Abramo
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Le mystère du latin

Article de Rubén Amón pour El País, 16 mai 2016

Les cloches ont sonné et je suis allé à la messe hier [en l’église Saint-Sébastien de Salzbourg, où officie la Fraternité Saint-Pierre, NDLR]. J’ai assisté à la liturgie de 9h30 non pas par foi ou par habitude, ni même pour implorer la guérison de mes maux de gorge, mais parce que le rite s’annonçait comme un événement culturel.

Et ce fut le cas. Non pas en raison de l’éducation musicale des habitants de Salzbourg ou de la compétence de l’organiste. Pas plus pour la sensibilité de la chorale amateur ou pour la voix de ténor héroïque de l’interprète du Pater [sans doute le Credo ou le Sanctus, NDLR]. Mais parce qu’il s’agissait d’un rite en latin, célébré dos au peuple et selon les critères préconciliaires.

La liturgie conditionne l’ordre spirituel. La langue morte y acquiert l’élan de la résurrection. Et rend ridicules les raisons pratiques avancées en Espagne pour justifier la suppression du latin et du grec des programmes pédagogiques. Je ne conteste pas l’utilité du chinois. Je regrette seulement la dilapidation de notre patrimoine culturel.

Il est dommageable que l’on ait touché à la résonance métaphysique du latin et que la liturgie ait été profanée au nom des contingences paroissiales. On s’est d’autant plus éloigné du mystère qu’on a voulu s’approcher de la célébration. On a dépouillé la messe de sa projection transcendantale, de son essence mystérieuse, sans parler de la dégénérescence du patrimoine musical ecclésiastique, jusqu’à corrompre la foi des cœurs les mieux disposés.

Je parle du point de vue d’un agnostique qui, n’ayant pas de convictions profondes, accepte la foi comme un placebo au nom de l’esthétique. Thomas Mann l’a écrit dans La mort à Venise : « La Beauté – écrit avec une majuscule – est le chemin qui porte l’homme sensible vers l’esprit. »

Il ne s’agit pas de comprendre la messe mais de vivre le mystère. Et de profiter du courant des langues anciennes pour atteindre la terre promise comme le pape Ratzinger a voulu le prouver quand il a rétabli la messe tridentine. Ce que ses détracteurs ont mal compris. Ils pensaient que Benoît XVI voulait restaurer l’ancien régime mais ignoraient que l’opéra préféré du pape allemand est le Don Giovanni de Mozart.
saint nilus prier pour nous
Merveilleux Latin langue Sacrée qui unissait l'église Catholique en une seul prière dans le monde entier ,unité de l"église ,aujourd'hui les prêtres disent les messe suivant leur humeur?
AveMaria44
Au delà du latin, il y a le mystère des saints mystères trop ignoré, c'est pour cela que peu ont résisté au NOM.
La liturgie est très peu connue, très peu vécue, par le "peuple de Dieu".
Abramo
»La liturgie conditionne l’ordre spirituel«. Et dans nos jours il faut dire: »La liturgie conditionne le désordre spirituel«...