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11 ) La « théologie de la désincarnation », prônée par dom Guillaume Chevallier - Réfutation de son article.

communautesaintmartin.org/…MV-III-ASPECTS-PSYCHOLOGIQUES-DES-PERSONNAGES-.pdf

Qui est le mentor de dom Guillaume Chevallier ?

Voir aussi la réponse de F.M.Debroise à ces articles,

celle du docteur psychiatre D.Gloppe

et celle du collectif Marie de Nazareth: Réponse à Don Guillaume Chevallier : il n’y a aucune erreur doctrinale dans les écrits de Maria Valtorta

La confrontation avec Judas est l’un des ressorts principaux de l’action romanesque, et la personnalité de « Jésus » y touche ses limites, …

1 . Face à quelques 20 000 éléments scientifiques rigoureusement exacts présents dans l’œuvre, et prouvant indubitablement que celle-ci ne peut s’expliquer par les capacités imaginatives de Maria Valtorta, l’assertion de DGC apparaît bien dérisoire : et non, dommage pour l’auteur récalcitrant, l’EMV ne peut tout simplement pas être un roman, car par définition, un roman n’est pas le fruit de visions renseignant son auteur sur ce qu’il doit écrire, et qui se vérifient ensuite comme étant justes.

2 . La personnalité de Jésus peut bien faire l’objet des sarcasmes à peine dissimulés de l’auteur, car pour lui, elle devrait n’avoir rien d’humain. Seulement, ceci est complètement contradictoire avec le fait que le Christ était vraiment Homme, et donc qu’Il avait des passions parfaites le rendant capable de souffrir infiniment en son Âme humaine. Comme nous l’avons déjà dit dans le précédent volet : la « théologie de la désincarnation » que semble prôner DGC dans son article n’a pas vraiment de part avec l’EMV, qui elle, défend la vérité de l’Incarnation du Verbe, conformément à la foi catholique.

Tandis que les Evangiles authentiques nous montrent Jésus,
quoique bouleversé, mesuré et maître de Lui-même jusqu’au plus fort de la trahison, les attitudes successives du personnage éponyme de Maria Valtorta vont de la passion quasi-amoureuse à la volonté de sauver, en passant par la victimisation.


1 . Ne pas s'en cacher et dire à plusieurs occasions qu’Il est la Victime expiatoire pour tous les péchés, n’est pas pour Jésus de la victimisation : c'est assumer la Vérité avec courage, en acceptant de devoir souffrir un jour la Passion, selon la Volonté du Père.

---> N’a-t-Il pas d'ailleurs toutes les bonnes raisons, comme Il le fait dans la liturgie des Impropères le Vendredi saint, de se plaindre amèrement à nous qui l’avons rejeté et crucifié, alors qu’Il ne cessait de nous aimer ?

2 . DGC prétend sentencieusement bien connaître l’Évangile. Or s’il le connaissait vraiment, il saurait qu'il ne s'y trouve rien sur l’évolution progressive de Judas dans le mal durant les trois années où il côtoya le Christ au plus prêt, ni de tous les efforts que fit Jésus durant ce temps pour essayer de le sauver de son mal.
---> En donnant de nombreux détails à ce sujet, l’EMV ne peut donc en rien contredire les textes sacrés, qui eux n’en parlent tout simplement pas !

3 . Et ce long combat entre le Bien et le mal eut forcément lieu, car pendant trois années entières, Judas fut quotidiennement en étroit contact avec le Christ : comment ce Bon Pasteur pouvait-Il donc rester passif face au mal qu’Il était pourtant venu enlever du monde ( Jean 1,29 ), et manquer de mettre en pratique ce qu’Il enseignait aux autres, en ne partant pas à la recherche de sa brebis perdue avec une amoureuse volonté de la sauver ? ( Luc 15 ) Mais non : Jésus le fait bien sûr, et que DGC s’en offusque est tout simplement inexcusable, et pour tout dire, scandaleux.

4 . L’auteur ignore que les Évangiles sont compendieux, par nécessité de concision, afin de pouvoir servir la liturgie. Il n’y a donc rien d’étonnant de découvrir dans l’EMV des précisions sur ce combat du Christ contre le mal de Judas, inexistantes dans les textes canoniques car elles ne sont pas indispensables pour la foi.

Or il n’y a ici que deux solutions :
- soit, comme le pense l’auteur, Jésus n’a pas essayé de toutes ses forces de ramener Judas à l’Amour, tel le Bon Berger : mais alors… Il ne fut pas vraiment le « Sauveur »,
- soit au contraire, Il a tout tenté en sa faveur, et cette tentative fut cependant vouée à l’échec, comme nous le lisons dans l’œuvre, fidèlement à l’Évangile.

5 . Conclusion :

Selon DGC, Judas s’est perdu, mais Jésus n’a manifesté de douleur à ce sujet qu’avec une extrême retenue digne des plus grands stoïciens, et sans jamais tenter plus que cela de le sauver, car rien en Judas ne justifiait un amour prononcé de la part de Jésus ( ! )
- Mais comment alors expliquer qu’Il puisse pleurer sur « Jérusalem qui tue les prophètes » ( Matt 23,37 ), s’Il ne pleura pas amèrement aussi sur la perte de Judas son apôtre ?
- Comment expliquer cette comparaison enamourée, tendre et passionnée que Jésus fait de Lui-même avec la poule voulant rassembler ses poussins sous ses ailes ( ibid. ), si Lui-même ne montra jamais ces sentiments maternels, pressants, anxieux, montrant même une certaine forme de désespoir face à un tel refus de la part du coupable ?
- Relisons enfin les impropères du Vendredi saint : « Ô mon peuple, que t’ai-Je fais ? En quoi t’ai-je contristé, réponds-moi ! Moi, j’ai pour toi frappé l’Égypte, J’ai fait mourir ses premiers-nés : toi, tu m’as livré, flagellé ! Moi, je t’ai fait sortir d’Égypte, J’ai englouti le Pharaon : toi, tu m’as livré aux grands prêtres ! (…) » : cette longue plainte divine semblant provenir de l’EMV ne seraient en fait qu’une supercherie de la Tradition catholique, pour nous faire croire à un « Jésus sentimental, passionnel et victimal » ?

---> Ce qui nous amène à ceci : selon DGC si Judas s’est perdu, c’est que Jésus n’a rien fait de concret pour le sauver !
C’est un vrai carnage. Il n’y a plus de mots, sinon : « Au secours ! »

Les exemples de DGC.
La méthode bien rodée que va maintenant utiliser l’auteur dans son « exemple » n’a plus de quoi nous surprendre : c’est en effet la seule qu’il sache employer. Pour susciter le doute, il va soigneusement séparer un événement de son contexte, afin de le rendre inexplicable et louche.

---> Contre cet artifice d’illusionniste, nous allons utiliser la méthode radicale et imparable, qui consiste à citer tout le passage en question avec son contexte, ce qui va nous en montrer toute la cohérence, et déjouer le piège tendu sous nos pas.

Contexte du premier exemple de DGC :

Jésus et ses apôtres sont en train de visiter les lieux d’un antique châtiment divin, celui de Sodome et Ghomore, dont Jésus leur fait le commentaire. Mais il lui faut envoyer des messagers à Béthanie ( c’est-à-dire à Jérusalem ) pour la mission de faire confier une orpheline à une veuve. Cependant, personne n’a un grand désir de quitter Jésus, même seulement pour quelques jours, personne ? … sauf Judas ! qui apparemment est enthousiaste à l’idée de retrouver un peu de liberté pour agir à sa guise. Nul ne pense à mal, mais Jésus, Lui, discerne très clairement le danger qui guette son apôtre si faible. Il cherche à le dissuader de s’éloigner de Lui, mais Il y consent finalement, ne voulant pas violer la liberté de Judas, cherchant cependant à le mettre fortement en garde contre ses mauvais penchants, lui qui était actuellement revenu à de meilleures dispositions intérieures grâce à l’aide de son Maître.

---> Très bel exemple, illustrant à merveille la parabole où le Bon Berger s’occupe bien davantage de sa brebis perdue que des 99 autres qui sont en sécurité auprès de Lui.

EMV 388 - Dans les lieux frappés par le châtiment divin. Recommandations à Judas, qui ira à Béthanie avec Simon le Zélote.

( en rouge, entre les // : la citation que fait DGC pour « résumer » tous ce passage, le rendant ainsi tout à fait incompréhensible et suspect )

« (...) Ils doivent avoir continué leur route au clair de lune et séjourné dans quelque caverne pendant quelques heures et repris le chemin à l'aube Et ils sont visiblement fatigués par le cheminement difficile sur la rocaille, à travers les arbustes épineux et les lianes qui rampent et embarrassent les pieds. La marche est guidée par Simon le Zélote qui semble bien connaître les parages et qui s'excuse de la difficulté de la marche comme si elle dépendait de lui.

"Maintenant, quand nous serons de nouveau sur les monts que vous voyez, nous marcherons mieux et je vous promets du miel sauvage en abondance et de l'eau pure en abondance..."

"De l'eau ? J'y patauge ! Le sable m'a rongé les pieds comme si j'avais marché sur le sel et ma peau est toute en feu.
Quels lieux maudits ! Oh ! on sent, oui, on sent que l'on est dans le voisinage des lieux punis par le feu du Ciel ! Il est resté dans le vent, dans la terre, dans les épines. Dans tout !" s'exclame Pierre.

"Et pourtant c'était beau ici autrefois, n'est-ce pas, Maître ?"

"Très beau. Dans les premiers siècles du monde ces lieux étaient un petit Eden. Le sol très fertile, riche en sources servant à tant d'usages, mais disposées de façon à ne donner que du bien. Ensuite... le désordre des hommes parut s'emparer des éléments. Et ce fut la ruine. Les sages du monde païen expliquent de plusieurs manières le terrible châtiment. A la manière des hommes, cependant, parfois avec une terreur superstitieuse. Mais croyez-le : ce fut seulement la volonté de Dieu qui changea l'ordre des éléments.

Ceux du ciel appelèrent ceux des profondeurs, ils se heurtèrent, ils s'excitèrent l'un l'autre en une ronde maléfique, les éclairs incendièrent le bitume que les veines ouvertes du sol avaient répandu en désordre, et le feu des entrailles de la terre et le feu sur la terre, et le feu du ciel pour alimenter celui de la terre et pour ouvrir, par les épées des éclairs, de nouvelles blessures dans la terre qui tremblait dans des convulsions effrayantes, brûla, détruisit, rongea des stades et des stades d'un lieu qui était auparavant un paradis en en faisant l'enfer que vous voyez et où il ne peut y avoir de vie."

Les apôtres écoutent attentivement...

Barthélemy demande :

"Tu crois que si on pouvait assécher le voile épais des eaux, nous trouverions au fond de la Grande Mer les restes des villes punies ?"

"Certainement. Et presque intactes, car l'épaisseur des eaux fait un linceul de chaux aux villes ensevelies. Mais le Jourdain a répandu sur elles une épaisse couche de sable. Et elles sont ensevelies deux fois pour qu'elles ne se redressent plus, symbole de ceux qui, obstinés dans leurs fautes, sont inexorablement ensevelis par la malédiction de Dieu et la domination de Satan qu'ils ont servi avec tant d'anxiété pendant leur vie."

"Et est-ce ici que se réfugia Matthatias de Jean de Siméon, le juste asmonéen qui est, avec ses fils, la gloire d'Israël tout entier ?"

"Ici. Entre les montagnes et les déserts, et c'est ici qu'il remit de l'ordre dans le peuple et l'armée, et Dieu fut avec lui."

"Cependant, du moins... Ce fut pour lui plus facile car les Assidéens furent plus justes que ne le sont les pharisiens avec Toi !"

"Oh ! être plus juste que les pharisiens c'est bien facile ! Plus facile encore que de piquer pour cette épine qui s'est attachée à mes jambes... Regardez ici !" dit Pierre qui, en écoutant, n'a pas regardé par terre et s'est trouvé enveloppé par un buisson épineux qui fait saigner ses mollets.

"Sur les montagnes, il y en a moins. Tu vois qu'il y en a déjà moins ?" dit Simon le Zélote pour le réconforter.

"Hum ! Tu es très au courant..."

"J'y ai vécu proscrit et persécuté..."

"Ah ! Alors !..."

En effet, les petits monts deviennent verts, d'un vert moins torturant, bien qu'ils soient moins ombragés et si leur herbette est peu développée, elle est en revanche très odorante et parsemée de fleurs qui en font un tapis coloré. Des nuées d'abeilles y font leurs provisions et puis de là vont aux cavernes dont sont criblés les flancs de la montagne et là, sous des rideaux de lierre et de chèvrefeuille, déposent le miel dans des ruches naturelles. Simon le Zélote va à une caverne et il en sort avec des rayons de miel d'or, et à une autre, et à une autre encore jusqu'à ce qu'il en ait pour tous, et il en offre au Maître et aux amis qui mangent volontiers le miel doux et filant.

"Si on avait du pain ! Comme c'est bon !" dit Thomas.

"Oh ! même sans pain, c'est bon ! Meilleur que les épis philistins. Et... on espère qu'il n'y aura pas de pharisien qui vienne nous dire de ne pas en manger !" dit Jacques de Zébédée.

Ils s'en vont tout en mangeant et ils arrivent à une citerne où se déversent des ruisselets dont l'eau s'en va ensuite je ne sais où. L'eau qui déborde sort du bassin et elle est fraîche, cristalline, étant protégée du soleil et des débris par la voûte du rocher où la citerne est creusée. En retombant, elle forme un petit lac minuscule dans la roche de silice noirâtre.

C'est avec un plaisir visible que les apôtres se déshabillent et se plongent, à tour de rôle, dans le bassin inattendu. Mais auparavant, ils ont voulu que Jésus en profite "pour que leurs membres en soient sanctifiés" dit Matthieu.

Ils reprennent la marche, restaurés bien que plus affamés, et les plus affamés, en plus du miel qu'ils mangent, rongent des tiges de fenouil sauvage et d'autres pousses comestibles dont je ne connais pas le nom.

La vue est belle des plateaux de ces monts bizarres qui semblent avoir eu leurs cimes tranchées d'un coup d'épée. Des déchirures d'autres montagnes vertes et de plaines fertiles se voient au sud, et aussi quelque arrière-plan sur la Mer Morte, qui par contre est visible à l'orient, avec les montagnes lointaines de l'autre rive, estompées par un brouillard de nuées légères qui s'élèvent du sud-est. Au nord, quand on la découvre entre les crêtes des montagnes, on voit la verdure lointaine de la plaine jordanienne, à l'ouest les hautes montagnes de la Judée.

Le soleil commence à brûler et Pierre dit sentencieusement que "ces nuées sur les monts de Moab sont signe de fortes chaleurs."

"Maintenant nous allons descendre dans la vallée du Cédron. Elle est ombragée..." dit Simon.

"Le Cédron ?! Oh ! comment a-t-on fait pour arriver si vite au Cédron ?"

"Oui, Simon de Jonas. Le chemin a été rude, mais comme il a abrégé le parcours ! En suivant sa vallée, on arrive vite à Jérusalem" explique le Zélote.

"Et à Béthanie... Je devrais envoyer certains d'entre vous à Béthanie pour dire aux sœurs de conduire Egla chez Nikê. Elle m'en a tant prié, et c'est une juste prière. La veuve sans enfants aura elle aussi un saint amour, et la fillette sans parents une mère vraiment Israélite qui la fera grandir dans notre foi antique et dans la mienne. Je voudrais venir Moi aussi... Un repos paisible pour mon esprit attristé... Dans la maison de Lazare le cœur du Christ ne trouve qu'amour... Mais long est le voyage que je veux accomplir avant la Pentecôte !"

"Envoie-moi, Seigneur, et avec moi un bon marcheur. Nous irons à Béthanie et ensuite je remonterai à Kérioth et là nous nous rencontrerons" dit l'Iscariote enthousiaste.

Les autres, au contraire, dans l'éventualité d'être choisis pour ce voyage qui les séparerait du Maître, n’ont vraiment l’air enthousiaste. Jésus réfléchit. Et tout en réfléchissant, il regarde Judas. Il se demande s'il va consentir. Judas insiste :

"Oui, Maître ! Dis oui ! Fais-moi plaisir !..."

"Tu es le moins indiqué de tous, ô Judas, pour aller à Jérusalem !"

"Pourquoi, Seigneur ? Je la connais plus que tout autre !"

"C'est bien pour cela !... Non seulement elle t'est connue, mais elle pénètre en toi plus qu'en tout autre."

"Maître, je te donne ma parole que je ne m'arrêterai pas à Jérusalem et je ne verrai personne d'Israël, de par ma volonté... Mais laisse-moi aller. Je te précéderai à Kérioth et..."

"Et tu ne feras pas pression pour me donner des honneurs humains ?"

"Non, Maître. Je le promets."

Jésus réfléchit encore.

"Pourquoi, Maître, tant d'hésitation ? Tu te méfies tellement de moi ?"

"Tu es un faible. Judas. Et en t'éloignant de la Force, tu tombes ! Tu es si bon depuis quelque temps ! Pourquoi veux-tu te troubler et me causer du chagrin ?"

"Mais non, Maître, je ne veux pas ces choses! Il me faudra bien un jour être sans Toi ! Et alors ? Comment ferai-je si je ne me suis pas préparé ?"

"Judas a raison" disent plusieurs.

"C'est bien !... Va. Va avec Jacques mon frère."

Les autres respirent soulagés. Jacques, peiné, soupire, mais il dit docilement :

"Oui, mon Seigneur ! Bénis-nous et nous partirons."

Simon le Zélote a pitié de sa peine et il dit :

"Maître, les pères remplacent volontiers les fils pour leur donner de la joie. Lui je l'ai pris pour fils en même temps que Jude. Le temps a passé, mais mon idée est toujours la même. Accueille ma prière... Envoie-moi avec Judas de Simon. Je suis âgé, mais résistant comme un jeune, et Judas n'aura pas à se plaindre de moi."

"Non, ce n'est pas juste que tu te sacrifies en t'éloignant du Maître à ma place. Certes c'est pour toi une souffrance de ne pas aller avec Lui..." dit Jacques d'Alphée.

"Ma souffrance s'adoucit par la joie de te laisser avec le Maître. Tu me raconteras ensuite ce que vous avez fait... D'ailleurs... je vais volontiers à Béthanie..." termine le Zélote comme pour amoindrir la valeur de ce qu'il a offert.

"C'est bien, vous irez tous deux. En attendant poursuivons jusqu'à ce petit village. Qui y monte pour chercher du pain au nom de Dieu ?"

"Moi ! Moi !" Tous veulent y aller, mais Jésus retient Judas de Kérioth.

// Quand ils se sont tous éloignés, Jésus lui prend les mains et lui parle vraiment visage contre visage. Il semble qu'il veuille faire passer en lui sa pensée, le suggestionner au point que Judas ne puisse avoir d'autres pensées qui ne soient pas celles que Jésus veut.

"Judas... Ne te fais pas du mal ! Ne te fais pas du mal, mon Judas ! Ne te sens-tu pas plus calme et plus heureux depuis quelque temps, libéré des pieuvres de ton moi le plus mauvais, de ce moi humain qui est si facilement le jouet de Satan et du monde ?
Oui, tu te sens ainsi ! Préserve donc ta paix, ton bien-être. Ne te nuis pas, Judas ! Je lis en toi. Tu es à un si bon moment ! Oh ! si je pouvais, si je pouvais au prix de tout mon Sang te garder ainsi, détruire jusqu'au dernier rempart où se niche un grand ennemi pour toi et te faire tout esprit, intelligence d'esprit, amour d'esprit, esprit, esprit !"

Judas, poitrine contre poitrine, visage contre visage avec Jésus, les mains dans les mains, est presque abasourdi. Il murmure :

"Me nuire ? Dernier rempart ? Lequel ?..."//


"Lequel ?! Tu le sais. Tu sais avec quoi tu te nuis ! En cultivant tes pensées de grandeur humaine et des amitiés que tu supposes être utiles pour te donner cette grandeur. Il ne t'aime pas, Israël, crois-le. Il te hait comme il me hait et comme il hait quiconque peut avoir l'apparence d'un probable triomphateur. Et toi, justement parce que tu ne caches pas ta pensée de vouloir être tel, tu es haï. Ne crois pas à leurs paroles mensongères, à leurs fausses questions qu'ils font sous prétexte de s'intéresser à tes pensées pour t'aider. Ils te circonviennent pour nuire, pour savoir et pour nuire. Et je ne te prie pas pour Moi, mais pour toi, pour toi seul. Moi, si je suis en butte à l'iniquité, je serai toujours le Seigneur. Ils pourront torturer la chair, la tuer. Rien de plus. Mais toi, mais toi ! C'est ton âme qu'ils tueraient... Fuis la tentation, mon ami ! Dis-moi que tu la fuiras ! Donne à ton pauvre Maître persécuté, tourmenté, cette parole de paix !"

// Il l'a pris dans ses bras maintenant, et il lui parle joue contre joue, près de l'oreille, et les cheveux d'or foncé de Jésus se mêlent aux lourdes boucles brunes de Judas. //

"Moi, je le sais que je dois souffrir et mourir. Je sais que ma couronne ne sera que celle du martyr. Je sais que ma pourpre ne sera que celle de mon Sang. C'est pour cela que je suis venu. Car c'est par ce martyre que je rachèterai l'Humanité, et l'amour me presse depuis un temps sans limite vers l'accomplissement de cette action. Mais je voudrais qu'aucun des miens ne se perde. Oh ! tous les hommes me sont chers, car ils ont en eux l'image et la ressemblance de mon Père et l'âme immortelle que Lui a créée. Mais vous, vous aimés et préférés, vous, sang de mon sang, pupille de mon œil, non, non, perdus non ! Oh ! il n'y aura pas de torture semblable à celle-là, même si Satan enfonçait en Moi ses armes brûlantes de soufres infernaux et me mordait, m'enveloppait, lui, le Péché, l'Horreur, le Dégoût, il n'y aura pas de torture pour Moi semblable à celle d'un de mes élus qui se perd...

// Judas, Judas, mon Judas ! Mais veux-tu que je demande au Père de souffrir trois fois ma Passion horrible et que de ces trois, deux soient pour te sauver toi seul ? Dis-le-moi, ami, et je le ferai. Je dirai de multiplier à l'infini mes souffrances pour cela. Je t'aime, Judas, je t'aime tellement. // Et je voudrais, je voudrais te donner Moi-même, te rendre Moi-même, pour te sauver de toi-même..."

"Ne pleure pas, ne parle pas ainsi, Maître. Moi aussi, je t'aime. Moi aussi, je me donnerais moi-même pour te voir fort, respecté, craint, triomphant. Je ne t'aime peut-être pas parfaitement. Je ne pense peut-être pas parfaitement. Mais tout ce que je suis, je l'emploie, et peut-être j'en abuse, si anxieux que je suis de te voir aimé. Mais, je te jure, je te jure sur Jéhovah, que je n'approcherai pas des scribes, ni des pharisiens, ni des sadducéens, ni des juifs, ni des prêtres. Ils diront que je suis fou. Mais cela ne m'importe pas. Il me suffit que tu n'aies pas de chagrin à cause de moi. Es-tu content ? Un baiser, Maître, un baiser pour ta bénédiction et ta protection."

Ils s'embrassent et ils se séparent alors que les autres reviennent, descendant en courant la colline, en agitant de larges fouaces et des fromages frais.

Ils s'assoient sur l'herbe verte et partagent la nourriture en racontant qu'ils ont été bien accueillis parce que, dans les quelques maisons, il y a des gens qui connaissent les bergers disciples et qui sont favorables au Messie.

"Nous n'avons pas dit que tu étais là, car autrement..." termine Thomas.

"Nous tâcherons de passer par ici un jour. Il ne faut négliger personne" répond Jésus.

Le repas prend fin. Jésus se lève et bénit les deux qui vont à Béthanie et qui n'attendent pas le soir pour reprendre la route, car la vallée est ombragée et pleine de sources.

Jésus, et les dix qui restent, de leur côté s'étendent sur l'herbe et se reposent en attendant le crépuscule, pour revenir vers la route d'Engaddi et de Massada, comme je l'entends dire à ceux qui sont restés.

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1 . Si on prend isolément les seuls passages en rouge cités par DGC, alors les rôles des personnages sont inversés : c’est Jésus qui semble ne pas savoir dominer sa soi-disant « passion amoureuse », face à un Judas calme et justement étonné de toutes ces démonstrations quelque peu gênantes à l’égard de sa personne.

2 . Alors qu’en lisant la version intégrale, on se rend bien compte que le seul ici à ne pas savoir dominer ses passions avilissantes, c’est Judas, passé maître dans l’art de dissimuler cela aux yeux des hommes, mais cependant pas aux yeux du Divin Maître :

---> Celui-ci le prend à part, afin d’éviter de détruire sa réputation devant toute l’assemblée des apôtres, ce qu’il n’aurait pas supporté.

---> Avec un don de persuasion uniquement propre au Vrai Médecin qu’Il est des âmes, c’est-à-dire au seul Homme sachant parfaitement maîtriser ses passions et les faire servir au Bien car Il est Dieu, Jésus, sans vouloir empêcher radicalement Judas de choisir de Lui désobéir, lui montre la seule chose capable de le dissuader de mal agir quand il sera seul : l’Amour Divin qui brûle dans son Cœur pour lui, et qui Le fera tellement souffrir s’Il ne peut pas le sauver.

---> Tel Jiminy Cricket parlant à l’oreille de Pinocchio, Jésus se fait la conscience de l’infortuné Judas, si mal armé contre toutes les tentations que volontairement il s’apprête à rencontrer à Jérusalem, auprès de ses anciennes et funestes connaissances du Temple.

---> Jésus parle quasiment collé à Judas, tout comme sans raison on reprochera de le faire à un certain Ignace de Loyola, avec les femmes qui étaient sous sa direction spirituelle : mais n’était-il pas un autre Christ, reproduisant sans le savoir son geste ? Est-ce que d’ailleurs celui-ci ne rappelle pas de manière touchante celui de la poule voulant rassembler ses poussins sous ses ailes ?

---> Personne je l’espère, ne découvre à l’instant avec surprise combien l’article de DGC n’a en réalité aucune consistance. S’il cherchait réellement la vérité, pourquoi se livrerait-il ainsi à de telles dissimulations ?

Mais il n’en est pas à une près, et la suivante qu’il va faire est toute aussi répugnante, voire d’avantage encore que la précédente. Elle l’est au moins autant que le passage est beau, c’est pourquoi le voici lui-aussi dans son contexte, cité intégralement, pour bien mettre en évidence le petit montage abject imaginé par DGC :

Résumé du deuxième passage « cité » en exemple par DGC :
Jésus est seul durant la nuit, et se réjouit de la création, du chant du rossignol. Judas vient à Lui pour confesser une faute grave qu’il a commise. Jésus, tel le grand Prêtre Miséricordieux, voyant son repentir sincère, lui donne l’absolution avec une profonde joie. C’est l’illustration par excellence du sacrement du pardon, que DGC tente, sans en avoir honte, de transformer fallacieusement en je ne sais quelle scène vaguement libidineuse entre Jésus et Judas.

( en rouge, entre les // : les seuls passages cités par l’auteur )

EMV 468 - Un repentir de Judas et les phrases qui illustrent sa figure.

« Je vois Jésus qui lentement va et vient sur un sentier champêtre éclairé par la lune. C'est la pleine lune, et sa face riante resplendit dans un ciel absolument serein mais, en raison de sa position dans le ciel, où elle se prépare à se coucher, je déduis qu'il doit être plus de minuit.

Jésus marche en réfléchissant et en priant certainement, bien que je n'entende pas de paroles. Mais il ne perd pas de vue les choses qui l'entourent. Une fois il s'arrête pour écouter, souriant, le long chant d'un rossignol énamouré qui exécute toute une mélodie d'arpèges et de trilles et de notes a-solo, bien tenues, si fortes et si prolongées qu'il paraît impossible que cela vienne de ce petit être qui n'est que plumes. Pour ne pas le troubler, même pas par le bruit des sandales sur le gravier du sentier et du vêtement frôlant l'herbe, Jésus s'est arrêté, les bras croisés, le visage levé et souriant. Il va jusqu'à fermer à demi les yeux pour s'appliquer mieux à l'audition, et quand le rossignol termine par un son aigu qui monte, monte, monte par intervalles de tierce (si j'ai bon souvenir) et finit par une note suraiguë, tenue aussi longtemps que le souffle le lui permet, il approuve et applaudit sans mot dire en inclinant deux ou trois fois la tête avec un sourire de satisfaction.

Maintenant, d'autre part, il se penche sur une touffe de chèvrefeuille en fleurs dont les mille et mille calices blancs répandent une odeur pénétrante. Ils ressemblent à des bouches de serpents qui baillent, où tremble la langue des pistils jaunâtres et où brille une trace d'or sur le pétale inférieur. Les fleurs, sous le rayon de lune, paraissent encore plus blanches, comme argentées. Jésus les admire, respire leur parfum et les caresse de la main.

Il revient sur ses pas. L'endroit doit être légèrement élevé car le clair de lune fait voir au sud une partie du lac certainement, car c'est quelque chose qui brille comme du verre éclairé par la lune et qui n'est pas un fleuve ni la mer, étant donné qu'on le voit bordé de collines du côté opposé à celui où se trouve Jésus.

Jésus regarde ce tranquille miroir d'eau paisible dans le calme d'une nuit d'été. Puis il fait un demi-tour sur Lui-même, du sud à l'ouest, et regarde un village qui blanchit, éloigné au maximum de deux kilomètres, plutôt moins que plus. Un beau village. Il s'arrête pour le regarder, et secoue la tête en suivant une pensée qui l'afflige beaucoup.

Il reprend ensuite sa promenade lente et sa prière jusqu'au moment où il s'assoit sur une grosse pierre, au pied d'un arbre très élevé, et prend sa position habituelle : les coudes sur les genoux et les avant-bras en avant, avec les mains jointes pour la prière.

Il reste ainsi un moment et serait resté plus longtemps si un homme, une ombre, ne s'était avancée de la touffe d'arbres vers Lui et ne l'avait appelé :

"Maître ?"

Jésus se retourne, car celui qui s'avance arrive par derrière, et il lui dit:

"Judas ? Que veux-tu ?"

"Où es-tu, Maître ?"

"Au pied du noyer. Avance."

Et Jésus se lève et vient sur le sentier au clair de la lune, pour que Judas puisse le voir.

"Tu es venu, Judas, pour tenir un peu compagnie à ton Maître ?" Maintenant ils sont l'un près de l'autre et Jésus met affectueusement un bras sur l'épaule du disciple. "Ou bien a-t-on besoin de Moi à Chorazeïn ?"

"Non, Maître. Aucunement, J'ai eu le désir de venir te trouver."

"Viens alors. Il y a de la place pour tous les deux sur ce rocher."

Ils s'assoient tout près l'un de l'autre. Silence. Judas ne parle pas. Il regarde Jésus. Il lutte.

Jésus veut l'aider. Il le regarde avec douceur, mais avec pénétration.

"Quelle belle nuit, Judas ! Regarde comme tout est pur ! Je crois que ne fut pas plus pure la première nuit qui a ri sur la Terre et sur le sommeil d'Adam dans le Paradis terrestre. Sens le parfum de ces fleurs, respire, mais ne les cueille pas. Elles sont si belles et si pures ! Je m'en suis abstenu, Moi aussi, parce que les cueillir, c'est les profaner. Il est toujours mal d'user de violence, pour la plante comme pour l'animal, pour l'animal comme pour l'homme. Pourquoi enlever la vie ? Elle est si belle la vie quand elle est bien employée !...

Et ces fleurs l'emploient bien car elles exhalent leur parfum, réjouissent par leur vue et leur odeur, donnent du miel aux abeilles et aux papillons et leur cédait l'or de leur pistil pour mettre des petites gouttes de topaze sur la perle de leurs ailes, et servent de lit aux nids... Si tu avais été là, il y a un moment, tu aurais entendu un rossignol chanter si doucement la joie de vivre et de louer le Seigneur.

Chers oiseaux ! Comme ils sont un exemple pour les hommes ! Ils se contentent de peu, et seulement de ce qui est permis et saint : un grain et un petit ver car c'est le Père Créateur qui le leur à donne. Et s'ils n'en ont pas, ils n'éprouvent pas de colère ou de dépit, mais ils trompent la faim de leur chair par le trop plein de leur cœur qui leur fait chanter les louanges du Seigneur et les joies de l'espérance. Ils sont heureux d'être las pour avoir voleté de l'aube jusqu'au soir pour se faire un nid tiède, douillet, sûr, non par égoïsme, mais par amour de leurs petits. Et ils chantent de la joie de s'aimer honnêtement, le rossignol pour sa compagne et tous les deux pour leurs oisillons. Les animaux sont toujours heureux car ils n'éprouvent pas de remords dans leurs cœurs qui ne leur reprochent rien. C'est nous qui les rendons malheureux parce que l'homme est méchant, sans respect, dominateur, cruel. Et il ne lui suffit pas de l'être avec ses semblables, sa méchanceté se déverse sur les êtres inférieurs. Plus il a en lui de remords, plus sa conscience le pique, et plus il exerce sa méchanceté sur les autres. Je suis certain que le cavalier qui aujourd'hui éperonnait jusqu'au sang son cheval tout en sueur et tellement fatigué, et le cravachait jusqu'à lui faire dresser le poil sur le cou et sur les flancs et jusque sur ses naseaux et sur ses sombres paupières qui se fermaient douloureusement sur ses yeux si résignés et si doux, que ce cavalier n'avait pas l'âme tranquille : ou bien il allait commettre un crime contre l'honnêteté, ou il en venait." Jésus se tait et pense.

Judas se tait. Il pense lui aussi, puis il dit :

"Comme c’est beau, Maître, de t'entendre parler ainsi ! Tout devient clair aux yeux, à l'esprit, au cœur... et tout redevient facile, même de dire : "Je veux être bon !" Même de te dire... même de te dire... de te dire : "Maître, moi aussi j'ai l'âme troublée ! N'aie pas de dégoût pour moi, Maître, Toi qui aimes celui qui est pur !"

"Oh ! mon Judas ! Moi, du dégoût ? Ami, fils, qu'as-tu qui te trouble ?"

// "Garde-moi avec Toi, Maître. Tiens-moi étroitement... J'ai juré d'être bon depuis que tu m'as parlé si doucement. J'ai juré de redevenir le Judas des premiers jours, je te suivais et je t'aimais comme un époux aime son épouse, et je ne rêvais qu'à Toi, trouvant en Toi toute satisfaction. C'est ainsi que je t'aimais Jésus..."

"Je le sais... et c'est pour cela que je t'ai aimé... Mais je t'aime encore, mon pauvre ami blessé..." //


"Comment sais-tu que je le suis ? Sais-tu de quoi ?..."

Silence. // Jésus regarde Judas d'un œil si doux... Il semble qu'une larme le rende plus large et plus doux en tempérant son éclat : un œil d'enfant innocent et désarmé, qui se donne tout entier dans l'amour.

Judas glisse à ses pieds, le visage sur ses genoux, les bras serrés à ses côtés et il gémit : "Garde-moi avec Toi, Maître... garde-moi... //
Ma chair crie comme un démon... et, si je cède, voilà que vient tout le mal... Je sais que tu sais et que pourtant tu attends que je le dise... Mais il est difficile de dire, Maître : "J'ai péché"

"Je le sais, ami. C'est pour cela qu'il faudrait bien agir, pour ne pas s'avilir en disant: "J'ai péché ". Mais pourtant, Judas, il y a en cela un grand remède, de devoir faire effort en disant la faute retient de la faire et si elle est accomplie, la peine de s'accuser est déjà une pénitence qui rachète. Si ensuite quelqu'un souffre, non pas tant par orgueil ni par peur du châtiment, mais parce qu'il sait qu'en manquant il a causé de la douleur, alors, c'est Moi qui le dis, la faute disparaît. C'est l'amour qui sauve."

"Moi, je t'aime, Maître, mais je suis si faible... Oh ! Tu ne peux pas m'aimer ! Tu es pur et tu aimes les purs... Tu ne peux pas m'aimer parce que je suis... je suis...

Oh ! Jésus, enlève-moi la faim des sens ! Tu sais quel démon il est ?"


"Je le sais. Je ne l'ai pas exaucée, mais je sais quelle voix elle a."

"Le vois-tu ? Le vois-tu ? Tu en as un tel dégoût que seulement à le dire, ton visage est bouleversé... Oh ! Tu ne peux pas me pardonner !"

"Judas. Et tu ne te rappelles pas Marie ? Matthieu ? Ce publicain devenu lépreux ? Cette femme, courtisane romaine, à laquelle j'ai prophétisé une place dans le Ciel parce que, après mon pardon, elle aura la force de vivre saintement ?"

"Maître... Maître... Maître… Oh ! quel mal j'ai dans le cœur !... Ce soir j'ai fui... j'ai fui Chorazeïn... car si j'étais resté... si j'étais resté... j'étais perdu. Tu sais... c'est comme celui qui boit et en devient malade... Le médecin lui enlève le vin et toute boisson enivrante, et il guérit et reste sain tant qu'il ne ressent pas ce goût...

Mais s'il cède, une seule fois, et en sent de nouveau le goût... il lui vient une soif... une soif de cette boisson... telle qu'il n'y résiste plus... et il boit et il boit... et il est de nouveau malade... malade pour toujours… fou... possédé... possédé par son démon... par son démon... Oh ! Jésus, Jésus, Jésus !... N'en parle pas aux autres… Ne le dis pas... J'ai honte devant tous..."


"Mais pas devant Moi."

Judas comprend mal.

"C'est vrai ! Pardon ! Je devrais être plus honteux devant Toi que devant tout autre, car tu es parfait..."

"Non, fils. Ce n'est pas cela que je disais. Que ta douleur, ton angoisse, ton humiliation ne te cachent pas la vérité. J'ai dit que tu peux être honteux devant tous, mais pas devant Moi. Un fils n'a pas de peur ni de honte devant un bon père, ni un malade devant un médecin compétent. Et à l'un comme à l'autre, il fait son aveu sans crainte puisque l'un aime et pardonne, l'autre comprend et guérit. Moi, je t'aime et te comprends, aussi je te pardonne et te guéris. Mais dis-moi. Judas. Qu'est-ce qui te livre à ton démon ? Moi ? Tes frères ? Les femmes débauchées ? Non. C'est ta volonté. Maintenant je te pardonne et te guéris...

Quelle joie tu m'as donnée, ô mon Judas ! Déjà je jouissais tant de cette nuit sereine, parfumée, que les chants rendaient joyeuse, et j'en louais le Seigneur. Mais maintenant la joie que tu me donnes surpasse ce clair de lune, ces parfums, cette paix, ces chants. Entends-tu ? Le rossignol semble s'y unir pour te dire avec Moi qu'il est heureux de ton bon vouloir, lui, le petit chanteur, si plein de bonne volonté pour faire ce pourquoi il a été créé. Et aussi ce premier vent du matin, qui passe sur les fleurs et les éveille, en faisant glisser dans le creux de leur calice un diamant de rosée pour que la trouvent bientôt le papillon et le rayon de soleil, et que l'un s'en désaltère et que l'autre s'en fasse un miroir minuscule pour son grand éclat. Regarde : la lune va se coucher. L'aube s'annonce, avec ce chant lointain du coq. Les ténèbres nocturnes et les fantômes de la nuit disparaissent : Vois comme il est passé rapide et doux le temps qui, si tu n'étais pas venu à Moi, serait passé dans le dégoût et le remords ? Viens toujours quand tu as peur de toi. Le propre moi !!! Grand ami, grand tentateur, grand ennemi, et grand juge, Judas ! Et, vois-tu ? Alors qu'il est un ami sincère et fidèle si tu as été bon, il sait être un ami sans sincérité si tu n'es pas bon et, après avoir été pour toi un complice, il s'élève à être un juge inexorable et te torture par ses reproches... Lui est féroce dans ses reproches... pas Moi !

Eh bien, allons, la nuit est passée..."

"Maître, je ne t'ai pas laissé reposer... et aujourd'hui, tu devras tant parler..."

"J'ai reposé dans la joie que tu m'as donnée. Je n'ai pas de leur repos que celui de dire: "Aujourd'hui j'ai sauvé quelqu’un qui périssait". Viens, viens… Descendons à Chorazeïn ! Oh ! si cette ville savait t'imiter, Judas !"

"Maître... que diras-tu à mes compagnons ?"

"Rien s'ils ne demandent pas... S'ils m’interrogent, je dirai que nous avons parlé des miséricordes de Dieu... C'est un vrai sujet, et tellement illimité que la plus longue vie ne suffit pas à le développer. Allons..."

Et ils descendent, grands, d'une beauté différente mais également jeunes, l'un près de l'autre, et ils disparaissent derrière un bouquet d'arbres...

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1 . Effectivement, si l’on ne retient que les seuls passages en rouge ( ceux cités par DGC ), alors on pourrait se demander si Judas ne courtiserait pas Jésus, qui cèderait à ses avances !

2 . Alors qu’en réalité, on se rend bien compte que si Judas est encore attiré par Jésus, c’est en raison du fait que Celui-ci n’a jamais péché et qu’Il peut lui pardonner, Lui le Pur, parce qu’Il est aussi doux qu’un petit enfant, et non pas un juge intraitable. Et si Jésus accueille son disciple si cordialement, avec la même Miséricorde qu’un prêtre au confessionnal, c’est parce que Judas a encore pour le moment l’humilité de Lui demander pardon après sa chute, chose que DGC se garde bien de citer, alors que c’est le cœur même du passage !

3 . Je ne me lasse pas de crever les vessies que DGC voudrait nous faire prendre pour des lanternes, et c’est bien loin d’être la dernière de toutes celles qui peuplent ses articles.

Voici immédiatement la suivante.

Contexte :
Jésus vient de dire la parabole sur la distribution de l’eau, et par elle de ramener à Dieu un homme usurié et criminel. La population le recherche comme un bienfaiteur, mais lui s’en méfie avec raison, et donne à ses amis une ultime mise en garde, qui doit résonner aux oreilles de Judas comme un dernier avertissement pour tenter de le dissuader de consommer son crime. Celui-ci, profondément ému, donne encore une fois les signes d’un début de conversion, qui va hélas avorter.

( En rouge entre les // , ce qu’en cite DGC )

EMV 7.160 - Jésus dit la Parabole sur la distribution des eaux

"Ne crains pas, Simon. Ils ont changé de manière. Pour le moment, ils m'honorent... "

"Oh! Ils t'aiment alors ? "

"Non, ils me haïssent plus qu'avant. Mais ne pouvant pas m'abattre par la force, ils essaient d'y arriver par leurs ruses. Ils essaient de séduire l'Homme... Et pour séduire, ils se servent des honneurs, même s'ils sont faux. Au contraire... Venez tous près de Moi " dit-il ensuite aux autres qui avançaient en groupe, voyant que Jésus parlait avec Pierre en particulier.

Ils se réunissent. Jésus dit : "Je disais à Simon - et je le dis à tous, car je n'ai pas de secret pour mes amis - je disais à Simon que ceux qui sont mes ennemis ont changé de manière pour me nuire, mais qu'ils n'ont pas changé de pensée à mon égard. Aussi, de même qu'auparavant ils se servaient de l'insulte et de la menace, maintenant ils se servent des honneurs. Pour Moi, et sûrement aussi pour vous. Soyez forts et sages. Ne vous laissez pas tromper par des paroles mensongères, par des cadeaux, par des séductions. Rappelez-vous ce que dit le Deutéronome : "Les cadeaux aveuglent les yeux des sages et altèrent les paroles des justes". Rappelez-vous Samson. Il était nazir de Dieu, depuis sa naissance, dès le sein de sa mère, qui le conçut et le forma dans l'abstinence par l'ordre de l'ange pour qu'il fût un juste juge d'Israël. Mais tant de bien, où finit-il ? Et comment ? Et par qui ? Et pas autrement que par les honneurs et l'argent, et par des femmes payées dans ce but, sa force fut abattue pour faire le jeu des ennemis ? Maintenant prenez garde, veillez pour n'être pas surpris par le mensonge et pour ne pas servir les ennemis, même inconsciemment. Sachez vous garder libres comme les oiseaux qui préfèrent une nourriture frugale et une branche pour se reposer, plutôt que des cages dorées où la nourriture est abondante et où il y a un nid confortable, mais où le caprice des hommes les retient prisonniers. Pensez que vous êtes mes apôtres, donc serviteurs seulement pour Dieu, comme Moi je suis voué seulement à la Volonté du Père. Ils chercheront à vous séduire, peut-être ils l'ont déjà fait, en vous prenant chacun par votre point faible, car les serviteurs du Mal sont rusés, étant instruits par le Malin. Ne croyez pas à leurs paroles : elles ne sont pas sincères. Si elles l'étaient, je vous dirais tout le premier : "Saluons-les comme nos bons frères". Au contraire, il faut se défier de leurs actions et prier pour eux pour qu'ils deviennent bons. Moi, je le fais. Je prie pour vous, pour que vous ne soyez pas trompés par cette nouvelle guerre, et pour eux, pour qu'ils cessent d'ourdir des complots contre le Fils de l'homme et d'offenser Dieu son Père. Et vous, imitez-moi. Priez beaucoup l'Esprit-Saint, qu'il vous donne des lumières pour y voir clair et soyez purs si vous voulez l'avoir pour ami. Moi, avant de vous quitter, je veux vous fortifier. Je vous absous si jusqu'à présent vous avez péché. Je vous absous de tout. Soyez bons à l'avenir. Bons, sages, chastes, humbles et fidèles. Que la grâce de mon absolution vous fortifie... Pourquoi pleures-tu, André ? Et toi, pourquoi te troubles-tu, mon frère ? "

"Parce que cela me semble un adieu..." dit André.

"Et crois-tu que c'est avec si peu de paroles que je vous saluerais ? Ce n'est qu'un conseil pour ces temps. Je vois que vous êtes tous troublés. Cela ne doit pas se produire. Le trouble trouble la paix. La paix doit toujours être en vous. Vous êtes au service de la Paix et elle vous aime tant qu'elle vous a choisis comme ses premiers serviteurs. Elle vous aime. Vous devez donc penser qu'elle vous aidera toujours, même quand vous serez restés seuls. La Paix c'est Dieu. Si vous êtes fidèles à Dieu, Il sera en vous. Et avec Lui en vous, qu'avez-vous à craindre ? Et qui pourra vous séparer de Dieu, si vous ne vous mettez pas dans le cas de le perdre ? Seul le péché sépare de Dieu. Mais le reste : tentations, persécutions, mort, même la mort, ne séparent pas de Dieu. Mais elles unissent davantage à Lui, car toute tentation vaincue vous fait monter d'un degré vers le Ciel, car les persécutions vous obtiennent un redoublement d'amour protecteur de Dieu et la mort d'un saint ou d'un martyr n'est qu'une fusion avec le Seigneur Dieu. En vérité je vous dis que, sauf les fils de perdition, aucun de mes grands disciples ne mourra plus avant que j'aie ouvert les portes des Cieux. Aucun donc de mes disciples fidèles ne devra attendre l’embrassement de Dieu après être passé de cet exil ténébreux aux lumières de l'autre vie. Je ne vous le dirais pas si ce n'était pas vrai. Vous voyez. Même aujourd'hui vous avez vu quelqu'un qui, après l'égarement, est revenu sur les chemins de la justice. Il ne faudrait pas pécher, mais Dieu est miséricordieux et Il pardonne à celui qui se repent. Et celui qui se repent peut surpasser même celui qui n'a pas péché, si son repentir est absolu et héroïque la vertu qui succède au repentir. Il sera si doux de se trouver là-haut ! Vous voir monter vers Moi et Moi courir à votre rencontre pour vous embrasser, et vous conduire à mon Père en disant : "Voici un des mes bien-aimés. Il m'a toujours aimé et il t'a donc toujours aimé du moment où je lui ai parlé de Toi. Maintenant il est venu. Bénis-le mon Père, et que ta bénédiction soit sa couronne resplendissante". Mes amis... Amis ici, et amis au Ciel. Ne vous semble-t-il pas que tout sacrifice soit léger pour obtenir cette éternelle joie ? Vous êtes rassérénés désormais. Séparons-nous ici. Moi, je monte là-haut et vous soyez bons... Donnons-nous un baiser... "

// Et il les embrasse un par un. Judas pleure en l'embrassant. Il a attendu d'être le dernier, lui qui cherche toujours à être le premier, et il reste enlacé à Jésus, Lui donnant plusieurs baisers et Lui murmurant dans les cheveux près de l'oreille : "Prie, prie, prie pour moi... " //

Ils se séparent. Jésus va vers la colline et les autres poursuivent jusqu'à Corozaïn qui déjà blanchit dans la verdure des arbres. »

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Pris indépendamment du reste, le passage en rouge pourrait faire penser à une scénette de garderie pour enfants, et Jésus pour une sorte d’abuseur, moitié G.O. moitié gourou, usant de ses charmes pour maintenir ses apôtres dans une dépendance affective infantilisante. C’est précisément ce que cherche à faire croire notre illusionniste DGC.

---> Alors qu’avec son contexte, ce passage est radicalement autre ! Il s’agit en effet :

- de Jésus, viril et fort face aux épreuves qui l’attendent, et réconfortant d’avance ses amis pour les affermir contre les tentations qui vont survenir immanquablement, les gratifiant finalement de son baiser fraternel - rappelons tout de même aux récalcitrants que le baiser fait partie du langage normal de l’Amour incarné -

- et de Judas, qui se sent découvert par Jésus, mais pourtant pas dénoncé ouvertement, et qui frémit dans tout son être devant tant de charité de la part du Sauveur, en se jurant de ne pas Le trahir, comptant cependant uniquement sur ses propres forces.

---> Encore une baudruche qui se dégonfle avec un grand « PSCHIIIT ». Mais voici aussitôt venir la suivante !

Résumé du passage suivant incriminé par DGC :
Jésus se réjouit avec les colombes de la maitresse de logis, à qui Il donne à manger et qui viennent à Lui. Mais quand les disciples arrivent et que Jésus s’assure qu’ils ont bien distribué aux pauvres tout l’argent, Judas se raidit et s’attriste de cette générosité si peu à son goût. Jésus se consacre alors encore une fois tout à lui, et lui parle longuement en s’assurant que les autres ne se doutent de rien, et qu’ils pensent que les deux interlocuteur n’ont aucun différent, et ne font ainsi qu'échanger comme les meilleurs amis du monde.

---> Encore un fabuleux passage qui montre la persévérance extraordinaire de Jésus à vouloir sauver son malheureux apôtre, même si à l’évidence cela semble inutile.

---> Encore une fois, l’Amour valorisant que Jésus montre ici à Judas, c’est-à-dire la seule chose dont Il dispose pour le convertir, est fallacieusement comparé par DGC à un moment de lassivité coupable, à l’aide d’une sélection de petits bouts de phrases. Mais, si en Jésus, on condamne l’Amour, alors que reste-t-il encore pour Le justifier, mis à part rien ?

C’est pourquoi, découvrons ce si beau passage dans son intégralité, au grand dam de l’auteur qui va devoir une fois de plus avaler son chapeau :

( En rouge, entre les //, les seuls passages cités par l’auteur )

EMV 406 - À Joppé, Jésus s’adresse à Judas de Kérioth et à des païens.

« Je vois Jésus assis dans la cour intérieure d'une maison d'aspect convenable sans être luxueuse. Il paraît très fatigué. Il est assis sur un banc de pierre situé près d'un puits aux rebords peu élevés, que recouvre l'arceau d'une tonnelle verte. Les grappes de raisin commencent à se former. La fleur doit être tombée depuis peu et les grains semblent être des grains de mil suspendus à des pédoncules verts. Jésus tient sur son genou droit la pointe du coude droit et il appuie son menton dans le creux de la main. Parfois, comme pour trouver une position plus confortable, il appuie son bras replié sur le rebord du puits et sa tête repose sur son bras, comme s'il voulait dormir. Alors ses cheveux voilent son visage fatigué, qui autrement apparaît pâle et sérieux entre les boucles d'un blond roux.

Une femme va et vient les mains enfarinées, en passant d'une pièce de la maison à un cagibi situé du côté opposé de la cour et où doit se trouver le four. A chaque fois, elle regarde Jésus, mais elle ne trouble pas son repos. Le soir doit être proche car le soleil effleure à peine le haut de la terrasse au-dessus du toit, de moins en moins, jusqu'à ce qu'il la quitte.

Une dizaine de colombes descendent en roucoulant dans la cour pour leur dernier repas. Elles tournoient autour de Jésus comme pour voir quel est cet inconnu et, défiantes, elles n'osent se poser sur le sol. Jésus quitte ses réflexions, il sourit, tend une main, la paume en dessus, et il dit : "Vous avez faim ? Venez" comme s'il parlait à des humains. La plus audacieuse se pose sur cette main et, après elle, une autre et une autre. Jésus sourit.

"Je n'ai rien, Moi" dit-il devant leur roucoulement insistant.
Et puis il appelle à haute voix :

"Femme ! Tes colombes ont faim. As-tu du grain pour elles ?"

"Oui, Maître. Il est dans un sac sous le portique. J'arrive."

"Laisse-moi faire. Je vais le donner. Cela me plaît."

"Elles ne viendront pas. Elles ne te connaissent pas."

"Oh ! J'en ai sur les épaules et jusque sur la tête !..."

Jésus, en fait, marche avec son étrange plumet fait d'une colombe à la poitrine couleur de plomb qui semble une cuirasse précieuse aux reflets changeants.

La femme, incrédule, se montre et dit :

"Oh !"

"Tu le vois ? Les colombes sont meilleures que les hommes. Elles comprennent qui les aime. Les hommes... non."

"Ne pense pas, Maître, à ce qui est arrivé. Il y en a peu ici qui te haïssent. Les autres, à peu près tous, t'aiment, te respectent au moins."

"Oh ! Je ne me trouble pas pour cela. Je le dis pour te faire remarquer que souvent les bêtes sont meilleures que les hommes."

Jésus a ouvert le sac, y a plongé sa longue main et il en a sorti du grain blond qu'il a mis dans un repli de son manteau. Il referme le sac et revient au milieu de la cour en se défendant contre l'invasion des colombes qui veulent se servir elles-mêmes. Il ouvre le pli de son manteau et jette le grain sur le sol, et il rit de voir la lutte et les rixes des oiseaux goulus. Le repas est vite consommé, et les colombes boivent à un plat creux qui est près du puits, en regardant encore Jésus.

"Allez maintenant, il n'y a plus rien."

Les bestioles volettent encore un peu sur les épaules et les genoux de Jésus, et puis elles retournent à leurs nids. Jésus retombe dans sa méditation.

Des coups violents à la porte. La femme court ouvrir : ce sont les disciples.

"Venez, dit Jésus. Avez-vous distribué l'argent aux pauvres ?"

"Oui, Maître."

"Jusqu'à la dernière piécette ? Rappelez-vous que ce qui nous est donné n'est pas pour nous, mais pour la Charité. Nous sommes pauvres et nous vivons de la pitié d'autrui. Malheureux, l'apôtre qui exploite sa mission à des fins humaines !"

"Et si un jour on se trouve sans pain et que l'on est accusé de violer la Loi parce qu'on égrène des épis comme font les moineaux ?"

"As-tu jamais manqué de quelque chose, Judas ? De quelque chose d'essentiel depuis que tu es avec Moi ? Es-tu quelquefois tombé de langueur sur la route ?"

"Non, Maître."

"Quand je t'ai dit : "Viens" t'ai-je promis du confort et des richesses ? Et dans mes paroles à ceux qui m'écoutent ai-je jamais dit que je donnerai aux "miens" des avantages sur la Terre ?"

"Non, Maître."

"Et alors, Judas ? Pourquoi es-tu à ce point changé ? Ne sais-tu pas, ne sens-tu pas que ton mécontentement, ta froideur me donnent de la douleur ? Ne vois-tu pas que ce mécontentement se communique à tes frères ? Pourquoi, Judas, ami, toi appelé à un pareil sort, toi venu avec tant d'enthousiasme à mon amour et à ma Lumière, m'abandonnes-tu maintenant ?"

"Maître, moi je ne t'abandonne pas. Je suis celui qui se soucie le plus de Toi, de tes intérêts, de ta réussite. Je voudrais te voir triompher partout, crois-le."

"Je le sais. Humainement tu veux cela. C'est déjà beaucoup. Mais ce n'est pas cela que je veux, Judas, mon ami... Je suis venu pour bien autre chose qu'un triomphe humain et une royauté humaine...

Je suis venu, non pas pour donner à des amis des bribes d'un triomphe humain, mais pour vous donner une récompense large, bien tassée, abondante, une récompense qui n'est plus une récompense tellement elle est pleine: c'est, une participation à mon Règne éternel, c'est une union dans les droits des fils de Dieu... Oh ! Judas ! Pourquoi ce sublime héritage ne t'exalte-t-il pas ? On y accède par le renoncement, mais il ne connaît pas de crépuscule.

Viens encore plus près, Judas. Tu le vois ? Nous sommes seuls. Les autres ont compris que je voulais te parler, à toi, distributeur de mes... richesses, des aumônes que le Fils de l'Homme, que le Fils de Dieu reçoit pour les donner au nom de Dieu et de l'Homme à l'homme. Ils sont rentrés. Nous sommes seuls, Judas, dans cette heure si douce du soir dans laquelle nos cœurs volent vers nos maisons lointaines, vers nos mères qui certainement, en préparant leur souper solitaire, pensent à nous et caressent de la main la place où nous nous assoyions avant cette heure de Dieu en laquelle le Vouloir très Saint nous a pris pour le faire aimer en esprit et en vérité. Nos mères ! La mienne, si sainte et si pure, qui vous aime tant et prie pour vous, amis de son Jésus... La mienne, qui n'a que cette paix dans l'angoisse de sa Maternité de Mère du Christ : celle de me savoir entouré de votre affection... Ne décevez pas, ne blessez pas ce cœur de Mère, amis. Ne le brisez pas par une seule mauvaise action ! Ta mère, Judas. Ta mère, la dernière fois que nous sommes passés par Kérioth, elle n'en finissait pas de me bénir et elle voulait me baiser les pieds parce qu'elle est heureuse que son Judas soit dans la Lumière de Dieu, et elle me disait : "Oh ! Maître ! Rends-le saint mon Judas ! Que veut un cœur de mère, sinon le bien de son enfant ? Et quel bien qui soit plus grand que le Bien éternel ?"

En effet quel bien plus grand, Judas, que celui auquel je veux vous amener et auquel on arrive en suivant mon Chemin ? C'est une sainte femme que ta mère, Judas, une vraie fille d'Israël. Je n'ai pas voulu qu'elle me baise les pieds, car vous êtes mes amis et parce que dans toutes vos mères, dans toute mère bonne, je vois la mienne, Judas. Et je voudrais que vous, dans la vôtre, vous voyiez la mienne dans son redoutable destin de Corédemptrice, et vous ne voudriez pas, non, vous ne voudriez pas la tuer parce que... parce qu'il vous semblerait tuer la vôtre.

Judas, ne pleure pas. Pourquoi pleurer ? Si tu n'as rien sur le cœur qui soit un remords envers ta mère et la mienne, pourquoi répandre ces larmes ? Viens ici, mets ta tête sur mon épaule et dis à ton Ami ton angoisse. Tu as manqué ? Tu te sens près de manquer ?

Oh ! ne reste pas seul ! Triomphe de Satan avec l'aide de Celui qui t'aime. Je suis Jésus, Judas. Je suis le Jésus qui guérit les malades et qui chasse les démons. Je suis le Jésus qui sauve... et qui t'aime tant, et qui se tourmente de te voir ainsi affaibli. Je suis le Jésus qui enseigne à pardonner soixante-dix fois sept fois. Mais Moi, Moi, en ce qui me concerne, ce n'est pas soixante-dix fois, mais sept cent fois, sept mille fois sept fois que je vous pardonne... et il n'y a pas de faute. Judas, il n'y a pas de faute. Judas, il n'y a pas de faute. Judas, que Moi je ne pardonne, que Moi je ne pardonne, que Moi je ne pardonne si le coupable repentant me dit : "Jésus, j'ai péché". Moins encore : s'il dit seulement: "Jésus !". Encore moins : s'il me regarde seulement, suppliant. Et les premières fautes que je pardonne, sais-tu, ami, à qui je les pardonne ? Aux plus coupables et aux plus repentis. Et les toutes premières que je pardonne, sais-tu quelles elles sont : celles faites contre Moi.

// Judas ?...// Tu ne trouves pas un mot à répondre à ton Maître ?... Si lourde est ton angoisse qu'elle te coupe la parole ? Crains-tu que je te dénonce ? Ne le crains pas ! // Il y a si longtemps que je veux te parler ainsi, en te tenant sur mon cœur, comme deux jumeaux dans un seul berceau, enfantés ensemble, presque une seule chair, deux enfants qui ont échangé entre eux les seins tièdes et senti le goût de la salive du frère en même temps que la douceur du lait maternel. Maintenant je te possède et je ne te quitte pas jusqu'à ce que tu me dises que je t'ai guéri. Ne crains pas, Judas. C'est une confession que je veux. Mais tes compagnons penseront que c'est un colloque d'amour, tant rayonneront de paix réciproque, d'amour réciproque nos visages après ce colloque. Et je ferai en sorte qu'ils le croient de plus en plus en te tenant contre ma poitrine ce soir au souper, en trempant mon propre pain et en te le présentant comme à un préféré, et c'est à toi le premier que je donnerai la coupe après avoir rendu grâces à Dieu. Tu seras le roi du banquet, Judas, et tu le seras réellement. Épouse de l'Époux tu seras, ô âme que j'aime, si tu te rends pure et libre, en déposant ta poussière en mon sein purificateur. //

Tu ne parles pas encore pour me dire ton chagrin ?"

"Tu m'as parlé avec tant de douceur... de la mère... de la maison... de ton amour... Un moment de faiblesse... Je suis tellement las !... Et il me semblait que tu ne m'aimais plus ainsi depuis quelque temps..."

"Non. Ce n'est pas cela. Dans tes paroles il n'y a qu'une seule vérité, et c'est que tu es las. Pas de la route, de la poussière, du soleil, de la boue, de la foule. Tu es las de toi. Ton âme est lasse de ta chair et de ton esprit. Si lasse qu'elle finira par s'éteindre de lassitude mortelle. Pauvre âme que Moi j'ai appelée aux splendeurs éternelles ! Pauvre âme qui sait que je t'aime, et qui te reproche de l'arracher à mon amour ! Pauvre âme qui te reproche, inutilement, comme Moi je te caresse inutilement de mon amour, d'agir sournoisement avec ton Maître. Mais ce n'est pas toi qui agis. C'est celui qui te hait et qui me hait. C'est pour cela que je te disais : "Ne reste pas seul". Eh bien, écoute. Mes nuits, tu sais que je les passe en grande partie à prier. Si un jour tu sens en toi le courage d'être un homme et la volonté d'être mien, viens à Moi pendant que tes compagnons dorment. Les étoiles, les fleurs, les oiseaux sont des témoins prudents et bons, silencieux, pleins de pitié. Les étoiles sont saisies d'horreur devant le crime qui arrive sous leur lumière, mais elles n'ont pas de voix pour dire aux hommes: "Celui-ci est un Caïn de son frère". Tu as compris, Judas ?"

"Oui, Maître. Mais crois-moi: je n'ai rien d'autre que de la lassitude et de l'émotion. Moi je t'aime de tout mon cœur et..."

"C'est bien. Il suffit."

// "Tu me donnes un baiser, Maître ?"

"Oui, Judas, et je t'en donnerai d'autres..."

Jésus pousse un profond soupir, avec peine. Mais il embrasse Judas sur la joue. Et puis il lui prend la tête dans ses mains, et la tenant bien serrée en face de Lui à quelques décimètres, il la fixe, l'étudie, la transperce de son regard magnétique. Et Judas, ce malheureux, ne tressaille pas. Il reste en apparence imperturbable sous cet examen. Il devient seulement un peu pâle et pendant un instant il ferme les yeux.

Et Jésus dépose un baiser sur ses paupières abaissées, et puis sur sa bouche, et puis sur son cœur, baissant la tête pour trouver le cœur du disciple... et il dit :

"Voilà : pour chasser les nuées, pour te faire sentir la douceur de Jésus, pour fortifier ton cœur." //


Puis il le laisse et se dirige vers la maison, suivi de Judas. »

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1 . Comme dans le cas précédent, si l’on se contente des passages en rouge cités par DGC, les rôles semblent s’inverser : non seulement c’est Jésus qui semble poursuivre Judas de ses assiduités douteuses, mais ce serait Lui aussi qui brûlerait de lui donner des baisers ! Grâce à ses talents d’illusionniste, l’auteur fait ici paraître Jésus comme un être faible et passionnel, usant sur autrui d’un pouvoir de séduction tout à fait humain, à la manière d’un gourou.

2 . Par contre, en lisant honnêtement tout le passage sans en rien omettre, on se rend compte facilement qu’au contraire, c’est Judas seul qui est troublé ici par sa cupidité, et que Jésus, parfaitement Maître de Lui-même et fort de la Sagesse de l’Amour Crucifié, abandonne une fois de plus ses brebis saines pour sa brebis malade, en lui montrant toute l’étendue de son Amour, ultime rempart contre le mal qui ronge chaque jour un peu plus le cœur de l’infortuné Judas.

3 . Lorsque j’avais dix ans, je suis parti en voyage quelques semaines avec ma classe de CM2 aux États-Unis d’Amérique, en immersion dans la famille d’un correspondant de mon âge :

---> lui et sa grande sœur étaient embrassés sur la bouche matin et soir par leurs parents, en signe d’affectueuse protection et d’amour familial, selon la coutume en usage outre atlantique, et sans qu'il y ait le moindre mal à cela !

---> C’est aujourd’hui toujours la coutume dans ce pays, et cela ne choque personne. Mais si les coutumes des États-Unis ne sont pas universelles, est-ce un motif suffisant pour refuser de voir toute la pureté que revêt ici le geste de Jésus ? Parce que « Jésus n'était pas un américain », il faudrait se choquer de ce qu’il ait agit parfois ( c’est-à-dire ultra rarement ) comme un citoyen des Amériques ?

---> Qui est davantage « père » que Jésus pour ses disciples, et donc davantage que Lui justifié d'agir parfois ainsi ?

4 . Il est facile également de s’apercevoir que c’est Jésus qui fait un effort pour embrasser Judas, et que c’est ce dernier qui réclame les effusions de son Maître qui lui obéit avec humilité, à l’inverse de ce que voudrait suggérer fallacieusement l’auteur en truquant habilement sa citation, pour nous amener à croire à de l’amour immature chez Jésus.

---> Le Sauveur donne à Judas de la considération, un baiser sur ses plaies purulentes de lépreux spirituel. Et encore de l'amour. Jusqu'à épuisement. Et Jésus s'épuise, lui la Source intarissable, à aimer, aimer, aimer Judas. Jusqu'à en perdre humainement la joie, la paix, la santé... Jusqu'à en être « triste à en mourir » lors de l’Agonie ! Quelle parole redoutable pour un Dieu ... et quelle belle preuve de la réalité de son Humanité incarnée, contrastant tellement avec la « théologie de la désincarnation » prônée par l’auteur.

---> Habile ou pas, DGC est désormais découvert pour ce qu’il est : un faussaire. Jamais il n’userait de stratagèmes aussi bas, s’il cherchait réellement à dire la vérité.

Les rencontres houleuses avec Judas laissent « Jésus » en larmes, anéanti. Seule la présence intime de Jean parvient à le soulager, au long de scènes répétées et gênantes.

1 . « Oh ma Mère chérie, sur la rive étrangère,
Pour m’attirer à toi, que tu versas de pleurs ! »

( Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, dans son poème « Pourquoi je t’aime, Ô Marie » )

---> La sainte contredirait-elle ainsi l’Évangile, où la Vierge n’est pas spécialement décrite comme une « pleureuse » ? C’est encore une fois que DGC ignore le caractère compendieux de l’Évangile, qui ne parle que très succinctement des états d’âmes humains de Jésus et de Marie : mais s’Ils n’en avaient pas eu, alors ils n’auraient pas été de vrais hommes, or tous Deux le furent, quoi que de manière différente.

2 . Si Marie a dû tant pleurer pour attirer à elle une âme aussi sainte et privilégiée que l’était celle de sainte Thérèse de Lisieux, alors à combien plus forte raison Jésus eût beaucoup à pleurer pour tenter d’attirer à Lui l’âme de Judas, noire comme le charbon ! Ce serait le comble de la contradiction qu’il n’en ait pas été ainsi. L’EMV ne contredit donc en rien ni les Évangiles, ni la Tradition.

3 . Le saint curé d'Ars se mettant à pleurée devant un pénitent au confessionnal, celui-ci lui en demandant la cause : "Je pleure parce que vous ne pleurez pas sur vos péchés ! ", lui répondit le saint. Et le Seigneur Jésus Lui-même aurait pu en faire moins, devant le pire de tous les pécheurs impénitents ?

4 . On peut aller jusqu’à dire que ce ne sont pas seulement les rencontres houleuses de Jésus avec Judas qui le laissent en larmes, anéanti : mais aussi ses rencontres houleuses avec tout Jérusalem, dont Judas était le pire représentant, puisque Jésus « pleure sur Jérusalem » ( Luc 19,41 ), et se lamente amèrement sur elle ( Impropères du Vendredi Saint : « Ô mon peuple, que t’ai-Je fais ? En quoi t’ai-je contristé, réponds-Moi ? » ).

5 . Son anéantissement ira encore plus loin dans son Agonie, où Il versera même des larmes de sang, sous le coup de la plus puissante angoisse qui puisse être en ce monde, son Âme étant « triste à en mourir », à cause de sa plus grande souffrance : la perte éternel des pauvres pécheurs endurcis, dont Judas fut le premier.

6 . Ces larmes du Christ ne sont pas sans nous rappeler les souffrances morales indicibles ayant conduit saint Antoine de Padoue à un véritable anéantissement psychologique, en raison de son échec à convertir le plus cruel des tyrans, Ezzelino de Vérone. Ce grand saint n’était-il pas en cela un autre Christ, très grand imitateur de sa Vie ?

7 . Est-ce que peut-être, sainte Thérèse de Lisieux ne fut pas intimement consolée par la présence si tendre et aimante de ses chères sœurs, durant les derniers mois de sa vie marqués par les terribles douleurs de sa maladie, accompagnant sa non moins terrible épreuve contre la foi ?

---> La consolation n’est pas étrangère à Dieu, qui ne s’est pas incarné pour nous enseigner le stoïcisme, mais l’Amour, ce qui est très différent. « Consolez, consolez mon peuple, dit le Seigneur. » ( Isaïe 40,1 )

Jésus se couvre le visage de ses mains et se laisse tomber au bord du pré. Il pleure sans bruit, mais il pleure beaucoup. Ses épaules sursautent dans ses sanglots profonds. (VIII, 43, 375)

---> On voit donc dans l’œuvre Jésus pleurer, et pleurer beaucoup, ce qui met en évidence les très grandes souffrances morales qu’Il dût endurer seul. S’il en était autrement, on arriverait à ce complet non-sens :
- Le Christ aurait pu souffrir moralement davantage, lors de son passage sur la terre : or c’est rigoureusement impossible, puisqu’Il a tout souffert,
- ce qui impliquerait donc que certaines personnes pourraient avoir davantage souffert que le Christ sur un certain plan, ce qui est une totale absurdité pour la même raison.

---> « Méprisé, abandonné des hommes, homme de douleurs, familier de la souffrance, il était pareil à celui devant qui on se voile la face ; et nous l’avons méprisé, compté pour rien. En fait, c’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé. Et nous, nous pensions qu’il était frappé, meurtri par Dieu, humilié. Or, c’est à cause de nos révoltes qu’il a été transpercé, à cause de nos fautes qu’il a été broyé. Le châtiment qui nous donne la paix a pesé sur lui : par ses blessures, nous sommes guéris » ( Isaïe 53 ) :

En effet, il semble bien que finalement, Isaïe veuille dire quelque-chose de concret, et non pas d’éthérée, de symbolique, de brumeux, de désincarné.

---> Bref : si sur terre, Jésus fut l’Homme des souffrances, alors Il a forcément dû beaucoup pleurer, car c’est une réaction naturelle et sans aucun péché, propre à un individu sain d’esprit qui endure une souffrance. Ne pas pleurer lorsqu’on souffre beaucoup moralement est suspect, signe de maladie mentale.

Judas sort sans répliquer. Jésus, resté seul, s’abandonne sur un siège près de la table et la tête appuyée sur ses bras croisés sur la table, il verse des pleurs angoissés.(…)

---> Oui, on peut s’étonner de voir pleurer autant Jésus : mais c’est qu’on est tout simplement incapable de s’imaginer la profondeur abyssale de sa souffrance provoquée par la perte de Judas, l’un de ses douze apôtres. Et là où DGC méprise les larmes d'un homme, nous vénérons le Don qu'un Dieu-fait-Homme nous fait de ses larmes si saintes !

---> Qui peut le plus peut le moins ! Si Jésus a bien su nous donner tout son Sang pour nous sauver, comment aussi ne nous aurait-Il pas donné toutes ses larmes, et spécialement à Judas, même si pour lui ce fut en vain ?

---> DGC pourrait faire la même chose pour déshonorer son propre père, ou sa propre mère : faire la liste de tous les moments où ils connurent l’angoisse et les larmes, provoquant ainsi une accumulation suspecte et dérangeante d’émotion, les faisant ainsi passer pour des geignards et des faibles, alors même qu’ils auraient montré tout l’inverse durant leur vie.

---> Voilà bien cependant le plus miraculeux : que Jésus, au lieu de foudroyer sur place le satané Judas comme il l’aurait mérité - lui qui repoussait sans cesse son Amour - se mette à pleurer sur lui, le cœur angoissé, comme une mère sur son cher enfant ! Jamais un imparfait n’aurait pu agir ainsi. Et d'ailleurs : prenant conscience que c'était lui le traître, Pierre et ses compagnons ne voulurent-ils pas tuer Judas, au dire de l’œuvre ? Jean lui-même ne commit-il pas la faute de le détester, après son crime de Déicide ?

Quelques minutes après, Jean entre doucement et il reste un moment sur le seuil. Il est pâle comme un mort. Puis il court vers Jésus et l’embrasse en suppliant : « ne pleure pas, Maître ! Ne pleure pas ! Je t’aime aussi pour ce malheureux… »

---> « Écoute Israël : le Seigneur ton Dieu est l’unique Seigneur ! Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de tout ton esprit » ( Deut 6,4 ) , « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » ( Lv 19,18 ). Saint Jean : que fait-il ici sinon mettre concrètement en pratique ces deux Commandements ?

---> « Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je vous aime, et je vous demande pardon pour tous ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas et qui ne vous aiment pas ». Voilà ce que saint Jean avait compris devoir faire, presque 2000 ans avant Fatima.

Il le relève, l’embrasse, boit les pleurs de son Dieu et pleure à son tour. Jésus l’embrasse, et les deux têtes blondes, l’une près de l’autre, échangent larmes et baisers. (VIII, 28, 268-269)

---> Ce passage est tiré de l’épisode de Judas surpris à voler, cité intégralement dans le volet précédent : sa lecture interdit tout bonnement de croire à un Jésus faible et victimal, tant Il s’y montre au contraire seigneurial et autoritaire, impérieux avec Judas, ce qui ne l’empêche nullement d’avoir un Cœur vraiment sensible, vraiment humain.

---> Par l’accumulation de détails du même ordre, DGC cherche à susciter chez ses lecteurs un sentiment de dégoût. Mais même ainsi il échoue : car tous ces détails, pêchés de ci delà au petit bonheur dans l’œuvre, et livrés ainsi en vrac en dehors de tout contexte, fait en réalité penser au Cantique des cantiques, ou bien aux poésies de la petite Thérèse.

[tout l’épisode se termine ainsi :] « et Jésus, embrassant le préféré, penche sa tête sur son épaule et il pleure toute sa douleur. Les ombres, qui descendent rapidement dans ce bosquet, font disparaître dans leurs ténèbres les deux qui se tiennent embrassés. » (VIII, 28, 270)

--->
Il s’agit de la fin de l’épisode susmentionné de Judas surpris à voler par Jean et Jésus, que DGC se plaît à réduire en confetties, car on a bien compris qu’il ne l’appréciait pas. Quant à nous, nous l’avons lu honnêtement et en entier, comprenant ainsi ce qu’il en est réellement (cf le volet 10).

---> Judas reste fidèle à faire le mal, c’est tout ce qui l’intéresse, car le Bien le dégoûte complètement : et bien, Jésus et Jean, quant à eux, restent fidèles à l’Amour. Á chacun donc, sa manière de se montrer « fidèle ». Que DGC s’en offense est son affaire, non pas la nôtre.

La douleur pour Judas se prolonge après la résurrection, à l’étonnement de l’apôtre Jean dont il est rapporté ce dialogue avec le Ressuscité :

« Mais tu souffres, Seigneur !?! Oh ! Je ne croyais pas que tu puisses souffrir désormais ! Tu souffres encore pour Judas ! Oublie-le Seigneur ! ». « C’est ainsi... Judas a été et il est la douleur la plus grande dans la mer de mes douleurs. C'est la douleur qui reste… Les autres douleurs ont pris fin avec la fin du sacrifice.
Mais celle-là reste. Je l'ai aimé. Je me suis consumé moi-même dans mon effort pour le sauver... J'ai pu ouvrir les portes des limbes et en tirer les justes, j'ai pu ouvrir les portes du purgatoire et en tirer ceux qui se purifiaient. Mais le lieu d'horreur était fermé sur lui. Pour lui ma mort a été inutile. » (X, 20, 171) 15


---> « Si nous sommes infidèles, Lui demeure fidèle, car Il ne peut se renier lui-même. » ( 2 Tim 2,13 ) Jamais Dieu n’oublie celui qu’Il a aimé. Voilà ce que Jean interprète comme de la souffrance en Jésus Ressuscité, alors même que dans l’Éternité, le Christ est glorieux et bienheureux, dans une totale impassibilité.

---> Cependant, citons l’exemple de Nathalie Saracco, qui lors de son EMI après un accident de voiture, rencontra le Sacré Cœur de Jésus dans « un concentré d’absolue souffrance devant le péché des hommes d’aujourd’hui » ( spécialement le meurtre des enfants à naître), selon ses propres termes. Oui, cette "souffrance" de Dieu est un complet mystère.

---> DGC semble découvrir ici que Jésus porte les stygmates de sa Passion, même après sa Résurrection. Voilà un mystère dont l’auteur semble se fermer lui-même la porte, demandant à ce que des chérubins au glaive de feu lui en barrent l'accès à jamais, alors que Jésus voulait le lui ouvrir tout grand.

La spiritualité victimale ainsi inaugurée ne connaît pas de limites, même pas dans la gloire. Il faut donc que Marie et les apôtres y soient associés, comme « Jésus » le leur déclare : « nous sommes les victimes » (VIII, 32, 290).
Tout le contexte modifie le sens de ce mot qui, bien compris, appartient légitimement à la réalité de la rédemption.

--->
DGC n’a pas honte d’invoquer ici le contexte, alors qu’il le rejette systématiquement, méticuleusement, afin que le texte en perde tout son sens.

---> La « spiritualité victimale », si vraiment elle existait dans l’œuvre, ne consisterait pas à se présenter comme la Victime parfaite, innocente, agréée par Dieu en sacrifice pour les péchés – ce que fait ici Jésus - , mais plutôt à se plaindre amèrement soi-même et désirer être plaint, dans le regret d’être la victime. Or cela n’arrive jamais dans l’oeuvre : jamais on n’y voit Jésus s’attrister sur Lui-même, mais seulement sur autrui, lorsque ses efforts de Sauveur sont rejetés.

---> Ce que DGC appelle donc très improprement « spiritualité victimale » désigne en fait la réalité humaine des sentiments parfaits du Christ, de sa Mère, de saint Jean, capables de bien réellement souffrir, ce qui s’oppose à la « théologie de la désincarnation » qu’il prêche en prétendant la justifier en se référant à la sobriété des Évangiles.

Consentir à cela, c’est consoler « Jésus ». Ainsi la relation à Judas donne-t-elle l’occasion de mettre en scène ce que « Jésus » attend de ses vrais disciples.
Jésus l'embrasse en disant : "Paix, mon apôtre. Ils sont si nombreux ceux qui se disent mes amis, vous n'êtes pas les seuls. Elles t'affligent, elles vous affligent mes paroles. Mais dans quels cœurs dois-je verser mes angoisses et chercher du réconfort sinon dans ceux de mes apôtres bien-aimés et de mes disciples éprouvés ? Je cherche en vous une partie de l'union que j'ai quittée pour unir les hommes : l'union avec mon Père dans le ciel; et une goutte de l'amour que j'ai quitté pour l'amour des hommes : l'amour de ma Mère. Je le cherche pour me soutenir. Oh ! L'onde amère, le poids inhumain envahissent et font pression sur mon cœur, sur le fils de l'homme !... Ma Passion, mon heure, se fait toujours plus pleine... Aidez-moi à la supporter, à l'accomplir... Car elle est si douloureuse !" (VII, 214, 381)

--->
Illustration parfaite de ce que j’ai dit précédemment : Jésus ne cherche pas à se victimiser, à ce qu’on trouve injuste son sort, à ce qu’on obtienne de son Père des faveurs pour Lui. Il cherche seulement l’aide de ses disciples, consistant à Lui faire sentir leur amour, leur compassion, afin d’alléger un peu son fardeau de Rédempteur, à la manière dont le fera Simon de Cyrène en l’aidant à porter la Croix. C’est la spiritualité de l’Amour ! Celle où le Christ n’est pas laissé seul, car chacune et chacun peut participer à sa mesure à sa Passion rédemptrice, et ainsi Le soulager un tant soit peu.

S’il est de foi que « toute la vie du Christ est mystère de rédemption », ce n’est pas seulement sous l’angle de la douleur. Si Maria Valtorta exacerbe ce point de vue, comparons avec les Evangiles, si sobres sur le retentissement dans l’âme du Christ du mystère du mal. Les tentatives de reconstitution psychologique sont vouées à l’échec – et les plus morbides, suspectes.

--->
Jamais les Évangiles n’ont eu pour vocation de décrire en détail toute la Vie du Christ instants après instants, même seulement les trois années de sa Vie publique, car ils sont avant tout les serviteurs de la liturgie de l’Église, celle de la sainte Messe. Qu’ils soient sobres correspond donc à leur nécessité d’être concis, compendieux, en omettant bien des choses, comme le rappelle saint Jean en toute fin de son Évangile.

---> Et pourtant que dit saint Paul ? « Car je n'ai pas jugé bon de savoir quoi que ce soit parmi vous, sinon Jésus Christ, et Jésus Christ crucifié. » ( 1 Cor 2,2 ) : ne serait-ce pas là selon DGC « exacerber le point de vue de la douleur », de la part de l’apôtre ? Saint François d’Assise ne dément pas ce dernier, dans cette admonition : « Ce dont nous pouvons tirer gloire, c'est de nos faiblesses, c'est de notre part quotidienne à la sainte Croix de notre Seigneur Jésus Christ. » (Admonitions 5), et encore : "Mon livre, c'est la Croix de Jésus-Christ."

---> Que dit Thomas a Kempis dans le 12e chapitre du second livre de l’Imitation de Jésus-Christ ? ( il faudrait en citer l’intégralité ) :
« Toute la vie de Jésus-Christ n'a été qu'une croix et un long martyre, et vous cherchez le repos et la joie ! Vous vous trompez, n'en doutez pas; vous vous trompez lamentablement si vous cherchez autre chose que les afflictions à souffrir; car toute cette vie mortelle est pleine de misères et environnée de croix. Et plus un homme aura fait de progrès dans les voies spirituelles, plus ses croix souvent seront pesantes, parce que l'amour lui rend son exil plus douloureux. »
N’est-ce pas là « exacerber » au plus haut degré le point de vue de la souffrance, qu’elle soit physique ou morale ?

---> L’angle de la douleur explique toute la Vie du Christ, « Homme de douleur, familier de la souffrance » ( Isaïe 53 ). Le nier est tomber fatalement dans l’autre extrême que le jansénisme, et c’est la grande mode de nos jours. C’est tout le propos de l’Imitation de Jésus Christ de nous rappeler la voie de la Croix.

---> Il n’y avait qu’une seule façon d’expier les péchés des hommes : par la souffrance. Or le Christ offrit toute sa Vie en expiation, depuis sa Conception virginale en Marie, jusqu’à sa Mort sur la Croix. C’est magnifiquement bien développé dans l’œuvre de Jean-François Louis Chardon, théologien mystique dominicain, l'un des maîtres du renouveau spirituel et intellectuel français du XVIIe siècle.

---> Ce n’est pas parce que la réalité de la souffrance du Christ durant toute sa Vie terrestre échappe à la plupart des hommes d’aujourd’hui, qu’elle en est moins réelle. Et elle est beaucoup plus évidente dans les récits de Maria Valtorta que dans les récits évangéliques, où elle n’est bien souvent que suggérée succinctement. Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus n’affirmait-elle pas que « le Christ avait bien plus souffert que ce qui en était décrit dans les Évangiles » ?

---> Mais surtout, il n’y a strictement rien de morbide ni d’exacerbé dans la vision que donne l’œuvre sur la souffrance du Christ, qui y est au contraire montrée comme assumée dans la joie absolue de faire la Volonté de Dieu, comme en témoigne ce passage :

EMV 354

« En vérité je te dis, ô Judas, que je souffre et souffrirai comme tout homme, et plus que tout homme. Mais je puis être heureux malgré cela, de la sainte et spirituelle félicité de ceux qui ont obtenu la libération des tristesses de la Terre parce qu'ils ont embrassé la volonté de Dieu comme leur unique épouse. Je le puis parce que j'ai dépassé le concept humain de la félicité, l'inquiétude de la félicité, telle que les hommes se la représentent. Je ne poursuis pas ce qui, selon l'homme, constitue la félicité; mais je mets ma joie justement en ce qui est à l'opposé de ce que l'homme poursuit comme tel. Les choses que l'homme fuit et méprise, parce qu'il les considère comme un fardeau et une douleur, représentent pour Moi la chose la plus douce. » ( Je cite tout l’épisode juste à la fin de ce volet )

Valtorta ne trahit-elle pas ici l’immaturité pathologique de sa propre psychologie ?

---> Un psychiatre, qui avait eu le loisir d’examiner consciencieusement la voyante, récusait ainsi l’opinion affirmant que Maria Valtorta souffrirait d’une pathologie mentale : « C’est celui qui pense que Maria Valtorta est une folle qui est lui-même un fou ! ».

---> C’est bien ce que l’on découvre tout au long de son autobiographie écrite dans l’obéissance : un chef d’œuvre d’équilibre et de force mentale, que très peu d’âmes peuvent se vanter de partager, en dehors des saints. Ce récit suffirait à lui seul à la faire canoniser, sans même évoquer ses visions.

---> Non seulement il n’y a rien d’une immaturité pathologique à pleurer comme Jésus pleure dans l’EMV, mais c’est l’un des signes visibles que Jésus est par excellence Celui qui ne se défend pas en prenant les armes. Celui qui les prend ne pleure pas, il se protège au contraire contre toute émotion de compassion : c’est son métier de tuer. Jésus est à l’opposé de cela : son « métier » à Lui, c’est d’aimer comme un petit enfant, c’est-à-dire à l’infini, et donc aussi dans les larmes.

---> Les insinuations sans aucune psychologie de DGC sont un pur néant, en plus d’être une scandaleuse négation de la vérité.

Elle-même, dans de nombreux apartés, témoigne de la douleur qui accompagne les visions, ou des visions qui soulagent ses souffrances, et qui font d’elle le modèle des âmes appelées à souffrir, à réparer et à consoler Jésus.
« pour me réconforter de mes souffrances complexes et me faire oublier les méchancetés des hommes, mon Jésus m’accorde cette suave contemplation. » (IV, 97, 57)

--->
Quoi de plus abject que de se moquer ainsi de quelqu’un comme la voyante, qui dans l’ordre de la souffrance, fut pourvue bien au-delà de ce que le commun des mortels aurait pu normalement supporter ? Maria Valtorta ne fut pas mise au-dessus de la nature par les privilèges qu’elle reçut, elle continua à souffrir d’environ dix maladies mortelles en phase terminale – c’est-à-dire qu’elle agonisa – pendant 17 ans après le commencement des visions, alors que les médecins ne lui avaient donné que 3 mois encore à vivre !

---> Les souffrances atroces qu’elle enduraient ainsi jour après jour, et qui s’ajoutaient aux peines morales qu’elle souffrait notamment de la part de sa mère, Maria Valtorta sut aller jusqu’à les chérir, afin d’en faire une offrande pour le salut du monde entier, en ces temps terribles de la seconde guerre mondiale. Cette attitude peut être très justement qualifiée d’héroïque. Comme avant elle la bienheureuse Anne Catherine Emmerich, elle eut l’occasion de s’offrir, pour souffrir à la place d’une personne qui fut alors guérie de sa maladie.

---> Dieu se plaît à consoler ceux qui souffrent, ceux qui sont dans les jouissances n’en ont pas besoin. Et comme les visions arrivaient miraculeusement dans le désordre ( pour le tiers d’entre elles ), Jésus put choisir certaines occasions afin de consoler sa petite secrétaire souffrante par telle ou telle très douce vision. Car oui, il y avait bien une délicieuse consolation, facilement imaginable, à contempler la sainte Vierge en train de filer la laine dans sa chambre, ou le très saint Enfant Jésus jouer avec ses petits compagnons de Nazareth, ou encore le Sauveur dans toute la splendeur de sa beauté divine, majestueuse et aimante.

---> De même, comme les petits bergers de Fatima devant le spectacle de l’enfer, elle eût beaucoup à souffrir en voyant la Passion du Christ, les tortures de la sainte Vierge, la vie et le suicide de Judas…

---> La petite Thérèse eut elle-aussi une abondance de consolations de la part de ses sœurs qui l’aidèrent à supporter jusqu’au bout sa maladie sans qu’elle tombe dans un abattement humain effroyable - encore qu’elle fut souvent concernée par ce genre d’épreuve - . Et oui, car Dieu n’est ni cruel, ni désincarné, Il sait comprendre la douleur, et la soulager comme il Lui plaît, afin de proportionner la croix à nos forces limitées.

Cette spiritualité de la réparation/consolation, qu’adoptent les plus fervents des disciples du roman, déclare s’enraciner explicitement dans la première génération apostolique. Il s’agit plutôt d’une forme tardive de spiritualité, qui a sa grandeur quand elle est communion à la Passion du Christ pour l’Eglise (selon le mot de saint Paul), à condition qu’elle ne se confonde pas avec une certaine immaturité du sentiment religieux ou du sentiment tout court.

--->
Pleurer serait un acte immature d’un point de vue sentimental, et immature sur le plan du sentiment religieux : telle est la conclusion à laquelle voudrait nous amener DGC, fort de son exposé de sa « théologie de la désincarnation », interdisant au Christ de se comporter en tout comme un Homme véritable, avec des passions vraiment humaines, avec des besoins d’amitié vraiment humain, en plus d’être réellement Dieu. Pour l’auteur : le Christ est prié d’être Dieu, et c’est tout.

---> En comparaison, citons ce qu’en dit Samuel, lors d’un échange houleux avec Judas, niant ainsi que le Christ puisse vraiment souffrir :
( Judas )
« Jésus est le Fils de Dieu ! » « Son union avec Dieu élimine en Lui ces choses de l'homme. »

( Samuel )
« Mais ce n'est pas un fantôme ! C'est une vraie Chair ! La chair souffre si elle est torturée. C'est un homme véritable ! La pensée de l'homme souffre s'il est offensé et si on fait de lui un objet de mépris."

---> On peut donc parler très justement de carence profonde et d’immaturité théologique, chez DGC.

---> Cela devient encore plus évident à la lecture de cet extrait de l’œuvre, où l’on découvre un Jésus toujours heureux et serein malgré ses épreuves, et quelle fausse interprétation en tire Judas du fond de jalousie, s’opposant ainsi à Samuel :

EMV 565 - Samuel est troublé par Judas, qui ne comprend pas la nature de la souffrance salvifique.

« Qui monte par le sentier ? »

Samuel se lève pour voir. Il s'écrie : "Judas !"

"Oui, c'est moi. On m'a dit que le Maître est passé par ici, et au contraire, c'est toi que je trouve. Je retourne alors sur mes pas pour te laisser à tes pensées"
Et il rit de son petit rire qui est plus lugubre que la plainte d'une chouette, tant il manque de sincérité.

"J'y suis Moi aussi. On me demande au village ?" dit Jésus en apparaissant derrière Samuel.

"Oh ! Toi ! Alors tu étais en bonne compagnie, Samuel ! Et Toi aussi, Maître..."
"Oui, elle est toujours bonne la compagnie de quelqu'un qui embrasse la justice. Tu me cherchais pour rester avec Moi, alors. Viens. Il y a de la place pour toi, comme pour Jean s'il était avec toi."

"Il est en bas, occupé avec d'autres pèlerins."

"Alors il faudra que j'aille, s'il y a des pèlerins."

"Non, ils restent toute la journée de demain. Jean est en train de les installer dans nos lits pour leur séjour. Il est heureux de le faire. D'ailleurs tout le rend heureux. Vous vous ressemblez vraiment, et je ne sais pas comment vous faites pour être heureux toujours et pour toutes les choses les plus... affligeantes."

"C'est cette question que j'allais poser quand tu es arrivé !" s'écrie Samuel.

"Ah ! oui ! Toi aussi, alors, tu ne te sens pas heureux, et tu t'étonnes que d'autres dans des conditions encore plus... difficiles que les nôtres, puissent l'être."

"Je ne suis pas malheureux, je ne parle pas pour moi, mais je me demande de quelle source vient la sérénité du Maître, qui n'ignore pas son avenir, et qui pourtant ne se trouble de rien."

"Mais d'une source céleste ! C'est naturel ! Lui est Dieu ! Tu en doutes peut-être ? Un Dieu peut-Il souffrir ? Il est au-dessus de la douleur. L'amour du Père est pour Lui comme... comme un vin enivrant. Et un vin enivrant est pour Lui la conviction que ses actions... sont le salut du monde. Et puis... Lui peut-il avoir les réactions physiques que nous, humbles hommes, avons ? Cela est contraire au bon sens. Si Adam innocent ne connaissait de douleurs d'aucune espèce, et ne les aurait jamais connues s'il était resté innocent, Jésus le... Super-innocent, la créature... je ne sais comment la nommer : incréée puisqu'elle est Dieu, ou créée puisqu'elle a des parents... oh ! que de "pourquoi" insolubles pour ceux de l'avenir, mon Maître ! Si Adam fut exempt de la douleur à cause de son innocence, peut-on peut-être s'imaginer que Jésus ait à souffrir ?"

Jésus reste la tête inclinée. Il s'est assis de nouveau sur l'herbe. Ses cheveux voilent son visage. Je ne vois donc pas son expression.

Samuel, debout, en face de Judas lui aussi debout, réplique :

"Mais s'il doit être le Rédempteur, il doit réellement souffrir. Tu ne te rappelles pas David et Isaïe ?"

"Je me les rappelle ! Je me les rappelle ! Mais eux, tout en voyant la figure du Rédempteur, ne voyaient pas le secours immatériel que le Rédempteur aurait eu pour être... disons : torturé, sans ressentir de douleur."

"Et quel secours ? Une créature pourra aimer la douleur, ou la subir avec résignation, selon sa perfection de justice. Mais elle la sentira toujours. Autrement... si elle ne la sentait pas... ce ne serait pas de la douleur."

"Jésus est Fils de Dieu."

"Mais ce n'est pas un fantôme ! C'est une vraie Chair ! La chair souffre si elle est torturée. C'est un homme véritable ! La pensée de l'homme souffre s'il est offensé et si on fait de lui un objet de mépris."

"Son union avec Dieu élimine en Lui ces choses de l'homme."

Jésus lève la tête et parle :

"En vérité je te dis, ô Judas, que je souffre et souffrirai comme tout homme, et plus que tout homme. Mais je puis être heureux malgré cela, de la sainte et spirituelle félicité de ceux qui ont obtenu la libération des tristesses de la Terre parce qu'ils ont embrassé la volonté de Dieu comme leur unique épouse. Je le puis parce que j'ai dépassé le concept humain de la félicité, l'inquiétude de la félicité, telle que les hommes se la représentent. Je ne poursuis pas ce qui, selon l'homme, constitue la félicité; mais je mets ma joie justement en ce qui est à l'opposé de ce que l'homme poursuit comme tel. Les choses que l'homme fuit et méprise, parce qu'il les considère comme un fardeau et une douleur, représentent pour Moi la chose la plus douce. Je ne regarde pas l'heure. Je regarde les conséquences que l'heure peut créer dans l'éternité. Mon épisode cesse, mais son fruit dure. Ma douleur a une fin, mais les valeurs de cette douleur n'ont pas de fin. Et qu'en ferais-je d'une heure de ce que l'on appelle "être heureux" sur la Terre, une heure atteinte après une poursuite de plusieurs années, de plusieurs lustres, quand ensuite cette heure ne pourrait venir avec Moi dans l'Éternité en tant que joie, quand j'aurais dû en jouir pour Moi seul, sans en faire part à ceux que j'aime ?"

"Mais si tu triomphais, à nous qui te suivons, nous reviendrait une partie de ta félicité !" s'écrie Judas.

"Vous ? Et qu'êtes vous en comparaison des multitudes passées, présentes, à venir, auxquelles ma douleur donnera la joie ? Je vois bien au-delà de la félicité terrestre. Je plonge mon regard au-delà dans le surnaturel. Je vois ma douleur se changer en joie éternelle pour une multitude de créatures. Et j'embrasse la douleur comme la plus grande force pour atteindre la félicité parfaite, qui est celle d'aimer le prochain jusqu'à souffrir pour lui donner la joie. Jusqu'à mourir pour lui."

"Je ne comprends pas cette félicité" proclame Judas.

"Tu n'es pas encore sage, autrement tu la comprendrais."

"Et Jean l'est ? Il est plus ignorant que moi !"

"Humainement, oui. Mais il possède la science de l'amour."

"C'est bien. Mais je ne crois pas que l'amour empêche les bâtons d'être des bâtons et les pierres d'être des pierres et de faire souffrir les chairs qu'ils frappent. Tu dis toujours que t'est chère la douleur, parce qu'elle est pour Toi amour. Mais quand réellement tu seras pris et torturé, si toutefois cela est possible, je ne sais pas si tu auras encore cette pensée. Pense à cela pendant que tu peux fuir la douleur. Elle sera terrible, tu sais ? Si les hommes peuvent te prendre... oh ! ils n'auront pas d'égards pour Toi !"
Jésus le regarde. Il est très pâle. Ses yeux bien ouverts semblent voir, au-delà du visage de Judas, toutes les tortures qui l'attendent, et pourtant dans leur tristesse ils restent pleins de douceur et surtout sereins : deux yeux limpides d'un innocent en paix. Il répond :

"Je le sais. Je sais même ce que tu ne sais pas. Mais j'espère dans la miséricorde de Dieu. Lui, qui est miséricordieux pour les pécheurs, usera de miséricorde envers Moi aussi. Je ne Lui demande pas de ne pas souffrir, mais de savoir souffrir.
Et maintenant allons. Samuel, précède-nous un peu et avertis Jean que nous serons bientôt au village."

Samuel s'incline et s'en va vite.

Jésus commence à descendre. Le sentier est si étroit qu'ils doivent avancer l'un derrière l'autre (…)

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---> Pouvait-on imaginer un Jésus moins « victimal » et davantage serein, que Celui qui parle ici ?

En conclusion :

1 .
Nous pouvons constater que l’article de DGC est un véritable fiasco, car à défaut d’y avoir réalisé une étude attentive et honnête de l’oeuvre, il a construit son argumentation à charge sur du sable.

2 . L’EMV nous décrit un Jésus et un Judas en tout point conformes à ce que les Évangiles et la Tradition catholique nous en révèlent depuis toujours, sans aucune erreur théologique, et sans tomber dans le piège de la « théologie de la désincarnation » prônée par l’auteur du fiasco.
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363
Selon l'auteur, il semble que l'incarnation du Verbe n'aurait dû être pour Lui rien de plus qu'une simple formalité, sans aucune implication humaine réelle. Au mieux, le Christ aurait dû avoir sur la terre uniquement la fonction et le comportement d'un bon directeur spirituel bénédictin, qui serait finalement mort sur une croix, puis ressuscité. Mais Il n'aurait certainement pas fait siennes …Plus
Selon l'auteur, il semble que l'incarnation du Verbe n'aurait dû être pour Lui rien de plus qu'une simple formalité, sans aucune implication humaine réelle. Au mieux, le Christ aurait dû avoir sur la terre uniquement la fonction et le comportement d'un bon directeur spirituel bénédictin, qui serait finalement mort sur une croix, puis ressuscité. Mais Il n'aurait certainement pas fait siennes toutes les autres nobles vocations humaines ! ( même si cela ne fait bien sûr aucun doute pour ce qui est du lien conjugal charnel ).
En fait, qui est le parfait modèle du Christ ? ..... C'est DGC !
France Vappereau
Magnifique ! apvs, la démonstration est complète, dans les moindres détails.
Non Jésus n'est pas "désincarné" Il est Vrai Dieu et Vrai Homme!
Démonstration complète à la fois pour établir la tromperie de DGC avec son argumentation tronquée et malhonnête car chaque fois "caviardée" de ses éléments essentiels, l' Immense Amour, la Vraie et Profonde et Humaine Souffrance sans limites, l'Agonie …Plus
Magnifique ! apvs, la démonstration est complète, dans les moindres détails.
Non Jésus n'est pas "désincarné" Il est Vrai Dieu et Vrai Homme!

Démonstration complète à la fois pour établir la tromperie de DGC avec son argumentation tronquée et malhonnête car chaque fois "caviardée" de ses éléments essentiels, l' Immense Amour, la Vraie et Profonde et Humaine Souffrance sans limites, l'Agonie morale, spirituelle, physique de Notre Doux et humble Seigneur face à Judas qui ne sait, ne veut, (ne peut ? ) les comprendre, tant son coeur est dur et sec, mais aussi démonstration en tous points pour nous rappeler à quel point Ce Dieu qui s'est fait Homme est venu offrir Sa vie pour le Salut de chaque âme. Sa persévérance à tellement nous aimer et à vouloir nous arracher au lion rugissant...Sa Souffrance est réelle, Son Amour est Vivant !

Les larmes de sang de Gethsemani pourtant, ce sont bien les Évangiles compendieux qui nous les révèlent....
Qui a su offrir de telles larmes sinon Jésus à l'approche de la trahison ? Toute la crucifixion n'est que SANG VERSÉ !
Et depuis Sa Résurrection nous vivons, nous nous fortifions et nous nous nourissons par "le renouvellement non sanglant (désormais ) de Son Sacrifice dans toutes les Saintes Messe de la terre"
Notre Seigneur est venu nous rejoindre pour faire Réparation et s'offrir en sacrifice, on comprend à quel point l'attitude de Judas, son apôtre choisi et aimé fait partie de Ce Sacrifice...

Jésus dit (cahiers 1943, 4 juin) :
Aime le moi Eucharistique. L’Eucharistie est le cœur de Dieu, c’est mon cœur Je vous ai donné
mon cœur à la dernière cène; pourvu que vous le vouliez, je vous le donne toujours. Et vous ne
concevrez pas le Christ en vous et vous ne lui donnerez pas le jour si vous ne savez pas faire
vivre son cœur en vous. Lorsqu’une créature se forme dans les entrailles d’une femme,
qu’est-ce qui se forme en premier ? Le cœur. Il en est ainsi pour la vie de l’esprit. Vous ne pourrez donner le Christ si vous ne formez pas en vous son cœur en aimant l’Eucharistie qui
est Vie et vraie Vie. En aimant comme ma Mère m’aima dès ma conception.
Oh ! Quelles caresses à travers sa chair vierge, à moi, informe et minuscule, qui palpitais en
elle, avec mon petit cœur embryonnaire ! Oh ! Quels frémissements je communiquais à son
cœur, à travers les replis obscurs de l’organisme, des profondeurs de ce tabernacle vivant où
je me formais afin de naître et de mourir pour vous, en crucifiant le cœur de ma Maman à la
même croix, pour vous !
Mais ces mêmes frémissements, je les communique à votre cœur quand vous me recevez.
Votre pesanteur charnelle et intellectuelle ne vous permet pas de les percevoir, mais je vous
les donne.

Puisse DGC se repentir de transformer et de ternir ainsi cette miraculeuse Révélation qui nous est offerte, en plus !
Pour chaque jour 🙏🏻mieux le connaître, et l'aimer davantage 💙
apvs
Qui peut le plus peut le moins ! Si Jésus a bien su nous donner tout son Sang pour nous sauver, comment aussi ne nous aurait-Il pas donné toutes ses larmes, et spécialement à Judas, même si pour lui ce fut en vain ?
France Vappereau
Et c'est aussi pour cela que l'EMV est un véritable cadeau de la part de Notre Seigneur !