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25 ) Psaume 21 : le Christ accomplit-Il les Ecritures, ou bien ne fait-Il que les citer au passage ? - réfutation de l'article de dom Guillaume Chevallier

Réponse à l'article : "ÉVALUATION DE TROIS ÉLÉMENTS DE DOCTRINE DE L’ÉVANGILE TEL QU’IL M’A ÉTÉ RÉVÈLE DE MARIA VALTORTA"

communautesaintmartin.org/…LIER-MV-II-EVALUATION-DES-ELEMENTS-DE-DOCTRINE.pdf

Qui est le mentor de dom Guillaume Chevallier ?

Voir aussi la réponse de F.M.Debroise à ces articles,

celle du docteur psychiatre D.Gloppe

et celle du collectif Marie de Nazareth: Réponse à Don Guillaume Chevallier : il n’y a aucune erreur doctrinale dans les écrits de Maria Valtorta

Non, nous ne rêvons pas : c'est bien cette question qui est soulevée ici par DGC, comme si ce n'était pourtant pas une certitude absolue que le Christ accomplit Lui-même dans sa Chair toutes les Ecritures, ce qu'aucun théologien n'avait jamais pensé à remettre en question. Mais cela, c'était avant que n'arrive dom Guillaume Chevallier, comme nous allons le voir ici, allant décidément de surprise en surprise au fil de ses articles, mais pas franchement dans le bon sens du terme.

Cet éloignement ou séparation du Verbe d’avec le Père se traduit en termes existentiels dramatiques dans la prière de « Jésus » au Père pour Judas.

On peut saluer ici la pertinence de l’auteur qui a réussi à faire la différence entre un mystère joyeux et un mystère douloureux, entre Jésus tressaillant de joie sous l’action de l’Esprit-Saint, et le Serviteur souffrant broyé par la douleur. Vu l’extraordinaire indigence de son article, on ne pouvait pas manquer d'y relever au moins ce petit élément d’exactitude. Mais même par celui-ci, nous allons voir que DGC cherche en réalité à nous induire en erreur.

Le mystère de la déréliction auquel les récits de l’agonie et le cri « Eli, Eli, lamma sabachtani » ( psaume 21 ) nous introduisent avec une sainte crainte dans les synoptiques est ici transposé en termes d’éloignement volontaire du Père par rapport à son Fils, avec une décision autoritaire de le priver de la science surnaturelle qui lui est propre en tant que Verbe incarné :

« Père, pourquoi t’éloignes-tu? Tu t’éloignes déjà de ton Verbe qui prie ? Père, c’est l’heure, je le sais. Que soit faite ta volonté bénie ! Mais laisse à ton Fils, à ton Christ, en qui par un impénétrable décret diminue à cette heure la vision assurée de l’avenir – et je ne te dis pas que de ta part c’est cruauté, mais pitié pour moi – laisse en moi l’espoir de le sauver encore. (…) Ah! je délire ! C’est l’Homme qui veut avoir cet espoir ! Le Dieu qui est dans l’Homme, le Dieu fait Homme, ne peut se faire d’illusions ! » (VIII, 43, 377)


---> Le Christ, malgré son désir d'être semblable à quelqu'un qui ne sait pas, connaît pourtant bien malgré Lui l'avenir funeste de Judas, et en souffre : c'est on ne peut plus clair ici.

1 . Déréliction ( définition ) : État de la personne qui se sent abandonnée, privée de tout secours.
L’étonnement est donc ailleurs, il est d’entendre DGC parler du mystère de la déréliction du Christ, tout en niant la réalité de ce mystère : certes, on l’entend bien citer l’Évangile de la Passion, mais il semble que ce ne soit pour lui qu’un rêve, un récit éthérée sans nulle réalité, comme si pour lui, le Christ citait les Écritures seulement à la manière d’un poète sublime, mais sans les accomplir personnellement dans sa Chair. Dans la Passion, on assisterait avec DGC à une sorte de pièce de théâtre sacré, une pièce dont le Christ aurait été désigné par le Père comme l’acteur principal, chargé de nous fendre l’âme par un psaume sublimement douloureux ( Ps 21 ), mais qui ne le concernerait pas plus qu’un acteur n’est concerné personnellement par le drame qu’il interprète… Dans quel but le Christ interpréterait-Il cette pièce dramatique ? Nul ne le sait. Mais le théorème mathématique de l’auteur s’appliquerait ici comme partout ailleurs, bannissant tout autre réflexion : puisque le Fils et le Père sont un, alors il n’y a pas d'éloignement possible entre Eux.

---> Outre le fait que c’est justement nier toute possibilité pour le Christ de vivre la déréliction, c’est nier ses deux Natures, et spécialement la faiblesse de son Incarnation, qu’Il a choisi précisément d’assumer pour cela : pouvoir sortir de l’impassible jouissance de son union avec le Père, afin de souffrir à la place des pécheurs, et payer ainsi leur dette.

---> En réalité, s’il est bien question ici de docétisme, ce n’est pas dans l’EMV qu’il faut le chercher. Car si le Christ ne peut être atteint par la déréliction, c’est qu’Il n’est pas réellement Homme semblable aux hommes, mais seulement Dieu, pour DGC.

2 . C’est le Christ Lui-même qui dénonce par sa Parole la fausseté de cette exégèse :

---> « Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir. Car, je vous le dis en vérité, tant que le ciel et la terre ne passeront point, il ne disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre, jusqu'à ce que tout soit arrivé. » ( Matt 5,17 )
Jésus est venu pour accomplir Lui-même toutes les Écritures, Il en est l’accomplissement parfait, et ne se contente pas de les réciter, simplement pour vaguement s'associer par la pensée à ceux qui l'accompliraient quant à eux bien réellement.

---> « Aujourd’hui, s’accomplit à vos oreilles ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre » ( Luc 4,21 ) :
lorsque Jésus cite un passage de l’Écriture, c’est qu’Il l’accomplit réellement à ce moment même, cela n’a rien de fictif ou de purement symbolique.

---> « Car, je vous le déclare : il faut que s’accomplisse en moi ce texte de l’Écriture : Il a été compté avec les impies. De fait, ce qui me concerne va trouver son accomplissement. » ( Luc 22,37 )
Jésus ne peut ni se tromper, ni nous tromper : l’Écriture, et notamment le psaume 21, parle donc précisément de Lui sans aucun doute possible, on peut s’y fier sans crainte, non pas comme l’auteur ayant toujours peur d’être trompé, sans doute en raison de ses blessures personnelles du passé.

---> « Après cela, sachant que tout, désormais, était achevé pour que l'Écriture s'accomplisse jusqu'au bout, Jésus dit : « J'ai soif. » » ( Jean 19,28 )
L’Écriture ne s’accomplit donc pas à moitié ni au trois quart, avec Jésus, mais : « jusqu’au bout ».

---> « Tout est accomplit » ( Jean 19,30 )
La dernière Parole du Christ ne laisse la place à aucune ambiguïté, si tant est
qu’il puisse encore y en avoir : Jésus est l'Alpha et l'Oméga, l’accomplissement parfait et
définitif des Écritures, qui n’attendent donc après Lui plus personne qui soit
capable de le faire, sauf dans le Christ.

3 . Or quelle est l'exégèse que fait DGC des sept Paroles du Christ ? Lisons :

(...) Par comparaison, l’enseignement traditionnel sur les sept paroles du Christ en croix met en évidence la place de Marie près du Rédempteur, mais nous le montre surtout face à son Père céleste (1ère et 7ème parole), s’unissant à tous ceux qui éprouvent subjectivement dans la souffrance l’abandon de Dieu (4ème parole).

---> Oui, vous avez bien lu : pour DGC, le Christ n'accomplirait pas personnellement en toute vérité la parole du psaume 21, qu'Il cite pourtant ainsi : "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-Tu abandonné ?", puisque le Père ne l'aurait en fait jamais abandonné du tout, même pas dans son Humanité : et en parlant ainsi, Il ne ferait en fait que "s'unir à tous ceux qui éprouvent subjectivement dans la souffrance l'abandon de Dieu" ( sic ! ), c'est-à-dire qui ont une fausse perception de leur état.

---> Par conséquent : dans l'exégèse de DGC, personne n'a jamais accomplit ce que dit cette parole subjective, et donc objectivement fausse ( ! ) , puisque :
- ni ceux qui éprouvent subjectivement cet abandon ne l'accomplissent donc réellement,
- ni bien évidemment le Christ, suivant sa Parole comprise de travers comme une sorte de théorème mathématique, sans considérer les deux Natures du Christ : "Le Père et Moi, nous sommes un", ce qui voudrait dire que le Père n'aurait jamais pu s'éloigner de l'Humanité souffrante du Christ.

---> Si bien que le psaume 21 ne serait pas réellement une Parole de Vérité que le Christ aurait du accomplir, mais simplement :
- une plainte subjective, venant d'abord de ceux qui se sentiraient submergés par trop de souffrance
- ainsi qu'un voeu pieux du Christ de rejoindre autant que possible ceux qui n'accomplissent comme Lui cette Parole que d'une manière subjective, c'est-à-dire fictive.

Conclusion :

---> Le Christ n'accomplirait pas la Parole de Dieu, qui ne serait qu'un simple écho des sentiments psychologiques de ceux qui se sentent submergés par la souffrance, et auxquels le Christ voudrait simplement s'associer, sans cependant qu'il ne faille voir dans cette Parole aucune Vérité.
---> Le Christ voudrait ainsi s'associer à la fausse perception que ceux qui souffrent auraient de leur état.
---> La Parole de Dieu, telle que le psaume 21 nous la transmet, serait donc une Parole fausse.

On croit rêver, mais non : c'est bien ce que soutient dom Guillaume Chevallier sans sourciller. Rassurez-vous : personne ne se trouve obligé de renoncer à la foi catholique pour se mettre sous la tutelle d'un pareil gourou. La Parole de Dieu ne saurait en effet mentir, et le Christ non seulement l'a citée du haut de la croix, mais surtout l'a accomplie en toute vérité dans son Être Humano-Divin.

4 . Mais venons-en à présent au fait, c’est-à-dire au passage savamment dépouillé de son sens plénier par l’auteur, que nous allons tout de suite intégralement lui restituer.

Il s’agit tout d’abord d’essayer de comprendre ce qui a pu conduire au si terrible dialogue que voici, entre Jésus et Judas :

( Jésus )
« (...) Au-dessus de nous, il y a le Ciel qui nous observe, ce Ciel qui bientôt se remplira de saints. Déjà ils tressaillent, là où ils attendent, parce qu’ils sentent venir la joie… Judas, parmi eux, il y a ton père…
– C’était un pécheur. Il n’y est pas.
– C’était un pécheur, mais pas un damné. La joie s’approche donc pour lui aussi. Pourquoi veux-tu mêler sa joie de douleur ?
– Il ne connaît plus la douleur. Il est mort.
– Non. Il souffre de te voir coupable, toi… oh ! ne m’arrache pas ce mot !…
– Mais si ! Mais si ! Prononce-le donc ! Je me le répète depuis des mois ! Je suis damné, je le sais. On ne peut plus rien y changer.
– Tout est possible, au contraire ! Judas, je pleure. Veux-tu être la cause des dernières larmes de l’Homme ?… Judas, je t’en prie ! Réfléchis, mon ami : le Ciel acquiesce à ma prière, et toi, et toi… Me laisseras-tu prier en vain ? Pense à celui qui est devant toi, en prière : c’est le Messie d’Israël, le Fils du Père… Judas, écoute-moi !… Arrête-toi, tant que tu le peux ! …
Non ! »

Jésus se couvre le visage de ses mains et se laisse tomber au bord du pré. Il pleure sans bruit, mais il pleure longuement. Je vois que ses épaules ont des soubresauts. (…)

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---> La lecture du passage intégral va jouer un bon tour à DGC, comme nous allons nous en rendre compte juste après.

1 . Les Évangiles présentent l'essentiel de la Bonne Nouvelle du salut, et ne s'embarrassent pas d'un exposé précis et détaillé sur la damnation de Judas et les souffrances qu’elle occasionna au Christ qui aurait voulu pouvoir la lui faire éviter, mais en vain. C’est pourquoi ils ne font qu’évoquer brièvement cette horrible vérité, sans la développer. Cela n’a pas empêché saint Jean Chrysostome d’en faire état dans ses commentaires éclairés, car cela a une certaine utilité de connaître ce terrible mystère de la chute d’une créature privilégiée en enfer : c’est également ce que le Seigneur nous offre par les révélations qu’Il donne à Maria Valtorta.

2 . Que DGC ne veuille pas en entendre parler montre qu’il enferme pour sa part la totalité de la vie du Christ dans les limites compendieuses des quatre Évangiles, qui ne sont pourtant qu’un résumé faisant abstraction de bien des détails, eux que « le monde entier ne pourrait contenir si on les mettait par écrit », comme le dit saint Jean par une hyperbole. Mais effectivement, si l’on s’en tient strictement à ce que disent les Évangiles, on pourrait imaginer que Jésus s’était depuis toujours résigné à la perte définitive de l’un de ses apôtres, puisqu’il était écrit qu’il en serait ainsi ( Ps. 40,10 ; Ps. 108,8-13 ), et qu’Il ne montra pas plus de signe de sa souffrance que ce que nous en rapportent les évangélistes.

---> Or c’est méconnaître l’extrême conscience du Christ de sa Mission de Sauveur, qui lui faisait bien discerner que la damnation de Judas était parfaitement inutile pour l’accomplissement du Salut des hommes, et qu’elle aurait pu dans le principe être évitable, si seulement le malheureux apôtre avait daigné y consentir.

---> C’est également méconnaître l’extrême sensibilité spirituelle du Seigneur, qui ne sut jamais ce qu’être blasé voulait dire : DGC déforme ainsi l’image du Christ en s’imaginant qu’à sa place, il n’aurait pas fait autant « d’efforts superflus » pour tenter vainement de détourner le malheureux de son sort inéluctable, car délibérément choisi par lui.

---> Mais c’est justement là qu’est l’erreur fondamentale de DGC : les efforts du Christ furent certes vains, mais non pas superflus ! Car ils montrèrent à l’évidence que Jésus ne faillit pas dans sa Mission de tout tenter pour sauver un seul futur damné, jusqu’à vouloir changer pour lui le court normal de l’accomplissement des prophéties, en en demandant instamment la grâce à son Père, qui resta sourd à sa demande.

3 . Découvrons maintenant ensemble l'intégralité du passage, que ceux qui aiment la Vérité ne jugeront certainement pas trop long :

EMV 582.1 Une toute dernière offrande pour le salut de Judas Iscariote

( Judas, cité en gras, qui se vantait d’avoir pensé à acheter de précieuses étoffes, pour vêtir Jésus comme un roi ) :

« – Trop humble : il est temps, désormais, qu’il soit Roi. Assez attendu ! S’il n’est pas un roi sur un trône, qu’au moins, en raison de sa dignité, il porte des vêtements conformes à son rang. Moi, je pense à tout ! » (…)
Jésus qui parlait avec Simon le Zélote et les fils d’Alphée, se retourne et regarde Judas, puis ces hommes simples, si humbles et si mortifiés de… ne pas être à la hauteur de Judas… et il hoche la tête en silence. Mais, voyant que Judas noue les lacets de ses sandales et ajuste son manteau, comme s’il allait se mettre en route, il lui demande :
« Où vas-tu ?
– En ville.
– J’ai dit que je te retenais avec Jacques…
– Ah ! je croyais que tu parlais de Jude, ton frère… Alors… moi… je suis prisonnier… Ah ! Ah ! »
Il a un mauvais rire.
« Béthanie n’a ni chaînes ni barreaux, je crois. Il y a seulement le désir de ton Maître, et je serais heureux d’être son prisonnier, fait remarquer Simon le Zélote.
– Je plaisantais, naturellement… C’est que… je voudrais avoir quelques nouvelles de ma mère. Les pèlerins de Kérioth sont sûrement arrivés et…
– Non. Dans deux jours, nous serons tous à Jérusalem. Maintenant, tu restes ici, ordonne Jésus d’un ton ferme.»
Judas n’insiste pas. Il enlève son manteau en disant :
« Et alors qui va en ville ? Il serait bon de connaître l’humeur des gens… ce que font les disciples… Je voulais aussi aller m’en rendre compte auprès des amis… Je l’avais promis à Pierre…
– Peu importe, reste ici. Rien de ce que tu mentionnes n’est vraiment nécessaire.
– Mais si Thomas y va…
– Maître, moi aussi je voudrais y aller, car je l’ai promis, moi aussi. J’ai des amis chez Hanne et… commence Jean.
– Tu te rendrais là-bas, mon fils ? Et s’ils te prennent ? demande Marie Salomé, qui s’est approchée.
– S’ils me prennent ? Qu’ai-je fait de mal ? Rien. Je ne dois donc pas craindre le Seigneur. Par conséquent, même s’ils me prennent, je n’aurai pas peur.
– Voyez ce lionceau fanfaron ! Tu ne trembleras pas ? Ignores-tu donc à quel point ils nous haïssent ? C’est la mort, sais-tu, s’ils nous prennent ! s’écrie Judas pour l’effrayer.
– Et toi, alors, pourquoi veux-tu y aller ? Aurais-tu l’impunité ? Qu’as-tu fait pour l’obtenir ? Dis-le moi, et je t’imiterai. »
Judas esquisse un geste de peur ou de colère, mais le visage de Jean est si limpide que le traître se rassure. Il comprend qu’il n’y a ni piège ni soupçon dans ces paroles, et il répond :
« Je n’ai rien fait. Mais j’ai quelques bons amis auprès du Proconsul, et donc…
– Bien ! Celui qui veut venir, qu’il vienne, puisqu’il ne pleut plus. On perd du temps ici, et à sexte peut-être qu’il pleuvra de nouveau. Que celui qui veut venir se dépêche, exhorte Thomas.
– J’y vais, Maître ? demande Jean.
– Oui.
– Et voilà ! C’est toujours la même chose ! Lui, oui ; les autres, oui ; moi, non. Toujours non !
– Je tenterai d’obtenir des nouvelles de ta mère, propose Jean pour le calmer.
– Et moi aussi. Je vous accompagne, Thomas et toi » dit Simon le Zélote avant d’ajouter : « Mon âge servira de frein aux jeunes, Maître. Et je connais bien les pèlerins de Kérioth. Si j’en vois un, j’irai le trouver. Je t’apporterai des nouvelles de ta mère, Judas. Sois bon ! Sois tranquille ! C’est la Pâque, Judas. Tous, nous sentons la paix de cette fête, la joie de cette solennité. Pourquoi veux-tu être, toi seul, toujours si inquiet, si sombre, mécontent, sans paix ? La Pâque, c’est le passage de Dieu… Pour nous autres, Hébreux, la Pâque fête la libération d’un joug pénible. Le Très-Haut nous en a délivrés. Maintenant, comme on ne peut pas réitérer l’événement d’autrefois, elle reste son symbole individuel… La Pâque représente la libération des cœurs, la purification, le baptême, si tu veux, dans le sang de l’agneau pour que les forces ennemies ne fassent plus de mal à celui qui en porte la marque. C’est si beau de commencer l’année nouvelle par cette fête de purification, de libération, d’adoration de Dieu, notre Sauveur… Oh ! excuse-moi, Maître ! J’ai parlé alors que j’aurais dû me taire, car tu es ici pour corriger nos cœurs…
– C’est aussi ce que je pensais, Simon. J’ai maintenant deux maîtres au lieu d’un, et cela me paraît trop ! » lance Judas, irascible.
Pierre, cette fois, ne peut se contenir, et il décoche :
« Et si tu n’arrêtes pas, tu vas bientôt en avoir un troisième, et ce sera moi. Et je te jure que j’aurai des arguments plus persuasifs que des paroles.
– Tu lèverais la main sur un de tes compagnons ? Après tant d’efforts pour maîtriser le vieux Galiléen, ta vraie nature revient donc à la surface ?
– Elle ne revient pas à la surface : elle a toujours été claire en surface. Je n’essaie pas de feindre, moi. Mais c’est que, pour les ânes sauvages comme toi, il n’y a qu’un argument pour les dompter : les coups. Tu devrais avoir honte d’abuser de sa bonté et de notre patience ! Viens, Simon ! Viens, Jean ! Viens, Thomas ! Adieu, Maître. Je pars moi aussi, car si je reste… non, vive Dieu, c’est que je ne peux plus me retenir. »
Pierre saisit son manteau, qui était posé sur un siège, et l’enfile en toute hâte. Il est si énervé qu’il ne voit pas qu’il met le haut en bas, et Jean doit l’avertir de l’erreur et l’aider à s’habiller comme il faut. Alors Pierre s’éloigne brusquement, en frappant du pied sur le sol pour se défouler de sa colère. On dirait un petit taureau emballé.
Quant aux autres… les autres sont comme des livres ouverts sur lesquels on peut tout lire. Barthélemy lève son visage émacié de vieillard vers le ciel encore orageux, et paraît étudier les vents pour ne pas avoir à étudier les visages : celui, trop attristé, du Christ, et celui, trop perfide, de Judas. Matthieu et Philippe observent Jude, dont les yeux, semblables à ceux de Jésus, brillent de colère, et une même pensée s’empare d’eux : ils le prennent entre eux deux et le poussent dehors, vers l’allée intérieure qui mène à la maison de Simon en lui disant :
« Ta mère avait besoin de nous pour ce travail. Viens toi aussi, Jacques, fils de Zébédée. »
Et ils entraînent aussi le fils de Salomé. André regarde Jacques, fils d’Alphée, et Jacques le regarde : leurs deux visages reflètent la même douleur contenue. Ne sachant que dire, ils se prennent par la main comme deux enfants, et s’éloignent tristement.
Des femmes disciples, il n’y a que Salomé, qui n’ose ni bouger ni parler, mais qui ne sait pas davantage se décider à s’éloigner, comme si elle désirait par sa présence réfréner d’autres paroles de l’apôtre indigne. Heureusement, aucun membre de la famille de Lazare n’est présent. La Vierge Marie est, elle aussi, absente.
Judas se voit seul avec Jésus et Salomé. Il ne veut pas être avec eux, et il leur tourne le dos pour s’éloigner vers le pavillon des jasmins.
Jésus le regarde partir, il le surveille. Il voit qu’après avoir feint de s’asseoir dans le pavillon, Judas se glisse en douce par une issue arrière et s’enfonce dans les haies de roses, de lauriers et de buis qui séparent le vrai jardin du terrain des aromates, là où se trouvent les ruches. De là, on peut sortir par l’une des portes secondaires, ouvertes dans les murs du vaste jardin. C’est en fait un vrai parc qui, de deux côtés, se termine en hautes haies, doubles comme une avenue, qui aboutissent çà et là à des grilles. Celles-ci permettent d’accéder aux prés, aux champs, aux vergers et aux oliveraies, et aussi à la maison de Simon, qui continuent le jardin dans les domaines, en les tenant à la fois unis et séparés. Sur les deux autres côtés, le parc est entouré de murailles puissantes longeant deux voies : une route principale, sur laquelle débouche la route secondaire qui, coupant Béthanie, continue vers Bethléem.
Jésus se dresse autant qu’il le peut et se déplace quand il le faut, et ses yeux flamboient à la vue de la fuite de Judas. Marie Salomé s’en aperçoit et, bien que sa petite taille l’empêche de voir, elle devine ce qui est en train de se passer au bout du parc, et elle murmure :
« Aie pitié de nous, Seigneur ! »
Jésus entend ce soupir et se retourne un instant pour regarder cette bonne et simple disciple. Certes, elle a pu avoir une pensée d’orgueil maternel, quand elle a demandé des places d’honneur pour ses fils, mais au moins, elle pouvait le faire, car ce sont de bons apôtres ; elle a accueilli avec humilité la réprimande du Maître, sans en être offensée. Au lieu de s’éloigner de lui, elle s’est rendue plus humble, plus empressée auprès du Maître qu’elle suit comme son ombre quand c’est possible, et dont elle étudie les moindres expressions afin de pouvoir prévenir ses désirs et lui faire plaisir. Cette fois encore, la bonne et humble Salomé cherche à consoler le Maître, à apaiser le soupçon qui le fait souffrir :
« Tu vois ? Il ne va pas loin. Il a jeté là son manteau et ne l’a pas repris. Il va marcher dans les prés, donner libre cours à sa mauvaise humeur… Jamais Judas ne se rendrait en ville sans être en grande tenue…
– Il irait même nu s’il voulait y aller. Et en effet… Regarde ! Viens ici !
– Oh ! il essaie d’ouvrir la grille ! Mais elle est fermée ! Il appelle un serviteur du rucher ! »
Jésus crie à haute voix :
« Judas ! Attends-moi ! Je dois te parler. »
Il est sur le point de s’éloigner, quand Salomé reprend.
« Je t’en prie, Seigneur, je vais appeler Lazare… ta Mère… N’y va pas tout seul ! »
Jésus, tout en marchant rapidement, se retourne un peu et dit :
« Je t’ordonne de ne pas le faire. Tais-toi, au contraire. Avec tout le monde. Si on me demande, je suis sorti marcher un peu avec Judas. Si les femmes disciples viennent, qu’elles attendent, je ne tarderai pas. »
Salomé ne bouge pas, tout comme Judas. L’une près de la maison, l’autre près de l’enceinte, ils restent là où la volonté de Jésus les a arrêtés et le regardent : l’une le voit s’éloigner, l’autre venir.
« Ouvre la porte, Jonas. Je sors un moment avec mon disciple, et si tu restes ici, il n’est pas nécessaire que tu la refermes derrière nous. Je serai bientôt de retour » dit-il avec bonté au serviteur paysan, qui était resté avec la grosse clé dans les mains, interdit.
La petite porte, une lourde porte de fer, grince autant que la clé pour faire jouer la serrure.
« C’est une porte qu’on ouvre rarement » dit le serviteur en souriant. « Hé ! tu t’es rouillée ! Quand on reste oisif, on se gâte… La rouille, la poussière… les gamins… C’est comme pour nous, quand nous ne nous occupons pas de notre âme !
– Bravo, Jonas ! Tu as eu une sage pensée. Beaucoup de rabbis te l’envieraient.
– Ce sont mes abeilles qui me les suggèrent… et tes paroles. Vraiment, ce sont tes paroles. Mais ensuite, les abeilles m’aident à mieux les interpréter. Car rien n’est sans voix, quand on sait comprendre. Et je me dis : si les abeilles obéissent à l’ordre de leur Créateur — or ce sont des insectes dont je ne puis savoir où elles ont le cerveau et le cœur —, moi, qui ai cœur, cerveau et âme, et qui entends le Maître, ne dois-je pas savoir faire ce qu’elles font, et travailler sans cesse pour agir conformément à ce que le Maître nous enseigne ? Car c’est ainsi que je pourrai rendre mon esprit beau, clair, sans la rouille, la boue, ou la paille placées dans le mécanisme par les esprits infernaux, sans aussi les pierres et autres pièges ?
– Tu parles vraiment bien. Imite tes abeilles : ton âme deviendra un riche rucher, rempli de vertus précieuses, et Dieu viendra s’y complaire. Adieu, Jonas. Que la paix soit avec toi. »
Il pose la main sur la tête grisonnante du serviteur, qui se tient penché devant lui, et sort sur la route pour marcher en direction des prés de trèfle rouge, beaux comme d’épais tapis verts et cramoisis. Les abeilles y volent de fleur en fleur comme autant d’étincelles bourdonnantes.
Quand ils sont assez loin de l’enceinte pour que personne ne puisse rien entendre du jardin de Lazare, Jésus dit :
« Tu as entendu ce serviteur ? C’est un paysan. C’est déjà beaucoup s’il peut lire quelques mots… Et pourtant… Ses paroles auraient pu être sur mes lèvres sans que mon enseignement de Maître paraisse mince. Il sent qu’il faut veiller pour que les ennemis de l’esprit ne nuisent pas à l’âme… Or… c’est précisément pour cette raison que je te garde auprès de moi, et tu me hais à cause de cela ! Je veux te défendre d’eux et de toi-même, et tu me hais. Je te fournis le moyen de te sauver — cela t’est encore possible —, et tu me hais. Je te le dis encore une fois : éloigne-toi, Judas, va au loin. N’entre pas à Jérusalem. Tu es malade. Ce n’est pas un mensonge de dire que tu es si malade que tu ne peux participer à la Pâque. Or il est permis par la Loi de fêter la Pâque supplémentaire quand la maladie ou quelque autre raison grave empêche de célébrer la Pâque solennelle. Profite de cette possibilité. Je prierai Lazare — c’est un ami prudent, et il ne te posera aucune question — de te conduire aujourd’hui même au-delà du Jourdain.
– Non. Je t’ai demandé de nombreuses fois de me chasser. Tu n’as pas voulu. Maintenant, c’est moi qui ne veux pas.
– Tu ne veux pas ? Tu ne veux pas être sauvé ? Tu n’as pas pitié de toi-même ? Pas pitié de ta mère ?
– Tu devrais me dire: “ Tu n’as pas pitié de moi ? ” Tu serais plus sincère.
– Judas, mon malheureux ami, ce n’est pas pour moi que je t’en prie ! C’est pour toi, pour toi ! Regarde : nous sommes seuls, toi et moi. Tu sais qui je suis, je sais qui tu es. C’est le dernier moment de grâce qui nous est encore accordé pour empêcher ta perte… Oh ! ne ricane pas ainsi sataniquement, mon ami. Ne te moque pas de moi comme si j’étais fou parce que je parle de “ ta perte ” et non de la mienne. La mienne n’est pas une perte. La tienne, si… Nous sommes seuls : toi et moi, et au-dessus de nous, il y a Dieu… Dieu ne te maudit pas encore, Dieu assiste à cette lutte suprême entre le Bien et le Mal qui se disputent ton âme. Au-dessus de nous, il y a le Ciel qui nous observe, ce Ciel qui bientôt se remplira de saints. Déjà ils tressaillent, là où ils attendent, parce qu’ils sentent venir la joie… Judas, parmi eux, il y a ton père…
– C’était un pécheur. Il n’y est pas.
– C’était un pécheur, mais pas un damné. La joie s’approche donc pour lui aussi. Pourquoi veux-tu mêler sa joie de douleur ?
– Il ne connaît plus la douleur. Il est mort.
– Non. Il souffre de te voir coupable, toi… oh ! ne m’arrache pas ce mot !…
– Mais si ! Mais si ! Prononce-le donc ! Je me le répète depuis des mois ! Je suis damné, je le sais. On ne peut plus rien y changer.
– Tout est possible, au contraire ! Judas, je pleure. Veux-tu être la cause des dernières larmes de l’Homme ?… Judas, je t’en prie ! Réfléchis, mon ami : le Ciel acquiesce à ma prière, et toi, et toi… Me laisseras-tu prier en vain ? Pense à celui qui est devant toi, en prière : c’est le Messie d’Israël, le Fils du Père… Judas, écoute-moi !… Arrête-toi, tant que tu le peux ! …
– Non ! »
Jésus se couvre le visage de ses mains et se laisse tomber au bord du pré. Il pleure sans bruit, mais il pleure longuement. Je vois que ses épaules ont des soubresauts.
Judas le regarde, là, à ses pieds, brisé, en larmes, tout cela provoqué par désir de le sauver… et il a un moment de pitié. Il dit, en abandonnant le ton dur, de vrai démon, qu’il prenait :
« Je ne peux pas partir… J’ai donné ma parole… »
Jésus lève un visage bouleversé pour l’interrompre :
« A qui ? A qui ? A de pauvres hommes ! Et tu te soucies d’eux, tu crains de leur paraître déshonoré ? Mais ne t’étais-tu pas donné toi-même à moi depuis trois ans ? Et tu penses aux commentaires d’une poignée de malfaiteurs et non au jugement de Dieu ? Oh ! mais que dois-je faire, Père, pour ressusciter en lui la volonté de ne pas pécher ? »
Il baisse de nouveau la tête, découragé, déchiré… Il ressemble déjà au Jésus souffrant de l’agonie de Gethsémani.
Par pitié, Judas lui dit :
« Je reste. Ne souffre pas ainsi ! Je reste… Aide-moi à rester ! Défends-moi !
– Je le ferai toujours, pourvu que tu le veuilles. Viens. Il n’est pas de faute à laquelle je ne compatisse et que je ne pardonne. Dis : “ Je le veux ! ” Et je t’aurai racheté… »
Se relevant, il le prend dans les bras. Mais si les larmes de Jésus-Dieu tombent dans les cheveux de Judas, la bouche de Judas reste fermée. Il ne prononce pas la parole demandée. Il ne demande même pas “ pardon ” quand Jésus murmure dans ses cheveux :
« Vois comme je t’aime ! J’aurais dû te faire des reproches, or je t’embrasse ! J’aurais le droit de te dire : “ Demande pardon à ton Dieu ”, or j’attends seulement de toi le désir de pardon. Tu es si malade ! On ne peut exiger beaucoup d’un grand malade. A tous les pécheurs qui sont venus me trouver, j’ai demandé le repentir absolu pour pouvoir leur pardonner. Mais toi, mon ami, il me suffit que tu aies le simple désir de te repentir, et puis… c’est moi qui agirai. »
Judas garde le silence…
Jésus le laisse aller. Il propose :
« Reste au moins ici jusqu’au lendemain du sabbat.
– Je vais rester… Rentrons à la maison. On va remarquer notre absence. Peut-être les femmes t’attendent-elles. Elles sont meilleures que moi, et tu ne dois pas les négliger à cause de moi.
– Tu ne te rappelles pas la parabole de la brebis perdue ? C’est toi qu’elle concerne. Les femmes disciples sont les bonnes brebis enfermées au bercail. Elles ne sont pas en danger, même si je pars à la recherche de ton âme toute la journée pour la ramener à la bergerie…
– Mais oui ! Mais oui ! Voilà ! Je reviens au bercail ! Et je vais m’enfermer dans la bibliothèque de Lazare, pour lire. Je ne veux pas qu’on me dérange. Je ne veux rien voir, rien savoir. Ainsi… tu ne me soupçonneras pas toujours. Et si le Sanhédrin venait à apprendre la moindre information, tu devras chercher les vipères parmi tes préférés. Adieu ! Je rentre par la grille principale. Ne crains rien. Je ne m’enfuis pas. Tu peux venir le vérifier quand tu veux. »
Et, tournant le dos, il s’en va à grands pas.
Jésus, dont la grande stature blanche en vêtement de lin contraste sur le pré vert et rouge, hausse les bras, tourne un visage attristé vers le ciel serein, et élève son âme vers son Père, en gémissant :
« Oh ! mon Père ! Pourras-tu m’accuser de ne pas avoir tout fait pour le sauver ? Tu sais que c’est pour son âme, et non pour ma vie, que je lutte pour empêcher son crime… Père ! mon Père ! Je t’en supplie ! Hâte l’heure des ténèbres, l’heure du sacrifice, car il m’est trop atroce de vivre auprès de cet ami qui ne veut pas être racheté… C’est ma plus grande douleur ! »
A ces mots, il s’assied dans le trèfle dru, déjà haut, très beau. Il incline la tête sur ses genoux relevés et enserrés de ses bras, et il pleure…
Ah ! je ne supporte pas la vue de ces larmes ! Elles rappellent déjà trop celles de Gethsémani par ce qu’elles manifestent de désolation, de solitude, de conviction que le Ciel ne fera rien pour le consoler, et qu’il lui faudra subir cette douleur. Et cela me fait trop mal…
Jésus pleure longuement. L’endroit est tellement solitaire, silencieux, que les seuls témoins sont les abeilles d’or, le trèfle odorant qui ondule lentement sous le souffle du vent d’orage, et les nuages qui, au début de la matinée, formaient comme un léger filet sur le ciel bleu et qui maintenant se sont épaissis, obscurcis, amoncelés, annonçant qu’il va pleuvoir de nouveau.
Jésus arrête de pleurer. Il lève la tête pour écouter… Un bruit de roues et de grelots arrive de la route principale, puis le bruit des roues cesse, mais pas celui des grelots. Jésus dit :
« Allons ! Les femmes disciples… Elles sont fidèles… Mon Père, qu’il soit fait selon ta volonté ! Je t’offre le sacrifice de ce désir de Sauveur et d’Ami. C’est écrit ! Judas l’aura voulu. C’est vrai. Laisse-moi pourtant continuer mon travail pour lui jusqu’à ce que tout soit fini. Et je te dis dès maintenant : Père, quand je prierai pour les pécheurs, en victime désormais impuissante d’accomplir toute action directe, prends ma souffrance et ma force pour l’âme de Judas. Je sais que je te fais une demande que la justice ne peut accorder. Mais c’est de toi que sont venus la miséricorde et l’amour, et tu les aimes, eux qui viennent de toi et qui ne font qu’un avec toi, Dieu un et trine, saint et béni. Je me donnerai moi-même à mes bien-aimés en nourriture et en boisson. Père, mon sang et ma chair devraient-ils être condamnation pour l’un d’eux ? Père, aide-moi ! Qu’un germe de repentir naisse dans ce cœur ! // Père, pourquoi t’éloignes-tu ? Tu t’éloignes déjà de ton Verbe qui prie ? L’heure est venue, je le sais. Que soit faite ta volonté bénie ! Mais laisse à ton Fils, à ton Christ, en qui par un impénétrable décret la vision assurée de l’avenir diminue dès maintenant — et je ne te dis pas que de ta part c’est cruauté, mais pitié pour moi —, laisse-moi l’espoir de le sauver encore. // Oh ! mon Père. Je le sais, je l’ai su depuis que j’existe. Je l’ai su depuis que je suis venu ici sur la terre, non seulement Verbe, mais homme aussi. Je l’ai su depuis que j’ai rencontré Judas au Temple… Je l’ai toujours su… Mais maintenant… Ô Père très saint, montre ta grande pitié ! J’ai l’impression d’assister à un horrible rêve suscité par son comportement, mais qui n’est pas inéluctable… Je pense pouvoir encore espérer, toujours espérer, car infinie est ma souffrance, et infini sera le sacrifice, je pense pouvoir agir de quelque manière en sa faveur… // Ah ! je délire ! C’est l’homme qui veut avoir cet espoir ! Le Dieu qui est en l’homme, le Dieu fait homme, ne peut se faire d’illusions ! // Voilà que se dissipent les nuées légères qui m’ont caché un instant l’abîme, l’abîme déjà ouvert pour s’emparer de celui qui a préféré les ténèbres à la lumière… Pitié quand tu me le caches ! Pitié quand tu me le montres, maintenant que tu m’as réconforté. Oui, Père, même cela ! Tout ! Et je serai miséricorde jusqu’à la fin, car telle est mon essence. »

( en rouge : la citation de DGC )

Il prie encore en silence, les bras en croix, et son visage tourmenté s’apaise de plus en plus en prenant un aspect de paix auguste. Il devient presque lumineux, d’une lumière de joie intérieure, bien qu’aucun sourire ne se forme sur ses lèvres serrées. C’est la joie de son esprit, en communion avec le Père, qui transparaît en dépit des voiles de la chair et efface les marques creusées par la douleur sur le visage amaigri et spiritualisé, qui est venu de plus en plus au Maître à mesure que celui-ci a été pris par la souffrance et qu’il s’est approché du sacrifice. Les traits du Christ dans les derniers temps de sa vie mortelle ne sont plus ceux d’un visage de la terre, et aucun artiste ne serait capable de reproduire, même si le Rédempteur se montrait à lui, ce visage d’Homme-Dieu sculpté avec une beauté surnaturelle par le ciseau de la souffrance et de l’amour parfaits.

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---> Souvenons-nous du commentaire que faisait DGC de ce passage : "Cet éloignement ou séparation du Verbe d’avec le Père se traduit en termes existentiels dramatiques dans la prière de « Jésus » au Père pour Judas." Est-ce que l’auteur lit réellement l'œuvre telle qu'elle est, ou bien en extirpe-t-il des petits bouts pour mieux la caricaturer ? Le Christ n'est-Il pas en effet ici consolé de sa souffrance par son union hypostatique avec son Père ? Restons-nous donc scotché dans le drame, comme DGC le sous-entend ?

---> Quoi que les Évangiles ne le mentionnent pas, mais comme on peut le lire ici, Jésus a forcément prié son Père de tout son cœur pour le salut de Judas, sinon Il n’aurait pas mérité complètement son titre de Sauveur, ni celui de Bon Berger partant à la recherche de la brebis perdue ; et par conséquent, le Père n’exhaussa pas sa prière : c’est une évidence qu’il n’est pas besoin de justifier, car l’Évangile nous certifie la damnation de Judas.

---> Si donc la prière suppliante du Christ ne fut pas exhaussée, Il dut en souffrir atrocement, comme à chaque fois que le Bon Berger perd une seule âme, qui plus est, l’une de ses plus proches amis ;

---> Et d’autre part, que son Père ne l’exhausse pas malgré l’intensité inouïe de sa supplication montre à l’évidence un éloignement de Ce Dernier, car on s’éloigne de celui que l’on ne veut pas entendre, alors qu’on est proche de celui auquel on accorde toutes les demandes.

La conclusion est évidente :

1---> l’objection de DGC est théologiquement fausse, et se base sur un refus plus ou moins volontaire de sa part d’écouter ce que dit l’Évangile et de le prendre en compte. Car la demande du Christ est tout à fait semblable au Gethsémani : c’est celle d’éloigner de lui la coupe amère d’une mystérieuse souffrance, qui lui semble impossible à supporter ; bien sûr, il s’agit de toutes celles de sa Passion, mais en tout particulier cependant cette horrible damnation de Judas qui martyrise plus que tout le pauvre Cœur déchiré du Serviteur Souffrant.

2---> Si donc le Père avait été proche du Christ lors de son agonie et lors des derniers instants de sa crucifixion, Celui-ci en aurait eu une consolation dans son Humanité martyre : mais de consolation, il ne devait pas être question pour Lui, afin qu’Il soit réellement anéanti par une Douleur incommensurable, souffrant comme s’Il était coupable devant Dieu.

3---> Car tel est bien le mystère sur lequel DGC trébuche en le rejetant : le Christ, ayant souffert devant les hommes comme s’Il était un criminel, ne souffrit pas davantage devant son Père comme s’Il était un juste ! Car dans son humilité incompréhensible, Il voulut souffrir sous le Regard de son Père comme si c’était à ses Yeux vraiment Lui le coupable, digne de subir tous les châtiments ( Isaïe 53 )… et ainsi, Il accepta de subir à notre place la très juste colère de son Père et son éloignement, « Lui qui Le fit devenir péché pour nous, alors qu’Il n’avait pas connu le péché, afin que nous devenions en Lui justice de Dieu. » ( 2 Cor 5,21 )

4---> Ce ne fut pas de la cruauté de la part du Père, mais le moyen d’accomplir la Miséricorde et la Justice envers nous, en parfait accord avec son Fils, d’avance prêt à subir cette impensable tragédie la Croix, « folie pour les païens, mais Sagesse de Dieu pour ceux qui se sauvent » ( 1 Cor 1,18 )

Le Christ accomplit donc bien les Ecritures qu'Il cite, en particulier lorsqu'Il s'écrit du haut de la croix, au paroxysme de la déréliction : "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-Tu abandonné ?". Le nier comme le fait DGC serait ni plus ni moins retirer au Paroles du Christ leur caractère de Paroles Divines.

5---> Enfin, même l’accusation de l'auteur comme quoi le Christ aurait connu selon Maria Valtorta une diminution de science, manifeste son incompréhension du Mystère : car cette diminution de science ne fut subie par Jésus que dans la seule Humanité, et ce qui Le fit le plus souffrir fut précisément de ne pas pouvoir échapper à sa Prescience divine en tant que Dieu, car elle qui lui indiquait la certitude absolue de l’accomplissement des Écritures, c’est-à-dire l’atroce réalité de la damnation finale de Judas.

On peut donc conclure que, malgré la somme de faux arguments avancés par DGC, aucune ombre d’erreur théologique ne se trouve dans l’EMV, comme d’ailleurs ses plus farouches opposants du Saint Office de l’époque avaient été forcé de le reconnaître par écrit.
apvs
3 . Or quelle est l'exégèse que fait DGC des sept Paroles du Christ ? Lisons :
(...) Par comparaison, l’enseignement traditionnel sur les sept paroles du Christ en croix met en évidence la place de Marie près du Rédempteur, mais nous le montre surtout face à son Père céleste (1ère et 7ème parole), s’unissant à tous ceux qui éprouvent subjectivement dans la souffrance l’abandon de Dieu (4ème …Plus
3 . Or quelle est l'exégèse que fait DGC des sept Paroles du Christ ? Lisons :

(...) Par comparaison, l’enseignement traditionnel sur les sept paroles du Christ en croix met en évidence la place de Marie près du Rédempteur, mais nous le montre surtout face à son Père céleste (1ère et 7ème parole), s’unissant à tous ceux qui éprouvent subjectivement dans la souffrance l’abandon de Dieu (4ème parole).

---> Oui, vous avez bien lu : pour DGC, le Christ n'accomplirait pas personnellement en toute vérité la parole du psaume 21, qu'Il cite pourtant ainsi : "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-Tu abandonné ?", puisque le Père ne l'aurait en fait jamais abandonné du tout, même pas dans son Humanité : et en parlant ainsi, Il ne ferait en fait que "s'unir à tous ceux qui éprouvent subjectivement dans la souffrance l'abandon de Dieu" ( sic ! ), c'est-à-dire qui ont une fausse perception de leur état.

---> Par conséquent : dans l'exégèse de DGC, personne n'a jamais accomplit ce que dit cette parole subjective, et donc objectivement fausse ( ! ) , puisque :
- ni ceux qui éprouvent subjectivement cet abandon ne l'accomplissent donc réellement,
- ni bien évidemment le Christ, suivant sa Parole comprise de travers comme une sorte de théorème mathématique, sans considérer les deux Natures du Christ : "Le Père et Moi, nous sommes un", ce qui voudrait dire que le Père n'aurait jamais pu s'éloigner de l'Humanité souffrante du Christ.

---> Si bien que le psaume 21 ne serait pas réellement une Parole de Vérité que le Christ aurait du accomplir, mais simplement :
- une plainte subjective, venant d'abord de ceux qui se sentiraient submergés par trop de souffrance
- ainsi qu'un voeu pieux du Christ de rejoindre autant que possible ceux qui n'accomplissent comme Lui cette Parole que d'une manière subjective, c'est-à-dire fictive.

Conclusion :

---> Le Christ n'accomplirait pas la Parole de Dieu, qui ne serait qu'un simple écho des sentiments psychologiques de ceux qui se sentent submergés par la souffrance, et auxquels le Christ voudrait simplement s'associer, sans cependant qu'il ne faille voir dans cette Parole aucune Vérité.
---> Le Christ voudrait ainsi s'associer à la fausse perception que ceux qui souffrent auraient de leur état.
---> La Parole de Dieu, telle que le psaume 21 nous la transmet, serait donc une Parole fausse.

On croit rêver, mais non : c'est bien ce que soutient dom Guillaume Chevallier sans sourciller. Rassurez-vous : personne ne se trouve obligé de renoncer à la foi catholique pour se mettre sous la tutelle d'un pareil gourou. La Parole de Dieu ne saurait en effet mentir, et le Christ non seulement l'a citée du haut de la croix, mais surtout l'a accomplie en toute vérité dans son Être Humano-Divin.
apvs
Enfin, mon petit Bernard, les bons prêtres ne trempent ni de près ni de loin dans les sophismes, dissimulations, tromperies et mensonges en tout genre qui fleurissent à chaque page de ces trois articles de dom Guillaume Chevallier. Justement car ils sont "bons", comme il vous plaît de les appeler.
Je connais personnellement l'un d'entre eux, prêt depuis longtemps à faire une conférence aux pères …Plus
Enfin, mon petit Bernard, les bons prêtres ne trempent ni de près ni de loin dans les sophismes, dissimulations, tromperies et mensonges en tout genre qui fleurissent à chaque page de ces trois articles de dom Guillaume Chevallier. Justement car ils sont "bons", comme il vous plaît de les appeler.
Je connais personnellement l'un d'entre eux, prêt depuis longtemps à faire une conférence aux pères de la communauté de saint Martin, qui le lui refusent, préférant comme vous lui faire la sourde oreille. Comme certains aspics dont parlent les psaumes.
apvs
Sa sainteté Pie XII, le bienheureux dom Allegra, Mgr Carinci de sainte mémoire, Mgr Roschini fondateur de l'institut de théologie Marianum et le plus éminent mariologue du XXe siècle pour ne citer que ces quelques noms, ne font pas parti de "la troupe delboisienne", n'en déplaise à tous les petits bernards du monde. Tous, ils ont pourtant pris fait et cause pour Maria Valtorta, contre le "Saint …Plus
Sa sainteté Pie XII, le bienheureux dom Allegra, Mgr Carinci de sainte mémoire, Mgr Roschini fondateur de l'institut de théologie Marianum et le plus éminent mariologue du XXe siècle pour ne citer que ces quelques noms, ne font pas parti de "la troupe delboisienne", n'en déplaise à tous les petits bernards du monde. Tous, ils ont pourtant pris fait et cause pour Maria Valtorta, contre le "Saint Office" qui fut destitué pour s'être attaqué à nombre de vrais mystiques, tels le padre Pio ou encore mère Yvonne-Aimee de Malestroy, avec des méthodes en tout point digne de la camora italienne.
Quand on dénonce ceux qui entrent par la bergerie en passant par le toit, mieux vaut donc avoir les yeux bien en face des trous, n'est-ce pas mon petit bernard ?
Bernard Pierre Pierre
Vous avez tellement de temps à perdre, avec cette troupe delbroisienne. Laissez les bons prêtres tranquilles, dans leurs vocations qui est celle d'enseigner et de mettre en garde contre les loups entrés dans la bergerie. Seuls ceux qui entreront par la porte (donc en notre Eglise) seront sauvés. Ceux qui y pénètrent par les fenêtres ou le toit seront perdus.
apvs
Si vous ouvrez les yeux sur la stupidité des argument des détracteurs de Maria Valtorta, alors cher monsieur, je n'aurais pas perdu mon temps. Et si la prière et la méditation vous intéresse, je ne saurais trop vous recommander la lecture de cette œuvre donnée par le Ciel, recommandée par les papes, qui y aide considérablement.
Bien à vous dans la joie Pascale : le Christ est ressuscité, Il …Plus
Si vous ouvrez les yeux sur la stupidité des argument des détracteurs de Maria Valtorta, alors cher monsieur, je n'aurais pas perdu mon temps. Et si la prière et la méditation vous intéresse, je ne saurais trop vous recommander la lecture de cette œuvre donnée par le Ciel, recommandée par les papes, qui y aide considérablement.
Bien à vous dans la joie Pascale : le Christ est ressuscité, Il est vraiment ressuscité, alléluia ! +
apvs
D'autre part, "mon petit Bernard", je vous trouve diantrement actif depuis votre inscription sur Gtv, prompt à commenter, parfois à tort et à travers, pour vous permettre ensuite de distribuer des leçons de morale dans le style "tontons flingueurs". Voyez-vous, "mon petit Bernard", ça : c'est dans "le grand blond avec une chaussure noire" ;))
Bien à vous