Espérance
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Notre-Dame de Luxembourg, la « star » d’une région

Vénérée par des milliers de pèlerins, Notre-Dame de Luxembourg fait l’objet, pour la première fois, d’une exposition au musée diocésain de Bastogne. Elle s’est ouverte lors des dernières Journées du Patrimoine, puisque cette dévotion mariale fait partie du patrimoine religieux à préserver.
Le Musée en Piconrue, déjà très fréquenté pour son exposition permanente sur les âges de la vie, a décidé de mettre à l’honneur Notre-Dame de Luxembourg, pour six mois. Une figure mariale très vénérée de part et d’autre de la frontière luxembourgeoise, allemande et française. Son culte s’étend sur la Moselle (France), Eifel (Allemagne), la province de Luxembourg (Belgique), mais il est né au XVIIe siècle à Luxembourg.
« Quelle joie de retrouver ons Momm! » écrit une dame dans le livre d’or de cette exposition temporaire à Bastogne. Il est un fait que Notre-Dame, également appelée la Consolatrice des affligés, représente une figure maternelle pour beaucoup d’habitants de cette région, pas forcément croyants ni pratiquants. Ils lui confient leurs demandes, mais ils la remercient aussi pour toutes les « bonnes choses » qui arrivent dans leur vie. Ce culte est notamment très marqué lors de l’octave à Notre-Dame de Luxembourg qui se déroule après Pâques. En 2016, pour les 350 ans de cet ensemble de pèlerinages et processions, 90.000 personnes sont venues de toute la région transfrontalière, ce qui représentait l’ancien Duché de Luxembourg.
Sur deux salles, les visiteurs pourront découvrir ou retrouver des objets typiques de cette tradition régionale. On y voit par exemple les petites images distribuées aux communiants reprenant l’image de Notre-Dame avec sa robe évasée, son manteau en forme de chape, la couronne, son sceptre et sa clé. Les familles installées dans cette région depuis plusieurs générations les ont précieusement conservées. Plus anciennes, quelques taques en fonte qui transmettaient la chaleur de la cheminée vers la cuisine présentaient aussi en relief la statue de Notre-Dame de Luxembourg.
La deuxième salle de l’exposition met également en lumière la statue en tant que telle. Distinguons toutefois entre les reproductions destinées à rendre Notre-Dame le plus proche possible de la population et l’originale précautionneusement installée à la Cathédrale de Luxembourg. Le plus souvent taillées en bois, les sculptures de Notre-Dame apparaissent dans toutes les églises des environs. Le musée en présente plusieurs modèles, y compris dans des bas-reliefs d’autels. Piconrue a aussi fait le choix de montrer le support en bois pur, souvent travaillé sur base d’une autre statue, sur lequel s’accrochent la robe, le manteau et le sceptre qui sont symboliques de la Vierge du Luxembourg.
La statue originale fait l’objet d’une présentation à part. Par un jeu de photo « avant-après », l’exposition montre l’effet de la restauration de cette pièce précieuse du patrimoine religieux qui vient de s’achever. Par ailleurs, Notre-Dame de Luxembourg dispose d’une garde-robe impressionnante pour varier la tenue selon l’occasion et le temps liturgique. Le musée en Piconrue montre par exemple la robe mariale offerte en 2012 par la grande-duchesse Maria-Teresa pour le mariage de son fils, robe confectionnée dans le tissu de la robe de la mariée. La famille grand-ducale a un lien affectif fort avec Notre-Dame qu’ils associent aux événements de leur foyer.
L’exposition présentée à Bastogne a donc l’avantage de rassembler en un lieu, le musée diocésain de Piconrue, des objets dédiés au culte de Notre-Dame qui sont initialement répartis en de multiples églises. L’initiative revient à Isabelle Bernard, elle-même collectionneuse d’images pieuses et attachée aux traditions belgo-luxembourgeoises.