstances… Il arrive que des célébrations eucharistiques ressemblent, par intermittence, à des réunions mondaines, à des parties de plaisir, plutôt qu’à l’actualisation du Saint Sacrifice du Christ sur la Croix (…)

Ce sans-gêne dans nos églises se rencontre fréquemment (…) au moment du baiser de paix, durant la célébration eucharistique. Ce moment ressemble à une récréation collective, alors qu’on laisse SEUL sur l’autel, le SEIGNEUR DES SEIGNEURS. Aucun protocole humain destiné à rendre à un dignitaire terrestre le respect qui lui est dû, ne permet une telle inconséquence.

Et comment pouvons-nous admettre encore, comme la chose se pratique en plusieurs endroits (…) les baisers parfois même sur la bouche qu’échangent avec les femmes, les prêtres revêtus de leurs habits sacerdotaux ? Malgré les bonnes intentions qui animent habituellement ces attitudes, les gens de l’extérieur n’ont-ils pas raison d’être surpris ou scandalisés d’un tel spectacle ? … Il faut affirmer que les prêtres n’ont pas besoin des baisers des femmes; ils ont les baisers du Christ, qui devraient largement leur suffire ! Ils n’ont pas besoin de la "tendresse" féminine, d’autant plus qu’ils l’ont sacrifiée au Seigneur par leur vœu de chasteté. Autrement, il s’agirait d’une spiritualité "aphrodisiaque" ! (…) Aucun document du Saint-Siège n’approuve un tel usage. Seule prévaut la norme écrite de l’Ordo Missae : "Le prêtre peut donner la paix aux ministres".

D’ailleurs, le baiser de paix n’est jamais obligatoire, et encore moins est-il loisible au célébrant de quitter l’autel et d’aller donner le baiser de paix… à tous les hommes… et à toutes les femmes de l’assemblée liturgique. Parfois, ces baisers sont très "chaleureux", pour manifester qu’on "s’aime vraiment"… Pour le moins, il y a là présomption et naïveté ! Dans certaines églises, les curés et les vicaires embrassent un grand nombre de femmes, après la célébration eucharistique, à l’occasion des grandes fêtes, ce qui est tout simplement stupide et scandaleux.

On pourrait appliquer ici les paroles suivantes du Cardinal Ratzinger : "Il est temps de trouver le courage de l’anticonformisme, la capacité de s’opposer, de dénoncer bien des tendances de la culture ambiante, en renonçant à une certaine solidarité euphorique postconciliaire". (Ratzinger-Messori, Entretien sur la Foi, Paris, Fayard, 1985, p. 39) ■

**********************
Vous avez aimé cet enseignement? Vous aimerez assurément les autres qui se trouvent sur le site officiel de la
Revue En Route. Partagez cet article et visitez-nous au www.revueenroute.jeminforme.org.