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Conduite pour passer Saintement le temps l'Avent par Le Révérend Père Avrillon

LA VEILLE DE NOEL.

Jour de salut.

PRATIQUE.

Nous attendons un sauveur, qui est notre Seigneur Jésus (Philip. 2); que cette espérance vous cause une sainte joie. Rendez-lui par avance vos premiers hommages dans l'étable où il va prendre naissance; c'est là où il commence à remplir les glorieuses fonctions de sauveur, par les humiliations, la pauvreté et les souffrances qu'il y endure par amour pour votre salut. Faites que dans toutes vos actions vous puissiez dire, je travaille pour mon salut.

MÉDITATION.

Il sera le Sauveur de son peuple, en le délivrant de ses péchés. (Matth. 5.)

1er POINT. Ces paroles furent apportées du ciel par un ange et adressées à saint Joseph : demain nous en aurons l'accomplissement; pensez y, préparez-vous-y avec empressement et avec joie; ayez soin de nettoyer votre âme et d'en chasser tout ce qui pourrait déplaire au divin libérateur que vous attendez. Le prophète Isaïe en était éloigné de plusieurs siècles; cependant il désirait ce sauveur avec ardeur; il le demandait au ciel et à la terre, quand il disait dans ses transports mystérieux : Cieux, ouvrez-vous, laissez passer celui que je désire, faites le descendre sur nous comme une pluie et comme une rosée de bénédiction; terre, ouvrez votre sein et faites en sortir le sauveur comme un germe précieux (Isaïe, 45). Nous sommes à la veille du sauveur et du salut, occupez-vous des mêmes sentiments et des mêmes désirs.

2ème POINT. Il est de foi que Dieu veut sauver tous les hommes (4. Thim., 4); mais il y a bien des hommes qui ne veulent pas se sauver; il faut que la volonté de Dieu et la volonté de l'homme concourent ensemble pour assurer le salut. Dieu a marqué sa volonté sincère par son incarnation, par sa naissance, par ses souffrances et sa mort; mais tous les hommes ne veulent pas entrer dans les voies qui leur en mériteraient l'application, ni garder les préceptes, ni entrer dans la carrière de la pénitence : leur mollesse ne s'en accommode pas; ils possèdent les mérites et le sang de Jésus-Christ; c'est un prix plus que suffisant pour acheter le ciel mais plus amateurs de leurs corps que de leurs âmes, ils ne veulent pas se servir de ces trésors infinis qui leur sont offerts; parce qu'il faudrait y ajouter la mortification et la pratique des bonnes œuvres. On ne peut se sauver sans le vouloir.

SENTIMENS.

Je reconnais, Seigneur, avec votre prophète, que vous êtes seul mon Dieu et mon sauveur (Ps 24); vous êtes ma lumière et mon salut, et c'est vous seul que je dois craindre et aimer souverainement, parce que vous êtes mon souverain seigneur (Ps. 26). Je veux vivre et mourir dans cette dépendance qui fait toute ma gloire, tout mon bonheur, et toute ma sûreté : dites-vous-même à mon âme, ô mon Dieu, je suis ton salut et ton sauveur, et faites-le lui sentir (Ps. 34); la voix éloquente de votre sang répandu sur la croix crie à tous les habitants de la terre que vous êtes leur sauveur. Accordez-moi la grâce d'en profiter, et de vouloir mon salut comme vous le voulez vous-même.

SENTENCES.

Opérez votre salut avec crainte et tremblement (Ad. Philip. 2).

Tout ce que nous faisons pour la santé de notre corps périra; mais tout ce que nous faisons pour le salut de notre âme est conservé dans le ciel.

RÉFLEXIONS.

Jésus-Christ s'est humilié lui-même en se faisant obéissant jusqu'à la mort, et à la mort de la croix (Ad Philip. 2). Ce sont les paroles de l'apôtre aux premiers fidèles pour les engager à s'humilier à l'exemple du Sauveur, qui bien qu'il fut Dieu grandeur même, et le souverain du ciel et de la terre, s'est humilié et s'est fait obéissant jusqu'à la mort de la croix, lui qui était la vie et l'auteur de la vie.

Allons en esprit à Bethléem, nous y trouverons ce Dieu fait homme, et ce pur esprit devenu chair; nous y trouverons un Dieu enfant; quel prodigieux anéantissement! tous les plus glorieux attributs qui sont l'ornement de la divinité paraissent éclipsés et anéantis par l'enfance. Humilions-nous donc puisque nous ne sommes rien; humilions-nous par justice, par amour et par imitation; anéantissons-nous devant cette souveraine majesté qui s'est anéantie dans le mystère de l'Incarnation pour notre amour.

HOMMAGE A L'AME DE JÉSUS.

Ame adorable de mon Sauveur enfant, mon âme tout entière se consacre à vous pour toujours, Ame divine, vous adoriez le Père céleste d'une manière digne de lui; vous l'aimiez d'un amour infini et autant qu'il est aimable; vous acceptiez déjà pour l'amour de moi le sacrifice de la croix et la mort la plus cruelle et la plus infâme. Je vous dois ma rédemption; âme toute sainte, acceptez le sacrifice de la mienne : je vous la consacre; purifiez-la, éclairez-la, sanctifiez-la, et rendez-la digne de vous aimer éternellement dans le ciel.