Le prochain gouvernement italien interdit aux francs-maçons. Une des dispositions du « programme de gouvernement » de la coalition formée par le Mouvement 5 étoiles et la Ligue était d’abord passée …Plus
Le prochain gouvernement italien interdit aux francs-maçons.

Une des dispositions du « programme de gouvernement » de la coalition formée par le Mouvement 5 étoiles et la Ligue était d’abord passée inaperçue mais commence à faire du bruit : elle vise tout simplement à empêcher tout franc-maçon de participer au gouvernement !

Code de déontologie des membres du gouvernement.
Ne peuvent faire partie du gouvernement les personnes qui :
– ont été signalés comme ayant fait l’objet de condamnations pénales, même si elles ne sont pas définitives, pour les crimes visés à l’article 7 du décret législatif du 31 décembre 2012, n. 235 (loi Severino), ainsi que pour les infractions de blanchiment d’argent, d’auto-recyclage et de fausse comptabilité ;
– sont en procès pour des crimes graves (par exemple : la mafia, la corruption, la concussion, etc.) ;
appartiennent à la Franc-Maçonnerie ou se trouver en conflit d’intérêts avec la matière objet de la délégation.
En France, seul Civitas a osé mettre cette revendication à son programme, allant encore plus loin avec un plan en plusieurs phases, dont la dernière est l’interdiction de la franc-maçonnerie.

Bien entendu, le Grand Orient d’Italie, rapidement suivi par les autres obédiences maçonniques italiennes, hurle au retour d’une disposition digne de Mussolini. Pas sûr que cela soit de nature à inquiéter les partenaires de la coalition ni leurs électeurs…

www.medias-presse.info/…/92051

Le Mouvement 5 étoiles en Italie : un populisme assumé,

Introduction
L
e Mouvement 5 étoiles (M5S) est né du rejet de la vieille classe politique italienne. Il se veut un espace de démocratie participative directe, où les militants sont invités à choisir les candidats et à se prononcer sur les orientations politiques via internet. Il n'a pas de siège, pas de structure physique. Ses positions politiques sont aussi fluctuantes que les têtes d'affiches sont éclectiques. Alors qu’elle passait pour invraisemblable lors de sa fondation en 2009, la revendication du M5S de gouverner le pays apparaît désormais sérieusement crédible.

Le Mouvement 5 étoiles en Italie : un populisme assumé
Hervé Rayner *
Souvent qualifié de « populiste », le Mouvement 5 étoiles (M5S, Movimento 5 stelle) déconcerte tant ses partisans et ses adversaires que les journalistes, politistes et autres commentateurs. La carrière d’humoriste de son cofondateur et principal porte-parole, Beppe Grillo, et son appétence pour la provocation contribuent à brouiller les pistes : le Mouvement refuse de conclure des alliances électorales et de s’aligner sur le clivage droite-gauche, se présente comme un « non-parti », son règlement est un « non-statut », le comique génois se voulant le « non-leader » d’une « non-association ».
Ce sens de la dérision, à l’origine de l’identité collective de la formation, ajoute à la perplexité qui accompagne son essor fulgurant, dans un contexte de crise socio-économique et de relative fluidité du jeu politique italien.

Genèse d’un sujet politique
Fondé en 2009, le Mouvement 5 étoiles est largement redevable de la rencontre du satiriste Grillo et de l’entrepreneur Gianroberto Casaleggio, à l’issue d’un spectacle du premier à Livourne en 2004. Né à Gènes en 1948, Giuseppe (dit Beppe) Grillo travaille après un diplôme en comptabilité pour la petite entreprise familiale de métallurgie, avant de se lancer dans une carrière d’humoriste dans un cabaret milanais. Il fait sa première apparition à la RAI (radio-télévision publique italienne) en 1977 lors d’un jeu télévisé, puis participe régulièrement à des émissions de variétés.
En 1981, il commence une carrière d’acteur cinématographique et, dès son premier film, dirigé par Luigi Comencini (L’Imposteur, 1982), obtient le prix du meilleur espoir, puis enchaîne avec Dino Risi (Le Fou de guerre, 1985) auprès de Coluche.
Comique en pleine ascension, ses apparitions sur le petit écran sont compromises en 1986 après qu’il s’en est pris à la corruption au sein du Parti socialiste dominé par Bettino Craxi lors d’un sketch diffusé durant une émission de grande audience. Il fait alors la tournée des théâtres et, en 1993, à la faveur de l’effondrement des cinq partis de gouvernement durant l’opération Mani pulite (« Mains propres ») revient à la RAI dans une courte série d’émissions attirant 15 millions de téléspectateurs. Ses spectacles, de plus en plus orientés vers des thèmes politiques et écologistes, rencontrent un succès croissant.
Situé à la croisée du journaliste autrichien Karl Kraus et de Coluche, il réinvente la satire en y incluant une part d’investigation débouchant sur de nombreuses dénonciations circonstanciées visant des entreprises, des élus, des institutions. Elles lui valent à la fois des procès en diffamation et d’être consulté par les magistrats instructeurs et la Brigade financière, en particulier dans le dossier de la multinationale des produits laitiers Parmalat, dont il avait souligné les irrégularités comptables avant le krach de 2002.
Né en 1954 à Milan, Gianroberto Casaleggio a, quant à lui, débuté sa carrière professionnelle comme programmeur informatique au siège du groupe Olivetti à Ivrea. Dans les années 1990, il devient directeur de Webegg, petite société de conseil spécialisée dans les services liés à l’internet. En 2004, il fonde sa propre société de marketing numérique, Caseleggio Associati, consultée par de grands groupes industriels européens et étatsuniens. Réservé, il n’en parvient pas moins à convaincre Grillo, qui, sur scène, se plaisait à détruire un ordinateur pour stigmatiser l’emprise de l’informatique, de lui passer commande d’un blog.
Créé en janvier 2005 pour promouvoir les tournées du comique, le blog BeppeGrillo.it devient très vite l’un des sites les plus consultés d’Italie. Ses lecteurs y déposent une grande quantité de dénonciations en tout genre et Grillo poursuit sa critique tous azimuts de la « vieille politique ». S’il attaque le centre-droit – Berlusconi est alors président du Conseil – et participe aux fêtes de l’Unità, le journal de l’ancien Parti communiste italien (PCI), il n’épargne pas le centre-gauche. Ses admirateurs fondent des groupes locaux, lesquels vont rapidement essaimer et interagir, notamment à partir d’une première réunion nationale à Turin en décembre. Les difficultés à peser sur le centre-gauche le poussent à mobiliser davantage ses admirateurs, chez qui il fait d’ores et déjà figure de leader d’opinion(1).
En 2007, devant le Parlement européen à Bruxelles, Grillo fustige la présence au Parlement italien de nombreux condamnés et célèbre les vertus participatives d’internet. Il appuie aussi des listes civiques lors d’élections locales et coordonne une journée nationale de protestation, le « V-Day » (vaffanculo day).
Le premier V-Day a lieu le 8 septembre 2007 – en référence au 8 septembre 1943, jour de la débandade du régime fasciste. Comprenant 200 lieux de rassemblement dans toute la péninsule, dont une tribune centrale à Bologne devant des dizaines de milliers de sympathisants, il est l’occasion de lancer une campagne de signatures en faveur de trois propositions de loi d’initiative populaire. La première interdisant aux personnes condamnées en justice de se présenter aux législatives, la deuxième limitant à deux le nombre de mandats parlementaires, et la troisième réclamant la fin des listes de candidats bloquées par les partis obtiendront 336 000 paraphes, puis seront transmises au Sénat, mais resteront sans effet.
En 2008, Grillo prône l’abstention lors des élections législatives, qui prennent la forme d’un duel entre Silvio Berlusconi et Walter Veltroni. Sur son blog, il commence à publier des communiqués politiques numérotés, en référence aux Brigades rouges, et, le 25 avril – date anniversaire de la libération du nazi-fascisme –, depuis la tribune du deuxième V-Day, qui prend les médias pour cible, il appuie trois requêtes référendaires demandant l’abrogation de l’Ordre des journalistes, la fin des subventions publiques aux éditeurs de presse et de la loi Gaspari régulant le secteur à l’avantage du groupe Mediaset fondé et dirigé par Silvio Berlusconi.
Le retour du magnat à la tête du gouvernement, l’aggravation de la crise socio-économique et la poursuite des scandales constituent alors un climat favorable à l’essor de ce nouveau sujet politique, dont des sondages tentent désormais d’évaluer le poids.

Une percée électorale fulgurante
Peu à peu, l’ampleur inattendue des mobilisations qui se greffent sur leurs initiatives convainc Grillo et ses partisans de s’engager directement en politique. En 2008, lors d’élections municipales partielles, les premières listes issues des Meetups (place à prévoir ici pour indiquer la traduction sur épreuves) souvent sous l’étiquette « amis de Beppe Grillo », plafonnent à 2 % des voix.
Le 8 mars 2009, ces apprentis candidats se réunissent à Florence, « première rencontre nationale des listes civiques 5 étoiles » (eau, environnement, transports, connectivité, développement), durant laquelle la Charte du mouvement, qui s’inspire d’une initiative promue par des communes « vertueuses » (lutte contre la privatisation de l’eau, pour le recyclage, etc.), est présentée. Non sans provocation, Grillo est candidat aux élections primaires pour le poste de secrétaire national du Parti démocrate (Partito Democratico, ex-DS). Sa tentative est rejetée par les instances du parti au motif qu’il a promu des listes électorales concurrentes.
Point focal de très nombreux et différents acteurs – ouvriers licenciés, diplômés sans emploi, jeunes entrepreneurs, etc. – qui voient en lui une solution et l’incitent à créer un parti, Grillo entend séduire les électeurs du centre-gauche de plus en plus critiques envers leurs représentants, dont les méthodes et les programmes se rapprochent de ceux du centre-droit.
Le 4 octobre 2009 à Milan, Grillo et Casaleggio officialisent la naissance du M5S, dont les activistes approuvent le programme. En 2009 et en 2010, des listes atteignent entre 3 et 5 % des suffrages dans plusieurs communes du …