Mon chapelet à la main, Je suis un homme heureux : En égrenant ses grains, Je suis bien plus joyeux Qu'un monarque sur son trône ! Mon chapelet est mon prône Qui me dit ce qu'il faut faire Et qui toujours me suggère Rien que des bonnes choses, Sans épines, des roses Qui versent sur mon âme Un baume bien onctueux ; Et avec lui je rame Vers la Cité des cieux. Si mon cœur est chagrin, Il me redonne vie : Mon front devient serein, De joie je suis rempli, Et je dis aux campagnes Que bien plus que Charlemagne J'ai un empire avec moi, L'empire de la vraie foi, Une ardente charité, Une espérance inlassable Qui ne finit pas d'espérer Et qui est toujours stable. Il m'empêche de tomber ; Si je tombe, il me relève ; Et je ne fais jamais grève De tous les jours le réciter. Faites donc comme moi, Et vous serez heureux. Vive notre bon Dieu ! Ave, Ave Maria !