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shazam
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« Gino le Pieux, Gino le Juste » Monsieur Gino Bartali, le cycliste qui a sauvé 800 juifs. Le 5 mai 2000, la mort de Gino Bartali plongea l’Italie dans le deuil. Car dans les années 1930 et 1940, le …Plus
« Gino le Pieux, Gino le Juste »
Monsieur Gino Bartali, le cycliste qui a sauvé 800 juifs.
Le 5 mai 2000, la mort de Gino Bartali plongea l’Italie dans le deuil. Car dans les années 1930 et 1940, le Toscan fit les beaux jours du cyclisme italien.

En dépit d’une carrière interrompue par la seconde guerre mondiale, il remporta trois tours d’Italie, deux tours de France et devint une icône nationale.

Mais c’est après sa mort que Gino Bartali deviendra un héros. En 2013, le secret qu’il a gardé pendant des années est révélé : sous l’occupation nazie, le cycliste a utilisé sa renommée pour tromper la vigilance des patrouilles SS, et pour fournir à vélo de faux papiers à des juifs entrés dans la clandestinité. Récit en vidéo.
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2 mai 2018
shazam partage ceci
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Après sa mort, le champion cycliste Gino Bartali deviendra un héros.
En 2013, le secret qu’il avait gardé pendant des années, est révélé.
shazam
Monsieur Gino Bartali.
merzoug partage ceci
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Wansheng YE
Il sauva de nombreux juifs avec la « complicité » du vénérable cardinal Élie DALLA COSTA (1872-1961), « l'Évangile vivant », alors archevêque de Florence.
shazam
Le Cardinal Dalla Costa, juste parmi les nations
Un cardinal italien a été déclaré à titre posthume "Juste parmi les nations". Il s’agit de la plus haute distinction décernée par Israël à ceux qui ont sauvé au péril de leur vie des Juifs pendant la Shoah. Décédé en 1961, Elia Angelo Dalla Costa était archevêque de Florence pendant la Seconde Guerre mondiale. Selon le Mémorial Yad Vachem, …Plus
Le Cardinal Dalla Costa, juste parmi les nations

Un cardinal italien a été déclaré à titre posthume "Juste parmi les nations". Il s’agit de la plus haute distinction décernée par Israël à ceux qui ont sauvé au péril de leur vie des Juifs pendant la Shoah. Décédé en 1961, Elia Angelo Dalla Costa était archevêque de Florence pendant la Seconde Guerre mondiale. Selon le Mémorial Yad Vachem, il a mené de front le sauvetage de centaines de Juifs, 300 ou 400 au moins, encourageant la participation du clergé aux opérations de sauvetage. L'archevêque a recruté des sauveteurs au sein du clergé, rédigé des lettres qui ont ouvert à ses auxiliaires les portes des monastères et des couvents et leur ont permis d'aller implorer leurs responsables d'abriter des Juifs.

Un homme de prière qui agissait au nom de la charité évangélique

Selon un de ses biographes, le cardinal Dalla Costa était avant tout un homme de foi et de prière, un homme de Dieu qui a fait preuve d’un extraordinaire courage intérieur. Dès 1939, lors de la visite d'Hitler à Florence, il ferma le palais épiscopal et refusa d’exposer les drapeaux italien et allemand. A plusieurs reprises, il éleva sa voix pour condamner les lois raciales et la pratique de la torture, au nom de la charité évangélique. Il a lui-même hébergé des Juifs en fuite dans son palais pendant de brèves périodes, le temps qu'ils trouvent des endroits sûrs.

(archivioradiovaticana.va)
shazam
Parmi les multiples surnoms dont il fut affublé, celui de "Gino le Pieux" fut celui qui lui colla le plus à la peau.
Gino Bartali aurait aimé qu'on ne retienne de lui que ses exploits sportifs. Il y avait largement de quoi dire avec ses
184 victoires pros,
parmi lesquelles deux Tours de France (1938, 1948),
trois Tours d'Italie (1936, 1937, 1946),
quatre Milan - Sanremo (1939, 1940, 1947, 1950) …Plus
Parmi les multiples surnoms dont il fut affublé, celui de "Gino le Pieux" fut celui qui lui colla le plus à la peau.

Gino Bartali aurait aimé qu'on ne retienne de lui que ses exploits sportifs. Il y avait largement de quoi dire avec ses
184 victoires pros,
parmi lesquelles deux Tours de France (1938, 1948),
trois Tours d'Italie (1936, 1937, 1946),
quatre Milan - Sanremo (1939, 1940, 1947, 1950)
ou encore trois Tours de Lombardie (1936, 1939, 1940).

Mais à rebours des envolées célestes du champion, de ses ascensions quasi-christiques qu'il aimait à faire en solitaire, en accélérant par couches successives, l'homme dissimulait un secret plus riche encore, qu'il voulait garder au fond de lui comme pour mieux en préserver les éclats de noblesse.
Plus tard, dans une phrase restée accrochée à la légende de son personnage comme un vieux pardessus à un porte-manteau, il répondait que "le bien se fait mais ne se dit pas", éludant ainsi les rumeurs qui commençaient à se faire pressantes sur ses actes héroïques. "Si on le divulgue, il perd de sa valeur car c'est comme si on voulait tirer bénéfice de la souffrance d'autrui. Il est des médailles que l'on accroche à l'âme et non à la veste."

Jusqu'à sa mort ou presque, survenue en 2000, Gino Bartali a jalousement protégé ce secret dont il ne voulait tirer aucune gloriole, à mille lieux des communiqués de presse organisés aujourd'hui à la moindre œuvre de bienfaisance. Mais presque malgré lui, les langues ont fini par se délier. Puis la vérité par éclater. Et avec tout le respect que l'on doit à sa mémoire, on a quand même envie de dire que c'est tant mieux.

Gino Bartali n'aura qu'une seule frayeur, mais de taille. Fin juillet 1944, il est arrêté par une milice italienne collaborationniste, qui a intercepté une lettre à son attention en provenance du Vatican et a donc des doutes sur ses accointances avec le réseau catholique, dont les fascistes connaissent l'existence. Interrogé avec poigne dans les sombres sous-sols de la bien nommée Villa Triste, à Florence, il s'en sort une nouvelle fois grâce à sa réputation et à l'intervention en sa faveur d'un officier fasciste passionné de vélo. Quelques semaines plus tard, Florence est libérée. La vie peut reprendre son cours. Et Gino le vélo, pour de "vrai" cette fois.

Le grimpeur d'exception, l'un des meilleurs de tous les temps, a réussi une fois plus à s'échapper sans jamais se faire rattraper. Ce ne sera pas le cas de tous les maillons de cette chaîne de résistance, dont plusieurs ont été démasqués, et fusillés. Est-ce par respect pour eux que Bartali prit ensuite le pli de ne jamais parler ?
Possible, mais l'omerta est de toute façon la règle n°1 dans cette organisation secrète. Rappelons qu'en parallèle à sa mission de "facteur de la liberté", comme l'avait surnommée Monseigneur Dalla Costa, Gino Bartali abrite, dans la cave de sa maison, ainsi que dans celle d'un de ses cousins, une famille de juifs, les Goldenberg, dont le fils Giorgio livrera bien des années plus tard un témoignage capital dans la révélation des dessous de l'histoire. Pour que chacun survive, le mutisme le plus total est requis. Il n'a jamais quitté Bartali.

Le 23 septembre 2013, le rôle de Gino Bartali est officiellement reconnu par le Mémorial de la Shoah de Yad Vashem : ce jour-là, il est élevé au rang de "Juste parmi les Nations", la plus haute distinction décernée par Israël à tous ceux qui ont sauvé des juifs pendant la guerre – environ 800, est-il estimé dans son cas - au péril de leur vie. Son nom est gravé sur un mur aux abords du Mémorial, auprès de quelques 24 000 autres noms, parmi lesquels tout ceux ayant intégré le réseau de la Delasem.

En 2018, pour la première fois de son histoire, le Tour d'Italie s'est élancé d'Israël où il a passé trois jours largement dédiés à la mémoire de Gino Bartali – avec également une 11e étape partie d'Assise -, fait à cette occasion citoyen d'honneur de l'Etat d'Israël.

A partir de là, la boucle était bouclée. "Gino le Pieux" est devenu "Gino le Juste". L'archange de la montagne, dont la valeur ne s'exprimait jamais mieux que dans l'enchaînement des cols, comme un homme se révèle au gré des obstacles qu'il rencontre, est à nouveau passé de l'ombre à la lumière.

Cette fois, définitivement.


(eurosport.fr) 18/08/2020

Photo : Le 19 avril 1950, le Pape Pie XII reçoit au Vatican Gino Bartali, Fausto Coppi et Costante Girardengo.