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Monseigneur Freppel, un évêque légitimiste, par Benjamin RatichauxPlus
Monseigneur Freppel, un évêque légitimiste, par Benjamin Ratichaux
Dieu et le Roi partage ceci
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Martial Nicolas
Mgr Freppel, au lendemain de la mort du comte de Chambord :
"Notre ligne politique est celle-ci : reconnaissance du droit de M. le comte de Paris et application du programme de M. le comte de Chambord. Le droit de l'un avec les idées de l'autre."
Lettre de Mgr Charles-Émile Freppel à Hippolyte Chavanon, du 13 septembre 1883 (citée par Frère Pascal du Saint-Sacrement, Mgr Freppel, t. II, éd. de …Plus
Mgr Freppel, au lendemain de la mort du comte de Chambord :
"Notre ligne politique est celle-ci : reconnaissance du droit de M. le comte de Paris et application du programme de M. le comte de Chambord. Le droit de l'un avec les idées de l'autre."
Lettre de Mgr Charles-Émile Freppel à Hippolyte Chavanon, du 13 septembre 1883 (citée par Frère Pascal du Saint-Sacrement, Mgr Freppel, t. II, éd. de la CRC, 2016, p. 199.

"Aussi nous estimons que la monarchie représentative, appuyée sur le respect de la loi de Dieu et des libertés auxquelles a droit un peuple chrétien, ferait le bonheur de la France, autant nous croyons à l'impuissance du parlementarisme pour relever le pays. Voilà pourquoi, en saluant respectueusement dans monsieur le comte de Paris l'héritier et le successeur de monsieur le comte de Chambord, nous faisons des vœux pour que la restauration de la monarchie en France soit vraie et complète."
Mgr Charles-Émile Freppel, article publié dans L'Anjou, 14 septembre 1883 (Id., pp. 201-202).

Mgr Freppel était réservé, relativement aux idées politiques du comte de Paris, mais à la mort du comte de Chambord il le reconnut sans l'ombre d'un doute comme "l'héritier et le successeur", même s'il témoignait envers les "Blancs d'Espagne", c'est-à-dire envers les quelques légitimistes non-ralliés aux princes d'Orléans, de la compréhension. Position ô combien représentative des légitimistes de ce temps-là. À tort ou à raison. Il convenait de le rappeler.
Dieu et le Roi
Oui, malheureusement, Mgr Freppel fut corrompu à la fin de sa vie par l'idée (con)fusionniste. Il fut avant cela un légitimiste irréprochable !
Martial Nicolas
Mgr Freppel fut "corrompu" : rien moins que cela. Je vous plains.
Dieu et le Roi
Oui, si vous coupez ma phrase en plein milieu, elle n'a pas le même sens... Forcément.
Martial Nicolas
Vous me faites un procès d'intention ! Tout le monde a pu lire que vous assimilez le ralliement au comte de Paris de Mgr Freppel - et de la quasi totalité des légitimistes de ce temps - à une espèce de corruption - certes une corruption de nature intellectuelle : je n'ai évidemment jamais pensé ou donné accroire que vous parliez de corruption financière, morale ou autre.
A ce compte-là, de …Plus
Vous me faites un procès d'intention ! Tout le monde a pu lire que vous assimilez le ralliement au comte de Paris de Mgr Freppel - et de la quasi totalité des légitimistes de ce temps - à une espèce de corruption - certes une corruption de nature intellectuelle : je n'ai évidemment jamais pensé ou donné accroire que vous parliez de corruption financière, morale ou autre.
A ce compte-là, de votre part, ce n'est plus du légitimisme, ce n'est plus du royalisme : c'est de l'idéologie pure et simple.
Dieu et le Roi
Oui, l'orléanisme (et le fusionnisme qui fut son avatar) est une erreur : les Lois fondamentales sont claires, or une majorité de légitimistes est tombée dans cette erreur, Mgr Freppel parmi eux. Cela n'en fait pas une vérité. C'est tout ce que cela signifie, mais je veux bien admettre que l'usage du terme "corruption", aux allures très péjoratives, était maladroit.
Martial Nicolas
L'application des lois fondamentales est tellement claire que le prédicat de « premier prince du sang » - c'est-à-dire de premier prince dynaste après les fils et petits-fils de France - passa, sous Louis XIV (en 1709), des Condé aux Orléans, pour demeurer, apparemment le plus légalement du monde, entre les mains de ces derniers sous Louis XV, Louis XVI, Louis XVIII (pourtant très hostile à …Plus
L'application des lois fondamentales est tellement claire que le prédicat de « premier prince du sang » - c'est-à-dire de premier prince dynaste après les fils et petits-fils de France - passa, sous Louis XIV (en 1709), des Condé aux Orléans, pour demeurer, apparemment le plus légalement du monde, entre les mains de ces derniers sous Louis XV, Louis XVI, Louis XVIII (pourtant très hostile à Louis-Philippe) et Charles X, lors même que ce prédicat aurait dû finir par échoir à l’aîné des fils de Charles III d’Espagne et à ses descendants aînés si la descendance de Philippe V était demeurée dynaste en France.

Si Philippe V et ses descendants étaient demeurés dynastes en France, Louis XV et les cours souveraines auraient dû, à la mort de Louis, duc d'Orléans (1709-1752), fils du Régent, reconnaître pour premier prince du sang (qui est un titre viager) Philippe, duc de Calabre (1747-1777), fils aîné de Charles III d'Espagne (réputé petit-fils de France dans l'hypothèse où Philippe V serait demeuré fils de France). (Pour l’anecdote, Philippe, duc de Calabre fut écarté, mais ultérieurement, de la succession à la couronne d'Espagne et de celle de Naples et de Sicile : il était quelque peu arriéré).

Or il n'en a rien été. Louis-Philippe, duc d'Orléans (1725-1785) fut reconnu premier prince du sang par le roi Louis XV, siégea à ce titre au parlement de Paris et prit part, toujours à ce titre, au sacre de Louis XVI en 1775. Ni le vote du régicide par Louis-Philippe Joseph, dit Philippe-Égalité (1747-1793), ni l'enrôlement du duc de Chartres, futur "roi des Français" (1774-1793), dans l'armée de Dumouriez, ne changèrent rien à l'affaire. Dès l'émigration, le jeune duc d'Orléans, réconcilié avec Louis XVIII par le truchement du comte d'Artois (cf. la déclaration de Louis-Philippe, datée du 13 février 1800, sous forme de "lettre d'hommage personnel au roi"), fut confirmé (s'il en était besoin), comme premier prince du sang, et siégea à ce titre à la Chambre des pairs tout le long de la Restauration. Certes, on sait comment Charles X fut payé de retour en 1830...

Quoi qu'il en soit, et malgré les animadversions soulevées par le double souvenir de 1793 et de 1830, les légitimistes de 1883, et notamment Mgr Freppel, étaient à ce titre bel et bien fondés à regarder le comte de Paris (1838-1894) comme successeur du comte de Chambord.

Même la petite cohorte des "Blancs d'Espagne" historiques de ce temps étaient plus dubitatifs qu'on ne le croit au sujet des princes espagnols, du moins si l'on en croit le père Bole, confesseur du défunt comte de Chambord :

"Comme la couronne n'appartient pas au roi, mais à la nation, d'après les paroles mêmes de Monseigneur [le comte de Chambord], rappelés maintes fois dans sa correspondance : 'Je ne puis oublier que le droit monarchique est le patrimoine de la nation' et d'ailleurs : 'Je regarde les droits que je tiens de ma naissance comme appartenant à la France', il s'ensuit qu'à la mort du roi la couronne revient de droit à la France qui, dans l'ordre régulier de succession, la laisse et doit la laisser au successeur immédiat du roi défunt, c'est-à-dire à son aîné, s'il en a, ou à défaut au plus proche dans sa famille. Je dis que la France doit laisser la couronne à celui que désigne la loi salique, en vertu du contrat synallagmatique qui existe de fait depuis tant de siècles entre la France et la Maison de Bourbon, loi obligatoire pour les deux parties contractantes : et c'est ce qui a toujours eu lieu dans l'ordre régulier de succession, mais quand cet ordre est troublé, ou seulement obscurci par l'extinction de la dynastie ou par la mort du dernier membre de la Maison de France, un doute sur la succession royale, c'est à la France de se prononcer, non d'après son opinion, mais conformément à la loi salique qu'elle interprète alors.

"Or ce doute existe. Et il est partagé non seulement par les Orléans, mais par des hommes impartiaux et savants, très versés dans ces questions de politique. Je dis plus : je connais des royalistes sincères qui regardent comme une abdication le silence séculaire des Bourbons d'Espagne qui depuis Philippe V n'ont jamais réclamé ni par leurs écrits ni par leurs services la qualité de Français, ni les droits que leur avait conservés le testament de Charles II, ni les lettres patentes de 1700 et le droit national.

"Est-il étonnant que Monseigneur [c'est-à-dire le comte de Chambord] connaissant cet état des choses, et de plus l'abdication de don Juan [comte de Montizon] du trône d'Espagne par suite de son incapacité, et à plus forte raison de la couronne de France pour cette raison-là même et pour d'autres encore, la revendication de la couronne d'Espagne par don Carlos [duc de Madrid] exprimée formellement par écrit, et poursuivie par les armes, et enfin le désintéressement de don Alphonse [duc de San Jaime] pour la couronne de France, toutes choses qui depuis la mort d'Henri V s'accentuent plus visiblement [...] ajoutez encore la connaissance parfaite qu'avait Monseigneur de l'état des esprits en France à l'égard des Bourbons [d'Espagne] : est-il étonnant, dis-je, que Monseigneur, bien que persuadé des droits des Bourbons d'Espagne au trône de France [il existe des témoignages contradictoires à ce sujet !], convaincu que ces princes ne réclameraient pas leurs droits, ni que la France ne ferait valoir les siens sur les princes espagnols, ne regardait ce contrat synallagmatique comme rompu de fait, chaque partie se désistant de ses droits, et que dans cette longue vacance du trône, où droits et devoirs mutuels étaient abandonnés, l'antique loi salique semblait, sinon totalement abrogée, du moins dans le cas présent cessant d'être appliquée. Cette conviction n'était-elle pas suffisante pour que Monseigneur pût dire qu'après sa mort la France deviendrait maîtresse de ses destinées ?"

Lettre du père Bole, s.j., ancien confesseur du comte de Chambord, à son confrère le père de Boylesve, en date du 7 avril 1885, citée par Paul-Eric Blanrue, Lumières sur le comte de Chambord, le témoignage du P. Bole, confesseur du prince en exil (avec préface d'Hervé Pinoteau), éd. Communication et Tradition, 1995, pp. 211-213.

Il y a là, tout de même, de quoi regarder avec la plus expresse réserve les prétendues certitudes clamées bien fort par les modernes "Blancs d'Espagne" de la dernière heure, dont le comte de Paris deuxième du nom (1908-1999) fut à ses dépens le grand recruteur, à force de scandaliser les royalistes par ses revirements politiques tous azimuts.
Dieu et le Roi
Je vous réponds dès que j'en ai le temps