TROISIÈME SAMEDI DU CARÊME ( CONDUITE POUR PASSER SAINTEMENT LE CARÊME du Rnd Père AVRILLON )
PRATIQUE
En vous réveillant, dites d'un Cœur contrit et humilié ces belles paroles du Prophète - Pénitent: « Ayez Pitié de moi, ô Mon Dieu! selon Votre Grande Miséricorde. » Répétez-les souvent dans le cours de la journée. Reconnaissez l'extrême besoin que vous avez de cette Divine Miséricorde; pensez avec amertume et douleur aux plus grands péchés de votre vie, et aux flammes éternelles que vous avez méritées, et dans lesquelles vous brûleriez à présent si cette miséricorde ne vous avait pas conservé la Vie. Demandez-la, cette Miséricorde; à toutes les heures du jour, et tâchez de l'obtenir par vos Ardentes Prières.
MÉDITATION
Les Scribes et les Pharisiens amenèrent à Jésus-Christ une femme surprise en adultère. (Joan.,8).
1er POINT : Les Scribes et les Pharisiens, qui avaient dessein de perdre Jésus-Christ et de l'accuser, ou d'une lâche indulgence ou d'une sévérité outrée, lui amenèrent cette femme pour la juger. Ce Sauveur et Ce Dieu de Majesté incline son Cœur Charitable vers cette pécheresse pour lui pardonner et pour la soustraire au supplice cruel et infâme qui lui était préparé. Il écrit sur la terre: Est-ce un arrêt de mort ? Rien moins; il ne sied pas à un sauveur d'écrire un arrêt de mort contre une pécheresse qui, dans un Cœur pénétré de douleur, implorait sa Miséricorde. Enfin, Jésus-Christ parle, et voici Ses Admirables Paroles : Que celui d'entre vous qui est sans péché lui jette la première pierre. A ces mots, chacun se retire secrètement, craignant, avec raison, que Ce Prophète si éclairé ne découvrit leur turpitude et ne mît au jour des mystères d'iniquité qui les auraient couverts de honte. C'est ainsi que la miséricorde triomphe : c'est ainsi qu'elle pardonne les plus grands péchés.
2ème POINT : Jésus demeura seul avec cette femme pécheresse. Confuse, troublée, tremblante, saisie de frayeur, et prête à endurer la mort sans la Miséricorde de son Divin Libérateur, elle commence à respirer et à concevoir quelque espérance de la Vie, par le Secours de Celui qui venait la donner à tous les hommes aux dépens de la sienne. Alors Jésus dit à cette femme avec une Bonté Singulière : « Où sont vos accusateurs ? Personne ne vous a condamnée, je ne vous condamnerai pas aussi; allez et ne péchez plus. » Quelle bonté dans Jésus-Christ de faire remarquer à cette pécheresse qu'il n'y avait plus personne autour d'elle qui demandât son sang! C'était sans doute pour lui faire comprendre que n'ayant plus que Lui seul auprès d'elle, elle n'avait rien à craindre. « Personne ne vous a condamnée, Je ne vous condamnerai pas. » Voilà un oracle de vie prononcé par Celui-là même qui est le Souverain Arbitre de la Vie et de la Mort. Ensuite il la console, la relève, la délivre, et dans ces précieux moments où il était seul avec elle, il prépare son Cœur à la Pénitence, il la pénètre des Sentiments d’Âme juste Douleur, pour la rendre digne de la Miséricorde qu'Il lui faisait.
SENTIMENTS
Adorable Sauveur, Dieu des Miséricordes, Pardonnez à ce pécheur racheté de Votre Sang. Seul avec vous comme la pécheresse, je n'ose lever les yeux sur Votre face Adorable; mes iniquités sans nombre me couvrent de confusion. Parlez-moi donc, Seigneur, avec la même Bonté que j'entends Cette Voix de Douceur, Cette Parole de Grâce et de Miséricorde qui lui rendit l'Espérance et la Vie. Dites-moi, je vous en supplie, que Vous ne me condamnerez pas, et renvoyez-moi en Paix, comme Vous la renvoyâtes; et je Vous promets, avec le Secours de votre Grâce, de ne plus vous offenser.
SENTENCES
Les Yeux du Seigneur sont arrêtés sur ceux qui le craignent et qui espèrent en sa Miséricorde (Psalm., 32).
Que personne ne désespère de la Miséricorde de Dieu, parce qu'elle est infiniment plus grande que notre misère (Div. Aug. de Spir. et a. c. 6).
RÉFLEXIONS
Retour de Jésus chez Pilate
Voici enfin Jésus Innocent devant son dernier juge et à son dernier tribunal, d'où il ne sortira que pour être Crucifié sur le Calvaire, après y avoir Souffert une infinité d'outrages plus Cruels et plus Sanglants que tous ceux qu'il a endurés jusqu'à présent. Voici la cinquième fois qu'on traîne ignominieusement cet Adorable Sauveur dans les rues de Jérusalem, escorté par des bourreaux, lié de cordes comme un scélérat, Moqué, Raillé, Insulté de tout un peuple. Pilate, persuadé de l'Innocence de Jésus, fait quelques efforts pour le délivrer. Mais le peuple persiste à demander Son Sang avec des clameurs effroyables. Quelle horrible inconstance dans ce peuple ! quelques jours auparavant il l'avait reçu comme son souverain, comme le Messie, et il veut le faire périr aujourd'hui comme un blasphémateur et comme un impie! Quelle ingratitude de demander la Mort de celui qui venait de Guérir ses malades, d'Éclairer ses aveugles et de ressusciter ses Morts. Votre Cœur sentait vivement une injustice si criante; mais votre Amour, toujours Héroïque, vous faisait courir à la mort pour nous donner la vie. Heureux encore si nous en profitons, et si nous ne sommes pas d'intelligence avec Vos Ennemis pour Vous donner une seconde Mort.
PRIÈRE
Seigneur Tout-Puissant et tout Miséricordieux, qui Pardonnez les plus grands péchés, quand on implore votre Divine Miséricorde avec un Cœur contrit et humilié, Conduisez-nous par les Sentiers de la Justice Chrétienne pour mériter cette Miséricorde que nous Vous demandons, et Accordez-nous le bonheur de Vous posséder dans l’Éternité. Nous Vous en prions par les Mérites de Jésus-Christ, Votre Fils et Notre Seigneur.