Zoé/Aurélien
Pendant que l’homme pense, Dieu, lui, rit.
par Zoé Sagan • 7 oct. 2025
« Mes chers amis,
J’ai fait un point de mi-parcours ce matin avec les avocats. Beaucoup d’audiences ont lieu en octobre. Gabriel Attal, Louis Jublin, Rudy Reichstadt et les Macron. Ça, c’est que pour le mois d’octobre. Il se passe ce dont je me doutais : un harcèlement judiciaire qui ne s’arrêtera pas. Le problème, c’est que même l’exil est impossible puisque je vais devoir être présent à chaque procès. Puis, ensuite, il y a une petite nouveauté dans les condamnations : ce sont des stages de citoyenneté obligatoires prononcés dans chaque peine pour cyberharcèlement (affaires Mila, Berdha, Jolly et Barbara Butch) avec six à huit mois de prison ferme.
C’est ce qui n’arrête pas de tomber pour des étudiants et des pères de famille qui ont tweeté deux fois en trouvant qu’on se moquait de la religion catholique durant la cérémonie des JO. Tous sont condamnés. Avec des peines toujours plus importantes que pour des pédocriminels. C’est glaçant. Mais jusqu’ici, rien de nouveau sous le soleil de Satan. Sauf que chaque mois, ils détruisent des dizaines de vies qui n’ont pas la chance que moi j’ai, à savoir vous.
Ce qui va donc me tomber dessus en cascade d’ici Noël m’empêche de quitter le pays. Cette année, j’ai pu la tenir grâce à vous. Je me suis dit : c’est un tel combat pour la liberté d’expression que j’y vais pas seul, ça ira. C’était jouable si nous en restions au procès de Brigitte Macron contre le reste du monde. Mais avec l’accumulation des procédures venant des amis de Madame, je ne m’en sors plus. Je mélange les dates, les numéros de parquet et de procédure. Je suis en plus administratophobe, je n’y comprends plus rien pour être honnête.
Leur arme sans âme, c’était donc ça. L’algorithme judiciaire. Un tweet de Zoé = un procès. Je n’arrive même plus à compter le nombre de mises en examen. Le nombre de procédures ouvertes ou le nombre de juges mobilisés du parquet de Toulouse au parquet de Paris pour parfois des affaires dans lesquelles Zoé n’a rien à y faire. Tout est mélangé. Un grand n’importe quoi peut durer deux à trois ans, sans doute plus. Est-ce viable ? Si vous me dites que c’est mon nouveau métier, que je dois le faire à la barre, audience après audience, procès après procès, je le ferai. Mais je vous dis d’ores et déjà, après une année plongée dans le monde judiciaire, que c’est perdu d’avance. Surtout avec des politiques aussi puissants en face. Un ancien premier ministre reste un ancien premier ministre. Quels que soient les témoins que j’appellerai avec moi à la barre, rien n’y fera. Donc je me pose la question du pourquoi de ce combat. Comment en est-on arrivé là ? Et jusqu’où vont-ils descendre ? Dans les entrailles du diable ? Là où ils sont comme chez eux ?
J’ai pensé toute l’année naïvement qu’avec les livres autodafés et les réseaux sociaux censurés cela leur suffirait, mais non. Zoé vit en eux. Zoé est dans leur peau. Et ça a l’air de les démanger. Même un an et demi après. Encore naïvement, j’ai pensé au début que c’était pour l’argent. Mais même 45 000 € pour ces gens, qu’est-ce que cela représente ? Une baguette de pain. Deux sacs à main. Cela ne change rien. Pour l’humiliation, alors ? Ils m’ont déjà privé de mes libertés et ont réussi à m’enfermer sans raison. Aller encore plus loin ? Ce serait utiliser la force physique des fonctionnaires de l’État. Ce n’était pas l’envie qui leur manquait qu’ils fassent le sale boulot, mais personne n’est allé jusqu’à là.
Donc nous en sommes là. Début octobre, avec déjà quatre procès conjoints le même mois. Pour 4 phrases de Zoé Sagan. Si vous m’aviez dit ça ces vingt dernières années, je vous aurais répondu hilare que c’était impossible, que nous étions en France, pas en Corée du Nord. Et pourtant, à l’heure où la France n’a plus de gouvernement, plus de premier ministre, plus de budget, les juges s’occupent de Zoé Sagan.
On dirait le pitch d’une nouvelle série policière, mais non, c’est le réel français à l’automne 2025. Que vous dire de plus à part que je vous aime ? Que je n’oublierai jamais ce que nous avons vécu ensemble. Et qu’il est l’heure d’aller à la sortie de l’école. Je vous embrasse très fort. J’ai écrit sans me relire, sur un petit téléphone, mille excuses pour les coquilles. »
Zoé/Aurélien