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Le Combat Spirituel LORENZO SCUPOLI (CHAPITRE XXX - COMMENT LE DÉMON PERSUADE À PLUSIEURS QU’ILS AVANCENT DANS LA VOIE DE LA PERFECTION)

Vaincu dans le premier et le second assaut, l’esprit malin recourt à un autre stratagème. Il cherche à nous faire oublier les ennemis qui nous attaquent et nous font actuellement essuyer de grands dommages, pour occuper notre esprit de désirs et de projets de haute perfection. Il en résulte que nous négligeons les blessures que nous recevons continuellement et que, prenant nos résolutions pour des œuvres, nous nous laissons entraîner à toutes les séductions de l’orgueil.

La moindre contrariété, la moindre injure nous irrite, et nous perdons un temps considérable à méditer des projets héroïques, comme celui de souffrir pour l’amour de Dieu les plus horribles tourments, voir les peines du purgatoire. Et comme la partie inférieure de nous-mêmes n’éprouve aucune répugnance pour ces maux éloignés, nous avons, tout misérables que nous sommes, l’audace de nous comparer à ceux qui souffrent avec une patience infatigable les plus affreux supplices.

Pour éviter ce piège, proposez-vous de combattre et combattez effectivement les ennemis qui vous attaquent de près ; vous reconnaîtrez par là si vos résolutions sont vraies ou fausses, fortes ou faibles ; et vous marcherez à la perfection par le chemin que les saints nous ont frayé.

Pour ce qui est des ennemis qui ne vous inquiètent pas d’ordinaire, je ne vous conseille pas de leur livrer combat, à moins que vous ne prévoyiez une attaque prochaine. Vous pouvez alors, pour vous mettre en état de soutenir la lutte, former d’avance quelques résolutions.

Quand même vous vous seriez exercé durant quelque temps à la pratique des vertus, ne prenez jamais vos résolutions pour des victoires ; mais tenez-vous dans l’humilité, défiez-vous de vous-même et de votre faiblesse ; et vous confiant en Dieu seul, demandez-lui instamment de vous fortifier, d’éloigner de vous tout péril et d’étouffer en vous tout sentiment de présomption et de confiance en vos forces.

Dans ces conditions, la difficulté que nous éprouvons à surmonter quelques légers défauts que Dieu laisse parfois subsister en nous, pour nous convaincre de votre faiblesse et nous conserver le mérite de nos bonnes œuvres, cette difficulté, dis-je, ne doit pas nous empêcher de tendre à une plus haute perfection.