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Vigano et son double.......

Le journaliste Aldo Maria Valli interroge Vigano II
Posted by Francesca de Villasmundo on 25 juin 2021 in Aldo Maria Valli, crise d el'église, Double, Emmanuel Barbieri, Mgr Viganò, Pietro Siffi, Religion Catholique, Vatican II | 1 View

Sur son blog Duc in Altum, le journaliste, vaticaniste et écrivain italien Aldo Maria Valli publie un entretien avec l’alter ego de Mgr Vigano, ce Vigano II qu’Emmanuel Barbieri et Roberto De Mattei pensent être le « véritable auteur des écrits de l’archevêque Carlo Maria Viganò ».
Aldo Maria Valli n’est pas n’importe qui en Italie. Il a collaboré au quotidien Europa et à diverses revues : Studi cattolici, Nuovo progetto, Il Regno, Il Messagero di Sant’Antonio et a écrit de nombreux romans traitant de la famille et de la religion. C’est à ce vaticaniste reconnu de la chaîne de télévision TGI qui tient un blog sur les questions d’actualité religieuse que Mgr Carlo Maria Vigano confie en août 2018 son document controversé accusant le pape François de complaisance vis-vis d’agissements immoraux au sein de la Curie. Récemment Aldo Maria Valli, interrogé par Radio Spada le 27 février 2021, expliquait comment il avait découvert la Tradition et les effets du concile Vatican II sur la vie de l’Eglise. De larges extraits les plus significatifs de ce témoignage courageux avaient été publiés en français par le site FSSPX News.
Sur le ton de l’humour et un brin taquin, Mgr Vigano II répond aux questions de A. M. Valli concernant les accusations dont est victime Mgr Vigano I :
« A. M. Valli : Bonjour, vous êtes donc Viganò II…
C’est vrai.
Plaisir de vous connaître.
Tout le plaisir est pour moi.
Puis-je vous demander quelle est votre relation avec Viganò I ?
Très bonne.
Pouvez-vous nous en dire plus ?
Viganò I est un homme doux et a tendance à être, disons, un peu trop mou, alors que je suis plutôt déterminé.
Je vois. Mais quand entrez-vous sur le terrain ?
Oh, ça dépend. Discours, articles, conférences, livres, essais. Quand Viganò I a besoin de moi.
Un travail difficile…
Non, je suis heureux de le faire.
Et comment vous organisez-vous ?
Eh bien, quand Viganò I était nonce aux USA, j’avais l’habitude de me glisser sous sa soutane et de me déplacer à sa place. Gestes, poignées de main. Vous savez, en diplomatie, tout cela a une certaine importance.
Et ensuite ?
Puis j’ai parlé à la place de Viganò I. Il bougeait sa bouche, mais les mots étaient les miens. Nous étions parvenus à un bon accord.
Continuez.
La même chose s’est produite lorsque Viganò I était au Vatican. J’étais toujours là, sous la soutane. Si, par exemple, au gouvernorat, il y avait des comptes qui ne collaient pas et des chiffres suspects, c’est moi qui faisais les calculs et qui appelais ensuite les responsables…
Et…
Et je prenais des mesures.
Et Viganò I ?
Oh, il disait : laisse, ce n’est pas grave… Au lieu de cela, je me suis entêté. Je suis comme ça.
Et maintenant ?
Et maintenant, idem. Lorsque il faut écrire un article, faire un discours ou un entretien, j’entre en scène. D’une certaine manière, bien sûr, car je me tiens toujours en retrait et je le laisse apparaître.
Je vois. Et vous êtes toujours d’accord ?
Oh, parfois Vigano I me dit : “Mais tu es bien trop catholique !”. Mais ensuite, il me laisse faire.
Et quelle est la partie la plus difficile de votre travail ?
Eh bien, quand Viganò I fait une longue vidéo, il n’est pas facile de rester sous sa soutane, peut-être même pendant plus d’une heure, et de parler en synchronisation, alors qu’il bouge la bouche. Mais avec une bonne formation…
Mais vous n’avez jamais envie de prendre la vedette ?
Non. Je suis bien comme ça, dans l’ombre.
Et comment Viganò I vous traite-t-il ?
Oh, comme je l’ai dit, il est très bon, toujours gentil. Il laisse les choses aller. Il vient me voir et me dit : “Hé, il y a ce discours, ou cet article, ou ce livre”… Et je me mets au travail.
Quelles sont exactement les idées de Viganò I ?
Mais il n’a pas d’idées. Il me laisse faire.
Donc, il vous donne, pour ainsi dire, carte blanche ?…
Tout-à-fait.
Et il n’y a jamais eu de moments difficiles, de malentendus…
Pas de malentendus, mais il y a eu des problèmes techniques. Au début, lorsque Viganò I était nonce aux Etats-Unis, ce n’était pas facile. Je devais parler en anglais. Alors moi, sous ma soutane, je devais aussi traduire. Mais petit à petit, je suis devenu très rapide.
Je vois. Mais dis-moi, depuis combien de temps cette relation dure-t-elle ?
Oh, de nombreuses années maintenant. Viganò I était encore un enfant quand, du jour au lendemain, il s’inventa un ami imaginaire. Peu de temps après, je suis entré en scène.
Comment était Viganò I à cette époque ?
Calme, tranquille. Il aimait jouer aux cartes. Je me souviens qu’il était plein de… doublons.
Et, dîtes-moi, qu’en est-il de cette fameuse rencontre avec le Pape François…
Celle de 2013 ?
Oui.
Quand le pape François posa des questions sur McCarrick ?
Oui.
Ce fut un moment spécial. Comme il n’a pas d’idées, Viganò I ne savait pas quoi penser. C’est moi qui lui ai expliqué que le pape se comportait bizarrement.
Donc vous étiez là.
Mais bien sûr, comme toujours, sous la soutane. J’ai écouté le Pape et j’ai dit à Viganò I : “Attention, il y a un chat dans le berceau”.
Et lui ?
Comme je l’ai dit, c’est un homme bon. Mais moi, suspicieux, j’ai pris l’initiative, et de là est né le fameux mémorial.
Écrit par…
Par moi, bien sûr.
Et comment sont les relations avec les autres évêques, avec les cardinaux ?…
Si ça dépendait de Viganò I, elles seraient très bonnes. Il laisse les choses se faire, il laisse dire. C’est toujours moi qui le mets sur le qui vive : “Regarde, il ne raconte pas la bonne histoire, regarde, il y a de l’apostasie…”
Et alors ?
Alors il me dit : “Écoute, je n’en ai aucune idée. Fais-toi.” Et je le fais.
Mais alors, même lorsque nous avons collaboré au livre Nell’ora della prova, c’est en fait vous, Viganò II, qui avez écrit ? …..
Exactement.
Eh bien, mes compliments ! Je n’ai jamais rien remarqué !
C’est le but : que personne ne remarque rien.
Et quels sont vos projets maintenant ?
En fait, nous vivons un peu au jour le jour. Bien sûr, avec cette chaleur…
Que voulez-vous dire ?
Je veux dire : avec cette chaleur, être sous la soutane de Viganò I n’est pas toujours facile, mais c’est ma mission et je veux l’accomplir de la meilleure façon possible.
C’est tout à votre honneur.
Merci.
Vous ne faites jamais de pause ?
Oui, nous aimons voir de bons films.
Quel est votre préféré ?
Mes doubles, ma femme et moi, avec Michael Keaton.
Quel est votre livre préféré ?
Le Double, de Dostoïevski. Mais aussi Le compagnon secret, de Joseph Conrad ; La moitié sombre, de Stephen King ; L’homme dédoublé, de José Saramago. Et bien sûr…
Bien sûr ?
Un, personne et cent mille, de Luigi Pirandello.
Intéressant. Voulez-vous dire quelque chose en conclusion ?
Je voudrais dire que nous, Viganò I et Viganò II, ne faisons qu’un, alors ne pensez pas à nous diviser.
Très bien. Merci encore. Et transmettez mes salutations à Viganò I. D’ailleurs, puis-je vous demander où il est et ce qu’il fait ?
Oh, il se promène.
Il se promène ?
Oui, il aime marcher. Il dit : “Cela m’aide à ne pas trop penser”. Ce qu’il fait très bien, je dois dire.
De toute façon, vous êtes là pour penser pour lui…
C’est vrai.
Eh bien, un remarquable niveau d’identification…
Je suis heureux de vous entendre dire ça. Mais maintenant, excusez-moi, au revoir. Je dois écrire un article assez exigeant pour et au nom de Viganò I. Et puis nous avons une expérience en cours…
Vraiment ? Quel genre d’expérience ?
Bilocation.
Incroyable ! Comment ça se passe ?
Nous y travaillons, mais je ne peux pas en dire plus.
Merci encore pour cette interview. Je dirais que … elle vaut le double.
Merci.
A.M.V.
Sur la photo, Viganò II, habilement déguisé en Viganò I. » (©Traduction de F. de Villasmundo pour MPI).