Sr Faustine avant et après le concile - une condamnation bien justifiée
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"Dans les années 1950-1952, la curie de Cracovie envoya à Rome des copies du « Petit Journal » [diaire de sœur Faustine relatant ses visions et révélations]. Le 14 mai 1953, le Saint-Office interdisait l’institution d’une fête de la miséricorde, et il émettait aussi des réserves quant au caractère surnaturel des visions de sœur Faustine.
Le 19 novembre 1958, au terme d’une enquête de plusieurs années, le Saint-Office adoptait un décret en cinq points qui répondait aux sollicitations de l’épiscopat polonais en faveur de sœur Faustine :
« 1. Il ne faut pas s’obstiner en faveur du caractère surnaturel des révélations de sœur Faustine. Les visions et révélations de sœur Faustine n’ont pas d’origine surnaturelle.
« 2. Il faut retirer les prières et les images venant de ces prétendues révélations.
« 3. Il est conseillé aux évêques de garder la prudence tant que les éléments du culte de la Miséricorde divine ne sont pas retirés de leurs paroisses.
« 4. La fête de la Miséricorde divine ne doit pas être instituée.
« 5. Il faut donner un grave avertissement (gravissimum monitum) à l’abbé Sopocko en lui ordonnant de cesser de défendre et de propager ces prétendues révélations et ce culte. » (Jan Grzegorczyk : Faustine apôtre de la miséricorde ; p. 191-192)
Le cardinal Wyszynski, primat de Pologne, était chargé par le Saint-Office de veiller à l’application du décret en Pologne. Le 6 mars 1959, vu le peu d’empressement de l’épiscopat polonais à obéir à ces injonctions, les autorités romaines haussaient le ton par la voix de l’Osservatore romano en rendant publique l’interdiction absolue de la diffusion du culte de la miséricorde conçut par sœur Faustine :
« Qu’il soit rendu public que la Suprême Sacrée Congrégation du Saint-Office, après avoir examiné les prétendues visions et révélations de Sœur Faustine Kowalska, de l’institut de Notre-Dame de la Miséricorde, décédée en 1938 près de Cracovie, a décidé ce qui suit :
IL FAUT INTERDIRE la diffusion des images et des écrits qui présentent la dévotion à la divine miséricorde dans la forme proposée par ladite sœur Faustine ;
il est requis de la prudence des évêques de devoir faire disparaitre lesdites images qui ont éventuellement déjà été exposées au culte. »
LE JUGEMENT DE ROME APRÈS VATICAN II
Moins de vingt ans plus tard, le 15 avril 1978, la Sacrée Congrégation pour la Doctrine de la Foi (ex-congrégation du Saint-Office) émettait la Notification suivante :
« Cette Sacrée Congrégation, vu les nombreux documents originaux qui n’étaient pas connus en 1959, tenant compte du profond changement intervenu dans les circonstances et de l’avis de beaucoup d’évêques polonais, déclare que les prohibitions contenues dans ladite « NOTIFICATION » n’obligent plus. »
Fausse mystique convaincue de promouvoir un culte erroné de la miséricorde avant le Concile Vatican II, sœur Faustine devint après le Concile Vatican II – profond changement intervenu dans les circonstances – et en moins de vingt ans, une vraie sainte, mondialement connue, au-dessus de tout soupçon.
RÉHABILITATION DE SŒUR FAUSTINE ? L’ARGUMENT DES « NOMBREUX DOCUMENTS ORIGINAUX »
Sous la rubrique nombreux documents originaux, il ne s’agissait essentiellement que des témoignages recueillis pour le procès de béatification de sœur Faustine ; ses seuls écrits étant quelques lettres, et les six cahiers manuscrits du « Petit Journal » de sœur Faustine.
L’exemplaire envoyé à Rome dans les années 50 avait été mal dactylographié, des paragraphes entiers avaient été omis. Soit. Il était donc compréhensible, probable même, que certaines assertions amputées d’une manière ou d’une autre, aient pu paraître douteuses, hérétiques surtout, aux censeurs de 1958.
C’était possible, mais c’était par conséquent tout à la fois un jeu d’enfant et une exigence d’honnêteté intellectuelle pour la biographe officielle Ewa K. Czaczkowska (EKC) Sœur Faustine, biographie d’une sainte (1905-1938) de nous présenter une hérésie caractérisée due à la première version fautive, et de mettre en synopse la version complète de l’édition critique, qui fait autorité aujourd’hui (elle nous a servi de référence), et d’en faire éclater à nos yeux le caractère lumineusement vrai, juste et bon. Elle nous aurait alors définitivement rassurés... Grâce à ces nombreux documents originaux, le culte de la miséricorde interdit en 1958, s’en serait donc trouvé tout naturellement permis et encouragé depuis 1978, sans déshonneur ni forfaiture de la part des autorités romaines...
Ewa K. Czaczkowska, ni aucun biographe de sœur Faustine n’a pu apporter la moindre preuve en ce sens. La raison de cette impuissance tient au fait que sur l’essentiel du nouveau culte de la miséricorde, c’est-à-dire les principales quatre visions et révélations qui le fondent, les théologiens romains de 1958 ont analysé les mêmes textes que ceux de 1978, publiés aujourd’hui à des centaines de milliers d’exemplaires, or ils ont condamné la doctrine et interdit la diffusion de ce nouveau culte.
Si ce n’est pas en raison des nombreux documents originaux que le Saint-Office a modifié son jugement doctrinal et levé les interdits du nouveau culte de la miséricorde, c’est donc uniquement à cause des « changements profonds de circonstances ».
Les changements de circonstances sont le concile et la nouvelle conception de la miséricorde développée par Jean Paul II particulièrement dans son encyclique "dives in Misericordia" . Cette encyclique est truffée d'immanentisme frisant l'hérésie et d'un esprit de rédemption universelle automatique. Jean Paul II se réclame et s'appuie très clairement sur Sr Faustine pour donner du crédit à cette nouvelle théologie révolutionnaire. Il n'est donc pas étonnant de retrouver les mêmes soutiens de Jean Paul II parmi les adeptes les plus fervents de cette nouvelle miséricorde en particulier le pape François.
Il semble urgent que les évêques et prêtres rappellent aux fidèles les conditions d'une bonne pénitence pour obtenir la miséricorde de Dieu. Sans quoi les catholiques se confesseront de moins en moins et de plus en plus mal. Le salut automatique et l'absence de vraie contrition sont la logique de cette fausse miséricorde répandue depuis le concile. Les confessionnaux se vident, la pénitence disparaît de la vie catholique ; il est peut être temps de trouver les causes théologiques de ce phénomène.
Nous invitons donc les catholiques à se référer à cette prudente et sage décision du St Office en 1958 pour ne pas glisser dans une théologie et d'une pratique qui s'éloigne de la véritable théologie catholique de la miséricorde.
Ceux qui désirent approfondir cette question cruciale de la nouvelle conception du salut et de la miséricorde divine véhiculée par le Concile Vatican et plus spécifiquement par Jean Paul II peut lire l'excellente étude de l'abbé de La Roque publiée en 2007 : Immanence, incarnation et rédemption chez Jean-Paul II ou le modernisme d’un pape
Abbé Matthieu Salenave
22 juillet 2023
En la fête de Ste Marie Madeleine, véritable exemple de la miséricorde divine.