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9 ) L'âme de Marie fut-elle créée par Dieu avant tous les temps sans son corps, selon Maria Valtorta ? Réfutation de l'article de Guillaume Chevallier

communautesaintmartin.org/…MV-III-ASPECTS-PSYCHOLOGIQUES-DES-PERSONNAGES-.pdf

Qui est le mentor de dom Guillaume Chevallier ?

Voir aussi la réponse de F.M.Debroise à ces articles,

celle du docteur psychiatre D.Gloppe

et celle du collectif Marie de Nazareth: Réponse à Don Guillaume Chevallier : il n’y a aucune erreur doctrinale dans les écrits de Maria Valtorta

I - LA PRÉEXISTENCE DE MARIE

Après les « hors-d’œuvres » tous illusoires, DGC pense trouver ici un point déterminant qui suffirait à condamner définitivement l’EMV à lui tout seul. Problème : nous allons voir comment il va s’y prendre pour biaiser la lecture de l’œuvre, en y déposant lui-même de toute pièce les prétextes aux chefs d’accusation.

D’autres événements manifestent que « Marie » possède une
sorte de science infuse qui étonne ses parents.


Voilà bien la sorte d’erreur grossière à laquelle l’auteur essaie de nous habituer tout au long de ses articles : en effet, il ne s’agit pas chez Marie de science infuse, mais d’un réel esprit prophétique, reçu dans toutes les règles de l’art. La sainte Vierge avait des lacunes, et ne possédait des propriétés divines que de manière incomparablement moindre que le bon Dieu ( EMV 10.8 ) : c’est dire si elle ne jouissait pas de la science infuse propre au Verbe Incarné : Lui, témoigne de sa propre Sagesse dont Il est la Source, quand Marie n'est qu'un pur réceptacle de ce que Dieu met en elle à son insu.
Cela a néanmoins bien de quoi étonner ses parents Anne et Joachim, de la part de leur si jeune enfant, et on comprend facilement pourquoi, si l'on se met deux secondes à leur place.

Coupant l’herbe sous le pied de l’auteur, j’avais déjà publié ce qu'il cite partiellement de l'EMV 7.1, dans le précédent volet :

(…)
« Puis la tourterelle relève la tête et offre toutes ses fleurs à sa mère, et pour chacune elle raconte une histoire qu’elle invente.
Celle-ci, si bleue et si grande, est une étoile tombée du ciel pour apporter un baiser du Seigneur à sa maman. Qu’elle l’embrasse là, cette petite fleur céleste, sur son cœur, bien sur son cœur, et elle lui trouvera le goût de Dieu.

Cette autre, en revanche, d’un bleu plus pâle, comme les yeux de son père, porte inscrit sur ses feuilles que le Seigneur aime beaucoup son papa parce qu’il est bon.

Et celle-ci, la toute petite, la seule qu’elle ait trouvée – c’est un myosotis –, est celle que le Seigneur a créée pour dire à Marie qu’il l’aime beaucoup.

Quant à ces rouges-ci, sa mère sait-elle ce qu’elles sont ? Ce sont des morceaux du vêtement du roi David, trempés dans le sang des ennemis d’Israël et semés sur les champs de bataille et de victoire. Elles sont nées de ces pans de vêtement royal déchirés dans le combat héroïque pour le Seigneur.

Mais cette blanche-là, si gracieuse, paraît composée de sept coupes soyeuses qui regardent vers le ciel et embaument ; elle est née là, à côté de la source, et c’est son père qui l’a cueillie pour elle au milieu des épines. On la croirait faite avec le vêtement que le roi Salomon portait lorsque, le mois même où sa petite-fille était née, bien des années auparavant – ah ! combien d’années avant ! –, il marcha, revêtu de splendides atours blancs, au milieu de la foule d’Israël, devant l’Arche et la Tente ; jubilant à la vue de la nuée revenue entourer sa gloire, il chanta le cantique et la prière de sa joie.
« Je veux être toujours comme cette fleur et, comme ce roi sage, je veux chanter toute ma vie des cantiques et des prières devant la Tente, achève Marie de sa petite bouche.

– Ma joie ! Comment connais-tu ces choses saintes ? Qui te les a apprises ? Ton père ?

Non. Je ne sais pas qui c’est. J’ai l’impression de les avoir toujours sues. Mais c’est peut-être quelqu’un qui me les dit mais que je ne vois pas. Peut-être l’un des anges que Dieu envoie parler aux hommes bons. Maman, tu m’en racontes encore une ?… »
(…)

-------------------------------------

1 . Il ne s’agit donc pas ici de science infuse, qualité propre au Verbe Incarné capable de savoir toute chose grâce à sa Nature Divine, mais de souvenirs inexplicables de ce que Marie a cru entendre en son esprit, ne sachant pas elle-même d’où cela venait.

2 . Il est assez curieux que cela pose problème à un soi-disant expert, car il est bien évident qu’avant de savoir comment et d’où lui vient la Science divine, tout prophète a dû d’abord se familiariser avec son don hors du commun, tant il est vrai qu’on ne naît pas prophète, mais qu’on le devient. Marie n’a pas fait exception à la règle, sauf en ce qui concerne son extrême précocité et sa pureté virginale. Mais comme elle, sainte Jeanne d’Arc a eu des voix qui lui parlaient, et bien avant celle-ci : Isaïe, Élie, Ézéchiel et tous les prophètes de l’Ancien Testament. Marie est bien davantage prophétesse qu’eux tous réunis, puisqu’elle va jusqu’à prophétiser en elle-même l’Église du Christ resplendissante, sans tache, ni ride, ni rien de tel : sainte et immaculée, Épouse parfaite de Dieu. (Ephésiens 5,27)

3 . Marie est donc dès sa prime enfance une prophétesse qui s’ignore encore, mais que Dieu ne peut à ce point ignorer, qu’Il lui donne gracieusement ses dons de Science dès que son âme sort de ses Mains. Et comment ne pas faire le lien avec son Immaculée Conception ? Et oui, à Marie, Dieu se plait à tout donner par avance, et peu Lui importe semble-t-il, si cela choque certaines âmes tatillonnes.

4 . Marie entend donc cette Voix comme un Souffle divin au plus profond de son cœur, mais elle ne sait ni d’où Il vient ni où Il va, comme toute créature qui est renée de l’Esprit. ( Jean 3,8-21 ) La correspondance avec ce passage évangélique est frappante, et on peut être sûr que Jésus pensait d'abord à sa Mère, en prononçant ces paroles à l’intention de Nicodème. Oui, Marie était bien prêtresse, prophétesse, et reine, et pas comme nous, bien souvent seulement en parole et pas en acte… elle au contraire, elle l’était en acte et en vérité.

5 . Mais tout ceci, DGC ne pouvait pas l’ignorer, puisqu’à présent il va citer le début d’une des plus belles pages de mariologie qui soit dans l’œuvre, expliquant à merveille tout ceci. Mais, par un chef-d’œuvre d’hypocrisie de sa part, l’auteur va couper précisément ce qui pourrait nous faire pénétrer plus avant dans ce mystère marial sur sa vie prophétique, et déformer vulgairement le peu qu’il cite. Heureusement, voici le texte restitué dans son intégralité :

EMV 10.8 - Le cantique de Marie.
Elle rappelait ce que son âme avait vu en Dieu (suite et fin).


Jésus dit: « Marie se rappelait Dieu. Elle rêvait Dieu. Elle croyait rêver. Elle ne faisait que revoir tout ce que son esprit avait vu dans la splendeur du ciel de Dieu, à l’instant où elle avait été créée pour être unie à la chair conçue sur
la terre. Elle partageait avec Dieu, bien que d’une manière très inférieure,
comme la justice l’exigeait, une des propriétés de Dieu: celle de se souvenir, de voir et de prévoir par l’attribut d’une intelligence puissante et parfaite
parce qu’elle n’était pas blessée par la faute. »
// fin de la citation par DGC - suite du commentaire du Christ dans l’œuvre : « L'homme est créé à l'image et à la ressemblance de Dieu. Une des ressemblances réside dans la possibilité pour l'esprit de se souvenir, de voir et de prévoir. Ceci explique la possibilité de lire dans le futur. Cette faculté s'exerce de par le vouloir de Dieu, très souvent d'une manière directe, d'autres fois par un souvenir qui se lève comme le soleil sur une matinée, éclairant un point précis de l'horizon des siècles, déjà observé au sein de Dieu. Ce sont des mystères qui sont trop élevés pour que vous puissiez les comprendre pleinement. Mais réfléchissez.

Cette Intelligence Suprême, cette Pensée qui connaît tout, cette Vue qui voit tout, qui vous a créés d'un acte de sa volonté, et d'un souffle de son amour infini, en vous faisant ses fils par votre origine, ses fils aussi par votre destinée, peut-Elle vous donner une chose qui soit différente de Lui ? Il vous la donne en partie infinitésimale, parce que la créature ne saurait contenir le Créateur. Mais cette participation est complète et parfaite en son infinie petitesse.

Quel trésor d'intelligence Dieu n'avait-Il pas donné à l'homme, à Adam ! La faute l'a amoindri, mais mon Sacrifice le rétablit et ouvre les splendeurs de l'Intelligence, ses fleuves, sa science. Oh ! sublimité de l'esprit humain uni par la Grâce à Dieu, partageant avec Lui sa capacité de connaissance !... De l'esprit humain uni par la Grâce à Dieu.

Il n'existe pas d'autre mode de connaissance. Qu'ils le rappellent ceux qui recherchent curieusement des secrets qui dépassent les capacités humaines. Toute connaissance de ce genre qui ne vient pas d'une âme en état de grâce - et elle n'est pas en grâce une âme qui s'oppose à la Loi de Dieu dont les ordres sont bien clairs - ne peut venir que de Satan. Il est difficile qu'elle corresponde à la vérité dans la mesure où elle se réfère aux arguments humains et n'y correspondent jamais dans la mesure où elle se réfère au supra humain, parce que le Démon est le père du mensonge et il entraîne avec lui sur le sentier du mensonge. Il n'y a aucune autre méthode pour connaître le vrai, que celle qui vient de Dieu. Il nous parle et dit ou rappelle à notre mémoire, comme un père rappelle à son fils un souvenir qui a trait à la maison paternelle et nous dit : "Te rappelles-tu quand avec moi tu as fait telle chose, tu as vu ceci, entendu cela ? Te rappelles-tu quand tu as reçu mon baiser à ton départ ? Te rappelles-tu quand tu as vu pour la première fois le soleil éclatant de mon visage sur ton âme vierge sitôt créée et encore pure, parce qu'à peine sortie de Moi, de la souillure qui t'a ensuite amoindri ? Te souviens-tu quand tu as compris dans un battement d'amour de ton cœur, ce que c'est que l'Amour ? Quel est le mystère de notre Être et Procéder ?" Et là, où la capacité limitée de l'homme en état de grâce ne peut parvenir, voilà l'Esprit de Science qui parle et instruit.

Mais pour posséder l'Esprit, il faut la Grâce. Mais, pour posséder la Vérité et la Science, il faut la Grâce. Pour avoir avec soi le Père, il faut la Grâce. C'est la Tente où les Trois Personnes établissent leur demeure, le Propitiatoire sur lequel se pose l'Éternel et parle, non pas de l'intérieur d'une nuée, mais en dévoilant sa Face à son fils fidèle.

Les saints se ressouviennent de Dieu, des paroles entendues dans la Pensée Créatrice, et que la Bonté fait ressusciter en leurs cœurs, pour les élever comme des aigles, dans la contemplation du Vrai, dans la connaissance du Temps.

Marie était la Pleine de Grâce. Toute la Grâce Une et Trine était en Elle. Toute la Grâce Une et Trine la préparait comme Épouse aux Noces, comme Lit Nuptial pour sa Descendance, comme Divine pour sa Maternité et à sa mission. C'est Elle qui ferme le cycle des Prophétesses de l'Ancien Testament, et ouvre celui des "porte-parole de Dieu" dans le Nouveau Testament.

Arche véritable de la Parole de Dieu, en regardant en son sein, éternellement inviolé, Elle découvrait, tracées par le Doigt de Dieu sur son cœur immaculé, les paroles de la Science éternelle et se souvenait, comme tous les saints, de les avoir entendues lorsqu'Elle avait été engendrée avec son esprit immortel par Dieu, Père Créateur de tout ce qui a la vie. Et si Elle ne se rappelait pas tout de sa future mission, c'était pour cette raison qu'en toute perfection humaine Dieu laisse des lacunes, dues à une divine prudence qui est bonté pour sa créature en lui fournissant des occasions de mérites. Seconde Ève, Marie a dû conquérir sa part de mérite pour être la Mère du Christ par sa fidèle, bonne volonté, que Dieu a voulue même de la part de son Christ pour en faire un Rédempteur.

L'esprit de Marie était au Ciel. Son état moral et sa chair sur la terre, et il lui fallait fouler aux pieds la terre et la chair pour rejoindre l'esprit et l'unir à l'Esprit dans un embrassement fécond. »

Note personnelle. Toute la journée d'hier, j'avais pensé voir l'annonce de la mort des parents et, je ne sais pourquoi, donnée par Zacharie. De la même façon, je pensais, à ma manière, comment Jésus traiterait le point du "souvenir de Dieu de la part des saints". Ce matin, quand la vision a commencé, je me suis dit : "Voilà, maintenant on va dire que (Marie) est orpheline" et j'en avais déjà le cœur serré... C'était la même tristesse de ces jours derniers que j'avais éprouvée et perçue. Au contraire, la vision n'était rien de ce que j'avais pensé voir et entendre, pas même avec une simple allusion.

Cela me console parce que je me dis que de mon propre fond il n'y a rien à attendre pas même une simple prévision sur un point donné. Tout, exactement tout vient d'une autre source. Ma peur continuelle cesse... jusqu'à la prochaine fois. En effet, elle ne cessera jamais de m'accompagner, cette crainte de me tromper et de tromper les autres.

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---> Ce qui est rappelé ici par le Christ est facilement vérifiable, puisque la Tradition foisonne des écrits des saints ayant des révélations humainement parlant inexplicables sur le Christ, sur ses divines Volontés, sur son Amour et la voie pour y correspondre, ou bien sur la Genèse de l’humanité, sur Adam et Ève avant et après la faute, sur nos fins dernières que sont le Ciel, le Purgatoire et l’Enfer, ou encore sur l’avenir temporel du monde et de l’Église. Il serait fastidieux de citer des exemples pour chaque cas : chacun pourra penser plutôt à sainte Marguerite-Marie Alacoque, ou à saint Séraphim de Sarov, ou à la petite Thérèse de Lisieux, ou à sainte Catherine de Gène, sainte Hildegarde de Bingen, etc…

---> Tous ces saints étaient donc dans l’état de grâce leur permettant de participer d’une manière infinitésimale à la connaissance de la Science divine. Or : qui était Marie ? La Comblée de grâces. Il n’y a donc pas à s’étonner qu’elle ait surpassé tous les saints au-delà du concevable, et cependant sans égaler Dieu même de très loin.

DGC : Ce dernier passage surprend ( DGC ): la connaissance surhumaine de Marie ne lui vient pas seulement du charisme particulier de science que la fin du texte énonce, mais d’un charisme qui consiste en une remémoration de choses vues au moment de sa création, comme âme séparée, destinée à être « unie à une chair ».

Bien loin de s’émerveiller de cette sublime page de mariologie, l’auteur veut y trouver une faille pour la démolir, et il croit y parvenir en y lisant ceci :
« Elle ne faisait que revoir tout ce que son esprit avait vu dans la splendeur du ciel de Dieu, à l’instant où elle avait été créée pour être unie à la chair conçue sur la terre. »

C'est bien pourtant ici l'expression claire et précise que son âme ne préexistait pas de toute éternité à son corps, selon Jésus dans l’EMV, comme DGC va en créer plus loin la polémique.

DGC : L’expression employée, typique d’une doctrine néo-platoniste refusée par l’Église, désigne bien une création antérieure à la conception biologique et non concomitante à elle, dans un état de connaissance supérieure.

1 . DGC est prêt à tous les amalgames, à tous les sophismes, et se juge capable de disséquer les modalités divines de la création de l’âme, ce qui est extraordinairement prétentieux de sa part. D’autre part, s’il est vrai que les néoplatoniciens soutenaient que Dieu était « supra-rationnel » et ne pouvait donc être atteint que par l’extase – ce qu’ils recherchaient activement – l’auteur semble en conclure ici que toute expérience mystique de l’âme, et tout particulièrement celle de l’âme de Marie au moment de sa création, est forcément une recherche d’extase de type néoplatonicienne. Mais rien n’est plus faux, et c’est la Genèse qui le dément formellement dès son premier chapitre :
En effet, personne ne fut plus familiers de Dieu qu’Adam et Ève au jardin d'Eden avant la chute, d’après saint Séraphim de Sarov dans ses entretiens spirituels inspirés, et plus encore, d’après le récit de la Création dans la Genèse, Dieu commençant à parler aux hommes dès leurs premiers instants (Gn 1,28 , 2,16), et rythmant leur existence par d’incessantes visions et dialogues avec Lui, venant les voir en se promenant avec eux dans le jardin d’Éden à la brise du jour ( Genèse 3,8 ), toujours également d’après saint Séraphim de Sarov. Ainsi, penser que Dieu se soit manifesté directement à leur âme dès sa création, même de manière extrêmement fulgurante et partielle, n’a rien d’une opinion hérétique rejetée par l’Église.

2 . Ces manifestations divines décrites dans la Genèse ne constituaient en aucune façon pour nos premiers parents des extases néoplatoniciennes, puisque c’était un pur Don de Dieu reçu dans l’obéissance, non recherché. Et de même : que l’âme puisse avoir un court instant de vision de Dieu à l’instant même de sa création par Lui, n’a strictement rien à voir avec du néoplatonisme, pour les mêmes raisons : l’âme en effet ne peut alors rechercher d’elle-même cette vision, mais ne fait que la subir, dans une obéissance et une mesure particulière à chaque âme, puisque seule celle de Marie fut créée déjà rachetée de la faute originelle, donc en pleine capacité de profiter pleinement de ce court instant de connaissance de Dieu. Elle seule fut également capable de s’en souvenir, alors que l’âme pécheresse blessée est incapable de retenir la grâce reçue.

3 . Et puisque nos premiers parents, eux-aussi parfaits en leur âme au moment de sa création, quoi qu’elle ne fut pas rachetée d’avance, vécurent une vie pleinement unitive avec Dieu, sans discontinuité jusqu’à leur chute, alors il est normal que cette vie unitive ait commencée pour eux dès que leur âme sortit des mains de Dieu, et que cela ait entraîné pour eux l’acquisition d’une science initiale que seuls peut-être de très grands saints de l’Église catholique purent eux aussi recevoir. Marie a donc connu la même grâce de "primo-connaissance" qu’Adam et Ève, et peut-être même une plus grande, mais sans en déchoir ensuite comme eux.

4 .
Se posant en très curieux « expert du temps », DGC conclut de cette citation de l’EMV qu’au lieu d'un simple éclair, une éternité séparerait au contraire les deux évènements que sont d’une part la création de l’âme de Marie, et d’autre part l’union de celle-ci avec son corps de chair. Or rien n’est plus contraire à ce que le texte original suggère pourtant de manière évidente : c’est seulement un lapin qu’il fait sortir soudainement de son chapeau, on ne sait trop comment.

5 . Et maintenant qu’il l’en a fait sortir, il va falloir que l'auteur se confronte avec ce que dit saint Thomas d’Aquin sur la création de l’âme et son union avec le corps : en effet, pour ce grand saint, Docteur angélique de l’Église, l’âme n’est pas créée par Dieu et unie au corps dès le premier instant de la vie de l’œuf – qui est cependant pleinement un être humain en devenir dès ce moment, et qu’il est donc criminel de tuer – mais elle n’est créée et unie à lui que quelques semaines après la fécondation. Et l’EMV est d’accord avec lui sur ce point.

6 . De ce qui précède, nous en concluons que le corps humain, vivant tabernacle de l’âme, existe quelques temps en autonomie avant de devenir pleinement une personne humaine par son union avec l’âme. C’est d’ailleurs très facilement concevable, puisque :
- Le corps et l’âme ne sont pas de même substance, et donc leur union est avant tout un authentique miracle de Dieu, plus que quelque chose de foncièrement naturel,
- Le corps et l’âme connaîtront une seconde séparation provisoire, après la mort corporelle : il n’y a donc rien de particulièrement étonnant à ce qu’ils traversent également une très courte existence autonome avant leur union, en l’espace d’un éclair.

7 . Et donc : que l’âme puisse être créée dans l’état d’avoir une courte et fulgurante vision de Dieu au moment de sa création, juste avant d’être unie avec le corps, ne pose aucun problème ni pour l’intelligence, ni pour la foi, et est à mille lieu d’être une vision néoplatonicienne de l’existence humaine. D’autant plus que l’âme, sortant directement des mains de Dieu sans aucune intervention des parents, et étant purement spirituelle tout comme Dieu son Créateur, il est logique qu’elle puisse avoir un court instant privilégié avec Lui, qui soit pour elle le rappel de sa destinée céleste. D'autant plus que, personne n’étant en mesure d’assister à sa création, notre connaissance exacte de ce sujet dépend étroitement de ce que Dieu veut bien nous en révéler, comme ici dans l’EMV, où encore une fois il ne se trouve aucune contradiction avec la foi catholique.

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---> Partager avec Dieu comme Marie - quoi que de manière très inférieure - une de ses propriétés divines de se souvenir, de voir et de prévoir par l’attribut d’une intelligence puissante et parfaite, parce qu’elle n’était pas blessée par la faute, c’est donc le propre des très grands saints, et ceci dès le premier instant de leur âme, et n’a rien à voir avec le néoplatonisme dont le propre est de rechercher des extases en modifiant son état de conscience pour atteindre le « supra rationnel » de façon illusoire.

---> Cet état privilégier de l’âme qui apprend à connaître Dieu dès avant la vie consciente n’est pas l'exclusivité de Marie : nous voyons par exemple saint Jean Baptiste illuminé lui-aussi extrêmement tôt en son intelligence, puisque le baptême dans l’Esprit-Saint dès le sein de sa mère Élisabeth lui permit de reconnaître le Christ venant vers Lui, caché dans le sein de Marie ( Luc 1,44 ). Et si l’on en croit les révélations faites à soeur Maria Cécilia Baij, il en fut de même pour saint Joseph.

---> Marie est bien humaine, mais dès sa conception immaculée, elle est cependant la Reine des Anges : et autrement, on voit mal comment l'archange saint Gabriel serait venu se prosterner humblement devant elle, en l’honorant du titre de « Comblée de grâce », ce qui en grec ( « kékaritoméné » ) a la signification : « depuis toujours, jusqu’à toujours ». Comment l’âme de la Reine des saints Anges du Ciel aurait-elle pu ne pas être éveillée à la connaissance de Dieu dès son premier instant, par une vision privilégiée qui la fit également la Reine des prophètes ? L’inverse serait tout bonnement inconcevable, et cela justifie pleinement ce que dit ici l'EMV.

Cette mémoire d’une expérience antécédente à la vie consciente est
confirmée par le passage suivant, qui ajoute une nouveauté : « l’esprit de Marie » pendant le temps de sa vie terrestre « était au ciel », comme un parallèle du Verbe subsistant auprès du Père et recevant de lui la vision béatifique.


1 . « Être au Ciel par l’esprit» est donc bien pour DGC le propre du Christ vivant auprès du Père, et non aussi celui du chrétien aimant Dieu de tout son cœur, de toutes ses forces, de toute son âme et de tout son esprit.

C’est vraiment très bien qu’il publie ainsi une telle analyse, car elle nous permet de mieux comprendre la cause de tous ses problèmes avec l’EMV : l’auteur est en contradiction avec l’enseignement biblique, ou bien il ne le connaît tout simplement pas, ce qui est plus que curieux de la part d'un prêtre, qui plus est d'un enseignant.
« Vous êtes morts, et votre vie est désormais cachée avec le Christ, en Dieu » (Colossiens 3,3), déclare saint Paul à tous ceux qui sont renés du baptême en Christ, leur enjoignant de « rechercher les choses d'en-haut, non celles de la terre » ; ce que DGC conteste, car pour lui : si notre vie est « désormais cachée avec le Christ, en Dieu » - c’est-à-dire au ciel - , cela voudrait forcément dire que les baptisés partageraient avec le Christ la vision béatifique, ce qui serait impossible. CQFD : saint Paul dit là quelque-chose d’impossible et de faux. Enfin : uniquement selon l’auteur illusionniste, bien évidemment.

Quant à nous : nous croyons aux Saintes Écritures, qui sont là Parole de Dieu.

2 . Pour tenir de tels propos, DGC a dû également oublier d’étudier ce que disent de Marie les gardiens de la vraie foi catholique que sont les papes, et tout particulièrement le vénérable Pie XII, le 1° novembre 1950, qui l'explique en définissant solennellement le dogme de l'assomption de la très sainte Vierge Marie en ces termes :

«C'est pourquoi l'auguste Mère de Dieu, unie de toute éternité à Jésus Christ, d'une manière mystérieuse, par "un même et unique décret" de prédestination, immaculée dans sa conception, Vierge très pure dans sa divine maternité, généreuse associée du Divin Rédempteur qui remporta un complet triomphe du péché et de ses suites, a enfin obtenu comme suprême couronnement de ses privilèges d'être gardée intacte de la corruption du sépulcre, en sorte que, comme son Fils, déjà auparavant, après sa victoire sur la mort, elle fut élevée dans son corps et dans son âme, à la gloire suprême du ciel où reine, elle resplendirait à la droite de son Fils, Roi immortel des siècles» (const. Ap. Munificentissimus deus, aas, 42 (1950), 768-769)

3 . Il a dû enfin oublier d’étudier les écrits mystiques catholiques, et il n’y a pourtant qu’à lire ceux de la petite Thérèse de Lisieux, pour y découvrir que la sainte a bien eu conscience de commencer dès ici-bas « son ciel », sa vie avec Dieu, selon la parole de saint Paul. Et en toute logique, il faudrait en conclure que DGC condamne aussi sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, pour avoir été l’épouse de Dieu dès cette terre :

« … Vous pourrez dire de moi : « Ce n’est pas en ce monde qu’elle vivait, mais au ciel, là où est son trésor » » ( Derniers entretiens, 12 août, 6 )

« Après tout, cela m’est bien égal de vivre ou de mourir. Je ne vois pas bien ce que j’aurai de plus après la mort que je n’aie déjà en cette vie. Je verrai le Bon Dieu, c’est vrai ! mais pour être avec Lui, j’y suis déjà tout à fait sur la terre. » ( Ibid. 15 mai, 7 )

« L’absence de Maman ne me faisait pas de peine le jour de ma première communion : le Ciel n’était-il pas dans mon âme, et Maman n’y avait-elle pas pris place depuis longtemps ? Ainsi en recevant la visite de Jésus, je recevais aussi celle de ma Mère chérie qui me bénissait se réjouissant de mon bonheur » (Ms A, 35rv).

« Jésus, ton ineffable image est l'astre qui guide mes pas Ah ! tu le sais, ton doux Visage est pour moi le Ciel ici-bas. » ( poème sur la Divine Face )

« Mon Frère, vous voyez que si je quitte déjà le champ de bataille, ce n’est pas avec le désir égoïste de me reposer, la pensée de la béatitude éternelle fait à peine tressaillir mon coeur, depuis longtemps la souffrance est devenue mon Ciel ici-bas et j’ai vraiment du mal à concevoir comment je pourrai m’acclimater dans un Pays où la joie règne sans aucun mélange de tristesse. Il faudra que Jésus transforme mon âme et lui donne la capacité de jouir, autrement je ne pourrai supporter les délices éternelles. » ( lettre à un prêtre missionnaire ).

-De même, qui ouvrira les « Exercices spirituels » de sainte Gertrude d’Helfta constatera par lui-même combien cette grande mystique – et tant d’autres ! - vivait avec son esprit continuellement au ciel, tout comme dans une mesure incomparablement plus grande la sainte Mère de Dieu. Et où donc pouvait être l’esprit de Celle qui était devenue l’Épouse de l’Esprit-Saint ? Dans le linge, ou dans les choux ? Peut-être faudrait-il être un peu sérieux.

« Elle se souvenait, comme tous les saints, de les avoir entendues lorsqu’elle avait été engendrée avec son esprit immortel par Dieu, Père créateur de tout ce qui a la vie. Et si elle ne se rappelait pas tout de sa future mission, c’était pour cette raison qu’en toute perfection humaine Dieu laisse des
lacunes,
( ce qui contredit bien l’accusation de DGC d’y voir une « sorte de vision béatifique » qui par principe est sans limite, sans lacune ) dues à une divine prudence qui est bonté pour sa créature en lui fournissant des occasions de mérites (…). L’esprit de Marie était au ciel. Son état moral et sa chair sur la terre, et il lui fallait fouler aux pieds la terre et la chair pour rejoindre l’esprit et l’unir à l’esprit dans un embrasement fécond. » (I, 17, 73)

DGC creuse tout seul la tombe de son propre article illusoire, en citant ce passage que nous avions déjà retranscrit dans son intégralité il y a quelques pages : EMV 10.8 - Le cantique de Marie. Elle rappelait ce que son âme avait vu en Dieu (suite et fin).

Il décrit à la perfection la prédestination de la sainte Vierge et de tous les saints, comme saint Paul en parle dans son épître aux Éphésiens :

« Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ ! Il nous a bénis et comblés des bénédictions de l’Esprit, au ciel, dans le Christ.
Il nous a choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour.
Il nous a prédestinés à être, pour lui, des fils adoptifs par Jésus, le Christ. Ainsi l’a voulu sa bonté, à la louange de gloire de sa grâce, la grâce qu’il nous donne dans le Fils bien-aimé.
En lui, par son sang, nous avons la rédemption, le pardon de nos fautes. C’est la richesse de la grâce que Dieu a fait déborder jusqu’à nous en toute sagesse et intelligence.
Il nous dévoile ainsi le mystère de sa volonté, selon que sa bonté l’avait prévu dans le Christ :
pour mener les temps à leur plénitude, récapituler toutes choses dans le Christ, celles du ciel et celles de la terre.
En lui, nous sommes devenus le domaine particulier de Dieu, nous y avons été prédestinés selon le projet de celui qui réalise tout ce qu’il a décidé : il a voulu que nous vivions à la louange de sa gloire, nous qui avons d’avance espéré dans le Christ.
En lui, vous aussi, après avoir écouté la parole de vérité, l’Évangile de votre salut, et après y avoir cru, vous avez reçu la marque de l’Esprit Saint. Et l’Esprit promis par Dieu est une première avance sur notre héritage, en vue de la rédemption que nous obtiendrons, à la louange de sa gloire. » ( Eph 1 )

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---> Plus que tout autre, la Vierge Immaculée reçut sans aucun retard les premières avances sur son céleste héritage, dès la création de son âme, ce qui n’est rien par rapport à sa prédestination qui était d’ « avant la création du monde ».

L’ineffable projet divin qui destine, de toute éternité, le Fils à se faire
Homme dans le sein d’une Vierge connue de lui est une réalité de la foi catholique. En conclure cependant qu’il se traduise par une création de l’âme de Marie antérieure à sa conception et à la création même du
monde relève de l’imagination.


1 . Ce n’est pas du tout le sujet, puisque précisément il n’est nullement question de la création de l’âme de Marie avant tous les temps dans l’EMV, mais de DGC qui, soit fait une faute de lecture, soit s’ingénie à caricaturer l’œuvre par tous les moyens possibles. Et il est pris ici en flagrant délit d’ignorance de la parole de saint Paul aux Éphésiens : pour lui en effet, il semble que Marie ne soit pour Dieu qu’un vase nécessaire à l’incarnation du Verbe, et rien de plus. Par contre, pour le Verbe parlant par la bouche de saint Paul, il en est tout autrement : en effet, ce magnifique hymne à la prédestination éternelle des élus ( Eph 1 ) est écrit par l’apôtre en tout premier lieu pour la sainte Vierge, la Reine des élus, et s’il avait été écrit uniquement pour elle seule, il n’en aurait pas moins atteint la plénitude de sa raison d’être.

2 . Car oui, dans le Christ qui s’est fait le Serviteur de tous, c’est à ses créatures élues que Dieu pense de toute éternité, et cette Pensée divine n’a rien à voir avec la nôtre qui ne peut rendre présent son objet à elle-même que d’une manière très faible, non réelle. Alors que pour Dieu : penser, c’est immédiatement se rendre présent à Lui-même l’objet de sa Pensée, avant même de l’avoir créé. C’est tellement vrai que, si la Vierge n’était pas déjà vraiment présente à l’Esprit de Dieu avant tous les temps, alors Il ne se serait pas non plus mis en peine de La prédestiner depuis toute éternité, comme l’affirme pourtant saint Paul, inspiré par l’Esprit-Saint.

La tentative de l’auteur est donc encore une fois un échec, car c’est saint Paul qui a raison à ce sujet, et non pas lui.

Le projet divin qui a présidé à la conception de Marie est exprimé dans un discours de Dieu à Marie. On serait tenté de l’interpréter en bonne part comme une prosopopée s’il ne laissait pas l’étrange impression de dépasser l’expression poétique en faisant référence à un événement historique (ou pré-historique, ou méta-historique, comme on voudra).

1 . Encore une analyse caractéristique de l’auteur, qui nous éclaire sur la vraie valeur de son article. Quant à nous, nous interprétons ce discours de Dieu à Marie dans la lumière que donne saint Paul dans sa lettre aux Éphésiens, c’est-à-dire comme la réalité pour Dieu de cette prédestination éternelle telle qu’Il la vivait Lui-même dans son Éternité, ce qui semble trop poétique à DGC pour être crédible. Mais au fond, peu nous importe, puisque DGC n’est pas devenu tout soudainement notre gourou, capable de nous faire oublier le grand Projet de Dieu qui est de sauver l’humanité dans le Christ, ce qu’Il réalise pleinement par avance en Marie, dans sa Pensée sans commencement, capable de se rendre immédiatement présent l’objet de son Amour de prédilection avant même de l’avoir créé : Marie la Toute Sainte, chef d’œuvre de toute sa création, future Mère de son Verbe coéternel.

2 . Pour prendre une comparaison avec un fait historique bien documenté, nous pourrions citer ici l'apparition de la Vierge au frère Fiacre, en 1637 à Paris, où elle lui montra l'enfant qu'elle tenait dans ses bras en lui disant : "Ce n'est pas mon divin Fils, mais le dauphin que Dieu veut donner à la France." Cet enfant était bien vivant, lors de l'apparition ! Et cependant, il n'existait pas encore, pas même seulement en son âme. On pourrait dire comme dans l'EMV qu'il "n'était qu’esprit" : il était ce qu'il était alors dans la Pensée divine. Combien plus cela est-il vrai de toute éternité pour l'âme de Marie telle que Dieu la concevait alors, sans que cela soit pour autant un "évènement historique", "pré-historique", "méta-historique", "ou "prétérino-humoristorique", comme voudra DGC.

3 . L’une des plus précieuses pages de mariologie qui existe mérite mieux que le tronçonnage qu’en livre DGC dans son article, et auquel nous reviendrons pour lui répondre : c’est pourquoi en voici d’abord l’intégralité, capable de nourrir et de plonger dans une profonde admiration tout lecteur ayant une affinité particulière avec la Vierge Immaculée :

EMV 5.7 - Sa virginité dans la pensée éternelle du Père
Jésus dit :
« Hâte-toi de te lever, ma petite amie. Je désire ardemment t’emmener avec moi dans l’azur paradisiaque de la contemplation de la virginité de Marie. Tu en sortiras l’âme aussi fraîche que si tu venais toi aussi d’être créée par le Père, telle une petite Eve qui n’a pas encore connu la chair. Tu en sortiras l’âme illuminée, parce que tu vas être plongée dans la contemplation du chef-d’œuvre de Dieu. Quand tu en sortiras, tout ton être sera débordant d’amour, car tu auras compris à quel point Dieu sait aimer. Parler de la conception de Marie, l’Immaculée, cela signifie se plonger dans l’azur, dans la lumière, dans l’amour.
Viens et lis les gloires de Marie dans le livre de l’Ancêtre :
“ Yahvé m’a créée, prémices de son œuvre, avant la création. Dès l’éternité je fus établie, dès le principe, avant l’origine de la terre. Quand les abîmes n’étaient pas, je fus enfantée, quand n’étaient pas les sources aux eaux abondantes ; avant que fussent implantées les montagnes, avant les collines, je fus enfantée ; avant qu’il eût fait la terre et la campagne et les premiers éléments du monde. Quand il affermit les cieux, j’étais là, quand il traça un cercle à la surface de l’abîme, quand il condensa les nuées d’en haut, quand se gonflèrent les sources de l’abîme, quand il assigna ses limites à la mer – et les eaux n’en franchiront pas le bord – quand il traça les fondements de la terre, j’étais à ses côtés comme le maître d’œuvre, je faisais ses délices jour après jour, m’ébattant tout le temps en sa présence, m’ébattant à la surface de la terre… ” Vous avez appliqué ces paroles à la Sagesse, mais elles parlent d’elle : la Mère toute belle, toute sainte, la Vierge Mère de la Sagesse que je suis, moi qui te parle
J’ai voulu que tu écrives le premier vers de cette hymne en tête du livre qui traite d’elle pour que l’on reconnaisse et que l’on sache la consolation et la joie de Dieu, la raison de la joie constante, parfaite et intime de ce Dieu un et trine qui vous gouverne et à qui l’homme a donné tant de motifs de tristesse, la raison pour laquelle il a perpétué la race humaine alors que, à la première épreuve, elle méritait la destruction, la raison enfin du pardon que vous avez obtenu.
Avoir Marie pour en être aimé : cela valait bien la peine de créer l’homme, de le laisser vivre, de décréter qu’il lui serait pardonné, pour avoir la Vierge toute belle, toute sainte, la Vierge immaculée, pleine d’amour, la Fille bien-aimée, la Mère très pure, l’Epouse aimante ! Dieu vous a donné et vous aurait donné encore davantage pour posséder la créature qui fait ses délices, le soleil de son cœur, la fleur de son jardin. Et il continue à vous donner beaucoup par elle, à sa demande, pour faire sa joie, car sa joie se déverse dans la joie de Dieu et l’augmente de lueurs qui font étinceler la lumière, la grande lumière du paradis ; or toute étincelle est une grâce pour l’univers, pour l’espèce humaine et pour les bienheureux qui répondent par un alléluia étincelant à chaque miracle de Dieu, suscité par le désir du Dieu trine de voir l’étincelant sourire de joie de la Vierge.
Dieu a voulu donner un roi à l’univers qu’il avait tiré du néant. Un roi qui soit le premier de nature matérielle de toutes les créatures sorties de la matière et elles-mêmes matérielles. Un roi qui, de par sa nature spirituelle, soit à peine moins qu’un Dieu, uni à la grâce comme il l’était à son premier jour, encore tout innocent. Mais l’Intelligence suprême connaît tous les événements les plus éloignés dans l’étendue des siècles et elle ne cesse de voir tout ce qui était, est et sera. Tout en contemplant le passé et en observant le présent, elle plonge son regard dans l’avenir le plus lointain et n’ignore pas quelle sera la mort du dernier homme, tout cela sans confusion ni discontinuité. Elle n’a donc jamais ignoré que le roi qu’elle avait créé pour être semi-divin à ses côtés au ciel, héritier du Père, parviendrait à son Royaume à l’âge adulte après avoir vécu dans la maison de sa mère – la terre dont il a été formé – durant son enfance de fils de l’Eternel pendant son séjour sur terre, et elle n’a pas ignoré qu’il allait commettre contre lui-même le crime de tuer en lui la grâce et le vol de se dérober au ciel.
Dans ce cas, pourquoi l’avoir créé ? Certes, beaucoup se le demandent. Auriez-vous préféré ne pas exister ? Même si ce séjour sur terre est pauvre, nu et rendu rude par votre méchanceté, ne mérite-t-il pas d’être vécu pour connaître et admirer l’infinie beauté que la main de Dieu a semée dans l’univers ?
Pour qui aurait-il formé ces astres et ces planètes qui strient la voûte du firmament à la vitesse des flèches ou se déplacent avec une lenteur apparente mais majestueuse dans leur course de bolides, vous offrant lumières et saisons ? Eternels, immuables et pourtant toujours changeants, ils vous offrent une nouvelle page à lire sur le ciel chaque soir, chaque mois, chaque année, comme s’ils voulaient vous dire : “ Oubliez votre prison, laissez de côté vos publications pleines de noirceurs, de pourriture, de saletés, de poisons, de mensonges, de blasphèmes, de corruption, et élevez-vous, ne serait-ce que du regard, vers l’infinie liberté des cieux ; faites-vous une âme d’azur en regardant tant de sérénité, faites-vous une réserve de lumière à emporter dans vos sombres cachots ; lisez la parole que nous écrivons en chantant notre chœur sidéral, plus harmonieux que la musique des orgues d’une cathédrale, la parole qu’écrit notre splendeur, la parole qu’écrit notre amour ; car celui qui nous a donné la joie d’exister nous est toujours présent, et nous l’aimons pour nous avoir donné cette existence, cet éclat, ce mouvement, cette liberté et cette beauté au milieu de cet azur tout de douceur au-delà duquel nous apercevons un azur encore plus sublime, le Paradis. Nous réalisons la seconde partie de son commandement d’amour en vous aimant, vous, notre prochain universel, et ce en vous offrant direction et lumière, chaleur et beauté. Lisez notre parole, c’est elle qui inspire notre chant, notre splendeur, notre joie : Dieu.
Pour qui aurait-il fait cet azur liquide, miroir du Ciel, chemin vers la terre, sourire des eaux, voix des flots, parole elle aussi qui, par son bruissement de soie, par ces rires d’enfants paisibles, par ces soupirs des vieillards qui se souviennent et pleurent, par ces gifles de violence, par ces chocs, par ces mugissements et grondements, ne cesse de parler et de dire : “ Dieu ” ? C’est pour vous que la mer existe, tout comme le ciel et les astres et, avec la mer, les lacs et les fleuves, les étangs et les ruisseaux, ou encore les sources pures, qui servent tous à vous porter, à vous nourrir, à vous désaltérer et à vous purifier, et qui vous servent en servant le Créateur, sans sortir de leur lit pour vous submerger comme vous le méritez.
Pour qui aurait-il formé les innombrables familles d’animaux ? Ce sont autant de fleurs qui volent en chantant, de serviteurs qui courent et travaillent pour vous, qui vous nourrissent et vous divertissent, vous, les rois de la création.
Pour qui aurait-il créé les innombrables familles de plantes et de fleurs qui ressemblent à des papillons, des joyaux ou des oiseaux immobiles, les fruits qui ont l’air de bijoux et d’écrins de joyaux, ou encore qui servent de tapis à vos pieds, d’abri pour vos têtes, de distraction, d’instrument, de joie pour l’esprit, pour les membres, la vue et l’odorat ? Pour qui aurait-il créé les minéraux dans les profondeurs du sol, les sels dissous dans les sources froides ou bouillantes, le soufre, l’iode, le brome si ce n’est pour en faire profiter une personne qui n’est pas Dieu, mais enfant de Dieu, un être unique, l’homme ?
Dieu n’avait besoin de rien, rien n’était nécessaire à sa joie. Il se suffit à lui-même. Sa contemplation fait sa béatitude, sa nourriture, sa vie et son repos. Toute la création n’a pas augmenté d’un atome son infini de joie, de beauté, de vie, de puissance. Tout cela, il l’a fait pour la créature qu’il a voulu établir roi de sa création : l’homme.
Pour voir tant d’œuvres de Dieu et par gratitude pour la puissance qu’il vous donne, cela vaut la peine de vivre. Vous devez lui être reconnaissants pour votre vie. Vous auriez dû l’être même si vous n’aviez été rachetés qu’à la fin des temps ; car, bien qu’ayant été dans les premiers et que vous soyez encore, individuellement, voleurs, orgueilleux, attirés par la luxure, homicides, Dieu vous accorde encore de jouir de la beauté de l’univers, et il vous traite comme si vous étiez bons, de bons fils à qui on enseigne et accorde tout pour leur rendre la vie plus douce et plus saine. Tout ce que vous savez de bien, vous le savez grâce aux lumières de Dieu. Tout ce que vous découvrez de bien, c’est sur les indications de Dieu. Vos autres connaissances et découvertes, qui portent le signe du mal, proviennent du Mal suprême : Satan.
L’Intelligence suprême, qui n’ignore rien, savait dès avant l’existence de l’homme qu’il allait être, de son plein gré, voleur et homicide. Et comme la Bonté éternelle ne connaît pas de limites, c’est dès avant la faute qu’elle pensa au moyen de l’effacer. Ce moyen, c’est moi. L’instrument pour faire de ce moyen un instrument efficace, c’est Marie. Et la Vierge fut créée dans la Pensée sublime de Dieu.
Tout fut créé pour moi, le Fils bien-aimé du Père. Comme Roi, j’aurais dû avoir sous mes pieds de Roi divin des tapis et des joyaux comme aucun palais n’en eut jamais, ainsi que des chants, des voix, des serviteurs et des ministres pour m’entourer comme aucun souverain n’en eut jamais, et encore des fleurs et des bijoux, tout ce qu’il y a de plus sublime, de plus grandiose, de plus gracieux, de plus délicat que l’on puisse tirer de la Pensée de Dieu.
Mais je devais être chair et pas seulement esprit : chair pour sauver la chair, chair pour la sublimer en la portant au Ciel bien des siècles avant l’heure. En effet, la chair habitée par l’esprit est le chef-d’œuvre de Dieu, et c’est pour elle que le Ciel avait été créé. Or, pour être chair, j’avais besoin d’une mère. Pour être Dieu, j’avais besoin d’un père qui soit Dieu.
Voilà pourquoi Dieu créa son Epouse et lui dit : “ Viens avec moi. A mes côtés, vois tout ce que je fais pour notre Fils. Regarde et réjouis-toi, éternelle Vierge, éternelle Enfant, et que ton sourire emplisse le Ciel, qu’il donne le ton aux anges, qu’il enseigne au Paradis l’harmonie céleste. Je te regarde, et je te vois telle que tu seras, toi la Femme immaculée qui n’es pour l’instant qu’esprit, l’esprit en qui je me complais. Je te regarde, et je donne le bleu de tes yeux à la mer et au firmament, la couleur de tes cheveux au grain saint, ta blancheur au lys et le rose de ton teint soyeux à la rose ; pour faire les perles, je copie tes petites dents, je crée les douces fraises en regardant ta bouche ; je donne les notes de ton chant au gosier du rossignol et ta plainte à la tourterelle. C’est en lisant tes futures pensées et en écoutant les battements de ton cœur que je trouve le modèle qui guide la création. Viens, ma Joie, que les mondes te servent d’amusement jusqu’à ce que tu sois lumière dansante dans ma Pensée ; voilà les mondes pour ton sourire, prends les étoiles pour couronne et les astres pour colliers, mets la lune sous tes pieds gracieux, fais-toi une écharpe des étoiles de la Voie lactée. Les étoiles et les planètes te sont destinées. Viens te réjouir à la vue des fleurs qui amuseront ton Enfant et serviront d’oreiller au Fils de ton sein. Viens assister à la création des brebis et des agneaux, des aigles et des colombes. Sois à mes côtés pendant que je fais les bassins des mers et des fleuves et que j’élève les montagnes et les recouvre de neige et de forêts, pendant que je sème les blés, les arbres et les vignes, et aussi l’olivier pour toi, ma Pacifique, et la vigne pour toi, mon Sarment qui portera la Grappe eucharistique. Accours, vole, jubile, ma toute-belle ; toi qui es la Femme aimante, apprends à l’univers, qui se crée d’heure en heure, à m’aimer ; Mère de mon Fils, Reine de mon paradis, Amour de ton Dieu, que ton sourire le rende plus beau. ”
A la vue de l’Erreur et dans l’admiration de celle qui est sans erreur, il lui dit encore : “ Viens à moi, toi qui effaces l’amertume de la désobéissance humaine, de la fornication des hommes avec Satan, de l’ingratitude humaine. Par toi, je prendrai ma revanche sur Satan. ”
Dieu, le Père créateur, avait créé l’homme et la femme avec une loi d’amour si parfaite que vous ne pouvez même plus en comprendre les perfections. Et vous faites erreur quand vous pensez à ce qu’aurait été l’espèce humaine si l’homme ne l’avait pas soumise à l’enseignement de Satan.
Observez les plantes : obtiennent-elles leurs fruits et leurs semences par fornication, à la suite d’une seule fécondation sur cent unions ? Non. La fleur mâle produit le pollen et celui-ci, dirigé par un ensemble de lois météoriques et magnétiques, parvient à l’ovaire de la fleur femelle. Cette dernière s’ouvre, le reçoit et produit du fruit. Elle ne se souille pas en le refusant ensuite, comme vous le faites, pour éprouver la même sensation le lendemain. Elle produit du fruit et ne fleurit plus jusqu’à la prochaine saison et, quand elle fleurit, c’est en vue de la reproduction.
Voyez les animaux, tous les animaux. Avez-vous jamais vu un mâle et une femelle aller l’un vers l’autre pour une étreinte stérile et une relation impure ? Non. De près ou de loin, en volant ou en rampant, en sautant ou en courant, ils accomplissent, le moment venu, le rite de la fécondation sans s’y soustraire en s’arrêtant à la jouissance, mais ils vont jusqu’aux conséquences sérieuses et saintes de la perpétuation de la race, qui en est l’unique but. L’homme, ce demi-dieu par son origine de grâce que je lui ai accordée en plénitude, devrait accepter dans ce seul but l’acte animal rendu nécessaire depuis que vous êtes descendus d’un degré dans l’ordre de l’animalité.
Mais vous n’agissez pas comme les plantes et les animaux. Vous avez eu Satan pour maître, vous avez voulu qu’il le soit et vous le voulez encore. Et vos actes sont dignes du maître que vous vous êtes choisi. Si vous étiez restés fidèles à Dieu, vous auriez connu la joie d’avoir des enfants saintement, sans douleur, sans vous livrer à des unions obscènes, indignes, qu’ignorent les animaux eux-mêmes, les animaux sans âme raisonnable et spirituelle.
A l’homme et à la femme pervertis par Satan, Dieu a voulu opposer l’Homme né d’une Femme sublimée par Dieu au point d’engendrer sans avoir connu d’homme : c’est une fleur qui engendre une Fleur sans avoir besoin de semence, mais sous l’effet d’un unique baiser du Soleil sur le calice inviolé du Lys, c’est-à-dire de Marie.
Voilà la revanche de Dieu !
Crache ta rage, Satan, pendant qu’elle naît. Cette petite fille t’a vaincu ! Avant même d’être le Rebelle, le Tortueux, le Corrupteur, tu étais déjà le Vaincu et elle, la Victorieuse. Mille armées rangées en ordre de bataille ne peuvent rien contre ta puissance, les armes tombent des mains des hommes contre tes écailles, ô perpétuel corrupteur, et il n’est pas de vent assez fort pour dissiper la puanteur de ton souffle. Et pourtant ce talon d’enfant, rose à en paraître l’intérieur d’un camélia rosé, si lisse et tendre que la soie paraît rugueuse en comparaison, si petit qu’il pourrait entrer dans la corolle d’une tulipe et se faire de ce satin végétal une chaussure, voilà qu’il t’écrase sans crainte et t’enferme dans ton antre. Ses vagissements suffisent à te mettre en fuite, toi qui ne crains aucune armée, et son haleine purifie le monde de ta pestilence. Tu es vaincu. Son nom, son regard, sa pureté sont autant de lances, d’éclairs et de pierres qui te transpercent, te terrassent, t’emprisonnent dans ta tanière infernale, ô Maudit qui as enlevé à Dieu la joie d’être le Père de tous les hommes créés !
Désormais, c’est en vain que tu les as corrompus, eux qui avaient été créés innocents, en les poussant à s’unir et à concevoir selon les détours de la luxure, privant ainsi Dieu, dans sa créature bien-aimée, de leur accorder des enfants selon des règles qui, si elles avaient été respectées, auraient maintenu sur la terre l’équilibre des sexes et des races capable d’éviter les guerres entre les peuples et les malheurs dans les familles.
S’ils avaient obéi, ils n’en auraient pas moins connu l’amour. Mieux, c’est seulement par leur obéissance qu’ils auraient connu l’amour ; ils l’auraient reçu par une possession pleine et tranquille de cette émanation de Dieu qui descend du surnaturel au naturel, pour que la chair en éprouve, elle aussi, une sainte joie, elle qui est unie à l’âme et créée par le même Dieu qui a créé l’âme.
Or votre amour, ô hommes, vos amours, que sont-ils ? Ils sont soit luxure qui prend les apparences de l’amour, soit peur incurable de perdre l’amour de votre conjoint à cause de sa débauche propre et de celle d’autrui. Depuis que la luxure est entrée dans le monde, vous n’avez plus aucune certitude de posséder le cœur de votre conjoint. Vous tremblez, pleurez, devenez fous de jalousie, vous allez parfois jusqu’au meurtre pour vous venger d’une trahison, ou encore vous tombez dans le désespoir, frappés d’aboulie ou de démence.
Voilà, Satan, ce que tu as fait aux enfants de Dieu. Si tu ne les avais corrompus, ils auraient connu la joie d’enfanter sans douleur, la joie d’être nés sans redouter la mort. Or te voici désormais vaincu dans une Femme et par la Femme. Dès lors, ceux qui l’aimeront retourneront à Dieu et surmonteront tes tentations pour pouvoir contempler sa pureté immaculée. Dès lors, ne pouvant enfanter sans douleur, les mères trouveront en elle un réconfort. Dès lors, les épouses auront en elle un guide et les mourants une mère, de sorte qu’il leur sera doux de mourir sur ce sein qui les protègera de toi, Maudit, et du jugement de Dieu.
Maria, ma petite voix, tu as vu la naissance du Fils de la Vierge et la naissance au Ciel de la Vierge. Tu as donc vu que les personnes sans faute ne connaissent ni la souffrance de donner le jour ni celle de mourir. Mais si la perfection des dons célestes fut réservée à la plus innocente de toutes, à la Mère de Dieu, l’enfantement sans douleur et la mort sans angoisse auraient été le lot de tous les descendants des premiers parents qui seraient restés innocents et enfants de Dieu, comme cela était juste, pour avoir su s’unir et concevoir sans luxure.
La sublime revanche de Dieu sur la vengeance de Satan fut de porter la perfection de la créature bien-aimée à une perfection plus haute encore qui, dans une créature au moins, a effacé tout souvenir d’humanité susceptible de céder au poison de Satan. C’est ainsi que le Fils vint au monde non à la suite d’une chaste union humaine, mais par une étreinte divine qui transfigure l’âme dans l’extase du Feu.
La virginité de la Vierge !
Viens. Médite sur la profondeur de cette virginité dont la contemplation donne le vertige ! Qu’est-ce que la pauvre virginité forcée de la femme qu’aucun homme n’épouse ? Moins que rien. Qu’est-ce que la virginité de la femme qui désire être vierge pour appartenir à Dieu, mais ne sait l’être que de corps et non d’âme, en qui elle laisse pénétrer bien des pensées étrangères, caresse des pensées humaines et en accepte les caresses ? Cela commence à être un soupçon de virginité, mais c’est bien peu de chose encore. Qu’est-ce que la virginité d’une femme cloîtrée qui vit de Dieu seul ? Beaucoup. Mais ce n’est toujours pas une virginité parfaite en comparaison de celle de ma Mère.
Il y a toujours une connivence, même chez les plus saints : c’est la connivence originelle de l’âme avec le péché, celle dont le baptême libère. Il en libère, certes, mais de même qu’une femme séparée de son époux par la mort ne retrouve pas sa virginité totale, le baptême ne rend pas celle de nos premiers parents avant le péché originel. Une cicatrice demeure, douloureuse, toujours prête à se rappeler à notre souvenir, telle une plaie qui se rouvre, à l’instar de certaines maladies dont les virus redeviennent périodiquement actifs. Chez la Vierge, il n’y a pas trace de connivence avec la faute dont elle se serait libérée. Son âme se révèle aussi belle et intacte que lorsque le Père la pensa, réunissant en elle toutes les grâces.
Elle est la Vierge, unique, parfaite, complète. C’est ainsi qu’elle a été pensée, engendrée, qu’elle est restée ; c’est ainsi qu’elle est couronnée et demeure éternellement. Elle est LA Vierge. Elle est le sommet de l’intangibilité, de la pureté, de la grâce la plus parfaite.
Voilà quelle est la revanche du Dieu un et trine. A l’encontre des créatures profanées, il suscite cette Etoile de perfection. Contre la curiosité malsaine, il suscite cette femme réservée qui se satisfait du seul amour de Dieu. Contre la science du mal, il suscite cette ignorante sublime. Elle n’ignore pas seulement l’amour avili, pas seulement l’amour que Dieu avait accordé aux époux. Bien plus : elle en ignore jusqu’aux élans, cet héritage du péché. Il ne se trouve en elle rien d’autre que la sagesse glacée et incandescente de l’Amour divin, ce feu qui revêt la chair d’une cuirasse de glace pour en faire un miroir transparent à l’autel où un Dieu épouse une vierge sans s’avilir, parce que sa perfection enveloppe celle qui, comme il convient à une épouse, est d’un degré seulement inférieure à l’Epoux, soumise à lui en tant que femme, mais comme lui sans tache. »
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1 . Pourquoi, alors que Dieu savait pertinemment qu’Il allait être rejeté par l’homme sa créature, avoir tout de même créé celui qui était destiné initialement par Lui à être un demi Dieu ? Parce que, si Dieu avait renoncé à créer l’homme, Il aurait dû également renoncer à créer son très pur Chef-d’œuvre : la très sainte Vierge Immaculée qu’Il aimait dès avant tous les siècles.

2 . On pourrait penser que cette volonté de Dieu de créer tout de même l’homme, seulement dans le but d’avoir ainsi la très Pure Vierge Marie, est somme toute exagérée : mais c’est méconnaître la force inexprimable de l’Amour Éternel de Dieu envers sa Créature parfaite : « À la vue de l’Erreur et dans l’admiration de celle qui est sans erreur, il lui dit encore : “ Viens à moi, toi qui effaces l’amertume de la désobéissance humaine, de la fornication des hommes avec Satan, de l’ingratitude humaine. Par toi, je prendrai ma revanche sur Satan. ” ».
« À l’homme et à la femme pervertis par Satan, Dieu a voulu opposer l’Homme né d’une Femme sublimée par Dieu au point d’engendrer sans avoir connu d’homme : c’est une fleur qui engendre une Fleur sans avoir besoin de semence, mais sous l’effet d’un unique baiser du Soleil sur le calice inviolé du Lys, c’est-à-dire de Marie.
Voilà la revanche de Dieu ! »


3 . Si donc Marie est bien la revanche que Dieu prendra sur Satan, comment dès lors s’étonner même une seconde de ce que Dieu prenne d’avance en elle toutes ses complaisances, jusqu’à la rendre vraiment présente à son Esprit depuis toujours, et jusqu’à prendre cet objet de son Amour fou pour modèle de tout ce qui sera, dans l’univers créé pour l’homme ?

Jésus dit: « pour être chair, j’avais besoin d’une Mère. Pour être Dieu,
j’avais besoin d’un Père qui fut Dieu. Voilà pourquoi Dieu créa l’épouse et lui dit: « viens avec moi. À mes côtés, vois tout ce que je fais pour notre fils. Regarde et réjouis-toi, éternelle Vierge, enfant éternelle, et que ton sourire emplisse le ciel et donne aux anges la note initiale et qu’il enseigne au paradis l’harmonie céleste. Je te regarde et je te vois telle que tu seras, O femme immaculée qui maintenant n’est qu’esprit: l’esprit en qui je me
complais. » (I, 8, 39)
( C’est-à-dire, « qui n’est encore que ce que mon Esprit divin pense d’elle, et non pas encore une réalité créée » : « Telle que tu seras ».)

“ Yahvé m’a créée, prémices de son œuvre, avant la création. Dès l’éternité je fus établie, dès le principe, avant l’origine de la terre. Quand les abîmes n’étaient pas, je fus enfantée, quand n’étaient pas les sources aux eaux abondantes ; avant que fussent implantées les montagnes, avant les collines, je fus enfantée

1 . Impossible de comprendre que ce passage de la Bible ( Proverbes 8 ) puisse bien parler de Marie si l’on refuse de changer de point de vue, ce qui est pourtant une gymnastique intellectuelle incontournable lorsqu’on lit la Parole de Dieu : car en réalité avant d'être celle qui parle, Marie est d'abord la première destinataire de cette Parole prophétique, et elle entend ici parler cette Pensée, qui est ce que Dieu voit d’elle-même depuis toujours.

2 . L’âme de Marie n’existe donc pas de toute éternité, mais seulement la Pensée de Dieu qui s’exprime ici en faisant parler Marie, qui fut en quelque sorte vivante en elle depuis toujours. Marie a donc appris à se connaître elle-même à travers cette Parole prophétique la concernant.

3 . Une objection va m’être faite ici : « C’est le Verbe qui est la Pensée du Père, et non pas Marie ! Si Marie est pour vous et l’EMV la Pensée du Père, alors vous la confondez avec le Verbe Coéternel au Père, et vous en faites donc une déesse ! »
Mais justement, Marie n’est pas la Pensée du Père, ni dans l’EMV, ni dans Proverbes 8, mais elle est seulement ce qu’elle est DANS la Pensée du Père, ce qui est totalement différent : elle y est en éternelle gestation.

C’est on ne peut mieux exprimé dans ce second passage sublime de mariologie :

EMV 348.10, Jésus parle de sa Mère à ses apôtres

« – Je vous ai parlé, il y a même peu de temps de : "l'éternelle beauté de l'âme de ma Mère". ( note : Jésus ne parle donc pas ici de "l'éternité de l'âme de sa Mère", mais seulement de "l'éternelle beauté" de celle-ci ! DGC fait pourtant la confusion. ) Je suis la Parole et par conséquent je sais employer les mots sans erreur. J'ai dit : éternelle, pas immortelle. Et ce n'est pas sans intention que je l'ai dit. Immortel est celui qui, après être né, ne meurt plus. Ainsi l'âme des justes est immortelle au Ciel, l'âme des pécheurs est immortelle dans l'Enfer, car l'âme, une fois créée, ne meurt plus qu'à la grâce. Mais l'âme vit, existe à partir du moment où Dieu la pense. C'est la Pensée de Dieu qui la crée. L'âme de ma Mère est depuis toujours pensée par Dieu. Par conséquent elle est éternelle dans sa beauté, dans laquelle Dieu a versé toute perfection pour en tirer délice et réconfort.

Il est dit dans le Livre de notre aïeul Salomon qui t'a vue à l'avance et qui est par conséquent ton prophète : "Dieu m'a possédée au commencement de ses œuvres, dès le principe, avant la Création. J'ai été établie éternellement, dès le principe, avant que fût faite la terre. Les abîmes n'existaient pas encore et moi, j'étais conçue. Les sources ne jaillissaient pas encore, les montagnes n'étaient pas encore constituées dans leur lourde masse et j'existais déjà. Avant les collines, j'ai été engendrée. Lui n'avait pas encore fait la Terre, les fleuves, ni les pôles du monde et moi, j'existais déjà. Quand Il préparait les cieux et le Ciel, moi, j'étais présente. Quand par des lois inviolables Il renferma l'abîme sous la voûte, quand Il rendit stable dans les hauteurs la voûte céleste et y suspendit les sources des eaux, quand Il fixa à la mer ses limites et donna comme loi aux eaux de ne pas dépasser leurs frontières, quand Il jetait les fondements de la Terre, j'étais avec Lui pour mettre en ordre toutes choses. Toujours dans la joie, je jouais continuellement en sa présence. Je jouais dans l'univers".

Oui, ô Mère, Dieu, l'Immense, le Sublime, le Vierge, l'Incréé, était lourd de toi et il te portait comme son très doux fardeau, se réjouissant de te sentir t'agiter en Lui, en Lui donnant les sourires dont il a fait la Création ! Toi qu'il a douloureusement enfantée pour te donner au Monde, âme très suave, née de Celui qui est Vierge pour être la "Vierge", Perfection de la Création, Lumière du Paradis, Conseil de Dieu, telle qu'en te regardant il put pardonner la Faute, car toi seule et par toi seule, tu sais aimer comme toute l'Humanité rassemblée ne sait pas aimer. En toi est le Pardon de Dieu ! En toi le Remède de Dieu, toi, caresse de l'Éternel sur la blessure que l'homme a faite à Dieu ! En toi, le Salut du monde, Mère de l'Amour Incarné et du Rédempteur qui a été accordé !

L'âme de ma Mère ! Fondu dans l'Amour avec le Père, je te regardais en mon intérieur, ô âme de ma Mère !... Et ta splendeur, ta prière, la pensée que tu me porterais, me consolait pour toujours de mon destin douloureux et des expériences inhumaines de ce qu'est le monde corrompu pour le Dieu absolument parfait. Merci, ô Mère ! Je suis venu déjà saturé de tes consolations. Je suis descendu en te sentant toi seule, ton parfum, ton chant, ton amour... Joie, ma joie ! »

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---> Lorsque Dieu parle à Marie avant les temps, Il est dans son Temps Éternel à Lui qui transcende tout. Dieu est par nature Celui qui anticipe, et Il prend d’avance en Marie sa consolation de devoir un jour être rejeté par ses créatures, pourtant tellement désirées et aimées de Lui.

DGC : Suit un récit de la création du monde, mais réalisée ici en vue de Marie, sur son modèle. La sagesse créatrice (Pr 8, 30) est habituellement interprétée par la tradition comme une figure du Logos Incréé, même s’il existe également une tradition, surtout liturgique, qui y lit une figure de Marie.

1 . Oui, il existe effectivement une tradition qui y lit une figure de Marie, et elle porte même le beau nom de « Tradition catholique », n’en déplaise à l’auteur. Proverbe 8 est de ce fait lu pratiquement à chaque fête concernant la très sainte Vierge Marie, excusez du peu : et c’est le signe indubitable que l’Église a depuis toujours fait le lien entre cette prophétie et la Mère de Dieu.

2 . DGC va immédiatement rétorquer que si c’est bien là une évocation de Marie, cela ne peut pas être également celle du Christ : car, comme nous l’avons déjà remarqué, il est lui-même coutumier d’une lecture de l’Écriture exclusive d’un seul point de vue, psychorigide, étrangère à la véritable exégèse catholique, qui nécessite au contraire une grande souplesse d’esprit car il est impossible d’épuiser en une fois le sens des Écritures, tant il est riche. En réalité, nous pouvons tenir aisément les deux points de vue, puisque comme le dit S.S. Pie XII : « l'auguste Mère de Dieu est unie de toute éternité à Jésus Christ, d'une manière mystérieuse, par "un même et unique décret" de prédestination ».

3 . La tradition catholique qui voit en Pr.8 une annonce de Marie n’est pas uniquement liturgique - quoi que cela suffirait en soi – mais étayée par les écrits de grands théologiens comme Marie d’Agreda - dans son œuvre « la cité mystique de Dieu » livre 1 chap 5 , paragraphe 52 et suivants - ou comme sainte Louise de Marillac, dont le corps intact repose dans la chapelle de la Médaille Miraculeuse, rue du Bac, près de celui de sainte Catherine Labouré. Voici la vision qu’elle a reçu à ce propos :

« La veille de la conception de la sainte Vierge ayant entendu la lecture de l’épître de ce jour, j’eus en songe la vue d’une grande obscurité en plein midi, ne paraissant que peu au commencement et suivie d’une nuit très obscure qui étonnait et effrayait tout le monde. Je sentais seulement soumission à la divine justice. Cette obscurité passée, je vis le plein jour venir, et en quelque partie de l’air fort élevée, j’y vis comme une figure de celle qui nous représente la transfiguration, qui me semblait être figure de femme. Néanmoins mon esprit fut surpris de grand étonnement qui me portait à reconnaissance vers Dieu, mais telle que mon corps en souffrait, et m’éveillant sur cela, je souffris quelque temps encore; et la représentation m’en est toujours demeurée en esprit, contre l’ordinaire de mes songes, me représentant cette première grâce en la Vierge, être le commencement de la lumière que le fils de Dieu devait apporter au monde.
En ma méditation sur le sujet de l’épître,
voyant que la sainte Église appliquait à la sainte Vierge son être devant la création du monde, mon esprit y a acquiescé, pensant que non seulement elle était de toute éternité en l’idée de Dieu par sa Prescience, mais encore préférablement à toute autre créature pour la dignité à laquelle Dieu la destinait de Mère de son fils. Il a su être voulu avant la création de toutes choses terrestres qui pouvaient être témoins du péché de nos Pères. Dieu a voulu faire un acte de sa volonté spécifiée pour la création de l’âme de la sainte Vierge, et ce pourrait aussi avoir été un acte effectif, ce que je soumets entièrement à la sainte Église, ne m’en servant que pour en honorer davantage la sainte Vierge, et lui renouveler notre dépendance, en général, de la compagnie, comme ses plus chétives filles, mais la regardant aussi comme notre très digne et unique Mère. Que soient aimés Jésus et Marie." (Écrits spirituels de louise de Marillac, éd. 1983, p. 730)

---> Il n'y a donc aucun motif valable de reléguer à une sorte de "tradition de seconde zone" la correspondance entre Proverbe 8 et la figure de Marie : il s'agit bien au contraire de ce que la Tradition catholique en dit.

Mais les expressions transposent sur Marie ici le rôle de prototype pour la création que l’on attribue ordinairement au Verbe :
« Je te regarde et donne l’azur de ton regard à la mer et au firmament, la couleur de tes cheveux au grain saint, ta blancheur au lys et ton rose à la rose, semblable à ton épiderme soyeux, les perles sont tes dents minuscules. Je fais les douces fraises en regardant ta bouche, je mets au gosier des rossignols les notes de ton chant et à la tourterelle ta plainte. En lisant tes futures pensées, en écoutant les battements de ton cœur, je possède le modèle et le guide de la
création (…) Accours, vole, jubile, ô ma belle, et l’univers, qui se crée d’heure en heure, prépare-le à m’aimer, amoureuse, et qu’il devienne plus beau par ton sourire, Mère de mon fils, reine de mon paradis, amour de ton Dieu. »
(I, 8, 39-40)


1 . Non, ce que l’on attribue au Verbe n’est pas d'abord d’avoir servi de « prototype à la création », mais c’est l’acte créateur lui-même qu'on Lui attribue, car Il est Dieu, Un avec le Père et le Saint-Esprit. C’est saint Jean qui l’affirme :
« Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu.
C’est par Lui que tout est venu à l’existence, et rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans Lui. »
( Jean 1 )

2 . Par contre, Marie est le Chef d’œuvre de toute la création divine : or le « chef d’œuvre » d’un créateur quel qu’il soit, c’est ce qu’il a réalisé qui ressemble certes à tout ce qu’il a fait d’autre, mais en beaucoup mieux, la version pleinement aboutie. Donc, c’est dans la notion même de « chef d’œuvre » que se lit la justification de ce discours du Père dans l'EMV : Il a tout créé, et comme Marie est son pur Chef d’œuvre par anticipation, Il s’inspire d’elle pour tout le reste, rien de plus normal, de plus logique.

3 . Et tout comme précédemment, vu l’union très intime de prédestination entre Jésus et Marie, on peut tenir que le Père s’inspirait aussi de son futur Verbe incarné, sans que cela introduise la moindre contradiction, sauf dans les esprits psychorigides, inaptes à comprendre ce qui touche au divin.

On est toujours tenté de comprendre ces passages sur une ligne toute métaphorique. Mais il est finalement impossible de tenir cette ligne en lisant les textes suivants. Le premier est une affirmation de « Jésus » à l’auteur, le second un récit de « Jésus » aux apôtres, le troisième une dictée de « Jésus ».

« Marie (valtorta), petite voix (de Dieu), tu as vu la naissance du Fils de la Vierge et la naissance au ciel de sa Mère. » (I, 8,42)
Texte intégral : « Maria, ma petite voix, tu as vu la naissance du Fils de la Vierge et la naissance au Ciel de la Vierge. Tu as donc vu que les personnes sans faute ne connaissent ni la souffrance de donner le jour ni celle de mourir. Mais si la perfection des dons célestes fut réservée à la plus innocente de toutes, à la Mère de Dieu, l’enfantement sans douleur et la mort sans angoisse auraient été le lot de tous les descendants des premiers parents qui seraient restés innocents et enfants de Dieu, comme cela était juste, pour avoir su s’unir et concevoir sans luxure. »

---> On comprend ici la méprise - peut-être involontaire - de DGC : par « tu as vu la naissance au ciel de la Vierge », il pense que c’est de la présente page dont il est question. Mais c’est une erreur : Maria Valtorta avait été précédemment gratifiée d’une vision sur la Naissance au Ciel de Marie, c’est-à-dire l’Assomption, ainsi que d’une autre, sur la Nativité du Christ à Bethléem, car il faut se rappeler qu’au moins un tiers de l’œuvre lui fut révélé sans ordre chronologique, par le choix souverainement sage du Christ.

---> DGC croit saisir ici la preuve d’une faille dans l’oeuvre, alors qu’il ne fait que creuser plus profondément encore la fosse de son article : il accumule les erreurs de lecture les unes après les autres.

Seconde citation de DGC.
Texte intégral de EMV 136.6, soigneusement tronquée dans l'article :
« Qui a déposé cette âme dans la chair embryonnaire qui reverdissait le vieux sein d'Anne d'Aaron, ma grand-mère ? Toi, Lévi, tu as vu l'Archange de toutes les annonciations, Tu peux dire : c'est celui-là. Car la "Force de Dieu" fut toujours le victorieux qui apporta la nouvelle de la joie aux saints et aux prophètes, l'indomptable sur lequel la plus grande force de Satan s'est brisée comme une tige de mousse desséchée, l'intelligent qui avec sa bonne et lucide intelligence a détourné les pièges de l'autre intelligent mais mal faisant en procurant avec promptitude l'exécution des ordres de Dieu. // Citation de DGC en gras : Avec un cri de joie, lui ( l’archange ) // l'Annonciateur qui déjà connaissait les chemins de la terre, parce qu'il était descendu pour parler au Prophètes, // recueillit du Feu Divin l'étincelle immaculée qui était l'âme de l'Enfant Éternelle, et l'enfermant dans un cercle de flammes angéliques, celles de son amour spirituel, il la porta sur la terre dans une maison, dans un sein. Et à partir de ce moment, le monde posséda l'Adoratrice; et Dieu, à partir de ce moment, pu regarder un point de la terre sans en éprouver de dégoût. // Et une petite créature naquit, l'Aimée de Dieu et de ses anges, la Consacrée à Dieu, saintement aimée par ses parents. »

1 . Ici, DGC ne conteste pas seulement que cela puisse être un ange qui soit ordinairement chargé par Dieu de porter l’âme à peine créée dans l’embryon humain, pour qu’elle soit unie à lui : de ce fait précis, il n’existe pourtant ni confirmation, ni infirmation dans l’enseignement catholique, et il ne pose aucun problème pour la foi.

2 . Mais l’auteur conteste surtout que ce récit puisse parler du moment de la création de l’âme de Marie, ce qui est pourtant d’une très claire évidence ; il insinue au contraire que, puisque l’archange Gabriel « recueillit du Feu Divin l'étincelle immaculée qui était l'âme de l'Enfant Éternelle, et l'enfermant dans un cercle de flammes angéliques, celles de son amour spirituel, il la porta sur la terre dans une maison, dans un sein », alors cela signifierait que dans l’EMV, cette âme existait bel et bien depuis toujours, puisque c’était celle de « l’Enfant Éternelle ».
Or cette expression, comme vu précédemment, n’a strictement rien à voir avec une quelconque préexistence de l’âme de Marie, mais au fait que Marie existait depuis toujours dans la seule Pensée du Père, comme la Prédestinée surpassant tous les autres, bien plus que le soleil surpassant les étoiles.

3 . Car voici l’objection qui nous attend ici : « Pourquoi donc, alors que tous les élus sont des prédestinés, Marie serait-elle la seule à être désignée par Dieu comme « éternelle » ? En effet, Ce Dernier ne pensait pas seulement à Marie de toute éternité, mais aussi, d’après saint Paul aux Éphésiens, à chacun des autres saints."

---> Mais voilà : si par avance Dieu savait qu’un grand nombre d’hommes et de femmes seraient rachetés par le Sang de son Fils, Il savait donc par avance aussi que tous les hommes auraient démérité gravement par leurs fautes, tous, exceptée une seule : l’Immaculée, seule vraiment digne d’une mémoire éternelle en Dieu. Et donc, la destinée glorieuse des autres élus ne commence réellement qu’au moment de leur baptême dans le temps, et reste suspendue jusqu’à leur mort à leur liberté humaine, laquelle peut jusqu’au dernier moment les précipiter vers l’enfer, malheureusement, comme en ce qui concerne Judas. Alors que Dieu put éternellement penser à Marie sans crainte qu'elle vienne à se perdre, car d’elle et d’elle seule Il pouvait être sûr et certain de la fidélité sans faille.

4 . Si l’on veut prendre une petite comparaison qui vaut ce qu’elle vaut : imaginons qu’un collectionneur de voitures possède une grande multitude de vieux tacots sans valeur, la plupart tout juste bons à la casse, mais qu’il compte bien réparer et magnifier quand il disposera du budget adéquat, et aussi, mis à part toutes ces épaves roulantes, une splendide Rolls Royce toute flambante de ses mille feux, acquise par avance à toutes les autres voitures grâce à un bel héritage personnel : on n’aura aucune difficulté à comprendre que cet homme se réjouisse de sa merveilleuse voiture si luxueuse et impeccable, comme s’il ne possédait qu’elle seule, et veuille la montrer elle seule à tous son entourage proche ou lointain, et qu’il agisse ainsi depuis toujours, car il pensait à elle bien avant de l’acquérir ; jusqu’au jour où ayant réuni le budget nécessaire, grâce au travail de son dévoué fils, pour réparer ses nombreux pauvres tacots, il se soucie également d’eux. Mais alors, chacun de ces anciennes épaves roulantes enfin réparées et flambantes elles-aussi, mais de marques et de modèles bien inférieurs à sa Rolls, seraient autant de motifs pour mettre en valeur le fleuron absolu de sa collection, sa « voiture éternelle » en quelque sorte : sa Rolls.

Bien sûr, cette comparaison a des défauts, mais c'est une image symbolique.

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La citation suivante de DGC prend comme toutes les autres des allures de supercherie, tant elle est devenue incompréhensible à force d’être tronquée :
« C’était la super-Eve, le Chef-d’œuvre du Très-Haut, c’était la Pleine de Grâce, c’était la Mère du Verbe dans la Pensée de Dieu. (…) car il ne s’agit plus d’enfant et puis de femme, mais d’une créature céleste fusionnée en la
grande Lumière et Sagesse de Dieu. » (I, 12, 55)


La voici restituée de manière intelligible :

EMV 7.7 Concernant l’extrême précocité de Marie enfant ( la citation intégrale de ce passage est dans le volet précédent )

« J'entends déjà les commentaires des maîtres de la chicane : "Comment une enfant qui n'a pas encore trois ans peut-elle parler ainsi ? C'est une exagération". On ne réfléchit pas qu'on fait de moi un phénomène en attribuant à mon enfance la conduite de l'âge adulte.
L'intelligence ne vient pas à tous de la même façon et au même âge. »
(…)
« Mais Marie n'était pas seulement la Pure, la nouvelle Ève récréée pour la joie de Dieu : c'était la Super Ève, le chef d’œuvre du Très-Haut, c'était la Pleine de Grâce, c'était la Mère du Verbe dans la pensée de Dieu.
"La source de la Sagesse, dit Jésus Bar Sirac est le Verbe". Le Fils n'aurait-il donc pas mis sur les lèvres de la Mère sa propre Sagesse ?

Si à un prophète, chargé de dire les paroles que le Verbe, la Sagesse en personne, lui inspirait de dire aux hommes, les lèvres ont été purifiées avec un charbon ardent, est-ce que l'Amour n'aurait pas donné à son Épouse encore enfant qui devait porter en elle la Parole, la précision et l'élévation du langage ? Car il ne s'agit plus d'enfant et puis de femme, mais d'une créature céleste fusionnée en la grande lumière et sagesse de Dieu.

Le miracle ne réside pas dans l'intelligence supérieure manifestée dès l'enfance par Marie, comme ensuite par Moi; le miracle est dans le fait de contenir l'Intelligence Infinie, qui y habitait, sans qu'elle frappe d'émerveillement les foules, .et sans qu'elle éveille l'attention satanique. »
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1 . Pour le don extraordinaire d’intelligence céleste fait à Marie depuis le premier instant de son existence spirituel, c’est en pleine harmonie avec les révélations faites à sœur Maria Cecilia Baij au sujet de saint Joseph, comme vu dans le précédent volet. Marie étant incomparablement élevée au-dessus de son époux, les grâces dont elle bénéficia furent par conséquent aussi incomparablement plus grandes.

2 . Marie étant devenu à ce point prophétesse de Dieu et Reine des prophètes par les révélations qu’elle avait reçues lors de la création de son âme, et surtout par la grâce suprême de son Immaculée Conception, comme pour le Verbe fait chair, il ne s’agissait plus d’une simple enfant ordinaire ( ce que DGC conteste sans aucune raison, cf précédent volet ), puis d’une femme ordinaire, mais bien d’une « créature céleste fusionnée en la grande lumière et sagesse de Dieu », puisque :
- Marie était vraiment du ciel, de par sa connaturalité avec Dieu, quoi qu’étant créée et donc purement humaine,
- et que donc, son intelligence n’exista jamais de manière autonome, coupée de sa Source lumineuse qu’est la Sagesse divine, comme c’est toujours le cas pour les pécheurs : elle possédait au contraire le Don de prophétie de manière incomparable, étant la Mère de la Sagesse, quoi que dans la seule proportion voulu par Dieu, qui lui laissa des lacunes. Ce n’était donc pas la science infuse.

3 . Or l’erreur que font beaucoup, comme DGC, est de considérer que Marie ne commença à devenir réellement la Mère de la Sagesse qu’à partir du jour - et encore ! - de l’Annonciation et de son « fiat » par lequel elle conçut le Verbe en son sein : bien au contraire, Marie fut prédestinée depuis toujours à être la Mère de la Sagesse, et commença à l’être par une grâce spéciale d’illumination dès le premier instant de la création de son âme toute sainte. Et c’était absolument indispensable, car Marie, pour accueillir en elle le Verbe et devenir ainsi la véritable Mère de Dieu, devait en être déjà rendue digne auparavant, et être déjà ornée de toutes les splendeurs de la Sagesse divine, bien qu'avec une marge infinie de progrès possible. Que DGC la voit en son enfance comme une sorte d’idiote à demi éveillée dans son intelligence : c’est son problème, son incohérence à lui, mais il n’est plus à rappeler que DGC n’est pas devenu tout soudainement notre gourou, et qu’il ne nous est pas interdit par lui de croire en la Vérité catholique, telle que Dieu nous l'a révélée.

Troisième citation de l'article :

« Puisque Satan poussera éternellement ses cris, voilà qu’une voix de femme chantera pour les couvrir. » « Quand? » « En vérité sa voix est déjà descendue des cieux où elle chantait éternellement son alléluia. » (VI, 111, 219)

Cette micro citation est tirée d'un sermon de Jésus, faisant suite à la guérison d'un homme complètement possédé par Satan. Le récit en est saisissant :

EMV 420.3
(...)

"Va-t-en ! Va-t-en ! Recule ou je te tue !"

"Voilà le possédé qui nous a vus ! Moi, je m'en vais."

"Et moi, aussi."

"Et moi, je vous suis."

"Ne craignez rien. Restez et voyez."

Jésus montre tant d'assurance que les hommes... courageux obéissent. Pourtant, ils se mettent derrière Jésus. Les disciples aussi restent en arrière. Jésus s'avance seul et solennel comme s'il ne voyait et n'entendait rien.

"Va-t-en !"

Le cri est déchirant : il participe du grondement et du hurlement. Il paraît impossible qu'il puisse sortir d'une gorge humaine.

"Va-t-en ! En arrière ! Je te tue ! Pourquoi me poursuis-tu ? Je ne veux pas te voir !"

Le possédé bondit, complètement nu, brun, avec la barbe et les cheveux longs et ébouriffés. Les mèches noires et hirsutes remplies de feuilles sèches et de poussière, retombent sur ses yeux torves, injectés de sang, qui roulent dans leurs orbites, jusque sur la bouche ouverte dans ses cris et ses éclats de rire de fou, qui semblent un cauchemar, sur la bouche qui écume et saigne car le forcené la frappe avec une pierre pointue et il dit :

"Pourquoi je ne peux pas te tuer ? Qui lie ma force ? Toi ? Toi ?"

Jésus le regarde et avance.

Le fou se roule sur le sol, il se mord, écume encore davantage, se frappe avec son caillou, se redresse, pointe son index vers Jésus qu'il fixe bouleversé et il dit :

Haut de page.

"Écoutez ! Écoutez ! Celui qui vient, c'est..."

"Tais-toi, démon de l'homme ! Je te le commande."

"Non ! Non ! Non ! Je ne me tais pas, non, je ne me tais pas. Qu'y a-t-il entre nous et Toi ? Pourquoi ne nous traites-tu pas bien ? Il ne t'a pas suffi de nous avoir confinés dans le royaume de l'enfer ? Il ne te suffit pas de venir, d'être venu pour nous arracher l'homme ? Pourquoi nous repousses-tu là-bas ? Laisse-nous habiter dans nos proies ! Toi, grand et puissant, passe et conquiers, si tu le peux, mais laisse-nous jouir et nuire. C'est pour cela que nous existons. Oh ! mau... Non ! Je ne peux pas le dire ! Ne te le fais pas dire ! Ne te le fais pas dire ! Je ne puis te maudire ! Je te hais ! Je te persécute ! Je t'attends pour te torturer ! Je te hais, Toi et Celui de qui tu procèdes, et je hais Celui qui est votre Esprit. L'Amour, je le hais, moi qui suis la Haine ! Je veux te maudire ! Je veux te tuer ! Mais je ne peux pas. Je ne peux pas ! Je ne peux pas encore ! Mais je t'attends, ô Christ, je t'attends. Je te verrai mort ! Oh, heure de joie ! Non ! Pas de joie ! Toi, mort ? Non, pas mort. Et moi vaincu ! Vaincu ! Toujours vaincu !... Ah !!!..."

Le paroxysme est à son comble.

Jésus s'avance vers le possédé en le tenant sous le rayonnement de ses yeux magnétiques. Il est tout seul, maintenant, Jésus. Les apôtres et le peuple sont restés en arrière; celui-ci derrière les apôtres et les apôtres à une trentaine de mètres au moins de Jésus.

Des habitants du village, qui paraît très peuplé et qui me paraît aussi riche, sont sortis, attirés par les cris, et ils regardent la scène, tout prêts eux aussi à s'enfuir comme l'autre groupe. Voici la disposition de la scène : au centre le possédé et Jésus, à quelques mètres désormais l'un de l'autre; en arrière de Jésus, à gauche, les apôtres et des gens du peuple; à droite, derrière le possédé, les citadins.
Jésus, après lui avoir commandé de se taire, n'a plus parlé. Il fixe seulement le possédé. Mais maintenant Jésus s'arrête et lève les bras, les tend vers le possédé, il va parler. Les cris deviennent vraiment infernaux. Le possédé se contorsionne, saute à droite, à gauche, en l'air. Il semble qu'il veuille ou s'enfuir ou s'élancer, mais il ne le peut. Il est cloué là et, en dehors de son continuel tortillement, aucun mouvement ne lui est permis.

Quand Jésus tend les bras, les mains tendues comme s'il faisait un serment, le fou crie plus fort et après avoir fait tant d'imprécations, ri et blasphémé, il se met à pleurer et à supplier.

"À l'enfer, non ! Non, pas à l'enfer ! Ne m'y envoie pas ! Elle est horrible ma vie même ici, dans cette prison d'homme, car je voudrais parcourir le monde et mettre en pièces tes créatures. Mais là, là, là !... Non ! Non ! Non ! Laisse-moi dehors !..."

"Sors de lui. Je te le commande."

"Non !"

"Sors !"

"Non !"

"Sors !"

"Non !"

"Au nom du Dieu vrai, sors !"

"Oh ! Pourquoi tu me vaincs ? Mais je ne sors pas, non. Tu es le Christ, Fils de Dieu, mais moi je suis..."

"Qui es-tu ?"

"Je suis Belzébuth, je suis Belzébuth, le maître du monde, et je ne me soumets pas. Je te défie, ô Christ !"

Le possédé s'immobilise tout à coup, raide, presque hiératique, et il fixe Jésus de ses yeux phosphorescents, remuant à peine les lèvres pour prononcer des paroles inintelligibles, les mains vers les épaules et les coudes pliés, il fait de légers mouvements.

Jésus aussi s'est arrêté; maintenant, les bras croisés sur la poitrine, il le fixe. Jésus aussi remue à peine les lèvres, mais je n'entends pas de paroles.

Les spectateurs attendent, mais ils ne sont pas tous du même avis:

"Il n'y arrive pas !"

"Si, maintenant le Christ y arrive."

"Non, c'est l'autre qui a le dessus."

"Il est vraiment fort."

"Oui."

"Non."

Jésus desserre ses bras. Son visage est un éclat impérieux. Sa voix est un tonnerre.

"Sors. Pour la dernière fois, sors, ô Satan ! C'est Moi qui commande !"

"Aaaaah !"

(c'est le cri prolongé d'un déchirement infini. Plus que celui de quelqu'un que l'on transperce lentement d'une épée). Et puis le cri se transforme en paroles :

"Je sors, oui, tu m'as vaincu. Mais je me vengerai. Tu me chasses, mais tu as un démon à ton côté et j'entrerai en lui pour le posséder, en l'assaillant de tout mon pouvoir. Et ce ne sera pas ton commandement qui l'arrachera à moi. En tout temps, en tout lieu, je m'engendre des fils, moi, l'auteur du Mal. Et comme Dieu s'est engendré de Lui-même, moi, voilà que je m'engendre de moi-même. Je me conçois dans le cœur de l'homme, et lui m'enfante, il enfante un nouveau Satan qui est lui-même, et j'en jubile, je jubile d'avoir une pareille descendance ! Toi et les hommes, vous trouverez toujours ces créatures qui m'appartiennent, qui sont autant d'autres moi-même. Je vais, ô Christ, prendre possession de mon nouveau royaume, comme tu veux, et je te laisse cette loque maltraitée par moi. En échange de celui que je te laisse, aumône que Satan te fait à Toi, Dieu, j'en prends pour moi mille et dix mille maintenant, et tu les trouveras quand Toi tu seras une loque dégoûtante de chair exposée à la risée des chiens. Dans la succession des temps j'en prendrai dix mille et cent mille pour en faire mon instrument et ton tourment. Tu crois me vaincre en levant ton Signe ? Les miens l'abattront et je vaincrai... Ah ! non, je ne te vaincs pas ! Mais je te torture en Toi et dans les tiens !..."

On entend un fracas comme un coup de foudre mais il n'y a pas de lueur d'éclair ni de grondement de tonnerre, seulement un éclatement sec et déchirant et, alors que le possédé tombe comme mort sur le sol et y reste, près des disciples un gros tronc tombe à terre, comme si à environ un mètre du sol il avait été scié par une scie foudroyante. Le groupe apostolique a juste le temps de s'écarter, puis les gens du peuple s'enfuient de tous côtés.

Mais Jésus, qui s'est penché sur l'homme jeté à terre et l'a pris par la main se retourne, restant ainsi penché et avec la main de l'homme délivré dans la sienne, il dit :

"Venez. Ne craignez rien !"

Les gens s'approchent, craintifs.

"Il est guéri. Apportez un vêtement."

Quelqu'un part en courant.

L'homme revient à lui tout doucement. Il ouvre les yeux et rencontre le regard de Jésus. Il se met assis. Avec sa main libre, il s'essuie la sueur, le sang et la bave, il rejette en arrière ses cheveux, se regarde, se voit nu devant tant de gens et il a honte de lui. Il se recroqueville sur lui-même et demande :

"Qu'est-ce qu'il y a ? Qui es-tu ? Pourquoi suis-je ici, nu ?"

"Rien, ami. Maintenant, on va t'apporter des vêtements et tu vas retourner à ta maison. (...)

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Suit les retrouvailles de l'homme et de sa mère en larmes, éperdue de gratitude, de l'attaque perfide de quelques pharisiens traitant Jésus de "Père des démons" pour que ceux-ci Lui obéissent ; enfin, un enseignement de Jésus sur les différentes possessions, expliquant pourquoi celle-ci nécessita une lutte particulièrement dure pour en venir à bout.
À Judas qui Lui fait une objection en rappelant la possession de Marie de Magdala, ainsi qu'aux questions de ses autres apôtres, Jésus répond magnifiquement sur le sujet de la femme, et enfin de sa très sainte Mère :

EMV 420.10

(...)


"Pourquoi, Maître, nous voyons que beaucoup de femmes sont prises par le démon et, on peut le dire, par ce démon?"

"Tu vois, Matthieu, la femme n'est pas pareille à l'homme dans sa formation et dans ses réactions à la faute d'origine. L'homme a d'autres buts pour ses désirs plus ou moins bons. La femme a un but : l'amour. L'homme a une autre formation. La femme a celle-là : sensible, encore plus parfaite parce qu'elle est destinée à engendrer. Tu sais que toute perfection produit une augmentation de sensibilité. Une ouïe parfaite entend ce qui échappe à une oreille moins parfaite et en jouit. Il en est ainsi de l’œil, ainsi du palais et de l'odorat.

La femme devait être la douceur de Dieu sur la Terre, elle devait être l'amour, l'incarnation de ce feu qui meut Celui qui est, la manifestation, le témoignage de cet amour. Dieu l'avait par conséquent douée d'un esprit suréminement sensible pour que, devant être mère un jour, elle sût et pût ouvrir à ses enfants les yeux du cœur à l'amour de Dieu et de leurs semblables, de même que l'homme aurait ouvert à ses enfants les yeux de l'intelligence pour comprendre et agir.

Réfléchis au commandement que Dieu se donna à Lui-même : "Faisons à Adam une compagne". Dieu-Bonté ne pouvait que vouloir faire une bonne compagne à Adam. Qui est bon, aime. La compagne d'Adam devait donc être assez capable d'aimer pour finir de rendre bienheureux le jour de l'homme dans l'heureux Jardin. Elle devait être assez capable pour être seconde, collaboratrice et remplaçante de Dieu dans l'amour de l'homme, sa créature, de façon que même aux heures où la Divinité ne se manifestait pas à sa créature avec sa voix d'amour, l'homme ne se sentît pas malheureux par manque d'amour.

Satan connaissait cette perfection. Satan sait tant de choses. C'est lui qui parle par les lèvres des pythons en disant des mensonges mêlés à des vérités. Et ces vérités que lui hait parce qu'il est Mensonge, il les dit seulement - retenez-le bien, vous tous et vous qui viendrez plus tard - pour vous séduire par la chimère que ce n'est pas la Ténèbre qui parle, mais la Lumière. Satan, rusé, sournois et cruel, s'est insinué dans cette perfection et y a mordu et y a laissé son poison. La perfection de la femme en amour est ainsi devenue pour Satan un instrument pour dominer la femme et l'homme, et propager le mal..."

"Mais nos mères, alors ?"

"Jean, tu crains pour elles ? Toutes les femmes ne sont pas des instruments pour Satan. Parfaites dans le sentiment, elles sont toujours excessives dans l'action : anges si elles veulent appartenir à Dieu, démons si elles veulent appartenir à Satan. Les femmes saintes - et ta mère est de celles-là - veulent appartenir à Dieu, et elles sont des anges."

"Ne te semble-t-elle pas injuste, Maître, la punition pour la femme ? L'homme aussi a péché."

"Et la récompense, alors ? Il est dit que c'est par la Femme que le Bien reviendra dans le monde et que Satan sera vaincu."

"Ne jugez jamais les œuvres de Dieu. Cela pour commencer. Mais pensez que, comme c'est par la femme que le Mal est entré, il est juste que ce soit par la Femme que le Bien entre dans le monde. Il s'agit d'anéantir une page écrite par Satan, et ce seront les larmes d'une Femme qui le feront. Et puisque Satan poussera éternellement ses cris, voilà qu'une voix de Femme chantera pour les couvrir."

"Quand ?"

"En vérité je vous dis que sa voix est déjà descendue des Cieux où elle chantait éternellement son alléluia."


"Elle sera plus grande que Judith ?"

"Plus grande que toute femme."

"Que fera-t-elle ? Que fera-t-elle donc ?"

"Elle renversera Ève dans son triple péché. Obéissance absolue. Pureté absolue. Humilité absolue. C'est sur cela qu'elle se dressera, reine et victorieuse..."

"Mais, n'est-ce pas ta Mère, Jésus, la plus grande pour t'avoir engendré ?"

"Grand est celui qui fait la volonté de Dieu, et c'est pour cela que Marie est grande. Tout autre mérite vient de Dieu, mais celui-là est tout à fait sien, et qu'elle en soit bénie."

Et tout prend fin.

Jésus dit :

"Tu as vu un "possédé" de Satan. Il y a beaucoup de réponses dans mes paroles. Pas tant pour toi que pour les autres. Serviront-elles ? Non. Elles ne serviront pas à ceux qui en ont le plus besoin. Repose avec ma paix."

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---> Du fait que Proverbes 8 soit bien une évocation prophétique de Marie encore uniquement pensée par le Père mais non moins réelle, en gestation, on comprend que son "Alléluia" se fasse entendre éternellement depuis les cieux.

---> Et c'est on ne peut plus cohérent, car jamais Satan n'a eut le dessus sur Dieu, jamais il n'a pu réussir, même seulement par l'horreur de sa chute enlaidissant toute la création, à amoindrir un seul instant le bonheur absolu de Dieu se reposant de son oeuvre parfaite : et cette oeuvre, contrebalançant infiniment la déchéance de l'ancien archange par sa perfection, c'est Marie, que Dieu voyait, entendait, côtoyait de toute éternité dans sa Pensée transcendante, d'une manière qui nous est absolument incompréhensible.

DGC : Une naissance au ciel, une étincelle immaculée préexistante qui descend sur terre – et qui ne connaît pas les lois de la croissance humaine – faux : ce n’est pas parce que Marie fut toute imprégnée de la Sagesse dès la création de son âme immaculée, qu’elle ne connut pas exactement comme Jésus, et à bien plus forte raison que Lui, puisqu’elle n’était pas Dieu, une croissance humaine, comme nous pouvons le découvrir dans l’EMV, une créature céleste : ce n’est pas seulement une conception dans le plan des idées, mais quelque chose qui ressemble à l’engendrement du Logos tel que le concevait Arius.

1 . Que DGC ne s’arrête donc pas en si bon chemin, et qu’il aille jusqu’au bout de son procès en hérésie des écrits spirituels catholiques, et qu’il condamne de même saint Louis Marie Grignon de Montfort, qui lui, va encore plus loin que l’EMV, qualifiant la sainte Vierge trente-trois fois de « divine Marie » dans ses écrits, rien de moins ! Et assurément, nous avions un grand besoin que vienne un salutaire théologien pour nous ouvrir enfin les yeux, après des siècles d'égarement, sur les écrits de ce funeste prétendu « saint », ayant pollué l’Église par ses hérésies mariologiques au nez et à la barbe de tant de papes crédules !

2 . Pour donner du poids à son article illusoire, DGC est prêt à nous sortir tout le catalogue des hérésies qu’il connaît pour l’appliquer faussement à l’oeuvre, et nous verrons plus loin que le docétisme n’y fait pas exception. Le problème est que c’est l’auteur lui-même, et non pas l’œuvre incriminée par lui, qui apporte la matière de l’accusation, et cela finit par se voir comme le nez au milieu de la figure, un peu comme lors du procès infâme qui donna lieu à l’injuste condamnation à mort du Seigneur. Heureusement, personne n’est obligé de suivre l’auteur qui, faut-il encore le rappeler, n’est pas soudainement devenu pour nous le gourou à suivre.

Ici, c’est Marie qui est créée dans le temps – mais hors du temps humain –, première des créatures, jouant un rôle dans l’édification du cosmos et destinée à participer à sa rédemption par une incarnation.

1 . Même dans sa conclusion, l’auteur poursuit son désir d’inventer de nouveaux chefs d’accusation contre l'oeuvre : Marie ne joue pourtant, comme il l'insinue, aucun rôle actif dans l’édification du cosmos selon l'EMV, puisqu’elle n’existait que dans la Pensée du Père comme sa Prédestinée de prédilection, et n'est qu'une "joyeuse passivité" entre les mains de Dieu. Et en tant que son Chef-d’œuvre par anticipation, il est plus que naturel que le Père se soit inspiré d’elle pour créer l’univers, sans donc qu'elle intervienne. Au passage : Marie n’a-t-elle pas une éminente connaturalité avec les roses, dont elle apparaît ornée à chacun de ses pieds à Lourdes, pour ne citer que cet exemple-là?

2 . Je ne reviendrai pas sur le fait que Marie n’était qu’en gestation, pensée par Dieu et non pas encore créée par Lui ni en son âme, ni en son corps ( « Je vois tes futures pensées » « Oui, ô Mère, Dieu, l'Immense, le Sublime, le Vierge, l'Incréé, était lourd de toi et il te portait comme son très doux fardeau, se réjouissant de te sentir t'agiter en Lui, en Lui donnant les sourires dont il a fait la Création ! » ), car nous l’avons déjà démontré plus haut, ni sur le fait qu’en tant que Corédemptrice, Marie devait jouer un rôle dans la Rédemption aux côtés du seul Sauveur, car il faudrait être en dehors de la foi catholique pour douter que Dieu fit de Marie la Nouvelle Ève, c’est-à-dire sa revanche sur Satan, réparant par Elle la perversion de la première Ève.

Il faut donc comprendre le titre d’ « éternelle Vierge » (I,14, 62) non pas dans un sens seulement poétique et laudatif, ni comme l’indication de la virginité perpétuelle de Marie, ni comme l’évocation de son assomption dans laquelle elle demeure vivante « après le temps », . Certaines formules audacieuses rappelleront le style de saint Maximilien Kolbe. Le saint polonais, cependant, n’affirmait pas la préexistence de Marie. Il ne fait pas de doute que cette doctrine se trouve dans l’œuvre de Maria Valtorta. Et cette doctrine est nettement hérétique, portant tort, en croyant l’appuyer, à la logique même de l’incarnation divine.

1 . Saint Maximilien Kolbe dit en substance exactement la même chose que l’EMV, en une formule admirable et lapidaire : « Marie est la quasi incarnation de l’Esprit-Saint ».
- Quasi : car malgré le fait qu’elle soit à ce point connaturelle avec le Divin, elle n’est pas Dieu. Or c’est précisément ce que dit l’œuvre, puisque Marie y est bien une pure créature, et rien d’autre.
- Incarnation de l’Esprit-Saint : car effectivement, dès l’instant de la création de son âme, Marie reçut une telle profusion de grâce divine, que ce fut un vrai miracle - comme dit Jésus dans l’œuvre - qu’on ne la prit pas pour une divinité, tant elle était de ce fait une créature céleste. Sur cette dernière affirmation, saint Maximilien Kolbe et l’EMV sont entièrement d’accord avec saint Louis Marie Grignon de Montfort : comment peut-on être la « quasi incarnation de l’Esprit-Saint », la « divine Marie », sans être une créature céleste ? Cela tombe sous le sens, même si c’est bien sûr un sens métaphorique : Marie a bien eu les pieds sur terre, et elle ne faisait qu’apprendre la Sagesse depuis l’instant de la création de son âme, comme aurait pu le faire n’importe quel être humain gratifié ainsi par Dieu de tels dons.

2 . Pour s’insurger contre le fait que l’on puisse légitimement parler de « l’Eternelle enfant » qu’était Marie - l'âme de Marie est « éternelle en sa beauté dans la pensée divine », et non pas éternelle tout court, comme Dieu - l'auteur en est donc réduit à mettre en oubli, voire en doute, la parole de saint Paul aux Éphésiens sur l’éternelle prédestination des élus, qui semble pourtant avoir été écrite tout spécialement pour Marie, tant il n’y a qu’elle qui y corresponde à ce point.
Bref, tout ce que trouve DGC à conclure ici est en réalité un pur produit de sa volonté propre étrangère à l’EMV, puisque nous avons vu en détail qu’aucun chef d’accusation ne correspond à ce qui s'y trouve réellement.

Au moment le plus important de son article, celui où il allait enfin pouvoir donner l’estocade finale à l’EMV, DGC échoue, et cela n’a rien d’étonnant : en effet, il ne se trouve aucune hérésie dans l’œuvre, comme ses plus acharnés détracteurs du Saint Office ont bien été forcés de le reconnaître, la déclarant "digne des enseignements théologiques universitaires de pointe" ( sic ! ), ce qui résonne comme un singulier compliment de leur part !

---> Et la réponse à notre interrogation est donc : non, l'âme de Marie ne fut pas créée par Dieu sans son corps avant tous les temps, mais seulement conçue dans sa Pensée divine.

"La Pierre rejetée des bâtisseurs est devenue la tête d'angle. C'est là l'Oeuvre du Seigneur, ce fut merveille à nos yeux." ( psaume 117 )
apvs
@Titus Mobi : @Steak Je ne devrais pas vous interpeller de cette manière le vendredi de Pâques, mais votre apostrophe à mon égard, qui est autant du plus mauvais goût que totalement inattendue, m'y force :
1 . Vous êtes donc un vulgaire et assumé calomniateur, Steak : vous n'avez pas été bloqué par moi pour "éviter la contradiction sérieuse", je me souviens très bien de la véritable raison :…Plus
@Titus Mobi : @Steak Je ne devrais pas vous interpeller de cette manière le vendredi de Pâques, mais votre apostrophe à mon égard, qui est autant du plus mauvais goût que totalement inattendue, m'y force :

1 . Vous êtes donc un vulgaire et assumé calomniateur, Steak : vous n'avez pas été bloqué par moi pour "éviter la contradiction sérieuse", je me souviens très bien de la véritable raison : l'un de vos précédent com à mon égard était à caractère pornographique, et fut heureusement effacé depuis.

Et si j'ai pu effectivement bloquer certaines personnes, ce fut non comme vous le dites pour "éviter la contradiction sérieuse", mais pour des raisons de trollage évident. Répondre à des trolls est non seulement inutile, mais terriblement fastidieux et fatiguant, surtout lorsque par ailleurs on ne menage pas sa peine. Un troll est quelqu'un qui n'est même pas accessible à la raison, et qui voudrait seulement assassiner votre travail à coup de petites phrases sans preuves ni arguments, espérant être cru sur paroles par les proies faciles.

2 . Je suppose que vous vous en prenez donc subitement à mon travail de réfutation de dom Guillaume Chevallier au sujet de Maria Valtorta, travail qui vous met dans une telle rage, car effectivement : tout ce que je dis de ses articles est rigoureusement exact et sourcé. Désolé que cela mette en rogne les vieux croûtons comme vous qui passent leur temps à distiller leur bille sur ce qui dérange leurs petits intérêts égoïstes et mesquins.

3 . Puisque vous prenez la défense du moderniste dom Guillaume Chevallier, vous vous trouvez dès maintenant personnellement redevable de tout ce qu'il dit comme mensonges, sophismes, illusions et hérésies en tout genre, je pèse mes mots. Vous en rendrez des compte devant Dieu.

4 . Personne à ce jour n'a pu répondre intelligemment à une seule de mes réfutations. Si vous deveniez le premier, ce serait assez intéressant de vous contredire publiquement : mais si c'est juste pour le plaisir de "troller" mes pages, vous vous doutez bien que vous seriez impitoyablement censuré, voire bloqué, n'ayant moi-même pas de temps à perdre avec ça. Les gens comme vous ne font que très peu d'effort intellectuel, et moi j'en fais, que cela vous plaise ou non de l'entendre. Peu m'importe votre morgue et votre mépris, j'ai le témoignage de ma bonne conscience, et celui de Dieu qui défend son œuvre au nez et à la barbe des pharisiens modernes.

Ceci étant dit, Steak, je vous souhaite une bonne conversion du cœur en ces jours de Pâques , si par impossible cela pouvait avoir lieu +
Serviteur.
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Ce volet nécessitait encore des corrections et un complément : ceci étant fait, je le republie dans sa version définitive ! Bon dimanche des Rameaux +
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apvs
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