AveMaria44

PARCE, DOMINE

Homélie pour le Mercredi des Cendres
Flectamus iram vindicem,ploremus ante Judicem ;
clamemus ore supplici,dicamus omnes cernui :
Parce, Domine ;parce populo tuo :ne in æternum irascaris nobis.


La Divine Liturgie nous accompagne tout au long de l'année solaire comme dans un miroir, dans lequel nous voyons l'histoire de la Rédemption résumée et représentée. Le temps de l'Avent nous ramène à l'attente du Messie dans l'Ancienne Loi ; le temps de Noël célèbre sa très sainte Incarnation ; le Saint Carême et le temps de la Passion nous ramènent aux temps qui ont précédé le Sacrifice de la Croix ; le temps de Pâques célèbre la Résurrection et l'Ascension du Seigneur au ciel ; le temps de la Pentecôte retrace la vie terrestre du Sauveur, ses miracles, ses enseignements ; et à la fin du cycle liturgique - comme au début de celui-ci - nous sommes projetés à la fin des temps, au Jugement dernier, à la récompense ou à la condamnation de chacun d'entre nous. D'une certaine manière, les saisons mêmes de l'année accompagnent ce résumé sacré de l'histoire du salut, de sorte que dans les rigueurs de l'hiver, nous comprenons les douleurs de l'Enfant Roi né dans une mangeoire, et dans le réveil de la nature au printemps, nous pouvons voir l'hommage de la Création au Seigneur qui se lève et triomphe de la mort.

Ce mercredi des Cendres marque l'entrée dans un temps de pénitence et de purification pour nous préparer, dans notre corps et dans notre esprit, à ce triomphe de Notre Seigneur : un triomphe réel et historique, dont les contemporains ont été témoins et que les chrétiens de tous les temps et de tous les lieux ont célébré. Pour nous accompagner dans cette purification, la Sainte Liturgie nous montre ce qu'ont fait nos pères dans l'Ancien Testament et nous indique la nécessité de nous préparer à notre tour à affronter la grande persécution des Derniers Jours. En effet, on ne peut pas combattre sans entraînement, ni affronter une course sans être entraîné.

Dans l'Ancien Testament, les prêtres invoquent la miséricorde pour le peuple : Parce, Domine, parce populo tuo ! pardonne à ton peuple, Seigneur ! Dans le Nouveau Testament, c'est le Christ lui-même, élevé sur le bois de la croix, qui intercède pour nous : Pardonne-leur, Père ! Et avec lui, la Sainte Vierge, tous les saints et les âmes du Purgatoire intercèdent auprès du trône de la Majesté divine. Nous-mêmes, dans la Communion des Saints, nous offrons nos sacrifices pour expier nos péchés et ceux de nos frères et sœurs. Nous payons une dette contractée auprès de l'usurier infernal : non pas avec sa fausse monnaie, mais avec l'or le plus pur de la Passion du Christ. Cette dette que chacun de nous, en Adam, a contractée contre la volonté de Dieu et bien qu'il ait reçu de Lui la vraie richesse, le trésor le plus inestimable.

Ce saint Carême, que nous entamons aujourd'hui en nous aspergeant la tête de cendres et en jeûnant, se déroule à une époque de grands bouleversements sociaux, politiques et ecclésiaux. Chaque jour qui passe, de nouvelles vérités apparaissent, nous montrant une société apostate, une classe politique corrompue et pervertie, une hiérarchie vendue et perfide. Ceux que nous pensions être en charge du bien commun se révèlent être nos ennemis et les ennemis de Dieu. Ceux que nous pensions devoir défendre la Vérité et proclamer l'Évangile du Christ se révèlent être des adeptes de l'erreur et du mensonge. Et l'autorité que Notre Seigneur, Roi et Pontife, a accordée à nos gouvernants - civils et religieux - est utilisée à des fins opposées à celles qu'Il a établies.

Face à cette rébellion mondiale, et surtout face à la trahison des autorités, nous devons revenir avec plus de conviction pour revêtir nos âmes de cendres et de chemises de cheveux, nous prosterner devant le Seigneur et répéter le cri de nos pères : Flectamus iram vindicem, ploremus ante Judicem ; clamemus ore supplici, dicamus omnes cernui : Parce, Domine ; parce populo tuo : ne in æternum irascaris nobis nobis [Apaisons taire la colère vengeresse, pleurons devant le Juge ; invoquons-le d'une voix suppliante, prosternés, disons tous ensemble : Pardonne, Seigneur, pardonne à ton peuple, et qu'il ne reste pas éternellement en colère contre nous]. Cependant, précisément à cause de l'énormité de nos fautes et de l'horreur des fautes publiques des nations et de la hiérarchie ecclésiastique, notre pénitence doit être accompagnée - et précédée, dirais-je - par la proclamation de la vérité contre le mensonge. Car la vérité est de Dieu, elle est Dieu, et le mensonge est la marque maudite de Satan.

Que tombent donc les voiles et les artifices qui tentent de cacher le péché et le vice, de le nier, de lui donner l'apparence du bien et de la vertu. Que tombent les manteaux qui cachent des crimes et des délits odieux - avant tout contre Dieu et contre les petits - dans un réseau d'infâmes complicités entre âmes perdues. Que tombent les fictions d'un monde rebelle, les mensonges d'une autorité pervertie, d'un système infernal qui nie, offense et combat le Christ et ses enfants.

Que tombent les mensonges et les tromperies d'une hiérarchie et d'une papauté prises en otage par des ennemis du Christ asservis à Satan. Que tombent les arguments et les excuses que nous utilisons trop souvent pour justifier notre paresse, notre inertie spirituelle, notre incapacité à prendre parti et à nous ranger sous la bannière de notre divin Roi. Que tombent les prétextes que nous savons trouver pour retarder notre conversion et notre progression dans la sainteté.C'est sans doute l'heure des ténèbres. Mais ce sont des ténèbres destinées à être percées par la Lumière du Christ, devant laquelle tout apparaîtra tel que c'est, et non pas tel que nous voudrions que ce soit, non pas tel qu'il serait plus commode de satisfaire notre indolence.
Et la première vérité à proclamer, à crier aux quatre vents, c'est que nous sommes pécheurs, qu'il y a une mort certaine, un jugement sans appel, un enfer pour punir les méchants et un paradis pour récompenser les bons. Et que cette vérité ultime et indéfectible fait partie de notre être même, inscrite dans nos cœurs comme la Loi de la nature, révélée dans les Écritures, et donnée par Notre Seigneur à son Église pour qu'elle la prêche fidèlement à tous les peuples.
Proclamons cette vérité sans craindre d'être contredits, en nous souvenant des paroles du Siracide : Memorare novissima tua, et in æternum non peccabis (Si 7:40) :

Souviens-toi de ce qui t'attend, et tu ne pécheras jamais. Ainsi soit-il.
Carlo Maria Viganò, Archevêque
5 mars MMXXV
Mercredi des Cendres, au début du Carême

Source Stilum Curiae Marco Tosatti
707
AveMaria44 partage ceci
637