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Pardon

A Lourdes, en 1968, un monsieur âgé regarde les pèlerins prier bras en croix. Il est renfrogné, le regard sévère. Tout à coup, il voit près de lui une jeune fille, les larmes aux yeux, parmi ces gens, elle aussi les bras en croix. Un prédicateur récite à haute voix le Pater :
- Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés.
L'homme réplique : "Ah ! non... Ah ! non alors ... jamais ! " Puis, il s'en va de la Grotte, révolté. Sur le chemin du retour, un prêtre le rencontre et l'aborde :
- Qu'avez-vous, Monsieur ? Vous semblez fatigué !
- Laissez-moi, réplique-t-il...
- Mais mon cher ami, entre frères, on peut bien se rendre des services...
- Des services ? Des services ? Vous ne pouvez rien pour moi. Vous pensez ! je sors de prison : quinze années de ma vie pour un crime que je n'avais pas commis ; j'ai été dénoncé par un de mes meilleurs amis. Ma femme venait me voir quand elle le pouvait et elle m'avait promis de m'emmener avec elle à Lourdes, à ma sortie. Ma femme est morte, mais je suis venu pour voir. Mais je vous assure qu'ayant entendu tout à l'heure cette phrase, comment voulez-vous que je pardonne à mon ami qui m'a fait tant de mal ?
Le prêtre, bouleversé par cette confession, réfléchit un instant et lui répond :
- Vous savez, nous sommes tous pécheurs, et si vous voulez avoir la paix dans votre âme, comment voulez-vous que Dieu nous pardonne, si nous ne nous pardonnons pas nous-même. Alors il faut mettre votre conscience en paix...
Et tout en marchant le long du Gave, l'homme, après avoir longuement gardé le silence, confessait ses péchés...
Après l'absolution, le prêtre lui donne une cordiale poignée de main et lui dit :
- Tout cela est fini maintenant, n'en parlons plus ! ... Êtes-vous content ?
- Oui, répondit-il, parce que maintenant, je sais que j'ai pardonné.
Le jour de son départ, il se rend aux fontaines pour prendre de l'eau aux robinets. La petite jeune fille qu'il avait vue le soir de son arrivée est là. Elle l'aborde :
- Monsieur, vous n'avez pas de gobelet, je peux vous passer le mien. Et elle détache l'objet de sa ceinture. Puis elle continue :
- Je vous ai aperçu, l'autre jour, à la Grotte. Vous sembliez si troublé...
- Mademoiselle, répond-il, c'est fini, car maintenant, j'ai la paix dans mon âme...Et la jeune fille réplique :
- Eh, voyez-vous, moi aussi, car mon père est malade d'un cancer, et avant de mourir, il voulait obtenir le pardon d'un ami qu'il avait fait condamner à tort à quinze ans de prison...
La jeune fille avait cins ans à l'époque des faits, elle a donc ving ans au moment de notre histoire.
" Ah ... C'est toi, ma petite Thérèse ! s'écrit l'homme. Je te reconnais maintenant ! ...
- Vous !!!? balbutie la jeune fille.
- Oui, moi, continue l'homme. " Et bien, maintenant, tous les deux, nous allons porter mon pardon à ton père". Cette histoire véridique prouve que la Sainte Vierge n'abandonne jamais ses enfants quand on la prie avec ferveur, et qu'elle est la médiatrice de la grâce du Seigneur.

Hospitalité du Mans - journal de la Grotte, avril 1972
Ne nous laissez pas sucomber
Et ce qui me ravage le cœur c'est que nous nous la gardon comme médiatrice et eux n'en veulent pas .