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CONSIDÉRATIONS SUR LA PASSION Saint Alphonse de Liguori - CHAPITRE II SUR LES PEINES QUE JÉSUS-CHRIST SOUFFRIT À SA MORT (suite)

VIII –Jésus-Christ est le vrai Messie – Surabondance de ses mérites

D’après toutes ces citations, on peut juger du grand tort qu’ont les Juifs, lorsqu’ils refusent de reconnaître Jésus-Christ comme leur Messie et leur Sauveur, parce qu’il est mort d’un supplicie ignominieux. Mais, ne s’aperçoivent-ils pas que, si Jésus-Christ, au lieu de mourir en Croix comme un criminel, avait eu une Mort Honorée et Glorieuse aux yeux des hommes, il n’aurait pas été le Messie promis de Dieu et prédit par les Prophètes, qui annonçaient depuis tant de siècles que le Rédempteur devait mourir rassasié d’opprobres (Lm 3, 30) ? Au reste, toutes ces humiliations et toutes ces souffrances du Fils de Dieu, si bien prédites par les Prophètes, ne furent comprises, même de ses disciples, qu’après sa résurrection et son ascension dans le ciel (Jn 12, 16).

Enfin, la passion de Jésus-Christ a vérifié cette parole de David : « La Justice et la Miséricorde se sont donné le baiser de paix » (Ps 84, 11). En effet, d’un côté, par les mérites du Sauveur, les hommes ont été miséricordieusement réconciliés avec Dieu ; et de l’autre, par sa mort, la Justice divine a été surabondamment satisfaite, puisque, pour nous racheter, il n’était pas nécessaire que l’Homme-Dieu supportât tant de souffrances et d’opprobres ; il suffisait, comme nous l’avons dit, d’une seule goutte de son sang, d’une simple prière de sa part, pour sauver le monde entier. C’est pour nous inspirer plus de confiance et nous enflammer d’un plus grand amour envers lui, qu’il a voulu que notre rédemption fût, non seulement suffisante, mais encore surabondante, ainsi que David l’annonçait : « Espère Israël dans le Seigneur, puisque auprès du Seigneur est la Grâce, près de lui l’abondance du rachat » (Ps 129, 6).

Job a aussi prophétisé cette surabondance de la grâce lorsque, parlant au nom du Messie, il déclara que son affliction était incomparablement plus grande que ses péchés (Jb 6, 2). Ici encore, Jésus, par la bouche de Job, appelle ses péchés ceux des hommes, parce qu’il s’était obligé à satisfaire pour nous, afin que sa justice devint notre justice, suivant la pensée de Saint Augustin. La Glose commente le texte de Job en disant que, dans la balance de la Justice Divine, la Passion de Jésus-Christ l’emporte sur tous les péchés du genre humain. Toutes les vies des hommes ne suffiraient point pour expier un seul péché, mais les souffrances du Fils de Dieu ont satisfait pour toutes nos dettes (1 Jn 2, 2). De là, Saint Laurent Justinien encourage tout pécheur véritablement contrit à espérer son pardon avec assurance par les mérites de Jésus-Christ. Pauvre pécheur, lui dit-il, ne mesure point l’espérance d’obtenir le pardon de tes fautes à la grandeur de ton repentir, car toutes tes œuvres ne peuvent te le mériter ; mais mesure-la aux souffrances de ton Divin Rédempteur, qui a surabondamment satisfait pour toi.Ô Sauveur du monde ! dans vos chairs déchirées par les fouets, les épines et les clous, je reconnais votre Amour pour moi et l’ingratitude que j’aie eue de répondre par tant d’injures à tant de bienfaits ! Mais votre sang est mon espérance puisque c’est au prix de votre Sang que vous m’avez délivré de l’enfer autant de fois que je l’ai mérité. Ah ! qu’en serait-il de moi pour toute l’éternité, si vous n’aviez pensé à me sauver par votre mort ? Malheureux que je suis ! je savais qu’en perdant votre Grâce, je me condamnais moi-même à rester à jamais, sans espoir, éloigné de vous en enfer, et j’ai souvent osé vous tourner le dos ! Mais, je le répète, votre Sang est mon espérance. Ah ! que ne suis-je mort sans vous avoir jamais offensé ! Ô bonté infinie, je méritais d’être aveuglé, et vous m’avez éclairé de nouvelles lumières ; je méritais d’être endurci et vous m’avez attendri et touché de componction, au point que j’abhorre maintenant plus que la mort les injures que je vous ai faites, et que je me sens un grand désir de vous aimer ! Ces grâces que j’ai reçues de vous, me donnent l’assurance que vous m’avez pardonné et que vous voulez me sauver. Ô mon Jésus ! qui pourrait cesser encore de vous aimer, et aimer autre chose que vous ? Je vous aime, mon Jésus ! et je me confie en vous ; augmentez cette confiance et cet Amour, afin que désormais j’oublie tout et ne pense plus qu’à vous aimer et à vous plaire.

Ô Marie, Mère de Dieu, obtenez-moi la grâce d’être fidèle à Jésus, votre Fils et mon Rédempteur !