C’est quoi au juste, un Cardinal ?
Les « Princes de l’Église » ou cardinaux de moins de 80 ans peuvent participer à l’élection d’un nouveau pape après le décès – ou la démission – du dernier. Leur nombre est limité à 120 depuis la dernière réforme de Collège des cardinaux du Saint Pape Jean Paul II. La nomination d’une quinzaine de nouveaux cardinaux dont une dizaine d’électeurs potentiels était donc attendue. Mais le Pape François n’agit jamais sans surprise: le nombre de 17 nouveaux cardinaux est assez élevé et avec 13 nouveaux électeurs, le nombre de cardinaux électeurs dans l’éventualité d’une nouvelle élection dépasse actuellement la limite des 120 électeurs. Après le Consistoire du 19 novembre, les cardinaux seront au nombre de 228 dont 124 potentiels électeurs, bien que huit d’entre eux ont déjà fêté leur 79e anniversaire.
La limite d’âge de 80 ans
Le Collège cardinalice est né parmi trois groupes de collaborateurs proches de l’évêque de Rome dans l’Église du Haut Moyen Âge: les prêtres desservant les vingt-huit églises principales de la Ville Éternelle, les évêques des sept diocèses voisins ou « suburbicaires » et les diacres responsables de la diaconie dans les sept districts de Rome. L’actuel Collège Sacré compte toujours des cardinaux de ces trois catégories – les dits cardinaux-évêques, cardinaux-prêtres et cardinaux-diacres. Il est présidé par le cardinal-évêque titulaire d’Ostie, actuellement l’italien Angelo Sodano. C’est le cardinal Sodano qui devrait éventuellement consacrer évêque le nouveau pape si ce dernier ne l’était pas encore – ce qui était le cas avec le Pape Grégoire XVI en 1831.
La réforme du droit canon de 1917 a réservé la dignité de cardinal aux prêtres. Les cardinaux créés après leur 80ème anniversaire ne doivent pas d’office être consacrés évêques: l’exégète français Albert Vanhoye par exemple est cardinal depuis plus de dix ans mais n’est pas évêque, tandis que notre compatriote Gustaaf Joos avait été consacré « en urgence » évêque titulaire d’Ypres dix jours avant sa création cardinalice en 2003. Mais le rôle d’un cardinal est plus large que celui d’élire un nouveau pape lors du fameux conclave. Le Collège Sacré est l’ensemble des conseillers les plus proches du Souverain Pontife. C’est clairement ainsi que le pape actuel, l’argentin Jorge Maria Bergoglio, l’entend.
Des hommes de confiance
Le Pape François choisit des hommes de confiance pour les vêtir du rouge cardinal. En ce sens, le fait qu’il élève Mgr Jozef De Kesel au cardinalat à peine un an après sa nomination comme archevêque de Malines-Bruxelles est révélateur, tout comme l’est le choix de Mgr Kevin Joseph Farell, le premier préfet du nouveau dicastère romain pour les laïcs, la famille et la vie. Par ailleurs, en choisissant trois nouveaux cardinaux par continent, le Saint Père reflète encore une fois son souci de représenter l’universalité de l’Église et son intérêt pour les périphéries du monde. En effet, nul n’aurait jamais pensé que par exemple le missionnaire spiritain Maurice Piat, évêque de la capitale Port-Louis de la petite Île Maurice, allait être créé cardinal. Moins surprenant, le choix pour un autre confrère spiritain, l’archevêque de Bangui, Mgr Dieudonné Nzapalainga. Le Pape François avait déjà démontré que la situation politique en République Centrafricaine lui tenait particulièrement à cœur en ouvrant la première Porte Saint de cette Année Jubilaire de la Miséricorde à Bangui fin novembre dernier. Et sachant que la guerre en Syrie préoccupe particulièrement l’Évêque de Rome, il est également bien compréhensible qu’il intègre dorénavant son nonce apostolique à Damas, Mgr Mario Zenari. Tous ces cardinaux pourront dorénavant se vêtir d’une calotte rouge, d’une ceinture rouge au-dessus d’une soutane aux boutons rouges ou d’une mozette rouge recouvrant un surplis blanc en dentelle dit rochette.
Benoit LANNOO