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Catéchisme du Concile de Trente (suite 47)

Des dispositions nécessaires pour communier

Mais il est temps de dire comment les fidèles doivent se préparer à recevoir le sacrement de l’eucharistie. Et d’abord, afin de les bien convaincre de la nécessité de cette préparation, il convient de leur proposer l’exemple de notre sauveur. Lorsqu’il voulut donner à ses apôtres le sacrement de son corps et de son sang précieux, bien qu’ils fussent déjà purs, (il le leur avait dit lui-même), il ne laissa pas néanmoins de leur laver les pieds, afin de nous faire comprendre par là que nous ne devons rien négliger pour nous mettre en état de grâce, et de grâce parfaite, lorsque nous allons recevoir les saints mystères. n’oublions pas non plus que si l’on reçoit toute l’abondance des dons `de Dieu, quand on participe à l’eucharistie avec un cœur bien disposé et parfaitement préparé, on y trouve au contraire les inconvénients et les malheurs les plus grands — bien, loin d’en retirer le moindre fruit -lorsqu’on la reçoit sans la préparation nécessaire. Les choses les plus excellentes et les plus salutaires ont cela de particulier qu’elles produisent les plus heureux effets, si l’on s’en sert à propos, et qu’elles sont au contraire funestes et pernicieuses, si on les emploie à contretemps. Il n’est donc pas étonnant que ces dons si précieux et si brillants de la pure bonté de Dieu, lorsque nous les recevons dans un cœur bien préparé, soient pour nous un puissant secours capable de nous faire obtenir la gloire du ciel, mais que par contre ils nous apportent la mort -et la mort éternelle — si nous avons le malheur de les recevoir indignement.

Nous voyons une preuve frappante de cette vérité dans l’arche d’alliance. Les israélites n’avaient rien de plus sacré. Dieu s’en était servi souvent pour leur accorder les plus signalés bienfaits. Mais enlevée un jour par les philistins, elle fit tomber sur eux un terrible fléau, aussi affligeant que honteux, et qui les couvrit d’opprobre. De même aussi la nourriture, qui arrive dans un estomac bien préparé, soutient et fortifie le corps, mais au contraire elle engendre de graves maladies, si l’estomac est mal disposé et plein d’humeurs mauvaises.

La première disposition nécessaire, c’est de savoir distinguer entre table et table, c’est-à-dire, discerner cette table sacrée des tables profanes, ce pain céleste du pain ordinaire. Pour cela, il faut croire fermement que l’eucharistie renferme le vrai corps et le vrai sang du même Dieu que les anges adorent dans le ciel, qui fait trembler par ses ordres les colonnes du ciel, dont la gloire remplit le ciel et la terre. C’est là discerner en effet, comme le recommande l’apôtre, le corps du seigneur. Mais il faut se contenter d’adorer la profondeur de ce mystère, sans chercher à en pénétrer l’essence par des recherches trop curieuses.

Une seconde disposition absolument indispensable, c’est de nous demander à nous-mêmes si nous sommes en paix avec les autres, si nous aimons notre prochain sincèrement, et du fond du cœur. « si en offrant votre don à l’autel, vous vous souvenez que votre frère a quelque chose contre vous, laissez-là votre don devant l’autel, et allez vous réconcilier avec votre frère, puis après vous viendrez faire votre offrande. »

En troisième lieu, nous devons examiner notre conscience avec le plus grand soin, de peur qu’elle ne soit souillée de quelque faute mortelle, dont il soit nécessaire de nous repentir et d’obtenir le pardon par la contrition et la confession. Le Saint Concile de trente a décidé en effet, qu’« il m’était point permis à celui qui a sur la conscience un péché mortel, de recevoir la Sainte communion, quelque repentir qu’il croie éprouver, avant de s’être purifié par la confession, si toutefois il a pu trouver un confesseur. »

La quatrième disposition, c’est de réfléchir en silence au-dedans de nous-mêmes combien nous sommes indignes de ce bienfait divin que nous recevons dans la Sainte eucharistie. Comme le centurion, auquel notre-seigneur Jésus-Christ lui-même rendit ce témoignage, « qu’il n’avait point trouvé une si grande foi en Israël », nous devons répéter du fond du cœur : « seigneur, je ne suis pas digne que vous entriez dans ma maison. » Demandons-nous également si nous aurions le droit de dire avec Saint Pierre : « seigneur, vous savez que je vous aime ! » Car n’oublions pas que celui qui était allé s’asseoir au festin de son maître « sans la robe nuptiale », fut jeté dans une prison ténébreuse, pour y subir d’éternels châtiments.

Mais la préparation de l’âme ne suffit pas ; il faut aussi apporter à la communion certaines dispositions du corps. Ainsi nous devons nous approcher de la Sainte table à jeun, c’est-à-dire sans avoir rien mangé ni rien bu depuis le milieu de la nuit, jusqu’au moment où nous recevons l’eucharistie. La Sainteté d’un si grand sacrement demande en effet que le corps lui-même qui va devenir le temple de notre-seigneur Jésus-Christ, soit purifié, et autant que possible conservé digne de l’hôte divin qui daigne descendre en lui. Voilà, à peu près, ce qu’il y a de plus nécessaire à observer pour se préparer à recevoir utilement les saints mystères. toutes les autres dispositions peuvent facilement se rapporter et se réduire à celles que nous venons d’indiquer ici.