Laurier
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L’APOCALYPSE EST UN LIVRE PROPHÉTIQUE !

Ceux « qui prétendent qu’il n’y a absolument rien qui se rapporte à l’Antéchrist et aux derniers temps, est inadmissible ; car, outre que ce sentiment se trouve en opposition avec celui de tous les Pères et de tous les interprètes, il fait visiblement violence au texte de l’écrivain sacré, qui parle de l’un et de l’autre dans les termes les plus formels et les plus explicites. » (Abbé Jean-Baptiste Glaire)
L'Apocalypse est un Livre PROPHÉTIQUE !

Cette affirmation n’est pas celle d’un exégète ou l’opinion discutable d’un clerc, mais l’annonce écrite par l’auteur lui-même (saint Jean apôtre), répétée plusieurs fois, qui plus est au début et à la fin : « cette prophétie (prophetiæ) », « pour découvrir à ses serviteurs ce qui doit arriver bientôt », « car le temps est proche. » (Apoc. I, 1-3 ; XXII, 7, 18-19). Texte qui fut écrit par l’Apôtre bien après la Résurrection et l’établissement de l’Église.
Si le Livre se termine par une annonce solennelle du Seigneur (« Oui, je viens bientôt. Amen. ») et une prière appuyée : « Venez Seigneur Jésus ! », c’est assurément que ce Livre est entièrement tourné vers le second avènement du Christ à la fin des temps et les tribulations précédant ce Retour. En toute logique, on ne va pas venir « bientôt » si on est déjà venu… Et on peut encore moins prier pour une venue déjà réalisée ! « Il résulte de ce verset 3 que le livre de l’Apocalypse a une importance pratique sous le rapport religieux : il a été donné à l’Église pour l’instruire et la consoler, spécialement pour l’aider à se préparer au second avènement du Christ. » (Abbé Louis-Claude Fillion.)
« L’APOCALYPSE, ou Révélation, est une prophétie qui a pour objet les destinées de l’Église, depuis ses commencements si faibles en apparence, jusqu’à l’achèvement parfait de son œuvre sur la terre et son triomphe final dans l’Éternité. […] L’Apocalypse est un livre prophétique : dès lors, il doit parler la langue et prendre les grandes images des prophètes de l’ancien Testament (Ézéchiel, Daniel, Isaïe dans sa seconde partie). […] La pensée fondamentale de l’Apocalypse, c’est le retour glorieux de Jésus. Elle se montre dès le prologue (I, 7), et après avoir pénétré tout le livre (II, 16 ; III, 11 ; VI, 2 ; XIX, 11), elle retentit comme un dernier écho dans l’épilogue (XXII, 7, 12, 20), où trois fois la voix de Jésus répète : “Voici que je viens bientôt”, à quoi l’Esprit et l’Épouse répondent : “Oui, venez, Seigneur”. Que les fidèles fixent leur regard sur ce glorieux avènement qui mettra fin aux épreuves des justes et couronnera l’œuvre encore imparfaite du Messie. En attendant ce triomphe suprême, il leur reste bien des combats à livrer, bien des persécutions à souffrir.» (chan. Crampon, 1885.)
« Ce second avènement du Christ est donc le sujet proprement dit de notre livre, de même que son premier avènement a été l’objet des prophéties de l’Ancien Testament. En effet, “l’histoire du monde dans son essence se résume dans ces trois mots : Il vient (période qui va de la chute d’Adam à Noël) ; Il est venu (la période évangélique) ; Il revient (depuis l’ascension jusqu’à la fin des temps).” Il revient : c’est l’histoire de la catastrophe finale, et des événements terribles qui doivent la précéder de plus ou moins près. » (Abbé Louis-Claude Fillion.)
Le caractère prophétique de ce livre nous assure donc qu’il annonce des événements futurs, selon le sens unanimement reconnu du mot Prophétie : « Prédiction des choses futures par inspiration divine » (Dictionnaire de l’Académie française, 8e éd. 1935.)

Il convient aussi d’ajouter que le sens littéral est le premier sens à recevoir dans les textes bibliques ! Même si l’Apocalypse a aussi un sens spirituel et mystique et est parsemé de symboles, il n’en demeure pas moins que le sens littéral reste prioritaire et déterminant, « la base de l’interprétation biblique » et notamment ici pour le mot « prophétie » : « la règle d’or des docteurs de l’Église, formulée si clairement par S. Thomas d’Aquin : “ Tous les sens sont fondés sur l’unique sens littéral, et l’on ne pourra argumenter qu’à partir de lui seul ” ; règle que les souverains pontifes ont approuvée et consacrée quand ils ont prescrits, avant tout, de chercher avec tout le soin possible le sens littéral. Ainsi par exemple Léon XIII : “ C’est pourquoi il faut peser avec soin la valeur des mots eux-mêmes, la signification du contexte, la similitude des passages et autres choses semblables, et associer également les éclaircissements externes par une science appropriée.” » (Denz. 3793).
Tout cela semblera évident pour bon nombre de lecteurs catholiques… Hélas, certains envisagent que non, l’Apocalypse ne fait que nous décrire un passé lointain, se mettant à la remorque d’écrivains progressistes et aux thèses modernistes (« respirant la nouveauté par tous ses pores » Pascendi), et sont même fiers et « tout content » de cette trouvaille :

« Ce n’est pas du futur que parle l’Apocalypse, mais bien plutôt du passé. […] l’Apocalypse, comme l’indique son nom signifie “révélation”, “est bien la description d’une venue, de la venue de Jésus-Christ : mais il ne s’agit pas de celle qui viendra à la fin des temps, mais de celle qui s’est réalisée au cours de toute l’histoire, depuis la création du monde, et qui a eu son point culminant dans le grand ‘événement’ (gr. kairós) de la venue historique de Jésus-Christ, surtout dans sa mort et sa résurrection”. […] De quoi parle donc l’Ap., si elle ne parle pas des derniers temps ? Elle est, nous l’avons vu, une explication de toute la révélation sur Jésus-Christ, depuis la création jusqu’à la fondation de l’Église. Dans cette “histoire sacrée”, ou “histoire du salut”, ce qui fixe l’attention de Jean est la révolte et la chute des anges, le péché d’Adam et la chute de l’humanité, les conséquences du péché originel : peste, famine, guerre, péché, mort temporelle et spirituelle. […] Le Règne millénaire... est déjà arrivé (et même terminé depuis longtemps) ! […] Si nous devons renoncer à voir dans l’Ap. une prophétie de l’avenir de l’Église, et surtout une prophétie des “derniers temps”, on se demande quelle peut bien être l’actualité de l’Apocalypse : de nombreux lecteurs vont être déçus, après avoir pensé trouver dans ces antiques pages l’annonce détaillée des tribulations que traverse aujourd’hui l’Église. Pourtant non, l’Ap. ne nous dit rien – directement – sur notre époque, et encore moins sur de futures interventions miraculeuses d’Énoch ou d’Élie, ou du Christ en personne. Et c’est bien justement pour cette raison que je considère cette exégèse comme tout à fait bénéfique pour le catholique fidèle de cette fin de millénaire. » ! (Abbé Francesco Ricossa dans SODALITIUM N°48, 1999). Analyse (résumant l’ouvrage d’Eugenio Corsini L’Apocalypse aujourd’hui, Paris Seuil 1984) jamais démentie à ce jour…
Devant de telles affirmations aussi stupéfiantes, tout commentaire semble superflu, et on se bornera à rappeler les principes élémentaires catholiques pour une lecture correcte de l’Apocalypse, tels qu’enseignés par l’Abbé Jean-Baptiste Glaire dans son Abrégé d’introduction aux Livres de l’Ancien et du Nouveau Testament (Paris 1853, p. 503) :
Suite du texte ici : (à diffuser !)
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