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Le Combat Spirituel LORENZO SCUPOLI (CHAPITRE XXII - COMMENT LES CHOSES EXTÉRIEURES PEUVENT NOUS AIDER À RÉGLER NOS SENS ET À PASSER À LA MÉDITATION DES MYSTÈRES DE LA VIE ET DE LA PASSION DU VERBE INCARNÉ )

Je vous ai montré comment nous pouvons nous servir des choses sensibles pour nous élever à la contemplation de la divinité.

Apprenez maintenant à vous exciter par leur moyen à la méditation des mystères de la vie et de la Passion du Verbe incarné. Toutes les créatures peuvent servir à cette fin. Considérez en elles, ainsi que nous venons de le dire, ce Dieu suprême, cause première et unique de leur être, de leur beauté et de toutes leurs perfections ; et considérez ensuite quelle grande, quelle immense bonté il nous a témoignée en daignant, lui, l’unique principe et le maître souverain de toute chose, se ravaler jusqu’à se faire homme, jusqu’à souffrir et mourir pour sa créature, jusqu’à souffrir et mourir pour sa créature, jusqu’à permettre aux œuvres mêmes de ses mains de s’armer contre lui pour le crucifier.

Vous trouverez une infinité de choses qui mettront ces mystères adorables sous les yeux de votre âme. Les armes, par exemple, les cordes, les fouets, les colonnes, les épines, les clous, les marteaux, tous les objets enfin qui ont servi d’instruments à la Passion vous rappelleront ses souffrances cruelles. Les logements pauvres et incommodes rendront présents à votre mémoire l’étable et la crèche du Sauveur. La pluie vous fera souvenir de cette pluie de sang divin qui attisa le jardin des oliviers ; les pierres que nous foulons aux pieds nous rappelleront les pierres qui se brisèrent à sa mort ; la terre, le tremblement qui l’agita à cette heure suprême ; le soleil, les ténèbres qui l’enveloppèrent ; l’eau des fontaines, l’eau mêlée de sang qui sortit de son côté entrouvert ; et ainsi de tant d’autres choses qui se présenteront à vos yeux. Si vous buvez du vin ou quelque autre liqueur, rappelez-vous le vinaigre et le fiel dont on abreuva votre divin Maître. Si l’odeur des parfums vous attire, reportez votre pensée à l’odeur infecte que les cadavres lui envoyaient sur le mont Calvaire.

Quand vous vous habillez, songez que le Verbe éternel s’est revêtu de votre chair mortelle pour vous revêtir de sa divinité ; et quand vous vous déshabillez, pensez que votre Sauveur a été dépouillé de ses vêtements pour être flagellé et crucifié pour vous.

Quand vous entendez les clameurs et le bruit confus de la foule, souvenez-vous de ces cris abominables qui retentirent à ses oreilles : Qu’il meure, qu’il meure ! Crucifiez-les, crucifiez-le !

Quand la cloche gémit sous le marteau qui la frappe, songez à ce mortel battement de cœur que fit éprouver à Jésus, dans le jardin des oliviers, la crainte de sa Passion et de sa mort prochaine ; ou bien figurez-vous entendre les coups de marteaux qui l’attachèrent à la croix.

Quand vous vous sentez vous-même, ou que vous voyez les autres en proie à la tristesse et à la douleur, songez que ces afflictions ne sont rien, comparées aux inconcevables angoisses qui transpercèrent le corps et l’âme de votre Sauveur.