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Frère Jean-Thierry de l’Enfant Jésus et de la Passion

Frère Jean-Thierry de l’Enfant Jésus et de la Passion
Carme Déchaux
(1982-2006)

L’étincelle et l’incendie

Jean-Thierry Ebogo est né le 4 février 1982 à Nkongsamba, dans le Nord-Ouest du Cameroun. Dès son plus jeune âge il manifeste le désir de devenir prêtre lors de la rencontre du Père Edy Mabila, un missionnaire congolais Oblat de Marie Immaculée. « Il a une soutane blanche et une belle ceinture de chasteté, il est beau, très beau… il est captivant, je suis séduit, comme la vipère hypnotise ses proies, je sens que quelque chose me gagne, se saisit de moi… Je sens que je vois Jésus lui-même, doux, beau, resplendissant et surtout très séduisant… Pour moi, Jésus lui-même m’a saisi par la main et m’a mis en confiance près de lui. Comme je suis ému, fou de joie, je ne sais pas quoi dire… Alors (avec) un regard quasi interrogatif, je balbutie quelques mots : est-ce que moi aussi je peux porter une soutane comme vous ? »

J’ai trouvé mon Amour : Jésus

À l’âge de treize ans il entre au Petit Séminaire de Guider. Pour aider la famille, il fait toute sorte de petits travaux rénumérés, comme la vente de 20 litres de jus de citron glacé, sans en prendre pour lui malgré le soleil brûlant. Il poursuit au lycée de Monatélé avec des études scientifiques en vue d’aider le développement de son pays, sans renoncer à son premier idéal de prêtre. Il est servant d’autel, responsable du groupe vocationnel et il aide beaucoup de camarades et connaissances pour leurs études. Confronté au concubinage précoces et aux mœurs relâchées de certains prêtres, son désir d’être totalement au Christ reste entier. Il en témoigne : « J’ai prié Jésus de me faire don de la chasteté et je ne doute pas d’être exaucé… je veux devenir prêtre et y arriver pur ». Sa vie fait preuve d’un héroïsme dans les petits actes de la vie ordinaire, le service du prochain, l’amour du travail.

Un ouvrier selon Son Cœur

Après une brève expérience chez les Oblats de Marie Immaculée à Mokolo, il est refusé, mais son désir reste le même. « Je prends du recul pour mûrir mon désir, pour vivre en religieux avant de l’être ; certainement un an c’était trop peu… j’ignore ce que sera mon demain, mais je sais qu’il fera de moi un ouvrier selon son cœur ». Il entre le 28 juillet 2003 chez les Carmes Déchaux à Nkoabang, où il se sent en famille. La vie de prière, la vie fraternelle, les études, l’apostolat et le travail manuel, qui rythme la journée au Carmel, trouve en lui un postulant enthousiaste. Il confie dans un poème à son Ami intime, Jésus : « Je veux te voir et te parler, je t’ai dit ce que je n’ai dit à personne d’autre : je t’aime plus que tout, plus que moi-même, je ferai tout pour toi, pourvu que je te voie ».

Être tout au Christ

Il est admis au noviciat mais en juin 2004, une tumeur se manifeste soudainement à son genou droit. Les soins commencent et aussi son parcours douloureux d’un hôpital à un autre. Le 18 novembre 2004, il subit l’amputation de sa jambe droite. Malgré la souffrance et le peur de l’avenir, il garde une étonnante paix : « Je préfère donner la joie ». Il comprend que le Seigneur le travaille à travers cette épreuve : « Me laissant unijambiste, estropié pour que lui seul soit ma force et mon orgueil car aujourd’hui, du physique à travail, il m’a laissé le juste assez, seulement ce qu’il faut pour chanter ses louanges… Je veux dire que nous soyons prêts à un dépouillement plus grand tant que je suis encore plein d’orgueil, car peut-être doit-on perdre l’avantage de membres pour être tout au Christ. Mais à présent je suis tout prêt à tout, pourvu que seule sa volonté soit faite ».

Comme il est beau, Jésus !

Envoyé en Italie en août 2005 pour des soins intensifs et son noviciat, le cancer se révèle généralisé. Ayant obtenu la dispense nécessaire, il prononce ses vœux solennels à l’hôpital. Il espère encore : « Je ne voudrais guérir que pour être prêtre. Vous me conduirez à l’église sur le fauteuil roulant et j’y resterai toute la journée pour tenir compagnie à Jésus et pour administrer le Sacrement du pardon. Le soir vous viendrez me chercher... » Le 5 janvier 2006, il s’éteint doucement. En montrant l’image de Jésus Miséricordieux sur le mut face à son lit, il dit : « Comme il est beau, Jésus ! Combien de lumière… Comme il est beau Jésus... » Il avait dit auparavant : « Moi, je ne ferai pas comme Thérèse l’Enfant Jésus qui a promis une pluie de rose, non, moi de mon ciel je ferai pleuvoir un déluge de vocations ».

En quelques dates

4 février 1982 :
Naissance à Bamenda (Nord-Ouest, partie anglophone).
9 juillet 1985 : Fondation des Carmes Déchaux à la paroisse de Nkoabang (Yaoundé).
26janvier 1986 : Mariage religieux des parents.
Fin 1990 : Éclosion de sa vocation en rencontrant le Père Eddy Mabyla, Oblat de Marie Immaculée.
29 mai 1994 : Première communion.
Septembre 1994 : Entrée au Petit Séminaire de Guider.
Septembre 1998 : Jean-Thierry poursuit au Lycée de Monatélé.
31 décembre 1999 : Grâce mariale durant la prière nocturne.
1er octobre 2002 : chez les Entrée au pré-noviciat des Oblats de Marie Immaculée.
21 mai 2003: L’entrée au noviciat lui est refusée.
24 juillet 2003: Entrée chez les Frères Cannes Déchaux de Nkoabang (Yaoundé).
Octobre 2003-Juin 2004 : Postulat.
26 mai 2004 : abcès au genou droit.
18 juin 2004 : constatation d’une tumeur.
28 juin 2004 : admis au noviciat.
5 août 2004 : Diagnostic du cancer.
18 novembre 2004 : Amputation de la jambe droite.
29 août 2005: Départ pour l’Italie. Récidive et hospitalisation à Legnano.
8 décembre 2205 : Profession solennelle sur son lit d’hôpital.
5 janvier 2006 : Il meurt à l’hôpital de Legnano à 00h15.
16 juillet 20213 : ouverture du procès diocésain de béatification.
9 septembre 2014 : clôture du procès diocésain de béatification.

L’amour de Dieu dans ma vie

Jean-Thierry est un témoin de la joie d’une vie unie à celle du Christ même dans la souffrance. Il sait discerner toujours et partout « l’amour de Dieu dans ma vie des jours ordinaires ». Sa vie, il la relit à la lumière de la joie d’être aimé. « Quand je serai triste, je reverrai les merveilles que fit dans ma vie le Dieu qui sur moi veille ».

« Je ne sais ce que sera demain mais, rien ne m’effraie. Je suis sûr, comme toi je triompherai. Je suis sûr, dans la joie je vivrai. Je veux te voir et te parler, je t’ai dit ce que je n’ai dit à personne d’autre : je t’aime plus que tout, plus que moi-même, je ferai tout pour toi, pourvu que je te voie ».

« Tout ce que tu fais me dit que tu m’aimes. Tout ce que tu me donnes tu l’as en toi-même. Mais alors tu sais ce que je suis. Tu sais que je ne suis rien qu’un homme, pauvre, faible et jamais satisfait. Tu sais que je suis tout cela. Tu ne te lasses pas de m’aimer. Tu ne peux m’abandonner ».

« La présence de Dieu à mes côtés, j’en suis fou. Tendresse sans limite, douceur sans pareil, je mourrai heureux ».

Vivre pour Lui

Jean-Thierry a trouvé la source de cette joie dans son union au Christ, vécue partout, à travers tout ce qui lui arrive. « Voici que je cesse de gémir parce qu’il est tout. Voici que je commence à m’emplir de tout ? Car je l’ai trouvé mon amour. Son nom est Jésus, mon Jésus pour toujours. Plus de « mais », mais toujours des « puis »… Puisqu’il me comble (…) Ton amour crie plus fort que le sang. Ton amour me brûle, je le sens ».

Jean-Thierry nous apprend à regarder plus loin que les obstacles dans nos vies, afin de ne pas perdre de vue le Christ qui est notre vie. « Par delà maux et souffrance, nous avons la vie. Forts de notre espérance, nous aurons la vie. Béni soit le Dieu de patience qui nous donne la vie. Puissions-nous vivre pour lui… être tout à lui ».

Jean-Thierry nous rappelle que le véritable projet, c’est le projet de Dieu sur nous.

Il sait ce qui est bon pour toi

Jean-Thierry a su changer de regard sur l’inattendu dans sa vie pour y discerner une volonté aimante de Dieu. Et il a trouvé là le véritable objectif de sa vie, « celui qu’il m’a donné, le Christ dans la plénitude de son amour ».

L’échec de son essai chez les Oblats de Marie Immaculée est pour lui une façon mystérieuse que le Seigneur utilise pour faire mûrir sa vocation en le dépouillant de ses projets personnels. « J’étais plein de projets et le véritable était presque évanoui en moi. Il a fallu donc ce renvoi pour souffler la paille qui brûlait en surface et laisser place au grand brasier ».

Même son amputation est pour lui un appel à être tout au Christ. « Dommage que j’ai été obligé d’attendre si longtemps et un fait aussi dur pour m’ouvrir les yeux, mais Dieu sait bien plus que quiconque ce qui est bon pour nous, même si cela nous coûte ».

Être ce qu’Il veut que tu sois

Peut-être que le message le plus fort que nous laisse Jean-Thierry se trouve dans un petit dialogue avec la Sagesse divine, où il a compris que l’essentiel de cette vie est de se laisser façonner par le Seigneur dans la vie ordinaire. Non pas « faire » des choses pour Lui, mais « être » avec Lui.

« Le tout n’est pas dans les œuvres éclatantes que tu peux faire, bien plus le oui intérieur et l’acceptation profonde de la volonté de Dieu. Vois la sainte Vierge Marie, en silence elle a dit oui. Et maintenant il te faudra du temps et de l’humilité pour comprendre et accepter d’être ce que le Seigneur voudrais que tu sois. Il faudra mater ton amour propre pour te laisser servir quand bien même tu aurais voulu servir. Accueille humblement et avec joie tes faiblesses, tes limites... »

Prières par l’intercession du Frère Jean-Thierry

Dieu d’amour et de miséricorde, tu as sauvé le monde par le mystère de l’Incarnation, Passion et Résurrection de ton Fils bien-aimé Jésus-Christ ; Tu as admirablement et extraordinairement associé à ces mystères ton serviteur le Frère Jean-Thierry de l’Enfant Jésus et de la Passion. Donne-nous par son intercession, la même foi et endurance dans la souffrance pour que nous puissions être associés à tes amis qui contemplent ton visage dans ton Royaume. Amen.

Imprimatur : + Victor Tonye Bakot, Archevêque de Yaoundé, 4 septembre 2007

Postulation Générale de l’Ordre des Carmes Déchaux

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