Le "Renouveau Charismatique" rétrograde

Nous fêtons aujourd’hui la Pentecôte, l’effusion du Saint-Esprit sur les apôtres et les premiers disciples […]. Si nous voulons, à notre tour, être remplis de l’Esprit-Saint, nous voulons aussi en fuir les nombreuses contrefaçons avec horreur […]. Le Renouveau charismatique en est-il une ? J’en connais dont les frères ou les sœurs appartiennent au Renouveau charismatique. Il se pourrait que demain, cette proposition du Renouveau vous soit faite. Répondrez-vous oui ou non ? Refuserez-vous cet appel de l’Esprit-Saint ou l’accepterez-vous ?

Je pense qu’il y a là une séduction, un attrait. Cette séduction vient-elle de Dieu ou non ? Cet attrait est-il un attrait vers les hauteurs ou est-ce une tentation ?

Notre refus se fonde sur de nombreuses raisons, mais la première, c’est parce que l’Église est notre Mère. Nous ne pouvons pas penser que, pendant deux mille ans, l’Église ait perdu l’Esprit, au propre et au figuré, au point d’avoir à le retrouver maintenant dans les sectes protestantes. Car c’est bien dans ces sectes que les leaders charismatiques français ont reçu l’Esprit. Des pasteurs protestants leur ont imposé les mains et l’Esprit a fondu sur eux, les renouvelant de fond en comble. Leurs témoignages abondent, nous ne les récusons pas. Mais de quel Esprit s’agit-il ?

Nous autres pauvres âmes, voulons chercher l’Esprit-Saint et le trouver dans l’Église catholique notre Mère. Durant ces trois jours de retraite, nous nous mettrons à l’écoute de l’Église pour, précisément, trouver l’Esprit-Saint dans sa Tradition, dans les enseignements de ses saints, dans ses sacrements, dans sa vie quotidienne et séculaire. Voilà notre œuvre aujourd’hui.

Mais puisque nous sommes au matin de la Pentecôte, rappelons-nous que l’Église a reçu l’Esprit-Saint. Donc, résistons au moralisme et au ritualisme pour dire qu’il s’est produit un événement dans l’histoire du monde, un événement bouleversant. Il ne s’est pas produit en 1967 avec la fondation du Renouveau charismatique catholique, ni en 1900 avec la fondation du Pentecôtisme protestant, non ! Il s’est produit en l’an 30, lorsque Jésus, mort et ressuscité, est monté aux Cieux, et qu’il a envoyé son Esprit à son Église, afin de changer la face de la terre. C’est vrai, car Lui, il a annoncé la venue de l’Esprit-Saint, son Esprit, et Il est venu.

Non seulement ce réveil, ce revival a été sensationnel, pour prendre le mot des charismatiques, mais il a eu lieu une fois et a duré. L’Église en est sortie et l’Église continue à en vivre. Elle affronte toutes les tempêtes du dedans et du dehors toujours avec la force de cet Esprit. Nous n’avons pas besoin de parler en langues, nous n’avons pas besoin ce matin, que, au milieu d’entre vous, savamment conditionné pour cela, quelqu’un se dresse tout d’un coup et parle des langues étrangères ! Tandis qu’un autre se mette à prophétiser pour nous annoncer l’avenir ! Nous n’avons pas besoin de tout cela, nous allons rester tranquilles, parce que les événements sensationnels, les événements miraculeux se sont produits au début de l’Église. Il y en a eu assez pour nous démontrer que c’était l’Esprit-Saint qui était là. Ensuite, tout cela s’est assagi.

Si j’osais une comparaison, je dirais, pour ceux qui en ont l’expérience, qu’au début des grandes amours, il y a toute une vibration de plaisirs et de joie, il y a tout un comportement d’amoureux. C’est bien, c’est normal. Il faut un peu ce tumulte dans l’expression des passions pour fonder un grand amour qui doive traverser, pour le meilleur et pour le pire, toute une vie. Mais enfin, ça se calme ! Ce n’est tout de même pas ça le principal. Une des erreurs de notre temps, c’est précisément de considérer que le plaisir est le principal, au détriment des valeurs fondamentales du foyer, qui est l’amour généreux et la procréation et l’éducation des enfants.

Dans l’union de Dieu avec son peuple, sa créature, c’est-à-dire dans l’union intime du Saint-Esprit avec l’Église, il y a eu le tumulte des passions au début. Ils étaient comme ivres au matin de la Pentecôte. Ils étaient ivres de l’amour de Dieu, mais c’est vrai ! Ils parlaient les langues, mais tout le monde les comprenait, de quelque langue qu’ils soient, c’est très vrai ! Ils guérissaient les malades et les aveugles voyaient. Jésus l’avait dit qu’ils feraient des miracles plus grands que Lui, et ils en ont fait ! Cela prouvait que l’Alliance entre Dieu et son peuple était de nouveau restaurée à perpétuité.

Ensuite, on s’est assagi. Maintenant, l’Église et l’Esprit sont comme de vieux époux. Ils ont enfanté des millions et des millions d’êtres pour la vie éternelle, ils savent ce que c’est. Ce qui domine maintenant, c’est la sagesse, ce sont les vertus, la fidélité dans une doctrine, dans une liturgie que le Christ nous a données, nous a conservées. La joie a changé de sens, elle s’est purifiée. Vous me diriez que ce soir, il y a une réunion charismatique à côté et qu’on va voir les gens se trémousser, parler en langues et prophétiser, je vous assure que s’il ne fallait faire que cinquante mètres, je ne les ferais même pas, parce que je n’en ai pas besoin ! Rappelez-vous saint Louis : il était là, à côté de la Sainte Chapelle et on vient le prévenir. « Sire, il y a un miracle, l’hostie apparaît sous la forme de l’Enfant-Jésus. » Tous les courtisans se sont précipités. Saint Louis dit : « Je n’ai pas besoin d’aller voir pour croire en la présence du Christ. » Il n’est pas allé voir le miracle.

Mais nous aussi, nous avons la joie. Ne laissons pas dire qu’il faut être partisan du Renouveau pour être plein de la joie spirituelle, pour être plein de la charité, pour être plein du désir de convertir ses frères. Nous l’avons, cette joie, mais elle est fondée sur des choses réelles et non pas sur des apparences. Les apparences passent, la réalité profonde demeure. L’Église a l’Esprit-Saint, nous l’avons reçu, cet Esprit, par la Confirmation. Chacun de nous l’a, nous sommes bien possesseurs de l’Esprit-Saint, sans que personne ne nous ait imposé les mains, autre que l’évêque de notre Confirmation. Nous l’avons, cet Esprit-Saint, nous n’avons qu’à le découvrir en nous, selon les lois et conseils de l’Église.

Si quelqu’un d’entre vous me dit : « Je ne le sens pas ! » ce n’est pas la peine de le sentir, vois dans tes œuvres si tu lui donnes libre cours. « Mais je n’ai pas de force pour la vertu ! Mais je n’ai pas de courage dans ma foi ! – Réveille en toi l’Esprit-Saint ! » comme dit saint Paul. « Ce qui manque, c’est ton concours. Ne va pas chercher des paradis artificiels, mais sache que tu as en toi ton trésor, tu n’as qu’à le faire fructifier. » Il est vrai que nous avons Dieu en nous. Si nous ne l’avons pas, confessons-nous et nous le retrouverons. Et maintenant que nous avons Dieu en nous, il nous est possible, non pas de prophétiser ni de faire des miracles, mais il nous est possible d’être parfaits chrétiens. Ainsi, de nous diriger vers la Vie éternelle, avec ceux dont nous avons la charge.

Voilà le principal, voilà la qualité de la joie de la Pentecôte. Nous n’avons pas besoin d’autre chose. Abbé Georges de Nantes

Extrait du sermon du dimanche 18 mai 1975
Catholique et Français
En cette Attente de la Pentecôte, un Catholique sûr de sa Foi, fort de son Espérance et avide de vraie Charité n'a pas besoin du "Renouveau Charismatique" ! 🤗