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Conduite pour passer Saintement le temps l'Avent par Le Révérend Père Avrillon

LE XVI JOUR DE DÉCEMBRE.
Jour de reconnaissance.

PRATIQUE.

Aujourd'hui, honorez le premier moment du séjour du Verbe incarné dans le chaste sein de Marie ; consacrez votre journée à l'Incarnation du Verbe; occupez-vous de tendres réflexions sur ce profond mystère. Remerciez ce Dieu de gloire et de bonté, qui a bien voulu se faire homme pour nous sauver; unissons notre reconnaissance à celle de la Vierge, et multiplions- en souvent les actes pendant la journée.

MÉDITATION.

Mon âme glorifie le Seigneur, et mon esprit est ravi de joie en Dieu mon Sauveur, parce qu'il a regardé la bassesse de sa servante (Luc, 1).

1er POINT. Sainte Elisabeth, à l'arrivée de Marie, avait senti l'auteur de la grâce que cette divine mère portait dans son chaste sein, par le tressaillement de Jean-Baptiste; elle s'écria par un mouvement du Saint Esprit: Soyez bénie entre toutes les femmes! Et d'où me vient un si grand bonheur que la mère de mon Dieu vienne me visiter? Cet éloge si pur, qui élevait Marie au-dessus de toutes les créatures mortelles, fit sortir de sa bouche ce cantique sublime de Magnificat, qu'on peut appeler une action de grâces continuelle. Toute abîmée (???) dans la voie de sa bassesse, elle renvoie à Dieu toutes les louanges qu'on lui donne; elle ne publie la grandeur et la puissance de Dieu que pour mieux insinuer sa bassesse et son néant : c'est un combat entre la grandeur et l'humilité, entre les bienfaits et la reconnaissance, où la grâce décide;
on la traite de mère de Dieu, elle ne se regarde et ne veut être regardée que comme sa servante; elle proteste avec action de grâce que c'est Dieu qui a tout fait en elle, et elle publie la sainteté de son nom, l'étendue de sa puissance et la grandeur de ses miséricordes.

2ème POINT. Telle fut la reconnaissance de Marie; elle s'humilie et s'avoue redevable à la puissance et à la bonté de Dieu de ce qu'il avait opéré en elle; tout son esprit est appliqué à reconnaître ses divines miséricordes; tout son cœur est pénétré de la plus vive reconnaissance; toute sa voix le publie dans l'admirable cantique d'actions de grâces, et elle va exprimer sa reconnaissance par ses bonnes œuvres en servant humblement sa cousine pendant trois mois.

Imitons ce grand modèle de reconnaissance; rendons de continuelles actions de grâces à Dieu de ses bienfaits, avec la même humilité : c'est le moyen de nous acquitter envers ce souverain bienfaiteur, et de mériter de nouvelles grâces de sa libéralité, qui ne met point de bornes à ses faveurs à l'égard des cœurs reconnaissants.

Que je sens ici mon impuissance et ma faiblesse, ô mon divin Sauveur, et l'extrême besoin que j'ai de votre secours pour vous rendre les actions de grâces que je vous dois. Je vous dois l'être et la vie; et cette vie entière je devrais la consacrer à la reconnaissance. Seigneur, ne donnez de fidélité à
ma mémoire que pour se rappeler vos bienfaits, de vivacité à mon esprit que pour y penser, de tendresse à mon cœur que pour les sentir, et de force à ma voix que pour les publier.

O mon Sauveur, chargez-vous vous même de ma reconnaissance, afin que je puisse dire comme le prophète

Mon Seigneur rendra grâces pour moi (Ps. 137). Rendez-vous grâces à vous-même des faveurs dont je vous suis redevable; vous m'avez donné votre chair, votre sang, votre Passion, votre mort et tous vos mérites: je vous les offre, Seigneur, à vous-même en actions de grâces; pourriez-vous ne les pas accepter?

SENTENCES.

Que rendrai-je au Seigneur pour tous les biens qu'il m'a faits (Ps. 115)?

Heureux est celui qui recueille avec application toutes les grâces qu'il a reçues; qui se les remet devant les yeux, et qui en rend de continuelles actions de grâces à Dieu (D. Bern. Serm. 10 in Cant.).

RÉFLEXIONS.

La gloire appartient à Dieu seul. Les anges la chantent dans le ciel, les hommes la reconnaissent sur la terre; les cieux même, quoique insensibles, l'annoncent et la publient (Ps. 18).

Voilà cependant le Verbe divin qui éclipse et sacrifie cette gloire dans le mystère de l'Incarnation, et y substitue le mépris, l'humiliation et l'infamie, parce qu'il nous aime, qu'il veut que nous l'aimions et que nous marchions sur ses traces. Jésus-Christ a trouvé la gloire dans cette infamie, dit saint Augustin; il tire sa grandeur de sa bassesse, son humilité fait son élévation, et ses opprobres font sa gloire et la nôtre.

HOMMAGE A L'ESPRIT DE JÉSUS ENFANT.

Esprit divin de mon Jésus, je vous rends mes plus tendres et mes plus respectueux hommages. O profondeur, ô sublimité, ô abîme de sagesse et de science renfermés dans un corps d'enfant, je vous adore?

O source de lumière, guérissez mon ignorance, dissipez mes ténèbres, éclairez mon âme, embrasez-la de vos divines ardeurs et faites que je vous aime de tout mon cœur dans le temps et dans l'éternité.

ORAISON JACULATOIRE.

Levez-vous, Jérusalem, recevez la lumière; car voilà qu'elle vient, et que la gloire du Seigneur se lève sur vous (Isaie 60)!