ELisée Pierre
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2-LE MASSACRE DE LA SEMAINE SAINTE SOUS PIE XII: LA MARQUE PROTESTANTE ET LA SIGNATURE MODERNISTE PROUVÉES

RAPPELS SUR LA RÉFORME DE LA SEMAINE SAINTE SOUS PIE XII=>1-LE…

RAPPELS HISTORIQUES
Jeune homme, Eugenio Pacelli fut confié au cardinal Rampolla (FM .*.), qui choisit pour lui le cursus moderniste de la Capranica,
-1899,
après son ordination, l'abbé Pacelli accompagna constamment Rampolla, comme son secrétaire particulier. Ses proches collègues au Vatican étaient les membres de l'"équipe" de Rampolla : Della Chiesa (futur Benoît XV), Gasparri, Radini-Tedeschi et Roncalli (futur Jean XXIII).
-1904,
Secrétaire de la Commission pour la codification du droit canonique.
-1911, envoyé par Pie X au couronnement de son opposant, le Chef de l'église hérétique anglicane, George V (première fois depuis plus de 350 ans…).
-1911, sous-secrétaire aux Affaires ecclésiastiques extraordinaires du cardinal Gasparri (FM .*.).
-1917, sacré évêque par Benoît XV (ancien secrétaire particulier de Rampolla, le considérant comme son vénéré Maître;
Della Chiesa dont l'élévation au cardinalat fut plusieurs fois refusées, il ne devint cardinal que 3 mois avant son élection au conclave) et nommé Nonce en Bavière.
-1929, crée cardinal par Pie XI qui en fait son secrétaire d'Etat succédant à Gasparri.
-1935,
crée camerlingue, il conduit la négociation et la signature de plusieurs concordats.
-1939,
succède à Pie XI, en prenant le nom de Pie XII.
-Pie XII gardant une admiration pour le Chef de l'église hérétique anglicane, depuis sa mission ordonnée par Pie X, décorera sa cuisine de 2 portraits: ceux du roi et de la reine d'Angleterre.
-Pie XII choisit comme confesseur le très "oecuméniste" père Agustino Bea. Dès 1935, pour la première fois depuis la révolution protestante Agustino Bea participa à un congrès protestant d'exégèse biblique et il finit même par présider le congrès hérétique...
-1948, Pie XII nomma le Père Lazariste Annibale Bugnini FM .*. Secrétaire de la Commission pour la réforme liturgique.
-1951/1955, la Semaine Sainte fut réformée en profondeur, la plus grande semaine pour les catholiques fut massacrée.

Certains essayent vainement de faire croire que ce fut une réformette quasi sans importance, liée à la nouvelle génuflexion, déférence inconvenante ici, introduite le vendredi saint pour l'oraison "pro perfidis Judaeis".
Ignorance ou mensonge: ce furent en réalité des modifications dévastatrices.
Ses promoteurs avouèrent que ce fut le prélude des changements pour la "nouvelle messe".
-1953, Pie XII créa Roncalli cardinal,
malgré le fait que le Saint Office avait un épais dossier sur lui: dès 1914 il était "suspect de modernisme", puis il s’était vu retirer brusquement sa charge de professeur au séminaire du Latran en mi-semestre pour ses enseignements non orthodoxes en 1925.
-1954, Pie XII, contrairement au mythe traditionaliste ne sanctionna pas Montini, mais Pie XII fit sacré Montini évêque, avec promotion le jour même comme Archevêque de Milan, le diocèse plus important d’Italie...
-1959, Jean XXIII nommera Annibale Bugnini,
Secrétaire de la commission préparatoire à vatican2 sur la liturgie.
Bugnini sera le véritable maître d’œuvre de la réforme liturgique menant à la "nouvelle messe" en 1969 sous Paul VI.
-1969, «Le commencement de cette rénovation a été l’œuvre de Notre prédécesseur, ce même Pie XII, dans l’instauration de la vigile pascale et de l’Ordo de la Semaine sainte, qui constitua la première étape de cette adaptation du Missel romain aux besoins de notre époque ». Paul VI, Constitution Apostolique Missale Romanum, 3 avril 1969.

LES INFLUENCES PROTESTANTES ET MODERNISTES

LOUIS BOUYER: ANCIEN PASTEUR LUTHÉRIEN

-1939: le pasteur luthérien "se convertit",
-1940: il écrit son ouvrage " Mystère pascal",
-1944: l’ancien pasteur luthérien se fait ordonné prêtre,
-1945: fait paraître son livre " Mystère pascal" sur les conseils du père Duployé, dominicain moderniste.
L’ouvrage " Mystère pascal", insistant sur l’importance de la veillée dans la nuit du samedi au dimanche de Pâques, inspire Pie XII, qui à l’encontre du Pape Saint Pie V, permet une soi-disant restauration de la vigile pascale en 1951 et, quatre ans plus tard, va jusqu’à l’imposer.
Saint Pie V, par la bulle "Ad cujus notitiam" du 29 Mars 1566, avait prohibé les célébrations le soir ou vers le coucher du soleil.

Le jour du Samedi Saint devient un jour de silence, une période de flottement, où on ne célèbre pas de Messe, à l’image du samedi saint protestant, jour situé entre la croix et la résurrection, jour de silence sans culte.

En réalité cela ne correspond pas du tout au rétablissement de la pratique antique
, où la vigile consistait à veiller toute la nuit avec toutes les cérémonies rassemblées, depuis la bénédictions des rameaux et ce qui a lieu aujourd’hui le Jeudi Saint, le Vendredi Saint et la Samedi Saint. Minuit n'étant pas l'heure traditionnelle de la Résurrection, celle-ci s’est faite le matin du troisième de jour.

Le Père Braga secrétaire du père Bugnini, résume avec suffisance « ce qui n’était pas possible, psychologiquement et spirituellement, aux temps de Pie V et d’Urbain VIII à cause de la Tradition, de l’insuffisante formation spirituelle et théologique, et du manque de connaissance des sources liturgiques, fut rendu possible au temps de Pie XII ».

Les rites nés de cette réforme ne furent en réalité pratiqués seulement qu’un tout petit nombre d’années, dans une succession continuelle de réformes.

LE MYSTÈRE PASCAL REMPLACE LA RÉDEMPTION (LA SIGNATURE MODERNISTE)

Le mystère pascal est l’oeuvre que Louis Bouyer décrit comme « son premier livre spécifiquement catholique » . L’auteur confiera plus tard que sa rédaction se fit en concomitance avec un « livre sur les principes protestants et leur rapport à la tradition catholique » . C’est à l’occasion d’un mois de solitude en été 1940 au petit séminaire d’Ardouane que Bouyer décide de réaliser ce projet longtemps caressé alors que ça ne fait que 6 mois que l’ancien pasteur luthérien est "converti ". L’auteur reconnaîtra quelques années plus tard qu’il n’avait pas songé à la publication de ce livre au regard de l’atmosphère catholique si peu favorable à la liturgie .
Mais c’est le père Duployé un dominicain moderniste, qui proposera de publier le manuscrit. Duployé fut l’initiateur du Centre de Pastorale Liturgique avec le père Roguet, un autre dominicain moderniste. La Rédemption évoquerait une « systématisation intellectuelle », « une image juridique puisqu’elle se rattache à l’affranchissement d’un esclave », alors que « ”mystère pascal” évoque avant tout une réalité biblique, positive », écrit le père Roguet. « Lorsqu’on passe de la rédemption au mystère pascal, l’accent se déplace complètement. Qui parle de rédemption pense d’abord à la Passion et ensuite à la résurrection comme a un complément. Qui parle de Pâques pense d’abord au Christ ressuscité », souligne-t-il.

LA MESSE EST-ELLE UN SACRIFICE OU UN REPAS ? (LA MARQUE PROTESTANTE)

Dans " Mystère pascal", pour Louis Bouyer, il ne s’agit pas d’énoncer les vérités dogmatiques de l’Eglise concernant la foi, ni encore de commenter la liturgie du triduum. " Bouyer veut faire entrer le lecteur dans l’acte de foi de l’Église. Or, il n’y a que la liturgie qui puisse conduire à l’acte de foi puisqu’elle est cet acte de foi. Ainsi il justifie son projet en disant qu’il accompagne le geste de la liturgie permettant à chaque homme d’être assimilé au Christ par le Mystère accompli une fois pour toute.

C'est dans la façon dont les chrétiens ont vécu et construit l'office de vigile que Bouyer trouve la théologie de l'accomplissement des Écritures. La liturgie est le lieu de l'accomplissement des Écritures. La construction des vigiles montre que la liturgie s'est construite en se déployant comme une mystagogie."

" Mystère pascal"
marque un jalon important dans l'histoire du mouvement liturgique en diffusant l'idée selon laquelle la liturgie pascale constitue l'expression majeure de la foi de l'Église au Christ mort et ressuscité. L'expression de « mystère pascal », jusqu'alors peu usitée, sera reprise et consacrée par la constitution Sacrosanctum Concilium de vatican2 : « Mystère pascal par lequel « en mourant il a détruit notre mort, et en ressuscitant il a restauré la vie ». Car c’est du côté du Christ endormi sur la croix qu’est né « l’admirable sacrement de l’Église tout entière » » (SC, n. 5).

Cette notion de « mystère pascal » est très importante pour le dialogue œcuménique. En témoigne l’accord de la Communauté de travail œcuménique des théologiens protestants et catholiques allemands sur la notion de « sacrifice du Christ et celui de l’Église ». Le terme « sacrifice » y est conçu comme don d’amour et acte d’obéissance du Christ auquel la communauté peut participer.

En 1956, lorsque la réforme de la Semaine Sainte de 1955 fut appliqué pour la première fois, Louis Bouyer écrivait dans "La vie de la liturgie" : « Ainsi l’élément de “communion“, signifie que l’Eucharistie est un repas, un repas de communauté dans lequel tous les participants sont rassemblés pour participer en commun à des biens communs. »

Dans la "nouvelle messe", on ne parle plus du sacrifice. On ne parle plus que de l’Eucharistie, on fait une Eucharistie, comme s’il n’y avait qu’un repas. Toutes les prières qui affirmaient de manière très claire la fin propitiatoire, fin essentielle du Sacrifice de la Messe ont été retirées, hormis une ou deux légères allusions. Or ceci a été fait parce que la fin propitiatoire est niée par les protestants.

La diminution de la notion du sacrifice est donc évidente dans le nouveau rite, car le terme lui-même de sacrifice est rarement employé, et quand il est employé, il l’est à la manière des protestants, parce que les protestants acceptent le terme de sacrifice, mais uniquement comme sacrifice de louange ou eucharistique, mais surtout pas propitiatoire.

CONDAMNATION PAR LE CONCILE DE TRENTE

« Si quelqu’un déclare que la messe n’est qu’un sacrifice de louange et d’action de grâces, qu'il soit anathème » (Session XXI, canon 3).

CONSÉQUENCES : L’ÉLIMINATION DU LIEN ENTRE L’INSTITUTION DE L’EUCHARISTIE ET LE SACRIFICE DE LA CROIX

IMPLICATION DANS LA LITURGIE DES NOUVEAUX:
DIMANCHE DES RAMEAUX, MARDI SAINT ET MERCREDI SAINT


Dimanche des Rameaux: 1ère élimination du passage évangélique qui fait le lien entre l’institution de l’Eucharistie et la Passion du Christ, Mt. XXVI, 1-36.
Mardi Saint: 2ème élimination du passage évangélique qui fait le lien entre l’institution de l’Eucharistie et la Passion du Christ, Mc. XIV, 1-30, et réduction de la Passion selon saint Marc.
Mercredi Saint: 3ème élimination du passage évangélique qui fait le lien entre l’institution de l’Eucharistie et la Passion du Christ, Lc. XXII, 1-39, et réduction de la Passion selon saint Luc.

Chose incompréhensible pour un esprit catholique: la narration de la dernière Cène a disparu. Nous sommes là face à l’élimination des passages évangéliques de l’institution de l’Eucharistie, dans son lien naturel avec le Sacrifice de la Croix.

Il est difficile de croire qu'une trentaine de versets a été éliminée seulement pour des motifs de temps, de longueur, surtout si l’on considère l’importance d’un tel passage. Jusqu’alors, la tradition avait voulu que la narration de la Passion des Évangiles synoptiques ait toujours inclus l’institution de l'Eucharistique qui, avec la séparation sacramentelle du Corps et du Sang du Christ, est l’annonce même de la Passion. La réforme exclut sur un passage fondamental de la Saint Écriture, le lien de conséquence entre la dernière Cène, le Sacrifice du Vendredi Saint et l’Eucharistie.

RÉSULTAT: LE RÉCIT DE L’INSTITUTION EUCHARISTIQUE SERA FINALEMENT ABSENT DE TOUT LE CYCLE LITURGIQUE!

DÉCRETS DE LA RÉFORME DE LA SEMAINE SAINTE SIGNÉS PAR PIE XII

1/ INSPIRATION PROTESTANTE
Par le décret "Dominicae Resurrectionis Vigilam" de 1951
, la veillée pascale est décalée à la nuit du samedi. Surtout, de messe préparatoire à la fête de Pâques, la Vigile pascale devient la messe principale de la fête, au détriment de la Messe du Dimanche de la Résurrection (In die Resurrectionis), autrement dit la Grande Messe du Saint jour de Pâques, Solennité des Solennités. Cette dernière aura tendance paradoxalement à être moins fréquentée par les fidèles, alors qu’il s’agit dans une conception traditionnelle de la liturgie, de la Messe la plus importante de l’année.

2/ INFLUENCES PROTESTANTES ET MODERNISTES
Par le décret "Maxima redemptionis nostrae mysteria" de 1955, un véritable massacre
allait être opéré dans ce qui constitue les jours les plus saints de la liturgie catholique.
Le père Carlo Braga, secrétaire de Bugnini, écrit à ce sujet : « La réforme du Samedi Saint a été un bélier que nous avons introduit dans la forteresse de notre liturgie qui était jusqu'alors trop statique ».

Le P. Chenu, O.P., l’explique : « Le P. Duployé suivait cela avec une lucidité passionnée. Je me souviens, c’était bien plus tard, qu’il me dit un jour : Si nous parvenons à restaurer dans sa valeur première la vigile pascale, le mouvement liturgique l’aura emporté ; je me donne dix ans pour cela”. Dix ans après, c’était fait ».

La quasi totalité des traditionalistes ont adopté les réformes s'opposant à la Semaine Sainte traditionnelle,
JUSQU’À QUAND LA PRÉVARICATION LEUR FERA NIER LES FAITS?


INSPIRATION PROTESTANTE

1951 (la Vigile pascale du samedi soir au détriment de la Messe la plus importante de l'année: la Messe de la Résurrection du Saint jour de Pâques): IMBC-abbé Ricossa-mgr Stuyvert, abbé Marchiset, abbé de La Chanonie, abbé Dutertre, abbé Orasch, abbé Hecquard, abbé Rioult…
(Ils se donnent la permission de choisir parmi les réformes celles qui leur semblent bonnes: celle-ci oui, celle-ci non).


INFLUENCES PROTESTANTES ET MODERNISTES

1955 (la réforme massacre, pour toute personne qui veut bien regarder la réalité des faits): FSSPX, dominicains d'Avrillé, Capucins de Morgon, abbé Belmont, abbé Lafitte, abbé Roger, Père Mercier (Faverney), "résistance" Williamson, FSSP, IBP, ICRSP, Barroux, Fontgombault, Chéméré, Lagrasse, missionnaires de la miséricorde divine (Fabrice Loiseau-soeur Faustine), nouveaux "prêtres" diocésains...
(Prêtres concordataires et donc républicains, ils prennent toutes les réformes: "la révolution est un bloc" selon les fameux mots de Clémenceau à la chambre des députés).