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Guiharan
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Cérémonie d'ouverture avec Jean Dujardin de la Coupe du Monde de Rugby 🏉 à Paris le 8 septembre 2023. Mise en scène beaucoup trop franchouillarde pour les media woke qui ont bien hurlé dessus 😂Plus
Cérémonie d'ouverture avec Jean Dujardin de la Coupe du Monde de Rugby 🏉 à Paris le 8 septembre 2023.
Mise en scène beaucoup trop franchouillarde pour les media woke qui ont bien hurlé dessus 😂

Vendredi matin, sur France Inter, Christelle Brua, pâtissière de renom, ambassadrice de la Coupe du monde de rugby, résumait ainsi la cérémonie d’ouverture à venir au Stade de France : «C’est un petit spectacle qui met en valeur l’artisanat, le savoir-faire français. C’est une joyeuse bande de copains qui va faire quelque chose de chouette.» Ce n’était pas chouette, Christelle, c’était époustouflant. Une vision claire et limpide de la France proposée en mondovision et sous 33,2 °C, pour bien montrer aux autres qui nous sommes.

Coécrite par l’acteur Jean Dujardin, le concepteur Olivier Ferracci et la metteure en scène Nora Matthey de l’Endroit (tous deux venant de la boîte d’événementiel DreamedByUs, qui a aussi officié pour des festivals en Arabie Saoudite ou aux championnats du monde de natation à Budapest en 2017), la performance a nécessité deux ans de travail et neuf mois de répétitions. Elle aligne des stars de la gastronomie («les rugbymen sont épicuriens», a précisé Brua), de la chanson (Vianney, toujours aussi souriant), de la danse (Alice Renavand), en bref d’un peu partout où scintille notre savoir-faire.

D’ailleurs, Vianney l’a précisé dans une pastille présentant une répétition lancée sur X (Twitter) dans la journée : «C’est fédérateur finalement comme moment [l’ouverture d’une Coupe du monde, ndlr], c’est ça qu’on a voulu et on a essayé de trouver ce qui nous rassemble tous dans ce pays, et en fait c’est plein de choses dont on peut être fiers.» On n’en doute pas. Juste avant l’entrée des protagonistes sur le terrain, les commentateurs de TF1 enfonçaient le clou : «C’est une déclaration d’amour à la France et au rugby, entre Jacques Tati et Amélie Poulain [choisis ton camp, ndlr]. Avec des clichés au sens noble du terme […] On est bien en France.»

Qu’y voit-on alors, dans cette cérémonie ? Un village, surnommé Ovalie, posé sur une bâche qui recouvre le terrain - ne pas oublier qu’il y a un match ensuite - et des habitants joyeux. C’est vrai qu’ils ont l’air sympa, tous ces figurants aux noms illustres, de Joël Dupuch à Thierry Marx, à se balader dans cette scénographie en carton comme à une réunion costumée pour une remise de Légion d’honneur. Costumée car l’action «se passe dans les années 50, commente TF1. Une image d’Epinal qu’on a, une carte postale française.» Bonne idée. (...) Là nous sommes après la bataille et «le village gaulois en place sous vos yeux» se la joue album d’Astérix décomplexé. On reste entre nous et c’est pas plus mal. On peut roter à table si on veut, c’est la famille.

Soudain, débarque du couloir des vestiaires un boulanger sur son triporteur : «Jean Miche», alias Jean Dujardin. Il passe tel Jésus distribuer ses pains, souriant, adepte des accolades et des petits verres de rouge. Franchement c’est crédible. Le triporteur, le marcel, le béret, la moustache, la miche de pain, le petit marché d’antan, les petites tables de café d’antan, la petite place de village d’antan… c’est d’antan et c’est tentant, c’est le fantasme et le souvenir en même temps : c’est la France qu’on regrette et qu’on aimerait revoir, des terroirs, de la modernité qu’on saisit, des traditions qu’on respecte, où tout le monde s’aime mais que personne n’a connue. A-t-elle jamais existé, cette carte postale, brandie aujourd’hui en image de notre société ? On la voit dans des fictions au cinéma jusqu’à la Nouvelle Vague (...)

Une femme vient égayer ce gai tableau : Alice Renavand, la danseuse étoile, en tenue rose, sautille en grâce. Jean Miche l’aperçoit. L’assistance se fige. Pétard, Jean Miche tombe amoureux. Et c’est vrai qu’en France, on ne rigole pas avec l’amour. Moins qu’avec les chocolats. En France, on en a dans le froc, et tandis que l’action reprend, Jean Miche Dujardin s’approche, regard intense, pour danser avec la donzelle. Une sorte de Gene Kelly rural exalté d’amour. En fond sonore, la rengaine l’Amant de Saint-Jean chantée par Zaz, autre fleuron du patrimoine national.

Allait-il s’arrêter là, Jean Miche, repartir au vestiaire avec la dame pour y concevoir une armée d’enfants ? Que non. Surgie de nulle part, Adriana Karembeu vient représenter la mode. «Une star qui fait tourner la tête de tous les hommes de l’assistance», dit TF1, à l’image des Françaises comme chacun sait. Elle pose devant l’objectif de Yann Arthus-Bertrand et son large béret («un bibi», souffle TF1) s’envole. Il n’en fallait pas plus pour que tout ce joli monde n’inventât le rugby. Habile. On a beau délirer dans les grandes largeurs devant les téléspectateurs de la planète, on est quand même là pour du sport. Des mêlées se créent donc, des gens se disputent, des performeurs rivalisent de saltos et vrilles pour attraper le bibi. «Une quarantaine d’acrobates professionnels», précise TF1. Excellent choix, il aurait été dommage de ternir le spectacle avec des acrobates amateurs qui se seraient pété les rotules à la première galipette.

Ensuite, sur sa lancée, le spectacle que personne n’arrête dans ses ambitions démesurées de montrer une France simple passe des clichés aux symboles. C’est le fondateur du rugby lui-même, Webb Ellis, qui vient expliquer les règles sur écran géant, comme un Dieu à l’accent anglais : «Un jeu simple joué par les gentlemen, joué par tout le monde.» Lui, l’inclusion, il connaît. Après s’être essayé à quelques récupérations de touches, voilà Jean Miche qui s’envole carrément dans les airs pour récupérer le bibi. Léger, aérien, un bond prodigieux qui le satellise au-dessus de la mêlée. Grand kif pour le comédien : après l’Oscar, Icare, rien que ça. Bientôt escarres ? On ne le souhaite pas à Jean Miche, il lui reste du boulot avec son amoureuse car le voici déjà redescendre des cieux avec le bibi, qu’il rend à Adriana Karembeu. Va-t-il partir avec elle ? Non, Jean Miche reste avec la danseuse, et tout le monde finit par virevolter en chantant tandis que la Patrouille de France s’approprie le ciel en y griffant les couleurs du drapeau français.