L'Eglise précise le sens du respect des religions pour un catholique.

Avoir du respect pour les non-chrétiens et leurs religions n’est ni une apostasie, ni une affirmation qu’ils sont dans le vrai. Voyons avec Benoît XVI d'abord:

Benoît XVI condamnait justement le respect qui visait à relativiser et à mettre la foi chrétienne de côté:

"Aujourd’hui, en effet, il y a un grand nombre de gens qui pensent que les religions devraient se respecter mutuellement et qu’elles devraient, en dialoguant entre elles, devenir une force commune de paix. Dans cette manière de penser, un présupposé que l’on rencontre dans la plupart des cas est que les différentes religions constituent des variantes d’une seule et même réalité ; que “religion” est le genre commun, qui prend des formes différentes en fonction des différentes cultures, mais qui exprime en tout cas une même réalité. La question de la vérité, qui à l’origine préoccupait les chrétiens plus que tout le reste, est dans ce cas-là mise entre parenthèses. On présuppose que l’authentique vérité en ce qui concerne Dieu est, en dernière analyse, impossible à atteindre et que, tout au plus, on ne peut rendre présent ce qui est ineffable qu’en recourant à des symboles variés. Cette renonciation à la vérité semble réaliste et utile à la paix entre les religions du monde. Et cependant elle est mortelle pour la foi. En effet, la foi perd son caractère contraignant et sérieux si tout se réduit à des symboles qui, au fond, sont interchangeables et ne peuvent renvoyer que de loin à l’inaccessible mystère du divin.
La Evangelii gaudium du pape émérite Benoît XVI"


Son respect n’engageait donc absolument rien de plus qu’une estime pour la dignité des non-chrétiens qui pouvaient néanmoins cheminer et connaître certaines vérités. C’est ce qu’a affirmé Vatican II:

1. Le respect et l’amour doivent aussi s’étendre à ceux qui pensent ou agissent autrement que nous en matière sociale, politique ou religieuse. D’ailleurs, plus nous nous efforçons de pénétrer de l’intérieur, avec bienveillance et amour, leurs manières de voir, plus le dialogue avec eux deviendra aisé. 2. Certes, cet amour et cette bienveillance ne doivent en aucune façon nous rendre indifférents à l’égard de la vérité et du bien. Mieux, c’est l’amour même qui pousse les disciples du Christ à annoncer à tous les hommes la vérité qui sauve. Mais on doit distinguer entre l’erreur, toujours à rejeter, et celui qui se trompe, qui garde toujours sa dignité de personne, même s’il se fourvoie dans des notions fausses ou insuffisantes en matière religieuse [51]. Dieu seul juge et scrute les cœurs ; il nous interdit donc de juger de la culpabilité interne de quiconque [52]. (Gaudium et Spes)

Rappelons que le respect bien compris des convictions non-catholiques est bien enseigné dans la théologie catholique longtemps avant le concile. Par exemple, l’encyclopédie catholique de 1913 (article « Tolérance religieuse ») enseigne:

« C’est cette relation, enracinée uniquement dans l’amour pur, que l’on entend généralement lorsqu’on parle de « tolérance religieuse ». Elle n’est pas le fruit d’un orgueil pharisien ou d’une pitié qui s’enorgueillit de sa supériorité, mais surtout du respect des convictions religieuses d’autrui, que nous ne voulons pas troubler inutilement par vraie charité. Puisque l’erreur innocente peut atteindre la conviction la plus ferme et la plus sincère, le salut de la personne ne semble pas mis en péril jusqu’à ce que la bonne foi se transforme en mauvaise foi, auquel cas le sentiment de pitié n’a pas de justification. La bonne foi de la personne hétérodoxe doit, comme une règle, être présumée, jusqu’à ce que le contraire soit clairement établi. Mais même dans les cas les plus extrêmes, la charité chrétienne ne doit jamais être blessée, car le jugement final sur la conscience individuelle revient à Celui qui « sonde le coeur et les reins ». La même mesure de respect qu’un catholique réclame pour sa religion doit être montrée par lui aux convictions religieuses des non-catholiques. »

Pie XII appelait au respect des civilisations variées, dont il admettait les « valeurs spirituelles » et les coutumes qui ne sont pas inséparables des erreurs religieuses:

D’innombrables recherches et investigations de pionniers, accomplies en esprit de sacrifice, de dévouement et d’amour par les missionnaires de tous les temps, se sont proposé de faciliter l’intime compréhension et le respect des civilisations les plus variées et d’en rendre les valeurs spirituelles fécondes pour une vivante et vivifiante prédication de l’Evangile du Christ. Tout ce qui, dans ces usages et coutumes, n’est pas indissolublement lié à des erreurs religieuses sera toujours examiné avec bienveillance, et, quand ce sera possible, protégé et encouragé. (Summi pontificatus, 1939)

Le pape Pie XII a enseigné: «Soyez témoin de Jésus-Christ. Expliquez clairement que tout ce qui peut être vrai et bon dans d’autres religions trouve sa signification la plus profonde et la plus parfaite en Christ; tandis que la foi catholique révèle une connaissance de la vérité divine et un pouvoir de sauver, de sanctifier et d’unir l’homme à Dieu, ce qui le rend infiniment supérieur ». Radiomessaggio di Sua Santità Pio XII per le ricorrenze centenarie ad Ernakulam nel Malabar in onore di S. Tommaso Apostolo e di San Francesco Saverio (31 dicembre 1951) | PIO XII

Encore: « Quelles autres confessions, même non chrétiennes, présentent comme vraies et bonnes sont accueillies par elle [l’Église] et trouvent son sens profond de sens et de réalisation ». (Pape Pie XII, Message radio au Katholikentag allemand LXXVII, 2 septembre 1956)

C'est pourquoi le concile Vatican II pourra enseigner dans le prolongement de la Tradition :

"L’Église catholique ne rejette rien de ce qui dans ces religions [non chrétiennes] existe vrai et saint " (Déclaration sur les relations de l’Église avec les religions non chrétiennes, Nostra Aetate, paragraphe 2)


Nous comprenons de ce qui précède que ce ne sont pas les religions en tant que telles et dans leur ensemble doctrinal respectif qui sont respectées mais la religiosité qu'elles suscitent et les " semences du verbe" ( saint justin) qu'elles contiennent.