L’héroïsme religieux d’après la Passion des saintes Perpétue et Félicité.

L’héroïsme religieux dans son aspect suprême de mort pour la foi
apparaît dans l’antiquité chrétienne sous forme de ptapriipiov. Parmi
les exemples types de ce phénomène significatif pour les premiers siècles
du christianisme, le martyre des Stes Perpétue et Félicité occupe une
place de premier ordre grâce aux données psychologiques et documentaires
immédiates que contient le , document connu sous le titre de Passio
SS Perpétuas et Felicitatis2.
Le document se compose de souvenirs notés par Perpétue, et en partie
par Saturus, au cours de leur séjour en prison, complétés par des passages
rédigés par le rédacteur du document qui a rassemblé les deux relations
en y ajoutant un prologue et un épilogue où il trace les derniers moments
des martyrs3, Ces notes ont été probablement rédigées par Tertulien
NOTE PRÉEIMINAIEE : Tes abréviations BM et Bm renvoient respectivement aux deux
publications de C. van Beek, Passio SS Perpétuas et Felicitatis i, Novioniagi, rg36=BM,
et Passio sanctarwn Perpetuae et Felicitatis, Floriiegium Patristicum, fasc. XUII, Bonnae,
1938 = Bm.
1. I,e présent article est un fragment d’une étude plus étendue sur l’idée de l’héroïsme
religieux chez S. Augustin et ses analogies dans le monde antique, 1,’étude en question tend
à établir que selon S. Augustin le martyre par son genre structural tout à fait particulier et
original diffère de la mort pour conviction- phénomène connu dans l'antiquité.
z. S. Augustin, ie premier parmi les Pères de l’Église, a abordé l’étude du phénomène du
martyre et il a donné la synthèse des idées de l’antiquité chrétienne sur l’héroïsme religieux.
Il disposait d’une documentation historique et empirique suffisante pour permettre un choix
d’exemples types nécessaires à l’analyse des traits caractéristiques du phénomène étudié.
Au cours de ses observations martyrologîques S. Augustin ne pouvait donc négliger le martyre
des saintes Perpétue et Félicité qu’il connaissait d’après le document dont les copies nous sont
parvenues. Ta mort héroïque des martyres africaines et de leurs compagnons est mentionnée
dans les oeuvres suivantes de S, Augustin: sermo 280, P.I,. 38,1280-1283 ; 281, P.I,. 38,1284 sq. ;
282, P.I,. 38,1285 sq. ; en.inps. 47,13, P.I,. 36, 541 ; De anima et ejus origine 1, 10, P.I,. 34,481 ;
2, 10.12, P.I,. 44, 503-505 ; 3, 9, P.I,. 44, 516 ; 4, 18, P.I,. 44, 539-541 ! sermo de tempore barbarico
5, 6, P.I,. 703 sq. 1,’authenticité du dernier point semble cependant douteuse.
3. Èa thèse soutenue par B. Aubé, Les Chrétiens dans l'empire romain, Paris 1881, 510-515,
suivant laquelle tout le document serait l’oeuvre d’un auteur unique, montaniste, qui d’après
les relations orales des martyrs ou de leurs compagnons, aurait rédigé le récit en lui donnant utie
forme littéraire pour en faire une arme polémique et apologétique, ne peut être maintenue ;
les recherches les plus récentes le démontrent. Cf. Bm 2-4.
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