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Le Chronoviseur - Père François Brune - Jean-Claude Carton
AveMaria44
Un pauvre égaré passé à la soi-disant orthodoxie....
Claudius Cartapus
Enregistrement daté du 19 novembre 2004. Le Père Brune est décédé le 16 janvier 2019
Elie M.
Je ne sais pas de quand date cet interview, mais j'ai lu "Les morts nous parlent" du même Père Brune, 1996, et "A l'écoute de l'Au-Delà", 1999. Plus on lit, plus on est effrayé par l'aveuglement naïf du brave Père.
La vidéo explique que des machines seraient "objectives" et éviteraient de capter les mauvais esprits mais seulement des ondes laissées par le passé. Mais il faut être horriblement …Plus
Je ne sais pas de quand date cet interview, mais j'ai lu "Les morts nous parlent" du même Père Brune, 1996, et "A l'écoute de l'Au-Delà", 1999. Plus on lit, plus on est effrayé par l'aveuglement naïf du brave Père.

La vidéo explique que des machines seraient "objectives" et éviteraient de capter les mauvais esprits mais seulement des ondes laissées par le passé. Mais il faut être horriblement naïf pour croire une telle hypothèse et prendre les anges déchus pour des demeurés.

A défaut de pouvoir analyser ici la totalité du livre de 1999, nous en citerons quelques passages particulièrement significatifs. Tout d´abord, lui-même essaie de se retrouver dans la masse des phénomènes de "voix intérieures", qui, selon lui, affecterait 15% des personnes interrogées lors d´un sondage (cité p.23) ; avec un humour discutable, il cite même le cas d´Adolf Hitler qui, au cous de la guerre 14-18, fut prévenu par une voix intérieure “de quitter une tranchée juste avant qu´une bombe ne l´anéantisse (la voix du diable, sûrement !)”. Si c'est la voix du diable dans ce cas, pourquoi pas dans de nombreux autres cas que Fr. Brune propose lui-même ?

L´auteur propose de “classer les messages en trois catégories :

1. - les messages courts généralement entendus au magnétophone...

2. - d´autres messages... parfois dignes des plus grands auteurs mystiques...

3. - enfin la catégorie que j´appellerai les « canaux typiques »... La qualité [toujours prolixe] en est diverse, mais pour les trois quarts médiocre...” (p.23).

Remarquons que le seul critère de valeur qu´il avance est celui de la qualité ou de l´exactitude des renseignements transmis (ils ne sont pas toujours très satisfaisants, ainsi que le reste du livre le montre). Certes, il ne saurait être question “d´expliquer tous les messages reçus par voie paranormale comme des projections de l´inconscient”, ainsi que l´auteur le souligne à la p.144. Pour autant, ce qu´il présente comme l´hypothèse la plus probable – selon le titre apparaissant à la page 199 – est-elle recevable :

“Ce que l´on peut penser, mais avec réserve, c´est que nous aurions bien affaire, même dans ces messages étranges et décevants, à des trépassés, le plus souvent de notre monde, parfois peut-être aussi d´autres mondes [extra-terrestres] plus ou mois parallèles ou lointains, mais guère plus évolués que le nôtre” ?

Comme on le voit, son hypothèse la plus probable est un mélange hétéroclite de plusieurs des hypothèses.

Citons ici St Thomas d'Aquin.

Aucune âme de l´au-delà ne peut délivrer par sa force propre un quelconque "message" à la sensibilité ou l´imagination d´une personne vivante. En langage thomiste, nous dirons qu´une âme séparée ne peut pas causer d´impression (fantasma) dans la sensibilité de personne, c´est-à-dire "mouvoir" cette sensibilité :

“ Puisque l´âme est par sa nature déterminée à mouvoir le corps dont elle est la forme, elle ne peut mouvoir aucun autre corps par sa puissance naturelle”, écrit Thomas d´Aquin (S.Th. 1a q.117 a.4).

Les anges, eux, ont un tel pouvoir, y compris les anges déchus : “Le diable cherche à obscurcir la raison humaine pour l´amener à consentir au péché. Comme cet obscurcissement provient de l´imagination et de l´appétit sensible, il est clair que cette action intérieure du diable se concentre sur ces deux facultés. En co-influençant l´une et l´autre, il peut conduire à pécher” (S.Th. 1a 2æ q.80 a.2).

Au reste, il a aussi le pouvoir de mouvoir la matière (Comm. Sent., dist.7 q.3).

“Quant à l´objection que de fait, précise le P. J. BERTHIER o.p. (in Gearon Patrick, Le spiritisme : sa faillite, 1932, p.163), les âmes apparaissent souvent, saint Thomas y répond ainsi : comme le disent Saint Augustin au Xe livre de la Cité de Dieu, chap. VI, et Saint Chrysostome, Sur Saint Matthieu, hom. XXIX, les démons se font passer fréquemment pour les âmes des morts (S.Th. 1a q.117 a.4 ad 1m).”

Par ailleurs, les démons sont susceptibles de singer n´importe quelle action des Anges fidèles ou des Saints. En effet, comme le dit Thomas d´Aquin, “le démon fait parfois quelque bien... ainsi quand il dit la vérité pour induire en erreur ou quand il croit et confesse la divinité du Christ, non volontairement mais forcé par l´évidence des faits” (S.Th. 1a q.64 a.2 ad 5m). Il lui arrive également de donner de bons conseils, mais il ne connaît de l´avenir “que les événements qui ont des causes déterminées” (Comm. Sent., dist.7 q.2 a.1), donc prévisibles, voire dans lesquels il prévoit d´intervenir lui-même.

Confrontons maintenant à ces principes quatre exemples parmi les plus typiques que le Père Brune amène et commente lui-même.

D´abord, un cas présenté comme étant de la “précognition” (p.226-227). Un étudiant du Professeur S. Darnell était confronté à un concours où un milliers de candidats se présentaient pour quelques places. Connaissant le penchant de son Professeur pour les messages de l´au-delà, cet étudiant lui demanda de "consulter". Quoiqu´il n´eût quasiment rien étudié, un message fut transmis lui assurant qu´il aurait la place souhaitée. De fait, il réussit brillamment les épreuves, soit parce qu´il tira les rares questions qu´il connaissait, soit parce qu´il fut, dit-il, « inspiré ». En fin de compte, il fut même engagé pour de bon, une poste fixe se révélant vacant contre toute attente. Ensuite, s´étant rendu chez le Professeur Darnell, il remercia les esprits ; tous deux entendirent alors une voix leur dire : « C´est moi qui l´ai fait ». Selon l´analyse de François Brune, ceci indique que “pour nos amis de l´au-delà, le temps n´est plus le même”. Selon "l´hypothèse catholique", il y a eu des influences et manipulations qui sont tout à fait typiques du pouvoir angélique. Le récit s´arrêtant là, on ne connaît pas les suites néfastes qui ont pu (ou dû) advenir. Laquelle des deux hypothèses rend-elle le mieux compte des faits ?

Voici un autre cas supposé de précognition (p.228-229). Le Professeur Darnell lui-même envisage de se rendre dans un petit village haut perché dans les Pyrénées ; la route qui y mène est particulièrement escarpée – ce détail a son importance. Cinq jours avant de prendre la route, il reçoit un "message" sur son magnétophone lui disant de ne pas y aller. Il en tient compte et annule le projet. Cinq jours plus tard, dans une rue en pente, ses freins lâchent mais il parvient à arrêter la voiture en la plaquant contre le bord du trottoir. S´il était allé dans les pyrénées, sans doute aurait-il eu un accident mortel. Selon l´analyse du Père Brune, le "messager" mystérieux devait avoir une connaissance du futur. Pas selon "l´hypothèse catholique".

Voici le cas des "transcommunications" reçues par un médecin, le Dr Kämpgen. Celui-ci consultait régulièrement des esprits en vue d´en recevoir des "conseils" relativement à ses diagnostics (p.222-223). Deux "conseils" particulièrement judicieux et étonnants sont décrits. Néanmoins, souligne le Père Brune, “le docteur Kämpgen est loin de faire une confiance aveugle aux avis qu´il reçoit de l´au-delà”, car “du point de vue du diagnostic, les avis justes et faux s´équilibrent... nous savons que la transcommunication ne nous confronte pas seulement avec des esprits positifs, mais aussi avec des esprits négatifs...”. Selon le Père Brune, les esprits ne commettent pas des erreurs seulement involontaires : certains tromperaient sciemment. Voilà qui ne colle plus du tout avec sa propre "hypothèse la plus probable" ; mais bien avec "l´hypothèse catholique"...

Dernier exemple tiré du livre de François Brune : des "messages" provenant de saint Thomas Becket, donnant des nouvelles d´un enfant assassiné (p.196-197). Là aussi, le Père Brune éprouve quelques réticences : il lui semble que le saint “en fait un peu trop” en s´exprimant “dans un anglais du XIIe siècle”. Le doute le conduit à envisager l´hypothèse d´un trépassé voulant imiter consciemment ou même inconsciemment le martyr anglais (l´inconscient est ainsi promu au rang de composante de l´au-delà !). Les esprits se paieraient-ils notre tête ? Certes pas des anges qui agissent de la part de Dieu ...