6 janvier, fête de L'Épiphanie de Notre-Seigneur

La neuvaine aux saints rois Mages vient de s'achever.
Hommage aux chrétiens arméniens . Prions et agissons dans la mesure de nos moyens pour nos frères persécutés et abandonnés dans les pays orientaux.
Mes chers amis, je vous souhaite une sainte fête à tous. J'étais partie quelques jours dans un lieu où il n'y avait quasiment pas de connexion. Je vous remercie de vos nombreux messages.

"Ô Dieu qui, en ce jour, avez révélé votre Fils unique aux nations païennes en les guidant par une étoile, faites qu'après vous avoir connu déjà par la foi, nous soyons conduits jusqu'à la contemplation face à face de votre sublime grandeur."

"L’enclave arménienne du Haut-Karabakh (Arménie) subit un blocus qui prend de plus en plus l’aspect d’un nettoyage ethnique dont les chrétiens sont les premières victimes, sans que la communauté internationale ne se soit jusqu’ici vraiment donné les moyens d’agir.
L’Œuvre d’Orient vient de tirer la sonnette d’alarme : au mois d’avril 2023, cela fait déjà quatre mois que les chrétiens arméniens du Haut-Karabakh sont pris au piège du blocus de leur voisin musulman, l’Azerbaïdjan. Un blocus qui asphyxie littéralement la population. A l’heure actuelle, 120 000 êtres humains tentent de survivre, sans rien. Ni nourriture, ni gaz, ni électricité, ni médicaments – du paracétamol à la chimiothérapie – ni savon, ni lessive. Pas de couches pour les nourrissons, et plus généralement plus aucun produit d’hygiène de base pour les hommes et les femmes ne sont plus disponibles. Une situation si dramatique que l’Œuvre d’Orient dénonce « le même esprit qui a présidé au génocide arménien de 1915 ». Le président azéri ne cache pas d’ailleurs, depuis 2020, son intention « d’effacer les Arméniens de l’Histoire et de la géographie ». Pour comprendre le drame qui se joue à huis clos, il faut se rappeler que l’Arménie est considérée comme un berceau du christianisme. C’est la première nation chrétienne par le baptême du roi Tiridate IV au IVe siècle, évangélisé par Grégoire Ier l’Illuminateur. Mais ce peuple a rencontré de nombreuses souffrances dans son histoire. En 1915, plus d’un million de personnes périssent dans le génocide arménien, orchestré par l’Empire ottoman musulman. Ce premier génocide du XXe siècle a été commémoré le 24 avril dernier (...)

Prions et agissons dans la mesure de nos moyens pour nos frères persécutés et abandonnés dans les pays orientaux.
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J'ai choisi trois méditations pour honorer la fête de l'Epiphanie, cette grande manifestation.

Méditation

Du voyage des rois Mages, à la vue de l'étoile.

I. Considérez qu'à l'instant de la naissance de Jésus-Christ, Dieu fit paraître une étoile miraculeuse pour donner connaissance aux Mages de la venue du Sauveur, et pour les exciter à venir à lui.
Adorez la grande charité d'un Dieu, qui appelle tout le monde.
Rendez-lui grâces pour les lumières qu'il vous a tant de fois données en particulier.
Toutes ses inspirations sont autant d'étoiles qui vous ont fait connaître la volonté de Dieu.
II. Considérez la prompte obéissance des saints Rois; car aussitôt qu'ils virent l'étoile,
ils se mirent en chemin pour adorer Celui qu'elle annonçait.
Pourriez-vous dire comme eux : "Nous ne l'avons pas plus tôt vue, que nous sommes venus?"
Combien y a-t-il que vous voyez, que vous savez; et vous n'avez pas encore commencé à agir?
III. Considérez la générosité des rois Mages surmontant tout ce qui pouvait être un obstacle à leur dévotion. Ils quittent leur pays, l'administration de leurs états; ils entreprennent un long chemin. Et tout cela ne fait point de peine, parce que grande était leur foi en Celui qu'ils allaient adorer.
Examinez ce qui vous retient, et empêche votre perfection; c'est bien peu de chose en comparaison du Dieu qui vous appelle. Quittez donc tout cela, pour vous unir à Dieu.

Méditation

De l'étoile qui conduisait les Mages.

I. Considérez que si les rois Mages comprirent la signification de l'étoile miraculeuse,
c'est parce qu'ils s'étaient enquis avec soin des divines prophéties relatives au Messie attendu par les nations; qu'ils connaissaient spécialement celle de Balaam annonçant "l'apparition d'une Étoile en Jacob" comme signe distinctif de la naissance du Sauveur.
Ne négligez pas de vous instruire des vérités divines, si vous voulez aller à Dieu.
Accueillez avec foi la parole de Dieu, quand bien même elle vous serait transmise par un homme pécheur.
II. Considérez que l'étoile, ayant fait connaître le Fils de Dieu, conduisait elle-même les rois Mages pour les lui amener, leur servant de guide le long du chemin.
La grâce qui vous a éclairé, s'offre encore à vous conduire, pour vous aider à faire ce qu'elle vous a enseigné.
Tout est facile, quand Dieu travaille avec nous.
III. Considérez que les Mages suivaient toujours l'étoile sans s'écarter ni à droite ni à gauche; s'arrêtant et cheminant, selon qu'elle demeurait et s'avançait.
Prenez pour votre guide la lumière de la foi; et reconnaissez que si jusqu'à présent vous n'avez point avancé en la perfection, c'est que vous n'avez pas suivi la lumière intérieure.
Demandez pardon à Dieu de votre infidélité à la grâce et disposez-vous à suivre tous ses mouvements.

Méditation

De l'adoration du Fils de Dieu par les rois Mages.

I. Considérez comme un spectacle digne de votre attention, des Rois prosternés la face contre terre, dans un pauvre logis, devant un petit enfant sur les genoux de sa mère. Dans cette humble posture, ils le reconnaissent pour Souverain et lui font hommage de leurs royaumes.
Prenez part à la dévotion de ces princes.
Reconnaissez le Fils de Dieu comme le souverain Seigneur de tout ce que vous avez, et ne trouvez pas mauvais qu'il en dispose à sa volonté.
II. Considérez et pénétrez jusque dans l'intérieur de ces Rois prosternés qui, par un acte d'adoration suprême, reconnaissant pour leur Dieu ce petit enfant de Bethléem, s'avouant ses créatures, et s'anéantissant devant son humilité.
Puisque le Fils de Dieu est descendu si bas, pour l'adorer ne faut-il pas descendre jusqu'au néant ?
III. Considérez que la foule, qui était accourue au bruit de l'arrivée des mages, s'étonnait de voir les grandeurs du monde rendre hommage à la pauvreté : elle ne savait pas que l'on adorait Dieu sous une si chétive apparence.
Vous qui le savez, ne vous en étonnez pas; mais adorez Dieu, sous quelque forme qu'il se manifeste à vous.
Tout ce que Dieu unit à soi est adorable, quand ce serait un gibet et une croix.
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L'aspect d'humilité de l'Épiphanie

Le Seigneur, mes frères, vient se faire baptiser avec des esclaves, et le juge avec des criminels. Mais que cette humilité d'un Dieu ne vous trouble point, car c'est dans ses plus grands abaissements, qu'il fait paraître sa plus grande gloire. Vous étonnez-vous que Celui qui a bien voulu être durant plusieurs mois dans le sein d'une vierge, et en sortir revêtu de notre nature, qui a bien voulu depuis souffrir les soufflets, le tourment de la croix, et tant d'autres maux auxquels il s'est soumis pour l'amour de nous, ait voulu aussi recevoir le baptême, et s'humilier devant son serviteur, en se mêlant avec la foule des pécheurs? Ce qui doit nous surprendre, c'est qu'un Dieu n'ait pas dédaigné de se faire homme. Mais après ce premier abaissement, tout le reste n'en est qu'une suite naturelle.

Aussi saint Jean, pour nous préparer à cette humiliation du Fils de Dieu, dit de lui auparavant, qu'il n'est pas digne de délier le cordon de ses souliers; qu'il était le juge universel qu'il rendrait à chacun selon ses œuvres, et qu'il répandrait les grâces du Saint-Esprit sur tous les hommes, afin qu'en le voyant venir au baptême, vous ne soupçonniez rien de bas sous cette humilité. C'est dans ce même dessein que lorsqu'il le voit présent devant lui, saint Jean lui dit pour l'empêcher: " C'est moi qui ai besoin d'être baptisé par vous, et vous venez à moi ? " Comme le baptême de Jean était un baptême de pénitence, et qui portait ceux qui le recevaient à s'accuser de leurs péchés, saint Jean pour prévenir les Juifs , et les empêcher de croire que Jésus-Christ venait dans cette disposition à son baptême, l'appelle d'auparavant devant le peuple l'Agneau de Dieu, et le Sauveur qui devait effacer les péchés de tout le monde. Car Celui qui avait le pouvoir d'effacer tous les péchés du genre humain, devait à plus forte raison être lui-même exempt de péché. C'est pourquoi saint Jean ne dit pas: " Voilà celui qui est exempt de péché, " mais ce qui est beaucoup plus: " Voilà celui qui porte sur soi, et qui ôte le péché du monde (Jean, t, 29.); " afin que cette dernière vérité admise fît, à plus forte raison, admettre la première, et qu'on reconnût ainsi que c'était pour d'autres raisons que Jésus-Christ venait à ce baptême.

C'est pour cela que saint Jean dit à Jésus lorsqu'il vient à lui: " C'est moi qui ai besoin d'être baptisé par vous, et vous venez à moi? " Il ne dit pas : Et vous voulez que je vous baptise? Car il n'osait parler de la sorte; mais seulement : " Vous venez à moi? " Que fait donc Jésus-Christ en cette rencontre? " Et Jésus répondant lui dit: Laissez-moi faire pour cette heure: car c'est ainsi qu'il convient que nous accomplissions toute justice . " Il agit avec saint Jean comme il agit depuis avec saint Pierre. Cet apôtre refusait de se laisser laver les pieds par son maître. Mais quand il eut entendu cette parole: " Vous ne comprenez pas maintenant ce que je fais, mais vous le comprendrez après. " (Jean, XIII, 7.) Et cette autre : " Vous n'aurez point de part avec moi (Ibid 8); " il cessa aussitôt de résister et il s'offrit même à faire plus qu'on ne lui avait demandé. De même lorsque saint Jean eut entendu ces paroles: " Laissez-moi faire maintenant : car c'est ainsi qu'il convient que nous accomplissions toute justice, "il se résolut aussitôt de faire ce que Jésus lui commandait. Ces saints hommes n'étaient point opiniâtres; mais ils montraient autant d'obéissance que d'amour, et ils n'avaient rien plus à cœur que de faire tout ce que leur commandait le maître.

Mais remarquez comment Jésus oblige Jean à le baptiser par les raisons mêmes pour lesquelles celui-ci ne croyait pas devoir le faire. Car il ne dit pas: " Il est juste, " mais, " il convient. " Comme saint Jean croyait qu'il y avait de " l'inconvenance " à un serviteur de baptiser son maître, Jésus-Christ fait voir au contraire qu'il n'y en avait aucune. Vous hésitez, lui dit-il, à me baptiser, parce que vous le croyez contre la bienséance : c'est au contraire, parce que cela est dans la bienséance, que je viens recevoir votre baptême. Et il ne dit pas simplement " Laissez-moi faire, " mais il ajoute : " maintenant. " Comme s'il disait Cela ne durera pas toujours : vous me verrez bientôt dans l'état où vous souhaitez de me voir; mais maintenant, laissez-moi recevoir votre baptême.

Et pour marquer en quoi consistait cette bienséance, il ajoute: " Car c'est ainsi qu'il " faut que nous accomplissions toute justice. "La justice n'est autre chose qu'un parfait accomplissement de tous les commandements de Dieu. Comme nous avons, dit-il, accompli jusqu'ici tous ses ordres, et qu'il ne reste plus que ce dernier à exécuter, il faut nous en acquitter aujourd'hui. Je suis venu pour lever la malédiction où l'homme était tombé par la violation de la loi. Ainsi il faut que je commence par accomplir la loi parfaitement, afin que vous ayant délivrés de la condamnation, j'abolisse ensuite la loi même. C'est aussi pour cette raison que je me suis revêtu de votre chair, et que je suis venu en ce monde.

Sur Saint Matthieu XII, extraite des "Œuvres complètes de saint Jean Chrysostome" (Père de l'Eglise, né à Antioche entre 344 et 349), traduites par l'abbé Bareille (1865-1873)