francefidele
1,2 k

Du modernisme au sommet de l'église : comment réagir de façon catholique .

La dernière lettre de M l'abbé Schmidberger est intéressante à bien des égards. Elle manifeste d'abord au grand jour les intentions des supérieurs actuels de la fsspx : se rallier juridiquement à Rome parce que la situation canonique semble "anormale".
Le lien juridique avec le pape semble donc être premier dans l'esprit de ces actuels supérieurs. Le lien de la Foi passe au second plan. Pour eux, peu importe les hérésies du pape actuel, l'essentiel est d'être dans les clous juridiques avec le pape. Avec le nouveau code de droit canon en sus.

D'autre part l'abbé Schmidberger insiste lourdement sur la fonction papale et la nécessaire soumission à celle-ci pour rester catholique. Au point qu'il reproche à la résistance catholique de n'avoir aucun sens de l'Eglise.
C'est qu'au fond, M l'abbé Schmidberger divinise la fonction papale. Grande et subtile tentation que nous retrouvons exprimée sous une autre forme pratique chez les sédévacantistes.

Il y a en effet une similitude entre la pensée des sédévacantistes et celle de l'abbé Schmidberger : leur principe de base est "le Pape, en tant que pape, est infaillible en toutes les actions qui concernent la foi et les mœurs que ce soit en sa personne ou sa fonction" Les conséquences logiques découlent alors :

1. S'il se trompe en tant que pape c'est donc qu'il n'est pas pape car le pape ne peut exprimer des erreurs sur la Foi et les moeurs. (sédévacantisme)
2. S'il se trompe c'est nous qui le pensons et c'est nous qui nous trompons en réalité car le pape est au dessus de nous pour juger des choses de foi et de moeurs. On ne comprend pas tout, on semble voir des contradictions mais en fait il n'y en a pas. (ralliérisme radical )
3. S'il se trompe, on peut tout de même se soumettre à sa personne parce qu'en fait on se soumet à sa fonction papale qui est divine (ralliérisme modéré de Mgr fellay ou de l'abbé Schmidberger comme vous voulez).

Nous sommes bien loin de la sagesse de Mgr Lefebvre qui constatait les hérésies venant du pape mais n'en pouvait conclure de façon absolue à sa déchéance (contre le sédévacantisme). Il reconnaissait certes sa fonction mais avait aussi compris que l'on ne pouvait en pratique dissocier la fonction et la personne. Et la personne du pape étant atteinte par le modernisme, la fonction en était corrompue dans son exercice. Les modernistes savent bien utiliser les personnes et les mettre à des fonctions ecclésiales majeures pour justement corrompre la Foi traditionnelle. Dire que l'on peut en pratique distinguer la fonction de la personne c'est de l'idéalisme germanique de premier niveau. Un père alcoolique reste autant père qu'alcoolique : en pratique sa femme et ses enfants subissent d'autant plus les méfaits de l'alcoolisme du père que celui-ci est leur père . C'est la raison pour laquelle Mgr Lefebvre préférait attendre la fin de cette crise ( et prendre ses distances avec la Rome actuelle) et exigeait des 4 évêques de remettre leur épiscopat entre les mains d'un pape redevenu parfaitement catholique.