17 octobre, sainte Marguerite-Marie Alacoque, vierge née le 22 juillet 1647 à Verosvres, est décédée le 17 octobre 1690 à Paray-le-Monial. Béatifiée en 1864, canonisée en 1920. Apôtre du Sacré-Coeur
La neuvaine à sainte Marguerite-Marie Alacoque vient de s'achever.
Prions et agissons dans la mesure de nos moyens pour nos frères chrétiens persécutés et abandonnés dans les pays orientaux.
J'ai la chance de posséder deux reliques de cette sainte que des prêtres m'ont offertes.
Quelques paroles de Notre-Seigneur à sainte Marguerite Marie :
(...) Je suis la mémoire éternelle de mon Père céleste qui ne s’oublie jamais de rien, et dans laquelle le passé et le futur sont comme le présent. Écris donc sans crainte tout, suivant que je te dicterai, te promettant d’y répandre l’onction de ma grâce, afin que j’en sois glorifié.
(...) Tu ne te dois point approprier ces grâces, ni être chiche de les distribuer aux autres, puisque je me suis voulu servir de ton cœur comme d’un canal pour les répandre selon mes desseins dans les âmes, dont plusieurs seront retirées, par ce moyen, de l’abîme de perdition.
(...) Je suis la vérité éternelle, qui ne peut mentir, je suis fidèle en mes promesses, et les grâces que je t’ai faites peuvent souffrir toute sorte d’examens et d’épreuves. »
(...) Notre-Seigneur m’a assuré qu’il prenait un singulier plaisir d’être honoré sous la figure de ce Cœur de chair, dont il voulait que l’image fût exposée en public, afin, ajouta-t-il, de toucher les cœurs insensibles des hommes, me promettant qu’il répandrait avec abondance sur le cœur de tous ceux qui l’honoreront tous les trésors de grâces dont il est rempli; et que, partout où cette image serait exposée, pour y être singulièrement honorée, elle y attirerait toutes sortes de bénédictions.
Sur son horreur du péché :
Ô mon unique Amour ! combien vous suis-je redevable de m’avoir prévenue dès ma plus tendre jeunesse en vous rendant le maître et le possesseur de mon cœur, quoique vous connussiez bien les résistances qu’il vous ferait !
Aussitôt que je me sus connaître, vous fîtes voir à mon âme la laideur du péché, qui en imprima tant d’horreur dans mon cœur, que la moindre tache m’était un tourment insupportable, et pour m’arrêter dans la vivacité de mon enfance, l’on n’avait qu’à me dire que c’était offenser Dieu: cela m’arrêtait tout court et me retirait de ce que j’avais envie de faire.
Sur sa dévotion à la Sainte Vierge :
Protection de la Sainte Vierge. — La très sainte Vierge a toujours pris un très grand soin de moi, qui avais mon recours en tous mes besoins, et elle m’a retirée de très grands périls. Je n’osais point du tout m’adresser à son divin Fils, mais toujours à elle, à laquelle je présentais la petite couronne du rosaire, les genoux nus en terre, ou en faisant autant de génuflexions en baisant terre, que d 'Ave Maria.
Notre-Seigneur propose à Marguerite-Marie d'offrir toutes ses peines pour le rétablissement de la charité dans la Communauté :
Un jour, après la sainte communion, en faisant mon action de grâces avec un ardent désir de faire quelque chose pour Dieu, ce Bien-aimé de mon âme me dit intérieurement : si je ne serais pas bien aise de souffrir toutes les peines que mériteraient mes péchés et ceux de mes Sœurs, afin qu'il fût glorifié de toutes ces âmes ? ... En même temps, je lui offris mon âme et tout mon être pour en faire selon sa volonté ; quand mes peines devraient durer jusqu'au jour du Jugement, pourvu qu'il fût glorifié, j'en serais contente. A l'oraison, je le priai de me faire connaître le moyen de contenter le désir que j'avais de l'aimer. Il me fit voir que l'on ne lui peut mieux faire voir son amour qu'en aimant le prochain pour l'amour de lui et que je devais m'employer à en procurer le salut et qu'il fallait oublier mes intérêts pour épouser ceux du prochain dans mes prières et dans tout ce que je pourrais faire de bien, par la miséricorde de Dieu. Et, ne sachant ce que cela voulait dire, il me fit connaître que c'était le rétablissement de la charité qu'il demandait, puisque, par les manquements que l'on y avait faits, l'on s'était séparé de lui, qui est la charité même et que ces membres à demi pourris et prêts à être coupés lui faisaient de grandes douleurs et que, si ils n'avaient pas reçu leur châtiment, que ce n'était que par l'intercession de sa sainte Mère, à qui je devais avoir une grande dévotion. Je remerciai sa bonté de la grâce qu'il nous avait faite par l'intercession de cette sainte Mère et fus si vivement touchée de cela que j'aurais bien accepté toutes sortes de peines, même celle du Purgatoire, pour jusqu'au jour du Jugement, pour satisfaire à sa bonté et accomplir ce qu'il désirait de moi.
"Sourde, muette et aveugle", en la présence de Dieu:
Une fois, me plaignant à Notre-Seigneur de ce que je demeurais sans rien faire à sa sainte présence, j'entendis ce reproche intérieur : "Si je te veux en ma présence sourde, muette et aveugle, n'en dois-tu pas être contente ?" Je demeurai satisfaite pour cette fois.
Notre-Seigneur ne souffre aucune recherche personnelle:
Pendant ma solitude, (la Sainte parle sans doute, ici, de sa retraite de profession. On se souvient qu'elle prononça ses voeux le 6 novembre 1672. A la Visitation, l'usage est de faire précéder la profession d'une retraite ou solitude de dix jours.) ce divin Jésus me fit bien connaître que toutes ces inquiétudes ne provenaient que de la recherche de moi-même, qui me mettait en danger de le perdre en me perdant par ma trop grande curiosité, me disant que : lorsqu'il fait sa demeure dans une âme, il voulait un entendement sans curiosité, un esprit sans jugement et un jugement sans volonté et un cœur sans mouvements autres que ceux de son amour. en même temps, je m'offris à sa bonté, me mettant dans une entière dépendance et soumission à sa volonté, proposant de ne lui point faire de résistance.
Sur l'oraison et le Saint Sacrement :
Attrait pour l'oraison . — Parmi tout cela, je me sentais si fortement attirée à l’oraison, que cela me faisait beaucoup souffrir de ne savoir ni pouvoir apprendre comme il la fallait faire, n’ayant aucune conversation des personnes spirituelles ; et je n’en savais autre chose que ce mot d’oraison, qui ravissait mon cœur. Et m’étant adressée à mon souverain Maître, il m’apprit comme il voulait que je la fisse ; ce qui m’a servi toute ma vie. Il me faisait prosterner humblement devant lui, pour lui demander pardon de tout en quoi je l’avais offensé, et puis, après l’avoir adoré, je lui offrais mon oraison, sans savoir comme il m’y fallait prendre. Ensuite il se présentait lui-même à moi dans le mystère où il voulait que je le considérasse : et il appliquait si fort mon esprit en tenant mon âme et toutes mes puissances englouties dans lui-même, que je ne sentais point de distractions, mais mon cœur se sentait consommé du désir de l’aimer, et cela me donnait un désir insatiable de la sainte communion et de souffrir...
Sa bonté me tenait si fort dans l’occupation que je viens de dire, qu’elle me dégoûta des prières vocales ; lesquelles je ne pouvais faire devant le Saint Sacrement, où je me sentais tellement toute appliquée, que jamais je ne m’y ennuyais. Et j’y aurais passé des jours et des nuits entières, sans boire ni manger, et sans savoir ce que je faisais, sinon de me consommer en sa présence comme un cierge ardent, pour lui rendre amour pour amour. Et je ne pouvais demeurer au bas de l’église, et quelque confusion que j’en sentisse dans moi-même, je ne laissais de me mettre tout le plus proche que je pouvais du Très Saint Sacrement (...)
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Marguerite Alacoque est le cinquième enfant de Claude Alacoque et Philiberte Lamyn, qui jouissent d’une bonne position sociale dans leur paroisse. Dès sa prime enfance, Marguerite fait preuve d’une dévotion particulière envers le Saint-Sacrement, et elle préfère le silence et la prière aux jeux de son âge.
À cinq ans, lors d’un séjour chez sa marraine, dont la fille est religieuse, elle entend parler des vœux religieux et, à l’insu de tous, elle fait sa première consécration à la messe en prononçant ces mots : « Ô mon Dieu, je vous consacre ma pureté et vous fais vœu de perpétuelle chasteté ».
À l’âge de neuf ans, après sa première communion, elle pratique en secret des mortifications sévères de son corps, avant que la paralysie ne la cloue au lit pendant quatre ans.
À la fin de cette période, ayant fait le vœu à la Vierge de se consacrer à la vie religieuse, elle se serait retrouvée guérie sur-le-champ. En reconnaissance, le jour de sa confirmation par Mgr Jean de Maupeou, elle ajoute le prénom « Marie » à son prénom de baptême.
Devenue orpheline de père, elle est recueillie avec sa mère chez des parents qui les tourmentent, leur ôtant tout contrôle de leurs biens et de leurs actes. Marguerite-Marie trouve son réconfort dans la prière, et c'est alors qu'elle aurait ses premières visions de Jésus-Christ. Il lui apparaissait d'habitude sur la croix ou lors de l'épisode de l’Ecce Homo et elle ne s’en étonnait pas, pensant que d'autres recevaient aussi ces visions.
Quand elle a dix-sept ans, sa famille peut récupérer son bien et sa mère lui confie son désir de l’établir dans le monde. Alors, bien que régulièrement meurtrie par les pénitences qu’elle s’impose, elle commence à participer aux activités mondaines.
Une nuit, alors qu’elle revient d’un bal, elle aurait une vision du Christ pendant la flagellation : il lui reproche son infidélité après qu’il lui a donné tant de preuves d'amour. Pendant le reste de sa vie, Marguerite-Marie pleura deux « fautes » qu’elle avait commises en ce temps-là : avoir porté quelques ornements et mis un masque au carnaval pour faire plaisir à ses frères.
Elle visite plusieurs couvents, et en entrant dans celui de la Visitation de Paray-le-Monial, elle affirme qu’une voix intérieure lui dit « C’est ici que je te veux ».
Le 25 mai 1671, à l'âge de 24 ans, elle entre au monastère et, en novembre 1672, elle prononce ses vœux perpétuels. De santé fragile, elle n'en continue pas moins ses flagellations, ainsi que les lacérations les plus extrêmes, voire les plus répugnantes, qu'elle mentionne elle-même dans ses Mémoires.
Peu après son entrée au monastère, elle reçoit, d'après son propre témoignage, plusieurs apparitions privées du Christ.
La plus célèbre de ces apparitions est celle de juin 1675 : Jésus lui montre son cœur en disant « Voici ce Cœur qui a tant aimé les hommes, […] jusqu’à s’épuiser et se consommer pour leur témoigner son amour. Et pour reconnaissance, je ne reçois de la plupart qu'ingratitude ».
Une autre fois, il lui dit « Mon divin Cœur est […] passionné d’amour pour les hommes, et pour toi en particulier ». Dès lors, Marguerite-Marie se dit investie par le Christ de la mission d'établir une dévotion particulière envers le Sacré-Cœur.
Selon elle, Il lui confie une autre mission : le 17 juin 1689, il demande au roi de France Louis XIV la "consécration de la France à son Sacré-Cœur et sa représentation sur les étendards du royaume".
Tout comme la demande de consécration de la Russie au Cœur immaculé de Marie, cette demande est restée lettre morte. Certains auteurs (notamment l'abbé Émile Bougaud dans son Histoire de la Bienheureuse Marguerite-Marie, Poussielgue, 1874, ou le Chanoine Crépin, dans un article du Bulletin de l'Œuvre du Sacré-Cœur de Montmartre, Octobre 1915) ont observé que c'est exactement 100 ans plus tard, le 17 juin 1789, que le Tiers état se proclame Assemblée nationale, créant ainsi la rupture avec la France de Clovis.
Ces manifestations lui valurent d'être mal considérée par le reste des membres de la communauté, qui la traitaient de « visionnaire », au point que sa supérieure lui intima l'ordre de se plier à la vie commune. Cependant, son obéissance, son humilité et sa charité envers ceux qui la persécutaient finirent enfin par l’emporter et sa mission vint à être reconnue par ceux-là même qui lui avaient montré la plus forte opposition.
Avec l’aide du père Claude La Colombière, son « vrai et parfait ami », Marguerite-Marie fera connaître le message que Jésus lui aurait adressé. C’est le début du culte du Sacré-Cœur. Marguerite-Marie établit la pratique de l'Heure Sainte, qui pour elle consiste à prier, étendue par terre, le visage contre le sol depuis onze heures du soir jusqu'à minuit le premier jeudi de chaque mois, afin de partager la tristesse mortelle qu'avait supportée le Christ, quand il fut abandonné à son agonie par ses Apôtres (Gethsémani), puis à recevoir le lendemain la Communion.
Selon elle, le Christ lui aurait confié désirer que soit célébrée une fête en l'honneur de son Cœur le vendredi qui suit l'octave de la fête de son Corps ; et il aurait appelé la religieuse « disciple bien-aimée du Cœur Sacré » et héritière de tous Ses trésors.
La pratique de la dévotion des neuf premiers vendredis du mois tient son origine de la "grande promesse de Jésus à sainte Marguerite Marie Alacoque" :
« Je te promets dans l’excessive miséricorde de mon Cœur, que son amour tout-puissant accordera à tous ceux qui communieront les premiers vendredis du mois, neuf mois consécutifs, la grâce de la pénitence finale, ne mourant point dans ma disgrâce, ni sans recevoir les sacrements, mon divin Cœur se rendant leur asile assuré à ce dernier moment. »
À une époque où la communion sacramentelle des fidèles était très rare, la pratique des neuf premiers vendredis du mois contribua d’une manière significative à la reprise de la pratique plus fréquente des sacrements de la Pénitence et de l’Eucharistie.
La dévotion des premiers vendredis du mois, sont censés apporter les fruits spirituels relatifs aux 12 promesses suivantes de Jésus-Christ :
1. Je leur donnerai toutes les grâces nécessaires à leur état.
2. Je mettrai la paix dans leur famille.
3. Je les consolerai dans toutes leurs peines.
4. Je serai leur refuge assuré pendant la vie et surtout à la mort.
5. Je répandrai d'abondantes bénédictions sur toutes leurs entreprises.
6. Les pécheurs trouveront dans mon Cœur la source et l'océan infini de la miséricorde.
7. Les âmes tièdes deviendront ferventes.
8. Les âmes ferventes s'élèveront à une grande perfection.
9. Je bénirai moi-même les maisons où l'image de mon Sacré-Cœur sera exposée et honorée.
10. Je donnerai aux prêtres le talent de toucher les cœurs les plus endurcis.
11. Les personnes qui propageront cette dévotion auront leur nom écrit dans mon Cœur, où il ne sera jamais effacé.
12. Je te promets, dans l'excès de la miséricorde de mon Cœur, que son amour tout-puissant accordera à tous ceux qui communieront les premiers vendredis du mois, neuf fois de suite, la grâce de la pénitence finale, qu'ils ne mourront point dans ma disgrâce, ni sans recevoir leurs Sacrements, et que mon divin Cœur se rendra leur asile assuré à cette dernière heure.
Par l'insertion intégrale de cette promesse dans la Bulle de canonisation de Sainte Marguerite-Marie, en date du 13 mai 1920, le pape Benoît XV a encouragé la pratique des communions réparatrices des neuf premiers vendredis du mois, en l'honneur du Sacré-Cœur.
Au cours de sa dernière maladie, elle refuse tout soulagement, ne cessant de répéter « Ce que j’ai dans le Ciel et ce que je désire sur la terre, c’est toi seul, ô mon Dieu » et elle meurt en prononçant le nom de Jésus.
L'ouverture de l'enquête diocésaine en vue d'une béatification a lieu le 15 octobre 1714 sous le pontificat du pape Clément XI.
La discussion au sujet de la mission et des vertus de Marguerite-Marie se poursuit pendant des dizaines d'années. On soumet à l’examen la totalité de ses actions, de ses révélations, de ses maximes spirituelles et de son enseignement concernant la dévotion au Sacré-Cœur, qu’elle avait exposé et dont elle était l'apôtre.
À terme, la Sacrée congrégation des rites émet un vote favorable et le 30 mars 1824 ; cent trente-quatre ans après sa mort, le pape Léon XII la proclame "Vénérable".
Le 19 août 1864, à la suite de la reconnaissance par l'Église de trois miracles, le bref de béatification est signé sous le pontificat de Pie IX. La cérémonie de béatification a lieu le 18 septembre 1864 à Rome.
Marguerite-Marie Alacoque est canonisée par Benoît XV le 13 mai 1920.
Ses restes reposent dans la chapelle de la Visitation à Paray-le-Monial.
En 1901, en hommage à Marguerite-Marie Alacoque, la religieuse mexicaine, Maria Guadalupe Garcia Zavala, fonda, avec son directeur spirituel, le Père Cipriano Iñiguez, la congrégation des Servantes de Sainte Marguerite-Marie et des pauvres. En 1925, l'église Santa Margherita Maria Alacoque dans le quartier de l'Esquilin à Rome près de la basilique Sainte-Croix-de-Jérusalem lui est dédiée.
Prions et agissons dans la mesure de nos moyens pour nos frères chrétiens persécutés et abandonnés dans les pays orientaux.
J'ai la chance de posséder deux reliques de cette sainte que des prêtres m'ont offertes.
Quelques paroles de Notre-Seigneur à sainte Marguerite Marie :
(...) Je suis la mémoire éternelle de mon Père céleste qui ne s’oublie jamais de rien, et dans laquelle le passé et le futur sont comme le présent. Écris donc sans crainte tout, suivant que je te dicterai, te promettant d’y répandre l’onction de ma grâce, afin que j’en sois glorifié.
(...) Tu ne te dois point approprier ces grâces, ni être chiche de les distribuer aux autres, puisque je me suis voulu servir de ton cœur comme d’un canal pour les répandre selon mes desseins dans les âmes, dont plusieurs seront retirées, par ce moyen, de l’abîme de perdition.
(...) Je suis la vérité éternelle, qui ne peut mentir, je suis fidèle en mes promesses, et les grâces que je t’ai faites peuvent souffrir toute sorte d’examens et d’épreuves. »
(...) Notre-Seigneur m’a assuré qu’il prenait un singulier plaisir d’être honoré sous la figure de ce Cœur de chair, dont il voulait que l’image fût exposée en public, afin, ajouta-t-il, de toucher les cœurs insensibles des hommes, me promettant qu’il répandrait avec abondance sur le cœur de tous ceux qui l’honoreront tous les trésors de grâces dont il est rempli; et que, partout où cette image serait exposée, pour y être singulièrement honorée, elle y attirerait toutes sortes de bénédictions.
Sur son horreur du péché :
Ô mon unique Amour ! combien vous suis-je redevable de m’avoir prévenue dès ma plus tendre jeunesse en vous rendant le maître et le possesseur de mon cœur, quoique vous connussiez bien les résistances qu’il vous ferait !
Aussitôt que je me sus connaître, vous fîtes voir à mon âme la laideur du péché, qui en imprima tant d’horreur dans mon cœur, que la moindre tache m’était un tourment insupportable, et pour m’arrêter dans la vivacité de mon enfance, l’on n’avait qu’à me dire que c’était offenser Dieu: cela m’arrêtait tout court et me retirait de ce que j’avais envie de faire.
Sur sa dévotion à la Sainte Vierge :
Protection de la Sainte Vierge. — La très sainte Vierge a toujours pris un très grand soin de moi, qui avais mon recours en tous mes besoins, et elle m’a retirée de très grands périls. Je n’osais point du tout m’adresser à son divin Fils, mais toujours à elle, à laquelle je présentais la petite couronne du rosaire, les genoux nus en terre, ou en faisant autant de génuflexions en baisant terre, que d 'Ave Maria.
Notre-Seigneur propose à Marguerite-Marie d'offrir toutes ses peines pour le rétablissement de la charité dans la Communauté :
Un jour, après la sainte communion, en faisant mon action de grâces avec un ardent désir de faire quelque chose pour Dieu, ce Bien-aimé de mon âme me dit intérieurement : si je ne serais pas bien aise de souffrir toutes les peines que mériteraient mes péchés et ceux de mes Sœurs, afin qu'il fût glorifié de toutes ces âmes ? ... En même temps, je lui offris mon âme et tout mon être pour en faire selon sa volonté ; quand mes peines devraient durer jusqu'au jour du Jugement, pourvu qu'il fût glorifié, j'en serais contente. A l'oraison, je le priai de me faire connaître le moyen de contenter le désir que j'avais de l'aimer. Il me fit voir que l'on ne lui peut mieux faire voir son amour qu'en aimant le prochain pour l'amour de lui et que je devais m'employer à en procurer le salut et qu'il fallait oublier mes intérêts pour épouser ceux du prochain dans mes prières et dans tout ce que je pourrais faire de bien, par la miséricorde de Dieu. Et, ne sachant ce que cela voulait dire, il me fit connaître que c'était le rétablissement de la charité qu'il demandait, puisque, par les manquements que l'on y avait faits, l'on s'était séparé de lui, qui est la charité même et que ces membres à demi pourris et prêts à être coupés lui faisaient de grandes douleurs et que, si ils n'avaient pas reçu leur châtiment, que ce n'était que par l'intercession de sa sainte Mère, à qui je devais avoir une grande dévotion. Je remerciai sa bonté de la grâce qu'il nous avait faite par l'intercession de cette sainte Mère et fus si vivement touchée de cela que j'aurais bien accepté toutes sortes de peines, même celle du Purgatoire, pour jusqu'au jour du Jugement, pour satisfaire à sa bonté et accomplir ce qu'il désirait de moi.
"Sourde, muette et aveugle", en la présence de Dieu:
Une fois, me plaignant à Notre-Seigneur de ce que je demeurais sans rien faire à sa sainte présence, j'entendis ce reproche intérieur : "Si je te veux en ma présence sourde, muette et aveugle, n'en dois-tu pas être contente ?" Je demeurai satisfaite pour cette fois.
Notre-Seigneur ne souffre aucune recherche personnelle:
Pendant ma solitude, (la Sainte parle sans doute, ici, de sa retraite de profession. On se souvient qu'elle prononça ses voeux le 6 novembre 1672. A la Visitation, l'usage est de faire précéder la profession d'une retraite ou solitude de dix jours.) ce divin Jésus me fit bien connaître que toutes ces inquiétudes ne provenaient que de la recherche de moi-même, qui me mettait en danger de le perdre en me perdant par ma trop grande curiosité, me disant que : lorsqu'il fait sa demeure dans une âme, il voulait un entendement sans curiosité, un esprit sans jugement et un jugement sans volonté et un cœur sans mouvements autres que ceux de son amour. en même temps, je m'offris à sa bonté, me mettant dans une entière dépendance et soumission à sa volonté, proposant de ne lui point faire de résistance.
Sur l'oraison et le Saint Sacrement :
Attrait pour l'oraison . — Parmi tout cela, je me sentais si fortement attirée à l’oraison, que cela me faisait beaucoup souffrir de ne savoir ni pouvoir apprendre comme il la fallait faire, n’ayant aucune conversation des personnes spirituelles ; et je n’en savais autre chose que ce mot d’oraison, qui ravissait mon cœur. Et m’étant adressée à mon souverain Maître, il m’apprit comme il voulait que je la fisse ; ce qui m’a servi toute ma vie. Il me faisait prosterner humblement devant lui, pour lui demander pardon de tout en quoi je l’avais offensé, et puis, après l’avoir adoré, je lui offrais mon oraison, sans savoir comme il m’y fallait prendre. Ensuite il se présentait lui-même à moi dans le mystère où il voulait que je le considérasse : et il appliquait si fort mon esprit en tenant mon âme et toutes mes puissances englouties dans lui-même, que je ne sentais point de distractions, mais mon cœur se sentait consommé du désir de l’aimer, et cela me donnait un désir insatiable de la sainte communion et de souffrir...
Sa bonté me tenait si fort dans l’occupation que je viens de dire, qu’elle me dégoûta des prières vocales ; lesquelles je ne pouvais faire devant le Saint Sacrement, où je me sentais tellement toute appliquée, que jamais je ne m’y ennuyais. Et j’y aurais passé des jours et des nuits entières, sans boire ni manger, et sans savoir ce que je faisais, sinon de me consommer en sa présence comme un cierge ardent, pour lui rendre amour pour amour. Et je ne pouvais demeurer au bas de l’église, et quelque confusion que j’en sentisse dans moi-même, je ne laissais de me mettre tout le plus proche que je pouvais du Très Saint Sacrement (...)
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Marguerite Alacoque est le cinquième enfant de Claude Alacoque et Philiberte Lamyn, qui jouissent d’une bonne position sociale dans leur paroisse. Dès sa prime enfance, Marguerite fait preuve d’une dévotion particulière envers le Saint-Sacrement, et elle préfère le silence et la prière aux jeux de son âge.
À cinq ans, lors d’un séjour chez sa marraine, dont la fille est religieuse, elle entend parler des vœux religieux et, à l’insu de tous, elle fait sa première consécration à la messe en prononçant ces mots : « Ô mon Dieu, je vous consacre ma pureté et vous fais vœu de perpétuelle chasteté ».
À l’âge de neuf ans, après sa première communion, elle pratique en secret des mortifications sévères de son corps, avant que la paralysie ne la cloue au lit pendant quatre ans.
À la fin de cette période, ayant fait le vœu à la Vierge de se consacrer à la vie religieuse, elle se serait retrouvée guérie sur-le-champ. En reconnaissance, le jour de sa confirmation par Mgr Jean de Maupeou, elle ajoute le prénom « Marie » à son prénom de baptême.
Devenue orpheline de père, elle est recueillie avec sa mère chez des parents qui les tourmentent, leur ôtant tout contrôle de leurs biens et de leurs actes. Marguerite-Marie trouve son réconfort dans la prière, et c'est alors qu'elle aurait ses premières visions de Jésus-Christ. Il lui apparaissait d'habitude sur la croix ou lors de l'épisode de l’Ecce Homo et elle ne s’en étonnait pas, pensant que d'autres recevaient aussi ces visions.
Quand elle a dix-sept ans, sa famille peut récupérer son bien et sa mère lui confie son désir de l’établir dans le monde. Alors, bien que régulièrement meurtrie par les pénitences qu’elle s’impose, elle commence à participer aux activités mondaines.
Une nuit, alors qu’elle revient d’un bal, elle aurait une vision du Christ pendant la flagellation : il lui reproche son infidélité après qu’il lui a donné tant de preuves d'amour. Pendant le reste de sa vie, Marguerite-Marie pleura deux « fautes » qu’elle avait commises en ce temps-là : avoir porté quelques ornements et mis un masque au carnaval pour faire plaisir à ses frères.
Elle visite plusieurs couvents, et en entrant dans celui de la Visitation de Paray-le-Monial, elle affirme qu’une voix intérieure lui dit « C’est ici que je te veux ».
Le 25 mai 1671, à l'âge de 24 ans, elle entre au monastère et, en novembre 1672, elle prononce ses vœux perpétuels. De santé fragile, elle n'en continue pas moins ses flagellations, ainsi que les lacérations les plus extrêmes, voire les plus répugnantes, qu'elle mentionne elle-même dans ses Mémoires.
Peu après son entrée au monastère, elle reçoit, d'après son propre témoignage, plusieurs apparitions privées du Christ.
La plus célèbre de ces apparitions est celle de juin 1675 : Jésus lui montre son cœur en disant « Voici ce Cœur qui a tant aimé les hommes, […] jusqu’à s’épuiser et se consommer pour leur témoigner son amour. Et pour reconnaissance, je ne reçois de la plupart qu'ingratitude ».
Une autre fois, il lui dit « Mon divin Cœur est […] passionné d’amour pour les hommes, et pour toi en particulier ». Dès lors, Marguerite-Marie se dit investie par le Christ de la mission d'établir une dévotion particulière envers le Sacré-Cœur.
Selon elle, Il lui confie une autre mission : le 17 juin 1689, il demande au roi de France Louis XIV la "consécration de la France à son Sacré-Cœur et sa représentation sur les étendards du royaume".
Tout comme la demande de consécration de la Russie au Cœur immaculé de Marie, cette demande est restée lettre morte. Certains auteurs (notamment l'abbé Émile Bougaud dans son Histoire de la Bienheureuse Marguerite-Marie, Poussielgue, 1874, ou le Chanoine Crépin, dans un article du Bulletin de l'Œuvre du Sacré-Cœur de Montmartre, Octobre 1915) ont observé que c'est exactement 100 ans plus tard, le 17 juin 1789, que le Tiers état se proclame Assemblée nationale, créant ainsi la rupture avec la France de Clovis.
Ces manifestations lui valurent d'être mal considérée par le reste des membres de la communauté, qui la traitaient de « visionnaire », au point que sa supérieure lui intima l'ordre de se plier à la vie commune. Cependant, son obéissance, son humilité et sa charité envers ceux qui la persécutaient finirent enfin par l’emporter et sa mission vint à être reconnue par ceux-là même qui lui avaient montré la plus forte opposition.
Avec l’aide du père Claude La Colombière, son « vrai et parfait ami », Marguerite-Marie fera connaître le message que Jésus lui aurait adressé. C’est le début du culte du Sacré-Cœur. Marguerite-Marie établit la pratique de l'Heure Sainte, qui pour elle consiste à prier, étendue par terre, le visage contre le sol depuis onze heures du soir jusqu'à minuit le premier jeudi de chaque mois, afin de partager la tristesse mortelle qu'avait supportée le Christ, quand il fut abandonné à son agonie par ses Apôtres (Gethsémani), puis à recevoir le lendemain la Communion.
Selon elle, le Christ lui aurait confié désirer que soit célébrée une fête en l'honneur de son Cœur le vendredi qui suit l'octave de la fête de son Corps ; et il aurait appelé la religieuse « disciple bien-aimée du Cœur Sacré » et héritière de tous Ses trésors.
La pratique de la dévotion des neuf premiers vendredis du mois tient son origine de la "grande promesse de Jésus à sainte Marguerite Marie Alacoque" :
« Je te promets dans l’excessive miséricorde de mon Cœur, que son amour tout-puissant accordera à tous ceux qui communieront les premiers vendredis du mois, neuf mois consécutifs, la grâce de la pénitence finale, ne mourant point dans ma disgrâce, ni sans recevoir les sacrements, mon divin Cœur se rendant leur asile assuré à ce dernier moment. »
À une époque où la communion sacramentelle des fidèles était très rare, la pratique des neuf premiers vendredis du mois contribua d’une manière significative à la reprise de la pratique plus fréquente des sacrements de la Pénitence et de l’Eucharistie.
La dévotion des premiers vendredis du mois, sont censés apporter les fruits spirituels relatifs aux 12 promesses suivantes de Jésus-Christ :
1. Je leur donnerai toutes les grâces nécessaires à leur état.
2. Je mettrai la paix dans leur famille.
3. Je les consolerai dans toutes leurs peines.
4. Je serai leur refuge assuré pendant la vie et surtout à la mort.
5. Je répandrai d'abondantes bénédictions sur toutes leurs entreprises.
6. Les pécheurs trouveront dans mon Cœur la source et l'océan infini de la miséricorde.
7. Les âmes tièdes deviendront ferventes.
8. Les âmes ferventes s'élèveront à une grande perfection.
9. Je bénirai moi-même les maisons où l'image de mon Sacré-Cœur sera exposée et honorée.
10. Je donnerai aux prêtres le talent de toucher les cœurs les plus endurcis.
11. Les personnes qui propageront cette dévotion auront leur nom écrit dans mon Cœur, où il ne sera jamais effacé.
12. Je te promets, dans l'excès de la miséricorde de mon Cœur, que son amour tout-puissant accordera à tous ceux qui communieront les premiers vendredis du mois, neuf fois de suite, la grâce de la pénitence finale, qu'ils ne mourront point dans ma disgrâce, ni sans recevoir leurs Sacrements, et que mon divin Cœur se rendra leur asile assuré à cette dernière heure.
Par l'insertion intégrale de cette promesse dans la Bulle de canonisation de Sainte Marguerite-Marie, en date du 13 mai 1920, le pape Benoît XV a encouragé la pratique des communions réparatrices des neuf premiers vendredis du mois, en l'honneur du Sacré-Cœur.
Au cours de sa dernière maladie, elle refuse tout soulagement, ne cessant de répéter « Ce que j’ai dans le Ciel et ce que je désire sur la terre, c’est toi seul, ô mon Dieu » et elle meurt en prononçant le nom de Jésus.
L'ouverture de l'enquête diocésaine en vue d'une béatification a lieu le 15 octobre 1714 sous le pontificat du pape Clément XI.
La discussion au sujet de la mission et des vertus de Marguerite-Marie se poursuit pendant des dizaines d'années. On soumet à l’examen la totalité de ses actions, de ses révélations, de ses maximes spirituelles et de son enseignement concernant la dévotion au Sacré-Cœur, qu’elle avait exposé et dont elle était l'apôtre.
À terme, la Sacrée congrégation des rites émet un vote favorable et le 30 mars 1824 ; cent trente-quatre ans après sa mort, le pape Léon XII la proclame "Vénérable".
Le 19 août 1864, à la suite de la reconnaissance par l'Église de trois miracles, le bref de béatification est signé sous le pontificat de Pie IX. La cérémonie de béatification a lieu le 18 septembre 1864 à Rome.
Marguerite-Marie Alacoque est canonisée par Benoît XV le 13 mai 1920.
Ses restes reposent dans la chapelle de la Visitation à Paray-le-Monial.
En 1901, en hommage à Marguerite-Marie Alacoque, la religieuse mexicaine, Maria Guadalupe Garcia Zavala, fonda, avec son directeur spirituel, le Père Cipriano Iñiguez, la congrégation des Servantes de Sainte Marguerite-Marie et des pauvres. En 1925, l'église Santa Margherita Maria Alacoque dans le quartier de l'Esquilin à Rome près de la basilique Sainte-Croix-de-Jérusalem lui est dédiée.