apvs
1440

Méditation sur la Résurrection d'un auteur du XIIè siècle

Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? Vous le connaissez pourtant bien, Saints Anges, Celui qu'elle pleure et qu'elle cherche. Pourquoi donc raviver ses larmes en le rappelant à sa mémoire ? Mais Marie peut donner libre cours à toute sa peine et à ses pleurs, car la joie d'une consolation inespérée approche. Elle se retourne et voit Jésus debout, mais elle ne le reconnaît pas. Celui qui est désiré et cherché se montre, et pourtant se cache. Il se cache pour être cherché avec plus d'ardeur, trouvé avec plus de joie, retenu avec plus de soin, jusqu'à ce qu'il soit introduit, pour y rester, dans la demeure de l'amour. Voilà comment la Sagesse mène son jeu à la surface de la terre, elle qui se plaît chez les enfants des hommes. Femmes, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? Tu as celui que tu cherches, et tu l'ignores ? Tu as la vraie joie éternelle, et tu pleures ? Tu l'as en toi, celui que tu cherches dehors. Vraiment, tu te tiens dehors tout en larmes près d'une tombe. Ma tombe, c'est ton coeur : je n'y suis pas mort, mais j'y repose, vivant pour l'éternité. Ton âme est mon jardin. Tu avais raison de penser que je suis jardinier. Nouvel Adam, je cultive mon paradis et je le garde. Tes larmes, ton amour et ton désir sont mon ouvrage. Tu me possèdes en toi sans le savoir, et c'est pourquoi tu me cherches au-dehors. Je vais donc t'apparaître là aussi pour te faire rentrer en toi-même, afin que tu trouves à l'intérieur celui que tu cherches dehors.
Marie, je te connais par ton nom. Apprends à me connaître par la foi. Rabbouni, dit-elle - c'est-à-dire Maître - apprends-moi à te chercher, apprends-moi à te toucher. Ne me touche pas, répond Jésus, car je ne suis pas encore monté vers mon Père. Tu ne crois pas encore que je suis égal, coéternel et consubstantiel au Père. Crois-le, et tu m'auras touché. Ta vue s'arrête à l'homme, aussi tu ne crois pas, car on ne croit pas ce qu'on voit. Tu ne vois pas Dieu. Crois, et tu verras. Par ta foi, tu me toucheras, comme cette femme qui toucha la frange de mon manteau et fut subitement guérie. Pourquoi ? Parce qu'elle m'a touché par sa foi. Touche-moi de cette main-là, cherche-moi de ces yeux-là, cours vers moi avec ses jambes-là. Je ne suis pas loin de toi : je suis le Dieu tout proche, parole dans ta bouche et dans ton coeur. Et quoi de plus proche de l'homme que son coeur ? C'est là tout à l'intérieur, que m'ont découvert tous ceux qui m'ont trouvé. Car ce qui est dehors ne concerne que la vue. Mes oeuvres sont réelles et cependant elles demeurent fragiles et passagères, tandis que moi, leur Créateur, j'habite au plus profond des coeurs purs.
Ne nous laissez pas sucomber
Seigneur rendez en moi un cœur pur.