15 octobre, sainte Thérèse d'Avila, vierge, réformatrice du carmel 1510‐1582 💛

A ma mère qui m'a fait découvrir l'univers mystique de sainte Thérèse d'Avila. Toutes deux portaient l'Espagne en elles.
Prions pour nos frères persécutés et nos amis souffrants.
La neuvaine à sainte Thérèse d'Avila vient de s'achever.

Ma mère est née dans une vigne sous les bombardements de la guerre civile d'Espagne. Sa propre mère Valentina est morte à l'âge de vingt-neuf ans de tuberculose et de faim alors que ma mère n'avait qu'un an. De noblesse aragonaise, elle a réussi malgré la guerre et la maladie à faire baptiser ses trois enfants car elle était très pieuse. Sainte Thérèse d'Avila était l'une des saintes et théologiennes préférées de ma mère. Était-ce parce qu'elles étaient toutes deux espagnoles ? Ou parce que dans le climat douloureux de la guerre d'Espagne ma mère trouvait un réconfort à sa lecture ? Ou à cause de son goût pour la philosophie et la théologie ? Ma mère fit des études de philosophie à la Sorbonne. Les circonstances dramatiques de son enfance ont fait qu'elle n'a eu le temps d'écrire un livre sur sainte Thérèse d'Avila. Nul doute qu'il aurait été très riche.
Aujourd'hui la guerre revient sous un jour mondialisé plus terrible encore ...
Marie Bee
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Une sentence que sainte Thérèse portait dans son bréviaire et qui lui servait de signet 💛 :
Que rien ne te trouble,
Que rien ne t'épouvante,
Tout passe.
Dieu ne change point.
La patience obtient tout.
Quand on a Dieu
Rien ne manque,
Dieu seul suffit.
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Dans cet extrait la sainte montre combien il est important de persévérer pour arriver aux dernières demeures, quels combats terribles sont livrés à l'âme par le démon, et de quelle nécessité il est de ne point s'égarer dès le début, si l'ont veut réussir. Elle indique un moyen qui, d'après son expérience personnelle, est très efficace. 💛

Les deuxièmes Demeures
Chapitre unique

De la valeur de la persévérance, pour atteindre aux dernières Demeures, du vif combat que livre le démon, et combien il est utile de ne pas se tromper de chemin au début. D’un moyen dont elle a fait l’expérience efficace. Parlons maintenant, mes filles , des âmes qui entrent dans la seconde demeure, et considérons à quoi elles s’y occupent. Je voudrais ne dire là-dessus que quelques mots, parce que j’en ai parlé amplement ailleurs ; puis, ne me souvenant plus de ce que j’ai écrit, il me sera impossible de ne pas me répéter. Si du moins j’avais le talent de présenter les mêmes pensées de différentes manières, la variété soutiendrait votre attention, de même qu’elle nous fait lire sans fatigue les livres si nombreux qui traitent de cette matière. Les âmes que j’ai ici en vue, sont celles qui ont commencé à s’adonner à l’oraison, et qui comprennent combien il leur importe de ne pas s’arrêter dans la première demeure, mais qui n’ont pas cependant assez de courage pour l’abandonner tout à fait, et y retournent souvent, parce qu’elles ne se séparent point des occasions. II y a là un grand péril pour elles. C’est néanmoins une insigne faveur de Dieu, que durant quelques courts intervalles, elles tâchent de fuir les couleuvres et les bêtes venimeuses, et qu’elles voient que cette fuite leur est salutaire. Ces âmes, sous un certain rapport ; souffrent beaucoup plus que celles qui sont dans la première demeure, mais elles sont moins exposées, parce qu’elles connaissent déjà les périls ; aussi y a t-il grande espérance qu’elles pénétreront plus avant dans le château. J’ai dit qu’elles ont plus à souffrir, parce que, dans la première demeure, les âmes sont comme des sourds-muets qui, privés de la parole et de l’ouïe, endurent plus patiemment la peine de ne point parler, tandis que dans la seconde elles ressemblent à des personnes qui ont l’ouïe bonne, mais qui sont muettes, et sentent ainsi beaucoup plus le déplaisir de ne pouvoir parler. L’état de celles qui n’entendent point, n’est pas néanmoins le plus désirable, car enfin c’est un grand avantage d’ouïr ce qu’on nous dit. Or, tel est le bonheur dont jouissent les âmes dans la seconde demeure : elles entendent la voix du Seigneur quand il les appelle. Comme elles entrent plus avant dans le château et se trouvent plus proches du Roi de gloire, elles se ressentent d’avoir un si bon voisin. Elles sont encore, il est vrai, au milieu des affaires, des plaisirs, des divertissements, des vanités du monde, elles vont tombant, se relevant de leurs péchés, parce qu’il est comme impossible que ces bêtes venimeuses dans la compagnie desquelles elles continuent d’être, ne les fassent pas broncher ; mais la miséricorde et la bonté de l’adorable Madre qu’elles servent sont si grandes, et il désire tant qu’elles l’aiment et s’efforcent de s’approcher de lui, qu’il continue de les appeler, et cela d’une manière si douce, qu’elles se désolent de ne pouvoir exécuter à l’heure même ce qu’il leur commande. Ainsi, il est vrai de dire que ces âmes souffrent davantage que si elles étaient sourdes à sa voix. Il y a néanmoins de la différence entre cette manière d’appeler, et celle dont je parlerai dans la suite. Ici, pour se faire entendre, Dieu se sert de quelques paroles prononcées par des gens de bien, d’un sermon, de la lecture des bons livrés ; sans parler de beaucoup d’autres moyens de ce genre qu’il emploie, il appelle encore par des infirmités, par des peines, par une vérité qu’il fait luire à l’esprit durant ces moments que l’on consacre à l’oraison. Si peu fervente que soit cette oraison, Dieu en fait toujours grand cas. Ne laissez donc pas, mes sœurs, d’estimer beaucoup cette première grâce, et ne perdez point courage si vous ne répondez pas à l’heure même à la voix de Notre Seigneur. Cet adorable Maître sait attendre non seulement pendant plusieurs fours, mais pendant plusieurs années, surtout quand il voit de la persévérance et de bons désirs. La persévérance est ce qu’il y a ici de plus nécessaire : avec elle on ne peut jamais manquer de gagner beaucoup. Mais qu’elle est terrible la batterie que le démon dresse ici contre l’âme, et de combien de manières il l’attaque ! Elle a bien plus à souffrir que dans la première demeure. Là, en effet, elle était muette et sourde, ou du moins entendait fort peu ; et elle n’opposait à l’ennemi qu’une faible résistance, semblable à une personne qui a presque perdu l’espérance de vaincre. Mais ici, son entendement est plus vif, toutes ses puissances plus libres, et les coups qu’on lui porte dans ce combat, si forts et si redoublés, qu’il lui est impossible de ne les pas entendre. Les dénions dirigent alors contre l’âme ces couleuvres venimeuses dont j’ai parlé : ils lui font les plus séduisantes peintures du monde ; ils lui représentent ses plaisirs en quelque sorte comme éternels ; ils lui rappellent l’estime qu’on y avait pour elle, ce qu’elle trouvait de charme dans la société de ses amis et de ses parents ; ils lui font craindre la perte de la santé par ces pénitences pour lesquelles on sent de l’attrait dès qu’on entre dans cette seconde demeure ; enfin, il n’est sorte de ruse qu’ils n’emploient contre elle, ni d’obstacles qu’ils ne lui suscitent. Ô Jésus ! dans quel trouble et quelles angoisses ces esprits de ténèbres ne jettent-ils pas cette pauvre âme ! Elle ne sait si elle doit passer outre, ou retourner à la première demeure. Dans ce combat, la raison lui vient en aide ; dévoilant l’artifice de l’enfer, elle montre que tous ces présents du monde ne sont qu’un pur néant en comparaison du bonheur auquel elle aspire. La foi, de son côté, lui enseigne que ce bonheur peut seul rassasier ses désirs. La mémoire, à son tour, lui représente le terme où vont aboutir toutes les félicités de la terre : elle lui remet sous les yeux un spectacle qui l’avait tant frappée, les derniers moments de ces heureux du siècle qui avoient Joui à souhait de tous les plaisirs ; elle la fait assister de nouveau à la mort subite de quelques-uns d’entre eux, et lui fait remarquer en combien peu de temps ils ont été oubliés. Elle lui en rappelle quelques-uns en particulier qu’elle avait connus, qu’elle avait vus au sein de la prospérité, et qui, maintenant sous terre, sont foulés aux pieds par les passants ; elle lui montre le lieu de leur sépulture où elle a passé si souvent elle-même, et arrête sa vue sur leurs corps devenus la proie et la pâture des vers. Outre ces tableaux, la mémoire lui en présente d’autres encore, où elle peut lire le mensonge et le néant des promesses du monde. La volonté se sent inclinée à aimer Celui en qui elle découvre tant d’amabilités, et de qui elle a reçu tant de marques d’amour, qu’elle ne peut les considérer sans éprouver le désir d’y répondre. Ce qui, en particulier, la touche et l’attire, c’est de voir comment ce véritable Ami est toujours avec elle, ne la quittant point, l’accompagnant partout, lui, donnant à tout moment l’être et la vie. L’entendement, de son côté, lui fait connaître que quand elle aurait de longues années à vivre, elle ne saurait acquérir un ami si fidèle et si véritable ; que le monde n’est que vanité et mensonge, et que ces plaisirs que le démon lui promet, sont remplis d’amertumes, de soucis, de traverses. Il lui dit encore qu’en quelque lieu qu’elle puisse aller, elle ne saurait trouver, hors de ce château ; ni sécurité ni paix ; qu’il y aurait de l’imprudence à aller chercher dans des maisons étrangères, lorsqu’elle trouve dans la sienne une infinité de biens dont elle peut jouir ; que tout le monde n’a pas l’avantage de posséder ainsi chez soi toutes les choses nécessaires à une entière félicité ; enfin, que le comble du bonheur pour elle est d’avoir un Hôte qui la mettra en possession de tous les trésors du ciel, pourvu qu’elle ne veuille pas imiter l’enfant prodigue et se réduire comme lui à la nourriture des pourceaux. Avec des raisons de cette force, l’âme peut sans doute vaincre les démons. Mais, ô mon Seigneur et mon Dieu ! La coutume que la vanité a établie a tant d’empire et est si généralement reçue, qu’elle ruine les meilleurs désirs. La foi étant comme morte, on préfère ce qui frappe les sens à ce qu’elle enseigne. Et cependant que voyons-nous-en ceux qui courent après ces biens visibles, si ce n’est une grande misère ? Cette langueur de la foi dans une âme vient du commerce qu’elle a avec ces bêtes venimeuses. Si elle ne se tient pas sur ses gardes, il lui arrivera ce qui arrive à celui qui est mordu par une vipère : le venin se répandant dans tout son corps, il enfle d’une manière extraordinaire. Dans un tel état, il est clair qu’il faut à l’âme beaucoup de remèdes pour guérir, et encore est-ce une grande grâce que Dieu lui accorde, si elle n’en meurt pas. Il est donc vrai que l’âme endure ici de grandes peines, principalement quand le démon reconnaît, à sa disposition et à ses qualités, qu’elle est capable de pénétrer bien avant dans le château ; car alors il soulèvera tout l’enfer pour s’opposer à ses desseins et pour la faire retourner en arrière. Ô mon Sauveur ! quel besoin l’âme n’a-t-elle pas alors de votre secours ! elle ne peut rien sans vous. Ne souffrez donc pas, au nom de votre miséricorde, que, se laissant surprendre, elle abandonne son entreprise. Éclairez-la de vos lumières, afin qu’elle voie que tout son bonheur consiste à avancer, et afin qu’elle s’éloigne des mauvaises compagnies. Je ne saurais dire tout ce qu’elle trouve de précieux avantages dans la société de ceux qui marchent dans les voies spirituelles. Il lui sera donc très utile de converser non seulement avec les âmes qui sont dans la même demeure qu’elle, mais encore avec celles qui sont plus près du centre du château. Par l’intimité des rapports, il pourra s’établir entre elle et ces âmes choisies un tel lien, qu’elles l’attireront dans leur propre demeure. Cette âme doit aussi se tenir toujours sur ses gardes pour ne point se laisser vaincre. Car si le démon la voit fermement résolue de perdre le repos, la vie et tout ce qu’il lui peut offrir, plutôt que de retourner à la première demeure, il se désistera bien plus vite de ses attaques. C’est ici qu’il faut que l’âme se montre courageuse, et ne ressemble point à ces lâches soldats qui se couchaient sur le ventre pour boire, lorsque Gédéon les conduisait à l’ennemi. Elle doit se persuader qu’elle va livrer combat à tous les démons, et que de toutes les armes les meilleures pour vaincre sont celles de la croix. Je l’ai déjà dit, et je le répète encore : elle ne doit point, dans le début, se proposer des contentements et des plaisirs. Ce serait une manière bien basse de commencer à travailler à un si grand édifice, et bâtir sur le sable une maison qui ne tarderait pas à tomber. En agissant de la sorte, elle s’exposerait à des dégoûts et à des tentations sans fin. Ce n’est point dans ces premières demeures que tombe la manne ; il faut pénétrer plus avant dans le château pour la recueillir : là seulement l’âme trouve toutes choses selon son goût, parce qu’elle ne veut que ce que Dieu veut. C’est chose plaisante de voir quelquefois les prétentions des commençants. Quoi ! l’on est encore avec mille embarras, mille imperfections, les vertus ne font que de naître, elles sont si débiles qu’elles ne savent point encore marcher, et l’on ne rougit pas de vouloir des douceurs dans l’oraison, et de se plaindre des sécheresses ! Que cela ne vous arrive jamais, mes sœurs. Embrassez la croix que votre Époux a portée, et sachez que c’est à ce noble but que doivent tendre tous vos efforts. Que celle d’entre vous qui peut le plus souffrir pour ce divin Époux souffre de, grand cœur, et à celle-là appartiendra la plus belle couronne. Voilà le capital, le reste n’est qu’un accessoire ; s’il plaît à Dieu de vous en favoriser, vous lui en rendrez de grandes actions de grâces. Vous direz peut-être, mes sœurs, que vous êtes bien déterminées à endurer les peines extérieures, pourvu que Dieu vous console intérieurement. Mais il connaît mieux que nous ce qui nous est utile ; il ne nous appartient pas de lui donner conseil, et il peut nous dire avec raison que nous ne savons pas ce que nous demandons. N’oubliez jamais cette importante vérité : ce à quoi doivent uniquement prétendre ceux qui commencent à s’adonner à l’oraison, c’est de travailler de toutes leurs forces, avec courage et par tous les moyens possibles, à conformer leur volonté à la volonté de Dieu. Soyez bien assurées qu’en cela consiste, comme je le ferai voir dans la suite, la plus sublime perfection à laquelle on puisse s’élever dans le chemin spirituel. Plus on s’unit à Dieu par cette conformité entière de volonté, plus on reçoit de lui, et plus on avance dans les voies de la perfection. N’allez pas croire que notre avancement dépende de quelque autre moyen inconnu et extraordinaire ; non : tout notre bien consiste dans la parfaite conformité de notre volonté avec la volonté de Dieu. Mais si, dès le commencement, nous nous trompons, en voulant que Dieu fasse notre volonté et non pas la sienne, et qu’il nous conduise par le chemin qui nous est le plus agréable, quelle fermeté peut avoir le fondement de cet édifice spirituel ? Pensons donc seulement à faire ce qui dépend de nous, et tâchons de nous défendre de ces bêtes venimeuses. Car souvent Dieu permet que les mauvaises pensées et les sécheresses nous poursuivent et nous affligent, sans que nous puissions les éloigner de nous ; et même il souffre quelquefois que nous soyons mordues de ces bêtes, afin de nous rendre plus vigilantes, et pour éprouver si nous avons un vif regret de l’avoir offensé. Si donc il vous arrive de tomber quelquefois, gardez-vous de perdre cœur ; armez-vous plutôt d’un nouveau courage pour continuer d’avancer, et croyez que Dieu saura faire tourner votre chute même à l’avantage de votre âme. Quand nous n’aurions point d’autres preuves de notre misère, et du dommage que nous cause la dissipation intérieure, celle-là seule devrait suffire pour nous porter à nous recueillir. Peut-il y avoir un plus grand mal que de se voir hors de chez soi ? Et comment espérer de trouver ailleurs du repos, lorsque l’on n’en trouve pas dans sa propre maison ? Rien ne nous est si proche, si intime, que les puissances de notre âme, puisque nous en sommes inséparables ; et ces puissances nous font la guerre, comme si elles voulaient se venger de celle que nos vices leur ont faite. La paix ! la paix ! mes sœurs, c’est la parole sortie de la bouche du divin Maître, et qu’il a tant de fois adressée à ses apôtres. Mais croyez-m’en, si vous ne l’avez point, si vous ne tâchez pas de l’avoir en vous, vous travaillerez en vain à la chercher hors de vous. Oh ! qu’elle finisse cette guerre ! je le demande au nom du sang que notre adorable Sauveur a répandu pour nous. Qu’ils y mettent un terme, je les en conjure, ceux qui n’ont point encore commencé à rentrer en eux-mêmes ; et que ceux qui y sont déjà rentrés ne cèdent point, par crainte des combats, à la tentation de retourner en arrière. Qu’ils considèrent que les rechutes sont plus dangereuses que les chutes voyant qu’ils ne peuvent reculer sans se perdre, qu’ils se confient, non en leurs propres forces, mais uniquement en la miséricorde de Dieu. Ils verront comment Notre Seigneur les conduira d’une demeure dans une autre, et les introduira dans une terre où ces bêtes cruelles ne pourront plus ni les atteindre ni les fatiguer ; au lieu d’avoir à les redouter, ils les tiendront assujetties et se riront de leurs efforts ; enfin, dans cette terre de bénédiction, leur âme jouira de plus de bonheur qu’on n’en peut souhaiter en cette vie. Mais vous ayant déjà expliqué ailleurs, ainsi que je le disais au commencement de cet écrit, comment vous devez vous conduire au milieu des troubles que le démon suscite dans cette demeure ; et, en parlant de la manière de se recueillir, vous ayant déjà dit que ce n’était point à force de bras, mais avec suavité, qu’il fallait le faire, afin que le recueillement soit plus durable, je ne le répéterai point ici. Je me contenterai d’ajouter qu’il est très avantageux d’en communiquer avec des personnes qui en aient l’expérience. Vous pourriez croire que lorsque des occupations nécessaires vous retirent de cette retraite intérieure du cœur, vous faites une grande brèche au recueillement ; détrompez-vous. Pourvu que vous soyez ensuite fidèles à y rentrer de nouveau, le divin Maître fera tout : tourner au profit de votre âme, quoique vous n’ayez personne pour vous instruire. Lorsque faction a interrompu le recueillement, il n’y a point d’autre remède que de commencer à se recueillir. Sans cela, l’âme ira perdant chaque jour dé plus en plus, et encore plaise à Dieu qu’elle s’en aperçoive ! Mais, pourrait penser quelqu’une d’entre vous, si c’est un si grand mal de retourner en arrière, ne vaudrait-il pas mieux rester hors du château, sans jamais se mettre en peine d’y entrer ? Je vous ai déjà dit dès le commencement, en m’appuyant sur les paroles mêmes de Notre Seigneur, Que celui qui aime le péril y rencontrera sa perte, et qu’il n’y a point d’autre porte que l’oraison pour entrer dans ce château. Ce serait donc folie de s’imaginer qu’on peut entrer au ciel, sans entrer auparavant en soi- même pour se connaître, sans considérer sa propre misère, les immenses bienfaits qu’on a reçus de Dieu, et sans implorer souvent le secours de sa miséricorde. Le divin Maître ne nous a-t-il pas dit : Nul n’ira à mon Père que par moi ; ce sont, ce me semble, ses paroles ; et encore : Qui me voit, voit mon Père ? Or, si nous ne jetons jamais les yeux sur cet adorable Sauveur, si nous ne considérons point les obligations infinies que nous lui avons, si nous ne pensons point à la mort que son amour lui a fait endurer pour nous ; comment pourrons-nous le connaître, et travailler pour son service ? De quoi sert la foi sans les œuvres ? et les œuvres, quelle valeur peuvent-elles avoir, si elles ne sont unies à la valeur des mérites de Jésus-Christ notre souverain bien ? Enfin, si nous ne considérons toutes ces choses, qu’est-ce qui sera capable de nous porter à rendre à ce divin Maître les témoignages d’amour que nous lui devons ? Je le supplie en ce moment de nous faire comprendre combien nous lui coûtons cher, et de nous donner l’intelligence de ces vérités : Que le serviteur n’est pas au-dessus du Maître ; que l’on ne peut sans travail arriver à la gloire ; et qu’il est nécessaire de prier, pour ne pas être sans cesse exposé à la tentation.

Marie Bee Thevenet
Ô mon Dieu et mon tout, comment voulez-vous que nous aimions une si misérable vie ? Ah ! pour ne pas en souhaiter la fin, et pour ne pas vous conjurer de nous en retirer, il ne faut rien moins que l’espérance de la perdre pour vous, ou du moins de l’employer tout entière à votre service, et par-dessus tout le bonheur d’accomplir votre sainte volonté. Que volontiers, si c’était votre bon plaisir …Plus
Ô mon Dieu et mon tout, comment voulez-vous que nous aimions une si misérable vie ? Ah ! pour ne pas en souhaiter la fin, et pour ne pas vous conjurer de nous en retirer, il ne faut rien moins que l’espérance de la perdre pour vous, ou du moins de l’employer tout entière à votre service, et par-dessus tout le bonheur d’accomplir votre sainte volonté. Que volontiers, si c’était votre bon plaisir, ô mon Dieu, nous vous dirions comme saint Thomas : Mourons avec vous !
N’est-ce pas mourir en quelque sorte à tous moments que de vivre sans vous, et avec cette pensée pleine d’effroi, que l’on peut vous perdre pour jamais ?
C’est pourquoi, mes filles, la grande grâce que nous devons demander à Dieu, c’est qu’il nous fasse partager bientôt la sécurité parfaite des bienheureux dans le ciel. Car au milieu des alarmes de cet exil, quel plaisir peuvent goûter des âmes qui n’en cherchent point d’autre que de pouvoir plaire à leur Dieu ? N’a-t-on pas vu quelques saints qui possédaient cet esprit du Seigneur à un plus haut degré que nous, tomber dans de grands péchés ? Qui nous assure, si nous tombions, que Dieu nous tendrait la main pour nous relever de nos chutes, et qu’il nous donnerait comme à ces saints le temps de faire pénitence ? A cette seule pensée, qui souvent se présente à mon esprit, de quel effroi je suis saisie ! Il est tel en ce moment, que je ne sais ni comment je puis tracer ces lignes, ni comment je puis vivre. Ô mes filles bien-aimées, demandez, je vous en conjure, à Notre Seigneur, qu’il vive toujours en moi. S’il ne m’accorde cette grâce, quelle assurance puis-je trouver dans une vie aussi mal employée que la mienne ? Que ce triste aveu que je vous ai fait si souvent et que vous n’avez jamais pu entendre sans peine, ne vous afflige
point. Vous auriez souhaité, je le comprends, que j’eusse été une grande sainte, et vous avez raison. Je ne le souhaiterais pas moins que vous ; mais que faire, si, par ma faute, j’ai perdu ce bonheur ? Ce n’est pas de Dieu que je me plaindrai ; il n’a cessé de me combler de ses grâces, et si j’y eusse été fidèle, vos désirs auraient été accomplis. (...) 🙏 💛
Marie Bee Thevenet
Que dirons-nous à ceux qui ; par la miséricorde de Dieu, sont sortis vainqueurs de ces combats, et qui, par leur persévérance, sont entrés dans les troisièmes demeures ? Nous ne saurions leur adresser de plus consolantes paroles que celles-ci : Heureux l’homme qui craint le Seigneur !
Je remercie mon divin Maître de ce qu’il me donne en ce moment l’intelligence de ce verset ; ce n’est pas une …Plus
Que dirons-nous à ceux qui ; par la miséricorde de Dieu, sont sortis vainqueurs de ces combats, et qui, par leur persévérance, sont entrés dans les troisièmes demeures ? Nous ne saurions leur adresser de plus consolantes paroles que celles-ci : Heureux l’homme qui craint le Seigneur !
Je remercie mon divin Maître de ce qu’il me donne en ce moment l’intelligence de ce verset ; ce n’est pas une petite grâce, vu le peu de pénétration de mon esprit. Oui, c’est à juste titre que nous pouvons appeler bienheureux celui qui est entré dans cette troisième demeure ; car, pourvu qu’il ne retourne point en arrière, il est, autant que nous pouvons en juger, dans le véritable chemin du salut. Vous voyez par-là, mes sœurs, combien il importe de vaincre dans les précédents combats : j’en suis convaincue, Dieu ne manque jamais de mettre le vainqueur en sûreté de conscience, faveur que l’on ne saurait trop estimer. J’ai dit en sûreté, et j’ai mal dit, parce qu’il n’y en a point en cette vie. Comprenez donc bien, ma pensée : quand je parle de sûreté pour le vainqueur, c’est toujours à la condition qu’il ne quittera pas le chemin dans lequel il a commencé à marcher. Que grande est la misère de cette vie ! Semblables à ceux qui ont les
ennemis à leur porte, et qui ne peuvent ni dormir ni manger sans être armés, nous sommes jour et nuit sur le qui-vive, et dans une appréhension continuelle qu’on n’attaque notre forteresse, et qu’on n’y fasse quelque brèche. 🙏 💛
4 autres commentaires de Marie Bee Thevenet
Marie Bee Thevenet
Action de grâce. Ô grandeur de Dieu, comme vous manifestez bien votre puissance en donnant de l'audace à une fourmi ! Non, Seigneur, il ne dépend pas de vous que ceux qui vous aiment n'accomplissent pas de grandes choses. C'est notre lâcheté et notre pusillanimité qui font obstacle. nous ne nous déterminons jamais à agir que pleins de mille craintes et prudentes retenues humaines. Voilà pourquoi …Plus
Action de grâce. Ô grandeur de Dieu, comme vous manifestez bien votre puissance en donnant de l'audace à une fourmi ! Non, Seigneur, il ne dépend pas de vous que ceux qui vous aiment n'accomplissent pas de grandes choses. C'est notre lâcheté et notre pusillanimité qui font obstacle. nous ne nous déterminons jamais à agir que pleins de mille craintes et prudentes retenues humaines. Voilà pourquoi, ô mon Dieu, vous n'accomplissez pas vos merveilles et vos grandeurs. Qui donc plus que vous aime à donner, s'il trouve quelqu'un pour recevoir ? Qui paie mieux les services rendus ? Plaise à votre Majesté que je vous aie, moi, servi quelque peu et qu'il ne me soit pas demandé davantage pour tant de bienfaits dont j'ai été comblée. Amen ! 💛
Marie Bee Thevenet
Sainte Thérèse d'Avila dans les défilés de la Sierra Morena… 💛
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Sainte Thérèse d'Avila dans les défilés de la Sierra Morena… 💛
Sainte Thérèse d'Avila était partie de Valladolid pour aller fonder un monastère à Veas, en Andalousie, lorsque, en traversant les défilés de la Sierra Morena, les conducteurs des chariots s'égarent. Ils s'avancent imprudemment le long d'un passage si étroit que l'on ne peut bientôt ni avancer, ni reculer. Thérèse d'Avila et ses compagnes restent suspendues au-dessus de précipices et de fondrières; au moindre mouvement, elles vont y rouler avec leur équipage.
- « Prions, mes filles ! » dit la Sainte ; « demandons à Dieu par l'intercession de saint Joseph qu'il nous délivre de ce péril » .
A l'instant même, une voix semblable à celle d'un vieillard leur crie avec force : « Arrêtez, arrêtez! Vous êtes perdues, si vous avancez ».
- « Mais comment nous tirer de ce mauvais pas ? » demandent-elles.
- « Inclinez vos chariots de tel côté » , reprend la voix, et « rebroussez chemin ! ».
Les indications sont suivies; les guides, à leur grande surprise, retrouvent aussitôt une route excellente, et, pleins de reconnaissance envers leur sauveur, ils s'élancent du côté où il leur parlait, afin de le remercier. Thérèse les suit du regard, elle les voit courir à toutes jambes et chercher en vain.
- « Vraiment ! » , dit-elle à ses filles, « je ne sais pourquoi nous laissons aller ces bonnes gens, car c'est la voix de mon Père saint Joseph que nous avons entendue et ils ne le trouveront pas ».
Histoire vraie de Sainte Thérèse d'Avila extraite du livre "Saint Joseph, époux de Marie "Aux éditions Traditions Monastique
« Connaissant par expérience son étonnant crédit auprès de Dieu, je voudrais persuader tout le monde de l'honorer d'un culte particulier. Je ne comprends pas comment on peut penser à la Reine des Anges et au Divin Enfant Jésus sans remercier Saint Joseph de son dévouement si parfait envers l'un et l'autre. »
Marie Bee Thevenet
"Exaucez-nous, ô Dieu, qui êtes notre salut, et faites que, célébrant avec joie la fête de la bienheureuse Thérèse, votre Vierge, nous soyons nourris du pain de sa céleste doctrine et formés aux sentiments d’une piété fervente." 💛
Marie Bee Thevenet
La Prière de Sainte Thérèse d'Avila « Réjouis-toi, ô mon âme » 💛 :
« Réjouis-toi, ô mon âme, de ce qu’il y ait Quelqu’un qui aime Dieu comme Il le mérite. Réjouis-toi de ce qu’il y ait Quelqu’un qui connaisse sa Bonté et sa Souveraineté. Remercie-le de nous avoir donné sur terre Quelqu’un qui Le connaît comme Le connaît son Fils unique. Sous cette Protection, tu pourras t’approcher de ton …Plus
La Prière de Sainte Thérèse d'Avila « Réjouis-toi, ô mon âme » 💛 :
« Réjouis-toi, ô mon âme, de ce qu’il y ait Quelqu’un qui aime Dieu comme Il le mérite. Réjouis-toi de ce qu’il y ait Quelqu’un qui connaisse sa Bonté et sa Souveraineté. Remercie-le de nous avoir donné sur terre Quelqu’un qui Le connaît comme Le connaît son Fils unique. Sous cette Protection, tu pourras t’approcher de ton Dieu et le supplier, puisque Sa Majesté prend en toi ses délices. Que toutes les choses d’ici-bas soient impuissantes à t’empêcher de prendre tes délices et à te réjouir dans les grandeurs de ton Dieu, en voyant combien Il mérite d’être aimé et loué demande-Lui de t’aider, afin que tu contribues quelque peu à ce que son Nom soit béni, et que tu puisses dire avec vérité : « Mon âme chante les grandeurs et les louanges du Seigneur ». Ainsi soit-il. »