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10 ) Jésus face à Judas : passionnel et victimal dans l'EMV ? Réfutation de l'article de dom Guillaume Chevallier

Version 2024 revue et augmentée

communautesaintmartin.org/…MV-III-ASPECTS-PSYCHOLOGIQUES-DES-PERSONNAGES-.pdf

Qui est le mentor de dom Guillaume Chevallier ?

Voir aussi la réponse de F.M.Debroise à ces articles,

celle du docteur psychiatre D.Gloppe

et celle du collectif Marie de Nazareth: Réponse à Don Guillaume Chevallier : il n’y a aucune erreur doctrinale dans les écrits de Maria Valtorta

Nous allons voir dans ce volet comment DGC, pour tenter de prouver que l'œuvre de Maria Valtorta n'a rien de surnaturel, en arrive lui-même à un niveau surnaturel de mauvaise foi.

DCG :
nous avons montré ailleurs quelle doctrine Maria Valtorta avait forgé au sujet de Judas, incarnation même de Satan.


Et bien justement, parlons-en de cette fameuse soi-disant « doctrine forgée par Maria Valtorta » que DGC prétend dénoncer : comme à l’accoutumée, cela va se révéler particulièrement édifiant. Voyons donc ce qu’il en dit dans son article « Évaluation de trois éléments de doctrine » :

II. L’INCARNATION DE SATAN EN JUDAS

De nombreux épisodes de L’Évangile tel qu’il m’a été révélé concernent Judas. La dernière des sept raisons invoquées par « Jésus » à la dictée de l’œuvre est précisément de faire connaître la personnalité de Judas et les événements qui le concernent. C’est « la leçon que vous devez particulièrement retenir, car ce sera celle qui vous sera la plus utile dans votre ministère de maîtres spirituels et de directeurs d’âmes » (X, 38, 302)


Effectivement : vu que Judas est l’archétype même du disciple ayant abandonné le bon chemin au fur et à mesure de son évolution, étudier comment Jésus s’y prend pour essayer de le redresser et de le ramener à l’Amour est bien ce qu’il y a de plus instructif en matière de direction d’âme : en effet, alors que le directeur spirituel n’a que peu d’efforts à fournir pour diriger les bons éléments vers le Bien, c’est face aux cas les plus difficiles que toute l’étendue de sa science se révèle au grand jour. Ce que dit là le Christ est donc d’une remarquable cohérence.

D’un point de vue littéraire, le personnage de Judas se prête aux inventions romanesques (on en connaît de nombreuses, des plus anciennes dans la doctrine des caïnites, aux plus récentes – l’Évangile selon Pilate d’Éric-Emmanuel Schmitt) où le personnage fantasmé de Judas sert à de nouveaux épisodes de l’histoire du Christ et les réinterprète radicalement. C’est le cas ici, mais présenté non comme un roman qui donne corps à une hypothèse, si invraisemblable soit-elle, mais comme une révélation divine sur la vérité des faits.

1 . Tout d’abord : les multiples inventions romanesques qui existent n’empêchent pas du tout que Dieu puisse à son tour donner au monde par une révélation privée le véritable éclairage sur cette question importante , afin de dissiper la confusion dans les esprits, engendrée par cette multitude d’avis erronés.

2 . Ensuite : l’argument de DGC est frelaté, et pourquoi ? Premièrement parce qu’il omet volontairement de signaler que plusieurs authentiques révélations du Ciel nous avaient déjà parlé de Judas par le passé, quoi que l’Église n’oblige pas à y croire : ces récits ne sont pas du tout des romans fruits de l’imagination. Citons ceux de la vénérable Maria d’Agreda (1602-1665), et ceux de la bienheureuse Anne Catherine Emmerich ( 1774-1824). Ces messagères du Ciel n’ont fait que rapporter scrupuleusement leurs visions ( avec cependant beaucoup de déperditions dans les deux cas, dues aux circonstances défavorables ). Les écrits de Maria Valtorta qui, eux, n’ont souffert d’aucune déperdition, sont comme les deux précédemment cités tellement en tout point conformes à la foi catholique que cela en est surnaturel, et ne peut en aucun cas s’expliquer par les capacités extrêmement faibles de celle qui nous les a transmis.

---> Cette incroyable omission ne montre-t-elle pas que DGC, connaissant bien l’existence des révélations privées, les exècre, car elles lui rappellent la pseudo « imposture mystique » de Clémence Ledoux, dont il aurait eu soi-disant à souffrir, avant que son mentor Joachim Boufflet ne l’en « libère » ?

3 . Deuxièmement : d’une manière à peine voilée, DGC voudrait mettre en parallèle l’EMV avec la pensée des caïnites, et également avec le récemment ouvrage d’Éric-Emmanuel Schmitt, « l’Évangile selon Pilate ». Or que disent ces deux sources sur Judas ?

- Les caïnites. Cette secte gnostique et antinomiste paléochrétienne du IIè siècle avait une réelle admiration pour Caïn ( d’où son nom ), car celui-ci s’opposait au « dieu mauvais de l’Ancien Testament » ( ???), ainsi que pour le personnage de Judas qui était pour eux, non pas le traître le plus coupable de toute l’histoire de l’humanité, mais bien au contraire : le seul vrai connaisseur du Christ, celui qui Lui avait permis de passer dans une condition meilleure, favorisant ainsi l’accomplissement de sa Mission. Il aurait été choisi par Jésus pour Lui rendre le service de Le livrer, et aurait été en fait son disciple le plus proche, le plus hautement « initié », en un mot : le meilleur. Ces personnages sectaires avaient la même admiration pour les pires divinités de la mythologie romaine et grecque.
- Le problème : c’est qu’il n’y a pas le moindre élément de comparaison possible entre l’avis complètement hérétique des caïnites sur Judas, et la description limpide et précise que fait Maria Valtorta de la progressive déchéance du malheureux apôtre, en pleine conformité avec la doctrine catholique.

- « L’Évangile selon Pilate », paru en 2000, seconde œuvre de M. Éric-Emmanuel Schmitt, dramaturge, nouvelliste, romancier, réalisateur et comédien franco-belge. Son exposé, beaucoup moins irrationnel et chimérique que celui des caïnites, n’en demeure pas moins gravement irrecevable sur le plan théologique.

- On notera cependant que EES a forcément trouvé son inspiration de base dans les écrits de Maria d’Agreda, dans ceux de Anne-Catherine Emmerich et/ou dans ceux de Maria Valtorta, puisqu’il en reprend absolument tous les codes : la complexité du personnage de Judas, ses conflits internes qui le poussent à la trahison, sa foi en Jésus, même erronée, qui le pousse à transmettre son message, son incompréhension de la véritable mission du Christ qui le conduisent à des actions désastreuses, son désespoir final etc… Tout cela n’est commun qu’aux trois messagères du Ciel, et le peu que les Évangiles nous exposent de ce sombre personnage plein d’ambivalences ne peut pas nous laisser croire autre chose à son sujet, à moins de vouloir extrapoler sans fin.

- Mais deux éléments font taches sur l’ensemble :

- Premièrement : EES, encore non converti lors de la rédaction de son ouvrage, entend nous faire relire la Passion du Christ du point de vue de Judas, qu'il fait s’expliquer et se justifier lui-même sur le déroulement des faits, sur ses égarements, ses choix, ses états d’âme etc. Or le point de vue de Judas est parfaitement irrecevable, vue qu'il est l’homme pour qui le non-être aurait été préférable ( Matt 26,24 ) : c’est dire à quel point son avis ne peut être en aucun cas pris en compte. On ne peut pas d’avantage écouter Judas que Satan, car ce serait un complet non-sens de prêter l’oreille à la haine et au mensonge à l’état pur.

- Deuxièmement : EES va jusqu'à envisager la possibilité de la rédemption de Judas, qui ne serait peut-être selon lui que le maillon nécessaire à l’accomplissement du salut du monde par la Croix du Christ : ainsi, comment Dieu pourrait-Il le condamner alors qui s'est montré si utile ?

Or cette thèse, qui n’arrive pas à faire la distinction entre l’accomplissement nécessaire des Écritures d’avec la liberté de Judas qui culmina non pas dans le repentir et le pardon reçu, mais dans le refus obstiné de croire à la Miséricorde, et finalement dans son suicide, est une négation directe de la véracité des Paroles de notre Seigneur, certifiant que Judas était un démon, et qu’il "aurait mieux valu pour lui de ne pas naître", ce qui ne peut correspondre qu’à l’affirmation de sa damnation éternelle. En effet, si Judas n'était pas aujourd'hui damné pour l'éternité, alors le fait qu'il ait existé serait un bien objectif, et par conséquent : la Parole du Christ serait fausse !

- Là encore : aucun point de comparaison avec ce qu’expose l’EMV en pleine conformité avec la foi catholique, fondée sur les Évangiles et la Tradition apostolique.

---> Tenter donc de disqualifier l’œuvre de Maria Valtorta, dépourvue de toute erreur théologique, en invoquant contre elle l’exemple des caïnites ou de « l’évangile selon Pilate » d’Éric Emmanuel Schmitt, c’est aussi prodigieusement « pertinent » que de prétendre disqualifier les Évangiles, simplement en signalant l’existence des mythologies grecques et romaines : cette démarche est une pure imposture, et c’est précisément ce que fait DGC, sans broncher d’un cil.
On tremble à l’idée qu’un juge d’instruction puisse comme lui vous déclarer coupable, simplement parce qu’il connaît l’existence d’un tueur en série, n’ayant rien à voir avec vous, sauf dans le pur arbitraire de ce juge. Or ici, nous en sommes exactement à ce niveau d’accusation… C’est effroyable.

Relevons d’abord quelques traits psychologiques qui caractérisent le personnage. Judas ne cesse d’être représenté de manière caricaturale, élégant, fourbe, riant, ricanant, avec ironie, mépris (VIII, 27, 225-227) ou même plus explicitement avec « un sourire de serpent » (VIII, 40, 348), si bien que Jésus doit le reprendre : « Oh ! ne ricane pas ainsi sataniquement, mon ami. » (VIII, 43, 374) Judas, souvent critique au milieu de l’unanimité du groupe des Apôtres, ressemble aux modernistes qui doutent des réalités de foi ou des pieuses traditions. Malgré cela, « Jésus » entretient avec lui une relation passionnelle faite d’amour et d’angoisses.

1 . Décrire quelqu'un comme étant élégant, fourbe, riant, ricanant, avec ironie, mépris, avec « un sourire de serpent » ( une simple image, et non pas une caricature ), peut tout simplement correspondre à la vérité : ce n'est alors comme ici qu'une description fine et réaliste, et concernant le Judas connu des Évangiles, c'est criant de vérité.

De même : affirmer que DGC tombe continuellement dans une caricature de l'Oeuvre qu'il dénonce à tort, n'est pas le caricaturer lui-même, mais bien plutôt décrire avec exactitude ce qu'il fait.

2 . Notons que « avoir un sourire de serpent » correspond très bien à certains passages des Évangiles concernant l’hypocrisie assassine des pharisiens, qui était selon le Christ des « fils de Satan » ( Jean 8,44 ). Comment donc cela ne correspondrait-il pas au plus haut point à Judas, qui était « un démon » ? ( Jean 6,70 ) Non seulement donc ce n’est pas caricatural de parler ainsi de lui, mais c’est l’Évangile qui le confirme.

3 . Jésus reprend son disciple : peut-être que pour DGC, Il aurait du au contraire l’encourager dans cette voie, et le donner en modèle aux autres ? D’autre part, en cet endroit du récit, Judas est déjà arrivé au point de non retour, étant devenu une horrible incarnation de Satan, que Jésus doit supporter non sans un profond dégoût. Tout ce qu'Il peut encore lui demander est de garder une certaine discrétion extérieure sur le mal qui le ronge.

4 . Aimer quelqu’un jusqu’à en être angoissé pour son sort qui s’annonce mauvais, c’est donc cela que DGC appelle dans son jargon psychologisant, hautain et méprisant : « un amour passionnel et victimal » ? N’est-ce pas plutôt la caractéristique du vrai bon pasteur de chercher, angoissé, sa brebis perdue qu’il ne cesse d’aimer malgré qu’elle lui ait désobéi ?

5 . Mais ce n’est pas encore le plus fort de cet article : « malgré cela »« malgré que Judas soit si mauvais, qu’il doute etc »… DGC critique donc le fait que Jésus l’aime à ce point « malgré cela » !... En fait, selon l’auteur, Jésus aurait dû, devant l’évidente déchéance morale de son apôtre indigne, le flanquer à la porte à grands coups de pieds au fondement, et cesser de l’aimer, mettant ainsi en pratique la parole : « Tu haïras ton ennemi » ( Lévitique 19,17 ) ! Peut-être DGC fait-il référence à sa propre pratique de cette sentence à l’égard de ceux de ses élèves séminaristes qui n’ont pas l’heur de lui plaire, qui sait ? En tout cas, il est plus que curieux qu’il essaie ainsi d’y conformer le Christ, Lui qui prêche pourtant sur tous les tons l’amour des ennemis ( Matt 5,43 ).

C’est dans sa ville (Kériot) que « Jésus » aurait décidé d’inaugurer la prédication apostolique, donnant à Judas le rôle de premier prédicateur et organisateur de la mission.

Jésus pense que Judas s'intégrera plus facilement dans le groupe des apôtres s'il se sent valorisé, s'il pense qu'il rend service.

Il est pourtant clair - mais je précise que c'est de l'ironie de ma part - que pour quelqu’un en grande difficulté comme Judas, en manque d’estime de soi-même et des autres, n'arrivant pas à s'intégrer au groupe, se trompant sur tout et en particulier sur la vraie nature de la Mission de son Maître, la seule solution aurait été de le tenir à l’écart dans un coin sombre, afin qu’il ne gêne personne, au lieu de le valoriser ainsi en lui donnant le premier rôle au moment opportun, afin que la douceur de l’Amour, plutôt que la violence brutale, gagne son cœur et le fasse si possible évoluer dans le bon sens !

Saint Paul ne le dit-il pas lui-même en prenant la comparaison du corps, dans lequel « Dieu accorde plus d’honneur aux parties qui en sont dépourvues » ? Lisons :

« (…) Bien plus, les parties du corps qui paraissent les plus délicates sont indispensables. Et celles qui passent pour moins honorables, ce sont elles que nous traitons avec plus d’honneur ; celles qui sont moins décentes, nous les traitons plus décemment ; pour celles qui sont décentes, ce n’est pas nécessaire. Mais en organisant le corps, Dieu a accordé plus d’honneur à ce qui en est dépourvu. Il a voulu ainsi qu’il n’y ait pas de division dans le corps, mais que les différents membres aient tous le souci les uns des autres. Si un seul membre souffre, tous les membres partagent sa souffrance ; si un membre est à l’honneur, tous partagent sa joie. Or, vous êtes corps du Christ et, chacun pour votre part, vous êtes membres de ce corps. »
( 1 Cor 12, 22-27 )

Judas est sujet à de fréquents retournements, luttant en lui-même contre ses tendances peccamineuses, renonçant plusieurs fois à ses projets et abdiquant devant « Jésus » dans des épisodes toujours lourds d’émotions contradictoires.

Saluons ici l’incroyable effort de DGC, qui parvient à résumer en quelques mots ce qui fait l’objet de longs chapitres dans l’œuvre. Rappelons-lui cependant que ce n'est pas le fait de pouvoir résumer un texte qui constitue un motif suffisant pour prendre celui-ci en défaut ! Et surtout lorsqu’on y découvre un Judas semblant tout droit sortir des Évangiles canoniques.

Qui est vraiment Judas ? Pourquoi agit-il de la sorte ? La doctrine évolue au fil de l’œuvre. Satan prophétise lui-même qu’il va posséder Judas par la voix d’un démoniaque (VI, 111, 215).

1 . C’est Judas lui-même qui évolue au fil des trois années, et non la doctrine que l’EMV est sensé avoir forgée à son propos : ainsi, d’un homme déjà profondément délabré par le péché, spécialement d’orgueil, et après des évolutions diverses et parfois positives grâce aux efforts extraordinaires et constants de Jésus, il va considérablement se renforcer dans le mal, et tomber par son consentement dans un état de possession satanique toujours plus profonde, qui l’amènera tellement sous le pouvoir de Satan, que celui-ci pourra pleinement annihiler sa volonté, au point d’en faire sa chose, son incarnation, son prolongement dans l'univers visible.

Mais cette incarnation de Satan en Judas ne sera en fait qu’une singerie de celle du Verbe en Jésus, avec cependant un résultat identique : l’appartenance définitive, que rien ne peut briser, la dépendance absolue.

2 . Malheureusement pour l’auteur, son analyse du texte de l’EMV s’avère fausse : Satan, parlant par la bouche du fameux possédé ( « Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? » Luc 4,34 ), semble indiquer ici bien plus qu’une simple possession future de Judas, qu’il qualifie d’emblée de « démon qui est parmi vous ». Lisons ce qu’il dit juste avant d’être expulsé par Jésus :

EMV 420.6
"Je sors, oui, tu m'as vaincu. Mais je me vengerai. Tu me chasses, mais tu as un démon à ton côté et j'entrerai en lui pour le posséder, en l'assaillant de tout mon pouvoir. Et ce ne sera pas ton commandement qui l'arrachera à moi. En tout temps, en tout lieu, je m'engendre des fils, moi, l'auteur du Mal. Et comme Dieu s'est engendré de Lui-même, moi, voilà que je m'engendre de moi-même. Je me conçois dans le cœur de l'homme, et lui m'enfante, il enfante un nouveau Satan qui est lui-même, et j'en jubile, je jubile d'avoir une pareille descendance ! Toi et les hommes, vous trouverez toujours ces créatures qui m'appartiennent, qui sont autant d'autres moi-même. Je vais, ô Christ, prendre possession de mon nouveau royaume, comme tu veux, et je te laisse cette loque maltraitée par moi. En échange de celui que je te laisse, aumône que Satan te fait à Toi, Dieu, j'en prends pour moi mille et dix mille maintenant, et tu les trouveras quand Toi tu seras une loque dégoûtante de chair exposée à la risée des chiens. Dans la succession des temps j'en prendrai dix mille et cent mille pour en faire mon instrument et ton tourment. Tu crois me vaincre en levant ton Signe ? Les miens l'abattront et je vaincrai... Ah ! non, je ne te vaincs pas ! Mais je te torture en Toi et dans les tiens !..."

---> Satan ne projette pas ici de posséder Judas d’une simple possession ordinaire ( dont il souffre déjà ), mais de telle sorte que « le commandement de Jésus ne pourra pas l’en arracher », ce qui indique que cette union de Satan avec Judas rendra le second semblable à l’incarnation du premier, tant elle sera forte et définitive.

C’est ce que la visionnaire semble remarquer, en intervenant elle-même, dans le texte lors d’un affrontement entre « Jésus » et Judas, qui vient d’être surpris à voler.

« Je ne suis pas compétente, mais je crois ne pas me tromper en disant que par la bouche de Judas, c’est Satan lui-même qui parlait, que c’est un moment de possession évidente de Satan dans l’apôtre perverti, déjà au seuil du crime, déjà damné par sa propre volonté. » (VIII, 28, 258)


1 . C’est ce que Jésus Lui-même va confirmer ensuite, en disant à la fin de la longue et douloureuse exhortation qu’Il adresse au coupable : « Celui qui auparavant parlait par tes lèvres ne peut être vaincu que par Moi. » ( EMV 567.26 )

2 . Et c’est encore Jésus, en saint Jean 14,10 qui va poursuivre la justification de l’Oeuvre : « Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même; c'est le Père qui vit en moi qui fait lui-même ces œuvres. Croyez-moi : je suis dans le Père et le Père est en moi. »

---> Est-ce que peut-être, le Père parle par la bouche de Jésus parce que Celui-ci est simplement un « possédé du Père », ou bien parce que Jésus est le Dieu-fait-Homme, le Verbe Incarné, un avec le Père ?

---> Ici, dans le cas de Judas, c’est bien réellement Satan qui parle par sa bouche, et par comparaison avec l'Évangile : cela n’est donc une preuve décisive, ni de ce qu’il ne soit qu’un simple possédé, ni de ce qu’il soit déjà l’incarnation de Satan.

---> DGC cherche donc à prendre l’œuvre en défaut avec des arguments frelatés, et sans y parvenir.

3 . La seule crainte de l’auteur est que nous puissions avoir l’idée de lire dans son entier le passage qu’il cite : c’est pourtant ce qui va maintenant se passer, et rendre risible ses arguments. Jésus n’est en effet ni passionnel, ni victimal avec Judas, Il est le Seigneur dont on ne se moque pas que l’on soit prêtre ou non, et fidèlement à Lui-même : Il est l’Amour Incarné.

Lisons ce passage clef, illustrant parfaitement la sentence : « Judas était un voleur » ( Jean 12,6 ), et nous nous apercevrons par nous-même à quel point l’intuition de Maria Valtorta était juste :

EMV 567 .10

(…) « Et ainsi Jésus, en se faufilant par une ruelle, peut arriver sans encombre à une maison où il entre en appelant :
"Judas ! Judas !"
Personne ne répond.
"Il est allé là-haut, Maître. Nous pouvons nous aussi aller à la maison. Je dépose ici les vêtements de Judas, de Simon et de ton frère Jacques, et puis je mettrai les autres de Simon Pierre, d'André, de Thomas et de Philippe dans la maison d'Anne."
C'est ce qu'ils font et je comprends que pour faire place aux femmes disciples, les apôtres s'en sont allés dans d'autres maisons, sinon tous, au moins une partie d'entre eux.
Désormais débarrassés des vêtements, ils s'en vont en parlant entre eux, vers la maison de Marie de Jacob et y entrent par la petite porte du jardin qui est seulement poussée. La maison est silencieuse et vide. Jean voit posée à terre une amphore pleine d'eau et, pensant peut-être que la petite vieille l'a déposée là avant qu'on ne l'appelle pour assister la femme, il la prend et se dirige vers une pièce fermée. Jésus s'attarde dans le couloir pour enlever son manteau et le plier avec son soin habituel avant de le déposer sur le coffre de l'entrée.

Jean ouvre la porte et pousse un "ah !" presque terrifié. Il laisse tomber le broc et couvre ses yeux de ses mains, en se courbant, comme pour se faire petit, pour disparaître, pour ne pas voir. De la pièce arrive un bruit de pièces de monnaie qui se répandent sur le sol en résonnant.

Jésus est déjà à la porte. Il m'a fallu plus de temps pour décrire qu'à Lui pour arriver. Il écarte vivement Jean qui gémit : "Va-t'en ! Va-t'en !" Il ouvre la porte entrouverte. Il entre.

C'est la pièce où, depuis que les femmes sont là, ils prennent leurs repas. Il s'y trouve deux coffres anciens ferrés et devant l'un d'eux, juste en face de la porte, se trouve Judas, livide, ses yeux étincellent de colère et en même temps d'effroi, avec une bourse dans les mains... Le coffre fort est ouvert... et à terre sont répandues des pièces et d'autres tombent par terre en glissant hors d'une bourse qui est sur le bord du coffre, ouverte, et à moitié couchée. Tout témoigne d'une manière qui ne peut laisser aucun doute de ce qui se passe. Judas est entré dans la maison, il a ouvert le coffre et il a volé. Il était en train de voler.

Personne ne parle. Personne ne bouge. Mais c'est pire que si tous criaient et se lançaient les uns contre les autres. Trois statues : Judas, le démon ; Jésus, le Juge ; Jean, le terrorisé par la révélation de la bassesse de son compagnon.
La main de Judas qui tient sa bourse est agitée par un tremblement et les pièces qui s'y trouvent laissent entendre un bruit étouffé.
Jean est tout tremblant et, bien qu'il soit resté les mains serrées sur sa bouche, ses dents claquent alors que ses yeux effrayés regardent Jésus plus que Judas.

Jésus ne frémit pas. Il est debout et glacial, tout à fait glacial tellement il est rigide.
Finalement il fait un pas, un geste et prononce un mot. Un pas vers Judas, un geste pour faire signe à Jean de se retirer et un mot :
"Va !"
Mais Jean a peur et gémit :
"Non ! Non ! Ne me renvoie pas. Laisse-moi ici. Je ne dirai rien... mais laisse-moi ici, avec Toi."
"Va-t-en ! Ne crains pas ! Ferme toutes les portes... et s'il vient quelqu'un... n'importe qui... même ma Mère... ne les laisse pas venir ici. Va ! Obéis !"
"Seigneur !..."
Il semble que ce soit Jean le coupable, tant il est suppliant et abattu.
"Va, te dis-je. Il n'arrivera rien. Va !"
Jésus adoucit son commandement en mettant sa main sur la tête du Préféré avec un geste caressant, et je vois que cette main maintenant tremble. Jean la sent trembler, il la prend et la baise avec un sanglot qui dit tant de choses. Il sort.

Jésus ferme la porte avec un verrou. Il se retourne pour regarder Judas, qui doit être bien anéanti puisqu'il n'ose pas lui, si audacieux, un mot ou un geste.
Jésus va tout droit devant lui, en tournant autour de la table qui occupe le milieu de la pièce. Je ne sais dire s'il va rapidement ou lentement. Je suis trop effrayée par son visage pour mesurer le temps. Je vois ses yeux et j'ai peur comme Jean. Judas lui-même a peur, il s'arrête entre le coffre et une fenêtre grande ouverte par laquelle la lumière rouge du couchant se déverse toute sur Jésus.

Quels yeux a Jésus ! Il ne dit pas un mot. Mais quand il voit que de la ceinture du vêtement de Judas dépasse une sorte de crochet, il a une réaction effrayante. Il lève le bras avec le poing fermé, comme pour frapper le voleur, et sa bouche commence le mot : "Maudit !" Mais il se domine. Il arrête le bras qui allait tomber et coupe le mot aux trois premières lettres. Et faisant pour se maîtriser un effort qui le fait trembler tout entier, il se borne à desserrer son poing fermé, à abaisser son bras levé à la hauteur de la bourse que Judas a dans les mains, et à l'arracher pour la jeter contre le sol, en disant d'une voix étouffée alors qu'il foule aux pieds la bourse et les pièces, et les disperse avec une fureur contenue mais terrible :
"Au loin ! Ordure de Satan ! Or maudit ! Crachat d'enfer ! Venin de serpent ! Au loin !"

Judas, qui a poussé un cri étouffé quand il a vu Jésus près de le maudire, ne réagit plus. Mais de l'autre côté de la porte fermée, un autre cri résonne quand Jésus lance la bourse contre le sol, et ce cri de Jean exaspère le voleur et lui rend son audace démoniaque. Il en devient furieux. Il se jette presque contre Jésus en criant :

"Tu m'as fait espionner pour me déshonorer, espionner par un garçon imbécile qui ne sait même pas se taire, qui me fera honte en face de tous ! Mais c'est cela que tu voulais. Et du reste... Oui ! Moi, je le veux aussi. Je veux cela ! T'amener à me chasser ! T'amener à me maudire ! À me maudire ! À me maudire ! J'ai tout essayé pour me faire chasser."
Il est enroué par la colère et brutal comme un démon. Il halète comme s'il avait quelque chose qui l'étrangle.

Jésus lui répète à voix basse mais terrible :
"Voleur ! Voleur ! Voleur !" et il termine en disant : "Aujourd'hui voleur, demain assassin. Comme Barabbas. Pire que lui."
Il lui souffle cette parole au visage car maintenant ils sont très proches.

Judas reprend haleine et répond :

"Oui, voleur, et par ta faute. Tout le mal que je fais, c'est par ta faute et tu ne te lasses jamais de me ruiner. Tu sauves tout le monde. Tu donnes de l'amour et des honneurs à tous. Tu accueilles les pécheurs, les prostituées ne te dégoûtent pas, tu traites en amis les voleurs et les usuriers et les ruffians de Zachée, tu accueilles comme si c'était le Messie l'espion du Temple, ô sot que tu es ! Et tu nous donnes pour chef un ignorant, pour trésorier un gabeleur, et pour ton confident tu prends un imbécile. Et à moi tu mesures la moindre piécette, tu ne me laisses pas d'argent, tu me tiens près de Toi comme un galérien est tenu près de sa place au banc de rameur. Tu ne veux même pas que nous, je dis nous, mais c'est moi, moi seul, qui ne dois pas accepter d'obole des pèlerins. C'est pour que je ne touche pas l'argent que tu as ordonné de ne prendre l'argent de personne. Parce que tu me hais. Eh bien : moi aussi je te hais ! Tu n'as pas su me frapper et me maudire tout à l'heure. Ta malédiction m'aurait réduit en cendres. Pourquoi ne l'as-tu pas donnée ? Je l'aurais préférée plutôt que de te voir si incapable, si faible, un homme fini, un homme vaincu..."

"Tais-toi !"

"Non ! As-tu peur que Jean entende ? As-tu peur que lui finalement comprenne qui tu es, et qu'il t'abandonne ? Ah ! Tu l'as cette peur, Toi qui fais le héros ! Oui, tu as peur ! Et tu as peur de moi. Tu as peur ! C'est pour cela que tu n'as pas su me maudire. C'est pour cela que tu feins l'amour, alors que tu me hais ! Pour me flatter ! Pour me tenir tranquille ! Tu sais que je suis une force ! Tu le sais que je suis la force. La force qui te hait et qui te vaincra ! Je t'ai promis que je te suivrais jusqu'à la mort, en t'offrant tout, et je t'ai tout offert, et je resterai près de Toi, jusqu'à ton heure et jusqu'à mon heure. Roi magnifique qui ne sait pas maudire et chasser ! Roi des nuages ! Roi idole ! Roi imbécile ! Menteur ! Traître à ton propre destin. Tu m'as toujours méprisé, dès notre première rencontre. Tu n'as pas su me comprendre. Tu te croyais sage. Tu es un idiot. Je t'enseignais le bon chemin. Mais Toi... Oh ! Tu es le pur ! Tu es la créature qui est homme mais qui est Dieu, et tu méprises les conseils de l'Intelligent. Tu t'es trompé dès le premier moment, et tu te trompes. Tu... Tu es... Ah !"

Le flot de paroles cesse brusquement et après c'est un silence lugubre après tant de cris et une lugubre immobilité après tant de gestes. Pendant que j'écrivais sans pouvoir dire ce qui se passait, Judas courbé, semblable, oui, semblable à un chien féroce qui guette sa proie et s'en approche, prêt à s'élancer dessus, s'est approché de plus en plus de Jésus, avec un visage dont la vue est insoutenable, les mains crispées, les coudes serrés contre le corps, comme si réellement il allait l'attaquer. Jésus ne montre pas la moindre peur et tourne même le dos à l'autre, qui pourrait l'assaillir et Lui sauter au cou, sans pourtant le faire. Jésus se retourne pour ouvrir la porte et regarder dans le couloir si Jean vraiment s'en est allé. Le couloir est vide et presque obscur, car Jean a fermé la porte qui donne sur le jardin après être sorti de là. Alors Jésus referme la porte et la verrouille et s'adosse contre elle, en attendant, sans un geste ni une parole, que tombe la furie de Judas.

Je ne suis pas compétente, mais je crois ne pas me tromper en disant que par la bouche de Judas, c'est Satan lui-même qui parlait, que c'est un moment de possession évidente de Satan dans l'apôtre perverti, déjà au seuil du Crime, déjà damné par sa propre volonté. La manière même dont s'arrête le flot de paroles, laissant l'apôtre comme abasourdi, me rappelle d'autres scènes de possessions, vues pendant les trois années de la vie publique de Jésus.

Jésus, adossé à la porte, tout blanc contre le bois sombre, ne fait pas le moindre geste. Seulement ses yeux jettent sur l'apôtre un regard puissant de douleur et de ferveur. Si on pouvait dire que les yeux prient, je dirais que les yeux de Jésus prient pendant qu'il regarde le malheureux; en effet ce n'est pas seulement la maîtrise qui sort de ces yeux si affligés, mais c'est aussi la ferveur d'une prière. Puis, vers la fin de l'altercation de Judas, Jésus ouvre ses bras qui étaient serrés contre son corps, mais il ne les ouvre pas pour toucher Judas, ni pour faire un geste vers lui, ou pour les lever vers le ciel. Il les ouvre horizontalement, en prenant la pose du Crucifié, là contre le bois sombre et le mur rougeâtre. C'est alors que dans la bouche de Judas se ralentissent les dernières paroles et que sort le "Ah" qui interrompt son discours.

Jésus reste comme il est, les bras ouverts, et regarde toujours l'apôtre de ce regard douloureux et priant. Judas, comme quelqu'un qui sort du délire, se passe la main sur le front, sur son visage en sueur... réfléchit et, se souvenant de tout, s'écroule par terre et je ne sais s'il pleure ou non. Certainement il s'affale par terre comme si les forces lui manquaient.

Jésus abaisse son regard et ses bras et, à voix basse mais distincte, lui dit :
"Eh bien ? Est-ce que je te hais ? Je pourrais te frapper du pied, t'écraser en te traitant de "ver", je pourrais te maudire, comme je t'ai délivré de la force qui te fait délirer. Tu l'as prise pour de la faiblesse mon impossibilité de te maudire. Oh ! ce n'est pas de la faiblesse ! C'est que je suis le Sauveur. Et le Sauveur ne peut maudire. Il peut sauver. Il veut sauver... Tu as dit : "Je suis la force. La force qui te hait et qui te vaincra". Moi aussi je suis la Force et même : je suis l’unique Force. Mais ma force n’est pas de la haine c'est de l'amour. Et l'amour ne hait pas et ne maudit pas, jamais. La Force pourrait triompher aussi dans les duels comme celui-ci entre toi et Moi, entre Satan qui est en toi et Moi, et t'enlever ton maître, pour toujours, comme je viens de le faire en devenant le signe qui sauve, le Tau que Lucifer ne peut voir. Il pourrait aussi remporter la victoire dans ces duels, comme il vaincra dans le combat prochain contre Israël incrédule et assassin, contre le monde et contre Satan vaincu par la Rédemption. Il pourrait même vaincre dans ces duels, comme il vaincra dans cette ultime bataille, lointaine pour celui qui compte les siècles, proche pour qui mesure le temps en le comparant à l'éternité.

Mais à quoi servirait-il de violer les règles parfaites de mon Père ? Serait-ce justice ? Serait-ce mérite ? Non. Il n'y aurait ni justice ni mérite. Pas de justice à l'égard des autres hommes coupables, auxquels ne serait pas enlevée la liberté de l'être, qui pourraient au dernier jour me demander le pourquoi de leur condamnation et me reprocher ma partialité à l'égard de toi seul. Ils seront des dizaines et des centaines de mille, septante fois des dizaines et des centaines de mille, ceux qui feront les mêmes péchés que toi et se livreront au démon par leur propre volonté, et qui offenseront Dieu, tortureront leurs pères et mères, et seront des assassins, des voleurs, des menteurs, des adultères, des luxurieux, des sacrilèges, et enfin des déicides, en tuant matériellement le Christ un jour prochain, en le tuant spirituellement dans leurs cœurs dans les temps futurs.

Et tous pourraient me dire, quand je viendrai séparer les agneaux des boucs, pour bénir les premiers et pour maudire, alors oui, pour maudire les seconds, pour maudire car alors il n'y aura plus de rédemption, mais gloire ou condamnation, pour les maudire de nouveau après les avoir déjà maudits en particulier à leur mort et à leur jugement particulier.

En effet l'homme, tu le sais pour me l'avoir entendu dire des centaines et des milliers de fois, l'homme peut se sauver tant que dure sa vie, jusqu'à son dernier soupir. Il suffit d'un instant, d'un millième de minute, pour que tout soit dit entre l'âme et Dieu, pour qu'elle demande pardon et obtienne l'absolution... Tous, disais-je, pourraient me dire, tous ces damnés : "Pourquoi ne nous as-tu pas attachés au Bien, comme tu as fait pour Judas ?" Et ils auraient raison.

Car tout homme naît avec les mêmes choses naturelles et surnaturelles; un corps, une âme. Et alors que le corps, étant engendré par des hommes, peut être plus ou moins robuste, plus ou moins sain à sa naissance, l'âme, créée par Dieu, est pareille pour tous, douée des mêmes propriétés, des mêmes dons de Dieu. Entre l'âme de Jean, je parle du Baptiste, et la tienne, il n'y avait pas de différence quand elles furent infusées dans la chair. Et pourtant je te dis que même si la Grâce ne l'avait pas présanctifié, pour que le Héraut du Christ fût sans tache, comme il conviendrait que le fussent tous ceux qui m'annoncent, du moins pour ce qui regarde les péchés actuels, son âme aurait été, serait devenue bien différente de la tienne, ou plutôt la tienne serait devenue différente de la sienne.

En effet il aurait conservé son âme dans la fraîcheur de l'innocence, il l'aurait même ornée toujours plus de justice en secondant la volonté de Dieu qui désire que vous soyez justes, en développant les dons gratuits reçus avec une perfection toujours plus héroïque. Toi, au contraire... Tu as dévasté ton âme et dispersé les dons que Dieu lui avait faits. Qu'as-tu fait de ton libre arbitre ? De ton intelligence ? As-tu conservé à ton esprit la liberté qu'il possédait ? As-tu employé l'intelligence de ton esprit avec intelligence ? Non. Tu ne veux pas m'obéir à Moi, je ne dis pas à Moi-Homme, mais même pas à Moi-Dieu, tu as obéi à Satan. Tu t'es servi de l'intelligence de ta pensée et de la liberté de ton esprit pour comprendre les Ténèbres. Volontairement.

Tu as été placé devant le Bien et le Mal. Tu as choisi le Mal. Et même, tu n'as été placé que devant le Bien, Moi. L'Éternel, ton Créateur, qui a suivi l'évolution de ton âme, qui même connaissait cette évolution, car l'Éternelle Pensée n'ignore rien de ce qui se fait depuis que le temps existe, t'a placé devant le Bien, seulement devant le Bien, car Il sait que tu es faible plus qu'une algue de fossé.

Tu m'as crié que je te hais.
Or, puisque je suis Un avec le Père et avec l'Amour, Un ici comme au Ciel — si en Moi existent les deux natures, et le Christ, par la nature humaine et tant que sa victoire ne l'aura pas libéré des limites humaines, est à Éphraïm et ne peut être autre part en cet instant; comme Dieu : Verbe de Dieu, je suis au Ciel comme sur la Terre, ma Divinité étant toujours omniprésente et toute puissante.

Or, puisque je suis Un avec le Père et l'Esprit-Saint, l'accusation que tu as faite contre Moi, c'est contre le Dieu Un et Trin que tu l'as faite. Contre ce Dieu-Père qui t'a créé par amour, contre ce Dieu-Fils qui s'est incarné pour te sauver par amour, contre ce Dieu-Esprit qui t'a parlé tant de fois pour te donner de bons désirs, par amour. Contre ce Dieu Un et Trin, qui t'a tant aimé, qui t'a amené sur mon chemin, en te rendant aveugle au monde pour te donner le temps de me voir, sourd au monde pour te donner la possibilité de m'entendre.

Et toi !... Et toi !... Après m'avoir vu et entendu, après être venu librement au Bien, te rendant compte par ton intelligence que c'était l'unique chemin de la vraie gloire, tu as repoussé le Bien et tu t'es donné librement au Mal. Mais si tu l'as voulu par ton libre arbitre, si tu as toujours plus rudement repoussé ma main qui s'offrait à toi pour te tirer hors du gouffre, si tu t'es toujours plus éloigné du port pour t'enfoncer dans la mer furieuse des passions, du Mal, peux-tu me dire, à Moi, à Celui de qui je procède, à Celui qui m'a formé comme Homme pour essayer de te sauver, peux-tu dire que nous t'avons haï ?

Tu m'as reproché de vouloir ton mal... Même l'enfant malade reproche au médecin et à sa mère les remèdes amers qu'ils lui font boire et les choses agréables qu'ils lui refusent pour son bien. Satan t'a rendu tellement aveugle et fou, que tu ne comprends plus la vraie nature des précautions que j'ai prises en ta faveur et que tu puisses arriver à appeler malveillance, désir de te ruiner, ce qui était un soin prévoyant de ton Maître, de ton Sauveur, de ton Ami pour te guérir ? Je t'ai gardé près de Moi... Je t'ai enlevé l'argent des mains.
Je t'ai empêché de toucher ce métal maudit qui te rend fou... Mais tu ne sais pas, mais tu ne te rends pas compte que c'est comme un de ces breuvages magiques qui éveillent une soif inextinguible, qui produisent dans le sang une ardeur, une fureur qui mène à la mort ?

Toi, je lis ta pensée, tu me reproches : "Et alors, pourquoi pendant si longtemps m'as-tu laissé être celui qui était chargé de l'argent ?" Pourquoi ? Parce que si je t'avais empêché plus tôt de toucher l'argent, tu te serais vendu plus tôt et tu aurais volé plus tôt. Tu t'es vendu quand même, parce que tu pouvais voler peu de choses... Mais Moi, je devais essayer de l'empêcher sans violenter ta liberté. L'or est ta ruine. À cause de l'or tu es devenu luxurieux et traître..."

"Voilà ! Tu as cru aux paroles de Samuel ! Je ne suis pas..."

Jésus, dont la parole s'était animée de plus en plus, mais sans jamais prendre un ton violent ou annonciateur de châtiment, pousse un cri imprévu de domination, je dirais de fureur. Il darde son regard sur le visage que Judas a levé pour dire cette parole et il lui impose un "Tais-toi !" qui semble l'éclat de la foudre.

Judas retombe sur ses talons et n'ouvre plus la bouche.

Un silence pendant lequel avec un effort visible Jésus redonne à son humanité une attitude tranquille, une maîtrise si puissante qu'elle témoigne à elle seule du divin qui est en Lui. Il recommence à parler de sa voix habituelle, chaude, douce même quand elle est sévère, persuasive, conquérante... Il n'y a que les démons qui puissent résister à cette voix.

"Je n'ai pas besoin que Samuel ou n'importe qui parle pour connaître tes actions. Mais, ô malheureux ! Sais-tu devant qui tu te trouves ? C'est vrai ! Tu dis que tu ne comprends plus mes paraboles. Tu ne comprends plus mes paroles. Pauvre malheureux ! Tu ne te comprends même plus toi-même. Tu ne comprends même plus le bien et le mal. Satan à qui tu t'es donné de multiples façons, Satan que tu as suivi dans toutes les tentations qu'il te présentait, t'a rendu imbécile. Mais pourtant, autrefois, tu me comprenais ! Tu croyais que je suis Celui que je suis ! Et ce souvenir n'est pas éteint en toi. Et tu peux croire que le Fils de Dieu, que Dieu a besoin des paroles d'un homme pour connaître la pensée et les actions d'un autre homme ? Tu n'es pas encore perverti au point de ne pas croire que je suis Dieu, et c'est en cela que réside ta faute la plus grande.

Car, que tu me crois tel, le prouve la peur que tu as de ma colère. Tu sens que tu ne luttes pas contre un homme, mais contre Dieu-même, et tu trembles. Tu trembles parce que, Caïn, tu ne peux voir Dieu et te le représenter autrement que comme Celui qui se venge Lui-même et qui venge les innocents. Tu as peur qu'il arrive pour toi comme à Coré, Datân et Abiron (Abiram) et à leurs partisans.

Et pourtant, sachant qui je suis, tu luttes contre Moi. Je devrais te dire : "Maudit !" Mais je ne serais plus le Sauveur...
Tu voudrais que Moi, je te chasse. Tu fais tout, dis-tu, pour y arriver. Cette raison ne justifie pas tes actions, car tu n'as pas besoin de pécher pour te séparer de Moi. Tu peux le faire, te dis-je. Je te le dis depuis Nobé, quand tu es revenu vers Moi dans une pure matinée, souillé par le mensonge et l'impureté, comme si tu étais sorti de l'enfer pour tomber dans la fange des porcs, ou sur la litière de guenons libidineuses. J'ai dû faire effort sur Moi-même pour ne pas te repousser avec le bout de la sandale comme un chiffon dégoûtant et pour arrêter la nausée qui me bouleversait non seulement l'esprit, mais aussi les entrailles. Je te l'ai toujours dit, même avant de te recevoir, même avant de venir ici. Alors, c'est vraiment pour toi, pour toi seul, que j'ai fait ce discours. Mais tu as toujours voulu rester. Pour ta ruine. Toi ! Ma plus grande douleur !

Mais voilà que tu penses et que tu dis, ô hérétique, chef de file de beaucoup qui viendront, que je suis au-dessus de la douleur.

Non. Je ne suis au-dessus que du péché, que de l'ignorance : au-dessus du péché puisque je suis Dieu, au-dessus de l'ignorance car il ne peut y avoir d'ignorance dans une âme qui n'est pas blessée par la Faute d'Origine. Mais je te parle comme Homme, comme l'Homme, comme l'Adam Rédempteur venu pour réparer la Faute d'Adam pécheur, et pour montrer ce qu'aurait été l'homme s'il était resté dans l'état où il fut créé : innocent. Parmi les dons de Dieu à cet Adam n'y avait-il pas peut-être une intelligence intacte et une science très grande, puisque l'union avec Dieu versait les lumières du Père tout Puissant dans son fils béni ? Moi, nouvel Adam, je suis au-dessus du péché par ma propre volonté...

Un jour, dans un temps lointain, tu t'es étonné que j'ai été tenté, et tu m'as demandé si je n'avais jamais cédé. Tu t'en souviens ? Et je t'ai répondu... Oui, comme je pouvais te répondre... Car toi, dès ce moment, tu étais ainsi... un homme tellement déchu, qu'il était inutile de te mettre sous les yeux les perles très précieuses des vertus du Christ. Tu n'en aurais pas compris la valeur et... tu les aurais prises pour... des cailloux, tant leur grandeur était exceptionnelle. Dans le désert aussi, je t'ai répondu en te répétant les paroles, le sens des paroles que je t'avais dites en allant vers le Gethsémani. Si cela avait été Jean ou même Simon le Zélote à me répéter cette question, j'aurais répondu d'une autre manière, car Jean est un pur et il ne l'aurait pas faite avec la malice avec laquelle tu la faisais, plein de malice comme tu l'étais... et parce que Simon est un vieux sage et, sans ignorer la vie comme Jean, il est arrivé à une sagesse qui sait contempler tout événement sans en être troublé dans son moi. Mais eux ne m'ont pas demandé si je n'avais jamais cédé aux tentations, à la tentation la plus commune, à cette tentation. Car dans la pureté intacte du premier, il n'y a pas de souvenirs de luxure, et dans l'esprit méditatif du second, il y a une si grande lumière pour voir resplendir la pureté en Moi

Tu as demandé... et je t'ai répondu, comme je pouvais. Avec cette prudence qui ne doit jamais se séparer de la sincérité, l'une et l'autre, saintes aux yeux de Dieu. Cette prudence qui est comme le triple voile tendu entre le Saint et le peuple, tendu pour cacher le secret du Roi. Cette prudence qui règle les paroles selon le sujet qui les entend, selon sa capacité intellective de comprendre, sa pureté spirituelle et sa justice. Car certaines vérités, dites à des gens souillés, deviennent pour eux objet de risée, non de vénération...

Je ne sais si tu te souviens de toutes ces paroles. Moi je m'en souviens, et je te les répète ici, en cette heure où toi et Moi sommes tous les deux sur le bord de l'Abîme. Parce que... Mais il n'est pas besoin de dire cela. Je l'ai dit dans le désert en réponse au "pourquoi" que ma première explication n'avait pas apaisé : "Le Maître ne s'est jamais senti supérieur à l'homme pour être le 'Messie'. Au contraire, sachant qu'il était l'Homme, il a voulu l'être en tout sauf pour le péché. Pour être maître, il faut avoir été élève. Moi, je savais tout comme Dieu. Mon intelligence divine pouvait me faire comprendre même les luttes de l'homme, par puissance intellective et intellectuellement.

Mais un jour quelqu'un de mes pauvres amis aurait pu me dire : 'Tu ne sais pas ce que cela veut dire d'être homme et d'avoir les sens et les passions'. Le reproche aurait été juste. Je suis venu ici pour me préparer non seulement à la mission, mais aussi à la tentation, à la tentation satanique, car l'homme n'aurait pas pu avoir de pouvoir sur Moi. Satan est venu à la fin de mon union solitaire avec Dieu, et j'ai senti que j'étais l'Homme avec une vraie chair sujette aux faiblesses de la chair : la faim, la lassitude, la soif, le froid. J'ai senti la matière avec ses exigences, le moral avec ses passions. Et si par ma volonté, j'ai dompté dès leur naissance toutes les passions qui ne sont pas bonnes, j'ai laissé croître les saintes passions". Te souviens-tu de ces paroles ?

Et j'ai dit encore, la première fois, à toi, à toi seul : "La vie est un don saint et alors elle doit être aimée saintement. La vie est un moyen qui sert à la fin, qui est l'éternité". J'ai dit : "Donnons alors à la vie ce qui lui sert pour durer et pour servir l'esprit dans sa conquête : continence de la chair dans ses appétits, continence de l'esprit dans ses désirs, continence du cœur dans toutes les passions qui appartiennent à l'humain, et élan sans limites vers les passions du Ciel : amour pour Dieu et le prochain, volonté de servir Dieu et le prochain, obéissance à la voix de Dieu, héroïsme dans le bien et dans la vertu".

Et tu m'as dit, alors, que Moi je le pouvais parce que j'étais saint, mais que toi tu ne le pouvais pas, parce que tu étais un homme jeune, plein de vitalité. Comme si la jeunesse et la vigueur étaient une excuse pour le vice, comme s'il n'y avait que les vieux ou les malades, par suite de l'âge ou de la faiblesse, impuissants pour ce que tu pensais, brûlé comme tu l'es par la luxure, qui fussent soustraits aux tentations des sens ! J'aurais pu te répliquer tant de choses, alors. Mais tu n'étais pas en état de les comprendre. Tu ne l'es même pas maintenant, mais au moins maintenant tu ne peux sourire de ton sourire incrédule si Moi je te dis que l'homme sain peut être chaste, s'il n'accueille pas de lui-même les séductions du démon et des sens.

La chasteté est une affection spirituelle, c'est un mouvement qui se répercute sur la chair et l'envahit toute entière, l'élève, la parfume, la préserve. Celui qui est saturé de chasteté n'a pas de place pour les autres mouvements qui ne sont pas bons. La corruption n'entre pas en lui. Il n'y a pas de place pour elle. Et puis, la corruption n'entre pas du dehors.

Ce n'est pas un mouvement de pénétration de l'extérieur dans l'intérieur. Mais c'est un mouvement qui de l'intérieur, du cœur, de la pensée, sort pour pénétrer et envahir l'enveloppe : la chair. C'est pour cela que j'ai dit que c'est du cœur que sort la corruption sous toutes ses formes. Tout adultère, toute luxure, tout péché sensuel, il n'en est pas dont l'origine soit à l'extérieur, mais il vient de l'activité de la pensée qui, corrompue, revêt d'un aspect excitant tout ce qu'elle voit. Tous les hommes ont des yeux pour voir. Et comment arrive-t-il alors qu'une femme qui laisse indifférents dix hommes qui la regardent comme une créature semblable à eux, qui la voient même comme une belle œuvre de la Création, mais sans pour cela sentir se soulever en eux des attraits et des imaginations obscènes, trouble-t-elle le onzième homme et l'amène-t-elle à des désirs indignes ? C'est que ce onzième a corrompu son cœur et sa pensée et où dix voient une sœur, lui voit une femelle.

Pourtant, sans te dire cela alors, je t'ai dit que je suis venu justement pour les hommes, non pour les anges. Je suis venu pour rendre aux hommes leur royauté de fils de Dieu, en leur enseignant à vivre en dieux. Dieu est exempt de luxure, ô Judas. Mais j'ai voulu vous montrer que l'homme aussi peut être exempt de luxure. Mais j'ai voulu vous montrer que l'on peut vivre comme je l'enseigne. Pour vous le montrer, j'ai dû prendre une vraie chair pour pouvoir souffrir les tentations de l'homme et dire à l'homme, après l'avoir instruit : "Faites comme Moi".

Et tu m'as demandé si j'avais péché, étant tenté. T'en souviens-tu ? Je t'ai répondu, puisque tu ne pouvais comprendre que j'eusse été tenté sans être tombé, car il te semblait que la tentation ne convenait pas pour le Verbe et qu'il était impossible que l'Homme ne pèche pas, je t'ai répondu que tous peuvent être tentés, mais que ne sont pécheurs que ceux qui veulent l'être. Ton étonnement fut grand, tu ne croyais pas, au point que tu as insisté : "Tu n'as jamais péché ?"

Alors tu pouvais être incrédule. Nous nous connaissions depuis peu. La Palestine est pleine de rabbis dont la doctrine qu'ils enseignent est l'antithèse de la vie qu'ils mènent. Mais maintenant tu sais que je n'ai pas péché, que je ne pèche pas. Tu le sais que la tentation, même la plus violente, tournée vers l'homme sain, viril, vivant parmi les hommes, entouré par eux et par Satan, ne me trouble pas jusqu'au péché. Mais au contraire, toute tentation, bien que de la repousser en augmentait la virulence, car le démon la rendait toujours plus violente pour me vaincre, était une plus grande victoire. Et ce n'est pas seulement pour la luxure, tourbillon qui a tourné autour de Moi sans pouvoir ébranler ni érafler ma volonté.

Il n'y a pas de péché là où on ne consent pas à la tentation, Judas. C'est déjà un péché là où, même sans consommer l'acte, on accueille la tentation et où on s'y arrête. Ce sera un péché véniel, mais c'est déjà se diriger vers le péché mortel qu'il prépare en vous, car accueillir la tentation et vous y arrêter par la pensée, suivre mentalement les phases d'un péché, c'est vous affaiblir vous-mêmes. Satan le sait, et c'est pour cela qu'il essaie des coups répétés, espérant toujours que l'un d'eux pénètre et travaille à l'intérieur... Après... il serait facile que celui qui est tenté se change en coupable.

Toi, alors, tu n'as pas compris. Tu ne pouvais comprendre. Maintenant, tu le peux. Maintenant, tu mérites moins qu'alors de comprendre, et pourtant je te répète ces paroles que j'ai dites à toi, pour toi, parce que toi, et non pas Moi, es quelqu'un pour qui la tentation repoussée ne s'apaise pas... Elle ne s'apaise pas parce que tu ne la repousses pas totalement. Tu n'accomplis pas l'acte, mais tu en couves la pensée. Aujourd'hui ainsi, et demain... Demain tu tomberas dans le vrai péché. C'est pour cela que je t'ai enseigné, alors, de demander l'aide du Père contre la tentation, je t'ai enseigné à demander au Père de ne pas t'induire en tentation. Moi, le Fils de Dieu, Moi, déjà victorieux de Satan, j'ai demandé de l'aide au Père parce que je suis humble. Toi, non. Tu n'as pas demandé au Père le salut, la préservation. Tu es orgueilleux, et c'est pour cela que tu t'enfonces...

Te souviens-tu de tout cela ? Et peux-tu maintenant comprendre ce que c'est pour Moi, vrai Homme, avec toutes les réactions de l'homme, et vrai Dieu, avec toutes les réactions de Dieu, ce que c'est pour Moi de te voir ainsi : luxurieux, menteur, voleur, traître, homicide ? Sais-tu quel effort je m'impose pour te supporter près de Moi ? Sais-tu quelle peine pour me maîtriser, comme maintenant, pour accomplir jusqu'au bout ma mission sur toi ? Tout autre homme t'aurait saisi à la gorge, en te voyant voleur, occupé à crocheter et à prendre l'argent, en te sachant traître, et plus que traître... Moi, je t'ai parlé. Avec pitié, encore. Regarde. Ce n'est pas l'été et par la fenêtre entre la brise fraîche du soir. Et pourtant je sue comme si j'avais fatigué dans le plus rude travail. Mais ne te rends-tu pas compte de ce que tu me coûtes ? De ce que tu es ? Tu veux que je te chasse ? Non, jamais. Quand quelqu'un se noie, est un assassin celui qui le laisse aller. Tu es entre deux forces qui t'attirent. Satan et Moi. Mais si je te laisse, tu n'auras que lui seul. Et comment te sauveras-tu ? Et pourtant tu me quitteras... Tu m'as déjà quitté par ton esprit... Eh bien : je garde auprès de Moi, malgré cela, la chrysalide de Judas, ton corps dénué de la volonté de m'aimer, ton corps inerte au Bien. Je la garde tant que tu n'exiges pas aussi ce rien qu'est ta dépouille afin de la réunir à ton esprit pour pécher avec tout toi-même.

Judas !... Tu ne me parles pas, ô Judas ! ? Tu n'as pas un mot pour ton Maître ? Tu n'a pas une prière à me faire ? Je n'exige pas que tu me dises : "Pardon !" Je t'ai pardonné trop de fois sans résultat. Je sais que cette parole n'est qu'un son sur tes lèvres. Ce n'est pas un mouvement de l'esprit contrit. Je voudrais un mouvement de ton cœur. Es-tu mort au point de n'avoir plus un désir ? Parle ! As-tu peur de Moi ? Oh ! si tu me craignais ! Cela au moins ! Mais tu ne me crains pas. Si tu me craignais, je te dirais les paroles que je t'ai dites en ce jour lointain où nous parlions de tentations et de péchés : "Moi je te dis que même après le Crime des crimes, si celui qui en est coupable courait aux pieds de Dieu, avec un vrai repentir, et si en pleurant il le suppliait de le lui pardonner en s'offrant pour expier avec confiance, sans désespoir, Dieu le lui pardonnerait, et par l'expiation le coupable sauverait encore son esprit". Judas ! Si tu ne me crains pas, Moi, je t'aime encore. À mon amour infini, n'as-tu rien à demander à cette heure ?"

"Non. Ou du moins une seule chose : que tu imposes à Jean de ne pas parler. Comment veux-tu que je puisse réparer si je suis l'opprobre parmi vous ?"

Il le dit avec hauteur. Et Jésus lui répond :
"Et c'est ainsi que tu le dis ? Jean ne parlera pas. Mais toi au moins, c'est Moi qui te le demande, agis de façon que rien ne transparaisse de ta ruine. Ramasse ces pièces et remets-les dans la bourse de Jeanne... Je m'arrangerai pour fermer le coffre... avec le fer dont tu t'es servi pour l'ouvrir..."

Et pendant que de mauvaise grâce Judas ramasse les pièces qui ont roulé de tous côtés, Jésus s'appuie comme s'il était las au coffre ouvert. La lumière baisse dans la pièce, mais pas assez pour ne pas laisser voir que Jésus pleure sans bruit, en regardant l'apôtre penché pour ratisser les pièces dispersées.

Judas a fini. Il va au coffre, il prend la grosse et lourde bourse de Jeanne et y met les pièces, la ferme, et dit :
"Voilà !"
Il s'écarte.

Jésus allonge la main pour prendre le crochet rudimentaire fabriqué par Judas et, d'une main qui tremble, il fait agir le déclic et ferme le coffre fort. Puis, appuyant le fer contre son genou, il le plie en V, puis avec le pied il finit de le déformer pour le rendre inutilisable et il le ramasse pour le cacher dans son sein. Pendant qu'il le fait, des larmes tombent sur son vêtement de lin.

Judas a finalement un mouvement de regret. Il se couvre le visage de ses mains et il éclate en sanglots en disant :
"Maudit que je suis ! Je suis l'opprobre de la Terre !"
"Tu es le malheureux éternel ! Et penser que si tu voulais, tu pourrais encore être heureux !"
"Jure-moi, jure-moi que personne ne saura rien... et moi, je te jure que je me rachèterai" crie Judas.
"Ne dis pas : "et moi, je me rachèterai". Tu ne peux pas. Moi seul puis te racheter. Celui qui auparavant parlait par tes lèvres ne peut être vaincu que par Moi. Dis-moi la parole de l'humilité : "Seigneur, sauve-moi !" et je te délivrerai de celui qui te domine. Ne comprends-tu pas que je l'attends cette parole, plus que le baiser de ma Mère ?"

Judas pleure, pleure, mais il ne dit pas cette parole.

"Va ! Sors d'ici, monte sur la terrasse. Va où tu veux, mais ne fais pas de scène bruyante. Va ! Va ! Personne ne te découvrira car je veillerai. À partir de demain, tu garderas l'argent. Tout est inutile désormais."
Judas sort sans répliquer. Jésus, resté seul, s'abandonne sur un siège près de la table et la tête appuyée sur ses bras croisés sur la table, il verse des pleurs angoissés.

Quelques minutes après Jean entre doucement et il reste un moment sur le seuil. Il est pâle comme un mort. Puis il court vers Jésus et l'embrasse en suppliant :
"Ne pleure pas, Maître ! Ne pleure pas ! Je t'aime aussi pour ce malheureux..."
Il le relève, l'embrasse, boit les pleurs de son Dieu et pleure à son tour. Jésus l'embrasse, et les deux têtes blondes, l'une près de l'autre, échangent larmes et baisers.

Mais Jésus se domine bientôt et il dit :
"Jean, par amour pour Moi, oublie tout cela. Je le veux."
"Oui, mon Seigneur. J'essaierai de le faire. Mais Toi, ne souffre plus... Ah ! Quelle douleur ! Et il m'a fait pécher, mon Seigneur. J'ai menti. J'ai dû mentir car les femmes disciples sont revenues. Non, d'abord ceux de la femme. Ils te demandaient pour te bénir. Un garçon est né sans inconvénients. J'ai dit que tu étais retourné sur la montagne... Puis les femmes sont venues et j'ai recommencé de mentir en disant que tu étais parti et que peut-être tu étais à la maison où est né le garçon... Je n'ai rien trouvé d'autre à dire. J'étais tellement abasourdi ! Ta Mère a vu que j'avais pleuré et elle m'a demandé : "Qu'as-tu, Jean ?" Elle était agitée... Elle paraissait savoir. J'ai menti pour la troisième fois en disant : "Je me suis ému pour cette femme..." À quoi peut conduire le voisinage d'un pécheur ! Au mensonge... Absous-moi, ô mon Jésus."

"Sois en paix. Efface tout souvenir de cette heure. Rien. Rien n'est arrivé... Un rêve..."

"Mais ta douleur ! Oh ! comme tu es changé, Maître ! Dis-moi ceci, ceci seulement : Judas s'est-il au moins repenti ?"
"Et qui peut comprendre Judas, mon fils ?"
"Aucun de nous. Mais Toi, si."

Jésus ne répond que par de nouvelles larmes silencieuses sur son visage fatigué.

"Ah ! Il ne s'est pas repenti !..."
Jean est terrifié.
"Où est-il maintenant ? L'as-tu vu ?"
"Oui. Il s'est montré à la terrasse, a regardé s'il y avait quelqu'un, et n'ayant vu que moi, qui étais assis angoissé sous le figuier, il est descendu en courant et il est sorti par le portillon du jardin. Et alors, moi, je suis venu..."
"Tu as bien fait. Remettons en place ici les sièges dérangés et prends l'amphore, qu'il n'y ait pas de traces..."
"Il a lutté avec Toi."
"Non, Jean. Non."
"Tu es trop troublé, Maître, pour rester ici. Ta Mère comprendrait... et elle en aurait du chagrin."
"C'est vrai. Sortons... Tu donneras la clef à la voisine. Je te précède sur les rives du torrent, vers le mont..."

Jésus sort et Jean reste pour remettre tout en ordre. Puis il sort à son tour. Il donne la clef à une femme qui a sa maison à côté et il s'enfuit en courant parmi les buissons de la rive pour qu'on ne le voie pas.

À une centaine de mètres de la maison, Jésus est assis sur un rocher. Il se tourne au bruit des pas de l'apôtre. Son visage blanchit dans la lumière du soir. Jean s'est assis par terre tout près de Lui, et il pose sa tête sur ses genoux, en levant son visage pour le regarder. Il voit qu'il y a encore des larmes sur les joues de Jésus.

"Oh ! ne souffre plus ! Ne souffre plus, Maître ! Je ne puis te voir souffrir !"

"Et puis-je ne pas souffrir de cela ? Ma plus grande douleur ! Souviens-toi de cela, Jean : ce sera éternellement ma plus grande douleur ! Tu ne peux encore tout comprendre... Ma plus grande douleur..."

Jésus est accablé, Jean le tient serré, en l'embrassant à la taille, angoissé de ne pouvoir le consoler.

Jésus lève la tête, ouvre ses yeux qu'il gardait clos pour retenir ses larmes, et il dit : "Rappelle-toi que nous sommes trois à savoir : le coupable, toi et Moi. Et que personne d'autre ne doit savoir."
"Personne ne le saura de ma bouche. Mais comment a-t-il pu ? Tant qu'il prenait de l'argent à la bourse commune... Mais à cela !... J'ai cru être fou quand je l'ai vu... Horreur !"
"Je t'ai dit d'oublier..."
"Je m'efforce, Maître. Mais c'est trop horrible..."
"C'est horrible, oui. Oh ! Jean, Jean !" Et Jésus, embrassant le Préféré, penche sa tête sur son épaule et il pleure toute sa douleur. Les ombres, qui descendent rapidement dans ce bosquet, font disparaître dans leurs ténèbres les deux qui se tiennent embrassés.

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---> DGC reproche à Jésus d'être comme au chevet de Judas, lui parlant abondamment et avec une telle force de persuasion, ce qu'il prend péjorativement pour "de l'amour passionnel" : mais n'est-ce pas bien plutôt le propre du médecin d'être au chevet d'un très grand malade, et de tenter une opération de la dernière chance extrêmement difficile, même si elle a seulement une chance sur 10 millions de réussir ?

---> Si Jésus se montrait ici moins persuasif, moins ardent dans son amour, s'Il comptait davantage son temps pour Judas, alors ne pourrait-on pas avec raison L'accuser plus tard de n'avoir pas tout tenté en sa faveur, et ainsi d'être en partie responsable de sa damnation ?

---> Loin donc de se montrer "pationnel et victimal" envers le futur traître, Jésus lui donne la preuve de son Amour sans mesure, qu'aucun mal ne peut vaincre, sinon le refus absolu de l'Amour culminant dans le désespoir :
" Tout autre homme t'aurait saisi à la gorge, en te voyant voleur, occupé à crocheter et à prendre l'argent, en te sachant traître, et plus que traître... Moi, je t'ai parlé. Avec pitié, encore."

Difficile d’éclaircir si l’on parle ici d’obéissance à une inspiration démoniaque ou de possession au sens strict.

1 . Dommage pour l’auteur, nous venons de lire tout l’épisode qu’il incrimine, et nous savons donc qu’il s’agit d’un état de possession démoniaque dont Jésus a triomphé, comme l’indique explicitement ce passage :

« (…) C'est alors que dans la bouche de Judas se ralentissent les dernières paroles et que sort le "Ah" qui interrompt son discours.
Jésus reste comme il est, les bras ouverts, et regarde toujours l'apôtre de ce regard douloureux et priant. Judas, comme quelqu'un qui sort du délire, se passe la main sur le front, sur son visage en sueur... réfléchit et, se souvenant de tout, s'écroule par terre et je ne sais s'il pleure ou non. Certainement il s'affale par terre comme si les forces lui manquaient.
Jésus abaisse son regard et ses bras et, à voix basse mais distincte, lui dit :

"Eh bien ? Est-ce que je te hais ? Je pourrais te frapper du pied, t'écraser en te traitant de "ver", je pourrais te maudire, comme je t'ai délivré de la force qui te fait délirer. (…) »

2 . D'autre part : il suffit d'écouter attentivement, comme le fit Maria Valtorta, les propos que débite Judas dans sa rage haineuse, pour comprendre qu'à l'évidence, il s'agit de paroles sortant de la bouche même de Satan, dont Judas n'est ici que l'instrument qu'il possède.

3 . Mais Jésus, dans son très long sermon durant lequel Il s’efforce de persuader Judas de demander le pardon et le salut, rappelle bien que c’est l’obéissance aux inspirations démoniaques qui conduit à cette extrême gravité de possession dont souffre son apôtre. L’une et l’autre ne s’opposent pas, comme DGC le prétend.

Et plus Judas va persister dans cette funeste obéissance à l’ennemi des âmes, plus il va librement s’exclure du dernier rempart de protection que lui procure encore Jésus, l’Exorciste par excellence, et donner à Satan la possibilité de le posséder encore plus pleinement, au point d’en faire sa très fidèle image, son incarnation, tout comme Jésus est Celle du Verbe, parfaite Image du Père Éternel.

D’ailleurs, les diverses affirmations du « Christ » semblent préserver la liberté de Judas (il obéit volontairement à Satan) et exclure la possession : « Satan à qui tu t’es donné de multiples façons, Satan que tu as suivi dans toutes les tentations qu’il te présentait, t’a rendu imbécile. » (VIII, 28, 262)

« Tu es entre deux forces qui t’attirent. Satan et moi. » (VIII, 28, 268)


Une petite « leçon pour les nuls » s’impose ici, car on sent bien que DGC est un peu perdu, lorsqu’il s’agit de comprendre quelque chose au sujet de la possession : Il n’y en a certainement pas qu’une seule sorte, et en voici plusieurs cas différents ( liste non exhaustive ) :

1 . Si l’on peut parler d’un « meilleur cas », il s’agirait de celui d’une personne innocente, perdant le libre contrôle d’elle-même par l’action du démon. Cette pauvre victime appartient peut-être à une famille où un péché grave a été commis comme la magie, la cartomancie, un crime, etc… C’est l’exemple réel d’une petite fille, décrit dans le film « l’exorciste », que les âmes sensibles feraient bien de s’abstenir de visionner. L’exorcisme délivre entièrement le sujet, qui par la suite ne se souvient de rien, et continue paisiblement sa vie.

2 . Il y a aussi le cas rare des possessions expiatoires, comme celle d’Émilie Rose : la victime vit normalement, et même pieusement, et par intervals, le démon la terrasse en la faisant délirer violemment. Dans le cas d’Émily, cette situation s’aggrave, devient progressivement permanente, et la conduit finalement à la mort.

3 . Un autre cas plus courant implique la culpabilité du possédé : Satan s’est servi de son inclination au péché pour avoir prise sur lui, et aliéner sa raison. Il n’est alors plus lui-même, c’est une bête fauve qu’il faut maîtriser, bavant, hurlant, frappant, mordant etc… Satan peut se servir de cette loque humaine pour parler par sa bouche, comme nous le lisons dans les Évangiles. Mais il serait vain de vouloir le raisonner avant de le délivrer par l’exorcisme.

4 . Mais le cas qui nous intéresse ici est celui des possessions intelligentes, où le possédé n’est pas semblable à un aliéné sans raison, mais en possession apparente de toutes ses facultés intellectuelles, et coopérant dès qu’il le peut à entretenir et approfondir ce lien de possession satanique dans lequel il est pris volontairement. On peut lui parler pour tenter de le raisonner, mais ce cas est gravissime et quasi désespéré, conduisant le plus souvent en enfer.

---> C’est le cas des pharisiens, que Jésus appelle « fils du diable » (Jean 8,44), c’est évidemment aussi le cas de Judas.

---> Voilà donc le pire cas de possession, qui implique le maximum de culpabilité de la part du sujet, qui n’est pas alors à considérer comme une victime, mais comme l’acteur de son mal qu’il recherche frénétiquement en l'approfondissant, collaborant étroitement avec l’ennemi qui devient quasiment sa seule inspiration.

---> C’est en ce genre de possédés que l’ennemi est le plus libre d’agir à sa guise, avec toute la force de son intelligence mauvaise, sans craindre un exorcisme. Car ce dernier est inefficace si le possédé est pleinement consentant à son mal, et ne souhaite pas en être délivré.

---> Une possession fonctionne souvent par crise : ici, Judas est provisoirement soulagé par la Force du Christ qui continue à l’attirer, et il cesse un instant de n’être plus que la caisse de résonnance de celui qui le domine pour le mal. Mais il refuse cependant de demander pardon ou de l’aide, ne comptant hélas que sur lui-même.

---> La seule et unique chose qui le préoccupe est que les autres disciples ne soient pas au courant de son forfait, car il a honte de lui, et il craint le remord, auquel il ne pourra plus échapper lorsque son crime de déicide sera connu de tous.

---> Il est donc bien entre deux forces qui l’attirent, mais il a déjà tellement cédé à la mauvaise, que la Bonne perd le dernier pouvoir qu’elle a encore sur lui. Bientôt, Jésus cessera tout à fait d’exhorter Judas, et le laissera aller à son destin funeste comme un automate commandé de l’intérieur.

Mais plus tard, « Jésus » est plus radical et très explicite. Il ne s’agit plus de tentation invaincue, mais d’une possession succédant aux multiples défaites de l’Apôtre : « Il s’est approché de toi, en te tentant, en t’essayant, et tu l’as accueilli. Il n’y a pas de possession s’il n’y a pas au début une adhésion à quelque tentation satanique. » (VIII, 36, 321)

C’est ce dont nous venons de parler : la possession suit généralement la non résistance aux tentations graves.

« Jésus » l’avait déjà exprimé clairement plus tôt, avec un néologisme intéressant du reste, lors de l’une des agonies qui ponctuent, d’après Maria Valtorta, les trois années de son ministère public : « Et maintenant, non content d’avoir en lui les ferments répugnants et les blasphèmes du mensonge, la contre-charité, la soif de sang, le désir cupide de l’argent, l’orgueil et la luxure, il s’insatanise, homme qui pouvait devenir ange, pour être l’homme qui devient démon. (…) Mais Père, Oh ! mon Père ! Je l’aime… je l’aime encore. » (IV, 5, 34)

---> C’est ce dont nous venons de parler : Judas, au lieu de se bonifier durant trois ans sous la bonne influence du Christ, se dégrade toujours davantage en cédant aux tentations du démon.

---> « S’insataniser » a le mérite d’être clair et sans ambiguïté : « entrer en Satan, délibérément », « vouloir n'être qu'un avec lui ». C’est le quatrième cas de possession dont j’ai parlé ci-dessus.

Finalement, même l’idée d’une possession est écartée pour laisser place au concept d’incarnation du diable, mise en parallèle avec celle du Verbe.

Lazare - « C’est Judas de Keriot ! Jésus - « Non. C’est Satan. Dieu a pris chair en moi : Jésus. Satan a pris chair en lui : Judas de Keriot (…). J’ai dit que la possession c’est la contagion de Satan qui inocule ses sucs dans l’être et le dénature. J’ai dit que c’est le mariage d’un esprit avec Satan et avec l’animalité. Mais la possession est encore peu de chose par rapport à l’incarnation. (…) C’est seulement en Jésus Christ qu’est Dieu tel qu’il est au Ciel, car je suis le Dieu fait chair. Il n’y a qu’une incarnation divine. De même aussi dans un seul sera Satan, Lucifer, comme il est dans son royaume, car c’est seulement dans l’assassin du Fils de Dieu que Satan s’est incarné. Lui, pendant que je te parle, est devant le Sanhédrin. Il s’occupe de mon meurtre et s’y emploie, mais ce n’est pas lui, c’est Satan. » (IX, 6, 25)

« Si Satan ne s’était pas incarné, l’éternel singe de Dieu, en une chair mortelle, ce possédé n’aurait pas pu se soustraire à mon pouvoir de Jésus. J’ai dit : « possédé ». Non. Il est beaucoup plus : il est anéanti en Satan. » (IX, 20, 184)


Ce qui bloque la compréhension de l’auteur, c’est qu’il croit à un parallèle strict dans l’Oeuvre entre l’Incarnation du Verbe en Jésus, et celle du Diable en Judas, or à l’évidence il n’en est rien :

---> le terme « incarnation » leur est commun, car il signifie « union pleine et entière allant jusqu'à l'identification entre le sujet incarné et l'être spirituel, durant la vie terrestre, et après la mort durant toute l’Éternité », ce qui est vrai pour le Christ et le Père, comme pour Judas et Satan.

---> Mais nous verrons dans la deuxième partie les très grandes différences entre ces deux incarnations, dont l’une n’est que la singerie, la caricature de l’autre. Et nous avons vu que l’incarnation de Satan en Judas ne fut que l’aboutissement ultime d’une possession de type 4 ( cf ci-dessus ) que le sujet ne cessa pas de vouloir approfondir.

---> Encore une fois, DGC tente ici d’opposer deux thèses : celle de la possession et celle de l’incarnation, mais c’est un échec cuisant pour lui, car le premier état conduit au second que cela lui plaise ou non, et ceux qui ont lu comprennent parfaitement ce qu’il en est.

Reproduisons enfin, pour clore ce paragraphe, la réponse de « Jésus » à une question des Apôtres au sujet de Judas, qui laisse songeur. « Mais pourquoi ne l’as-tu pas vaincu ? Tu ne le pouvais pas ? » « Je le pouvais. Mais pour empêcher Satan de s’incarner pour me tuer, j’aurais dû exterminer la race humaine avant la Rédemption. Qu’aurais-je racheté alors ? » (IX, 6, 184)

1 . Ce propos est bien illustré dans le passage précédent : Judas avait été privé par Jésus de la garde de l’argent qui lui brûlait le cœur, le résultat fut qu’il se mit à voler de l'argent dans une maison amie. En désespoir de cause, Jésus lui confia de nouveau l’argent, car il n’y avait plus rien à faire pour le corriger de son vice. En s’abstenant de faire un bien ( essayer de corriger Judas en continuant à le priver d'argent ), le Christ évitait ainsi un mal encore plus grand ( que Judas aille dévaliser les coffres chez les gens ).

---> De même, en s’abstenant de vaincre Judas – et pour se faire, il aurait fallu carrément l’exterminer -, Jésus évitait un mal plus grand encore, qui aurait été de voir Satan se chercher à nouveau une autre cible en laquelle s’incarner, que Jésus aurait dû à nouveau exterminer, à défaut de pouvoir l’exorciser.

2 . Mais pourquoi fallait-il spécialement que Satan s’incarne ? Ne pouvait-il pas nuire à Jésus d’une autre manière plus « conventionnelle » ?

---> Et non, puisqu’il avait déjà tout essayé, mais en vain : la tentation ? Elle n’avait eu aucune prise sur le Christ, Fils de Dieu. La possession ? Jésus chassait les démons, même dans les cas les plus désespérés, comme celui de Marie Magdeleine, ou celui du possédé gérasénien. Les persécutions diverses et variées ? Jésus en sortait toujours vainqueur, par sa douceur et son humilité.

---> Il ne restait plus rien d’autre à l’ennemi pour « monter en puissance » et être à la hauteur, que de prendre les mêmes armes que celles que Dieu avait prises pour sauver l’humanité : Dieu s’était incarné pour la sauver ? Satan devait donc à son tour s’incarner pour la perdre, en combattant le Sauveur à armes égales.

C’est d’une logique implacable, et cela n’a pas de quoi « nous laisser songeur » comme DGC.

Le scandale du mal, de la trahison de l’innocent, de son meurtre, est résolu par un dualisme manichéen, qui baigne toute la pensée de Maria Valtorta.

---> Or le manichéisme est tout entier du côté de l’accusateur, ne supportant même pas l’idée que le cas de Judas puisse avoir été bien plus complexe que ce qu’il avait lui-même imaginé en lisant l’Évangile, qui ne nous dit quasiment rien à ce sujet.

Pour DGC en effet, c'est de manière manichéenne :
- soit la thèse de la possession,
- soit celle de l’incarnation qui "doit l'emporter".
L’une ne peut en aucun cas conduire à l’autre selon lui, il faudrait forcément choisir entre les deux : or nous venons de voir la fausseté de ce présupposé.

Pour l’illustrer de manière narrative, elle emprunte la voie de la reconstitution psychologique des sentiments des personnages (Jésus et Judas), aboutissant à un résultat maladroit, avec des implications impossibles.

C’est une chose de le dire, encore eût-il fallu le démontrer, ce à quoi DGC échoue très visiblement. Ce que décrit Maria Valtorta n'est en effet ni maladroit, ni impossible : c'est Judas au naturel, tel que nous en avons connaissance dans les Évangiles, ni plus ni moins.

On pourra d’ailleurs s’étonner que manquent dans l’Œuvre de Valtorta, qui cite souvent (en les augmentant) les passages de l’évangile, deux citations de l’évangéliste qui lui auraient été utiles : la première qui indique qu’au moment du dernier repas « le diable [avait] déjà mis dans le cœur de Judas, fils de Simon l’Iscariote, l’intention de le livrer » (Jn 13, 2) et la seconde qui rapporte que « quand Judas eut pris la bouchée, Satan entra en lui » (Jn 13, 27). Dans l’Évangile tel qu’il m’a été révélé, là où l’épisode est rapporté, avec la même bouchée, aucune mention n’est faite de Satan. Peut-être l’intervention de Satan arrive-t-elle trop tard dans les évangiles authentiques, privant l’auteur de la possibilité de raconter de multiples épisodes préparatoires ? Face à ce Judas dont on ne sait plus trop bien qui il est, « Jésus » est tourmenté, pris de violentes passions d’amour et de rejet, secoué souvent de larmes.

1 . La perte de Judas fut la plus grande douleur du Christ, aux dires même des plus grands saints catholiques : on ne va pas ensuite s’étonner qu’elle ait pu provoquer une telle abondance de combats spirituels, de tourments et de larmes pour Lui. Restons un minimum cohérents.

2 . « le diable [avait] déjà mis dans le cœur de Judas, fils de Simon l’Iscariote, l’intention de le livrer » (Jn 13, 2)

---> Ceci est un commentaire succinct qu’apporte saint Jean à son propre Évangile, et qui résume en une phrase tout ce que l’EMV apporte comme précisions détaillées et abondantes. Vu que ce sujet est traité avec autant de soin dans l’œuvre durant les trois années de la Vie publique, le lecteur arrive au récit de la sainte Cène avec une idée suffisamment exacte aux sujets des intentions démoniaques de Judas, sans qu’il y ait besoin de les lui repréciser.

---> Ce n’est pas le cas pour les lecteurs des quatre Évangiles, qui n’ont quasiment pas entendu parler de Judas, et qui ont besoin de cette précision.

3 . « quand Judas eut pris la bouchée, Satan entra en lui » (Jn 13, 27). DGC nous laisse entendre que selon son « exégèse », cela signifierait donc que Satan n’était pas encore entré en Judas auparavant, ce qui nous conduirait à penser que ce fut jusqu’au jour de la Passion sans doute un fort honnête homme, qui ne volait autrui que "de manière fort civile" et sans aucune méchanceté ni perversion : c’était quelqu’un de bien, avec pour sûr quelques menus défauts, mais somme toute très excusables ! Que celui qui n’a jamais péché lui jette donc la première pierre !

---> Mais l’Évangile, malgré son caractère si succinct, nous laisse entendre tout le contraire de cette fausse exégèse :
- si Judas était voleur malgré la présence infiniment sanctifiante de Jésus, et malgré ses enseignements plus doux que le miel, et d’une puissance capable de convertir même les pierres, c’est que Satan lui-même était avec lui pour le faire résister de toutes ses forces au Bien, pour l’inciter à se séparer de Dieu.

- si Judas se permettait de critiquer ouvertement ce que Jésus acceptait comme une preuve d’amour et de repentir de la part d’une ancienne pécheresse ( Jean 12,3 ), c’était que son cœur était insensible à l’Amour et au repentir, et ouvert à l’appât du gain, c’est-à-dire à tous les vices sans en excepter aucun : ce fait horrible est décrit d’une manière certes voilée dans l’Évangile, par soucis de concision, mais nous laisse deviner que Judas était en fait totalement étranger à l’Amour.

- S’il en était différemment, alors saint Jean aurait dit une parole pour contrebalancer la très mauvaise opinion qu’il suscite en nous au sujet de Judas : or il ne le fait nul part.

- « Joseph était un homme juste » ( Matt 1,19 ) : tout est dit à ce sujet en une phrase. Un seul adjectif est un monde, dans le discours évangélique.

- « Judas disait cela, non par souci des pauvres, mais parce que c'était un voleur et que, tenant la bourse, il dérobait ce qu'on y mettait » ( Jean 12,6 ) : c’était donc également un menteur. Tout est dit ici également en une phrase, et encore d’avantage en celle-ci : « Jésus leur dit : « N’est-ce pas moi qui vous ai choisis, vous, les Douze ? Et l’un de vous est un diable ! » ( Jean 6,70 )

---> Comment donc Satan n’était-il pas déjà entré en celui que Jésus décrit comme « un diable » ?

---> Nous avons vu comment la possession - et aussi l’incarnation qui en est la forme ultime – agit souvent par crise : « Après la bouchée, Satan entra en Judas » signifie donc que Satan, qui laissait apparemment son jouet faire tranquillement ses singeries habituelles avec encore un semblant d’autonomie lors de la Cène, s’empara alors violemment de lui lors de cette fameuse bouchée, pour lui faire accomplir sa volonté diabolique : livrer son Maître. Et aussitôt, tel un automate, comme pris d’une envie soudaine, Judas demande la permission de sortir, et nous savons tous pourquoi.

---> À partir de cette bouchée, et jusqu’à son suicide, même le corps de Judas devint la propriété exclusive du diable en personne, après que son âme l’ait été depuis déjà longtemps, comme Jésus le lui avait dit à la fin de son exhortation ( cf ci-dessus ) :
« Et pourtant tu me quitteras... Tu m'as déjà quitté par ton esprit... Eh bien : je garde auprès de Moi, malgré cela, la chrysalide de Judas, ton corps dénué de la volonté de m'aimer, ton corps inerte au Bien. Je la garde tant que tu n'exiges pas aussi ce rien qu'est ta dépouille afin de la réunir à ton esprit pour pécher avec tout toi-même. »

Au lecteur qui peut s’étonner de tant d’inconsistances, « Jésus » objecte un passage difficilement intelligible, tissé de confusions, émotionnelles pour le personnage, syntaxiques pour le texte, théologiques pour le sens. Jésus dit :

( Partie en rouge coupée à dessein par DGC )
"Petit Jean, que de fois j'ai pleuré, le visage contre terre, pour les hommes. Et, vous, vous voudriez souffrir moins que Moi ?

Même pour vous, les bons sont dans la proportion qu'il y avait entre les bons et Judas. Et plus un homme est bon, plus il a à souffrir. Mais, pour vous aussi - et cela je le dis spécialement pour ceux qui sont préposés au soin des cœurs - il est nécessaire de s'instruire en étudiant Judas. Tous vous êtes des "Pierre", vous les prêtres, et vous devez lier et délier. Mais combien, combien, combien d'esprit d'observation, quelle fusion avec Dieu, quelle étude éveillée, quelles comparaisons avec la méthode de votre Maître vous devez faire pour être comme Lui, comme vous devez l’être. //


( Dans ce qui suit, les corrections en rouge ne concernent que les défauts de la traduction du texte italien en français )

A certains cela semblera inutile, humain, impossible ce que je mets en lumière. Ce sont ceux qui ont l’habitude de nier les phases humaines de la vie de Jésus, et font de moi une chose tellement en dehors de la vie humaine ( qui n’est ) QU’ELLE N’EST uniquement qu’une chose divine. Où donc alors la Très Sainte Humanité, où le Sacrifice de la Seconde Personne en revêtant une chair ? Oh ! Combien vraiment j’étais l’homme parmi les hommes. J’étais l’homme ( et pour cela ) ET POUR CETTE RAISON, je souffrais de voir le traître et les ingrats. Pour cela je jouissais de l’amour de qui m’aimait ou se convertissait à moi. C’est pour cela que je frémissais et pleurais devant le cadavre spirituel de Judas. J’ai frémi et pleuré devant un ami mort, mais je savais que je l’aurais rappelé à la vie et je jouissais de le voir déjà par son esprit dans les Limbes… Ici… ici j’avais en face de moi le Démon. Et je ne dis rien de plus. » (II, 48, 263)

---> Ceci est pourtant une très juste réponse du Christ en Personne à l’auteur, qui ne cesse de dénoncer les phases humaines de la Vie de Jésus, Lui qui d’une manière très humble, très réellement humaine, pleure et se lamente sur Judas qui se perd, l’exhorte longuement en lui avouant son Amour, le suppliant de se convertir…

---> Non, pour DGC, le Christ n’aurait pas dû souffrir aussi humblement, comme un Homme véritable, avec toutes les bonnes passions de son âme certes parfaite, mais cependant ... Humaine ! Et justement, on se demande bien où se situe l’Humanité dans ce que perçoit DGC de la Vie de Jésus, dont il semble bien ne faire qu’une chose divine, sans passion.

---> Mais voilà : la « théologie de la désincarnation » : ce n’est pas précisément ce que l’on trouve dans l’œuvre inspirée à Maria Valtorta, et on comprend que cela puisse choquer quelqu’un comme DGC, sans doute amateur de pureté éthérée et désincarnée, sans aucune manifestation d’affects humains.

Avant de poursuivre précisément sur l’humanité et la divinité chez le personnage « Jésus » et les expressions de la foi en son incarnation,

Cela prête à rire ! Après ce qui précède, qu'est-ce que DGC a bien encore à nous dire sur l’humanité et la divinité du Christ ?

concluons :

la déclaration de l’incarnation de Satan en Judas, mise en parallèle strict avec l’incarnation du Fils de Dieu, est irrecevable.


---> Or comme nous allons le voir à présent, cette « mise en parallèle strict » est une invention de DGC, qui continue à calomnier l’œuvre sur la seule idée qu’il s’en fabrique.

D’autres, comme les évangiles, ou un génie comme Caravage, ont cherché à scruter cette trahison, mais toujours avec la sobriété que commandait le mystère.

---> DGC continue de nier une chose pourtant évidente : les Évangiles sont tellement compendieux, qu’ils ne disent absolument rien de l’évolution de Judas au court des trois années de la Vie publique. À ce stade, on ne peut plus appeler cela « de la sobriété » !

---> Si le Caravage s’inspire de l’extrême concision des Évangiles pour traduire le mystère en n’en levant qu’à peine le voile, tel n’est pas le cas des écrits abondants qu’ont fait à ce sujet saint Jean Chrysostome et d’autres pères de l’Église, mais aussi plusieurs messagères de révélations privées, telles que la vénérable Maria d’Agreda et la bienheureuse Anne-Catherine Emmerich.

Mais faut-il le rappeler ici : dom Guillaume Chevallier n’aime pas du tout les révélations privées, pour des motifs … très personnels.
Dans le prochain volet concernant également Judas, nous allons examiner ce que DGC analyse comme étant une soi-disant erreur théologique dans l’EMV, et voir ce qu’il en est réellement.
Adrien
Le lien vers le texte de don G. Chevalier ''MV-III-ASPECTS-PSYCHOLOGIQUES-DES-PERSONNAGES'' montre que sa critique de M.V. est empreinte d'une radicale subjectivité ; il est étonnant que don G. Chevalier soit scandalisé par cette vision de l'Évangile :
« C'est vous qui baptiserez. D'abord un à la fois, puis vous serez à deux, à trois, à plusieurs. Et moi je prêcherai et je guérirai les malades …Plus
Le lien vers le texte de don G. Chevalier ''MV-III-ASPECTS-PSYCHOLOGIQUES-DES-PERSONNAGES'' montre que sa critique de M.V. est empreinte d'une radicale subjectivité ; il est étonnant que don G. Chevalier soit scandalisé par cette vision de l'Évangile :

« C'est vous qui baptiserez. D'abord un à la fois, puis vous serez à deux, à trois, à plusieurs. Et moi je prêcherai et je guérirai les malades et les coupables ».

« Nous, baptiser ? Oh ! moi, je n'en suis pas digne ! Enlève-moi, Seigneur, cette mission ! C'est moi qui ai besoin d'être baptisé ! »

Pierre est à genoux et supplie. Mais Jésus se penche et dit : « C'est justement toi qui baptiseras, le premier. Dès demain. »

« Non, Seigneur ! Comment ferai-je si je suis plus noir que cette cheminée ? »

Jésus sourit de l'humble sincérité de l'apôtre qui est à genoux contre ses genoux, sur lesquels il tient jointes ses deux grosses mains de pêcheur.

Ensuite, il le baise au front à la limite des cheveux grisonnants qui se hérissent plutôt qu'ils ne frisent : « Voilà. Je te baptise d'un baiser. Es-tu content ? »


Don G. Chevalier ne répugne pas à employer des mots comme ''impudique'' même s'ils ne correspondent pas au texte qu'il critique.

Don Chevalier y écrit : ''Le spirituel, tel que l’entend Maria Valtorta, ne passe-t-il que par des gestes de tendresse et d’intimité humains ? Dans ce cas, pourquoi cette coutume, au lieu d’être établie comme règle dans l’Église, en est-elle fermement rejetée ? N’y a-t-il pas un danger, à diffuser cet ouvrage (M.V.) en en défendant un impossible caractère sacré, que des fidèles trouvent normale l’attitude intrusive ou impudique d’un directeur spirituel ?''

Comme si Jésus n'était pas divin et que son attitude ne devrait pas être telle.

Aussi, même si le texte ne précise pas si Jésus emploie le verbe baptiser au sens figuré (perso, je pense que c'est le cas), le baptême ne vient-il pas de Dieu ? Et Dieu ne fait-Il pas miséricorde à qui Il veut et au moment choisi par Lui ?

Les directeurs spirituels ne sont pas des dieux et il est normal que Jésus n'ait pas le même comportement qu'un prêtre français du vingt-et-unième siècle.

De plus, nous savons que les âmes sont créées pour Dieu, et la présence de Jésus sur terre devait avoir quelque chose de paradisiaque pour ceux qui avaient connaissance Sa divinité.
apvs
Merci Adrien pour ce commentaire lumineux : bien sûr, Jésus "baptise" ici Pierre au sens figuré par un baiser, c'est évident. Et pourtant, comme tu le fais remarquer : Dieu vient sur la terre pour enlever les péchés du monde, tout spécialement par le baptême qui lave la tâche originelle, même si demeurent les conséquences.
Mais Jésus n'attend pas de baptiser pour enlever le péché ! Sa seule …Plus
Merci Adrien pour ce commentaire lumineux : bien sûr, Jésus "baptise" ici Pierre au sens figuré par un baiser, c'est évident. Et pourtant, comme tu le fais remarquer : Dieu vient sur la terre pour enlever les péchés du monde, tout spécialement par le baptême qui lave la tâche originelle, même si demeurent les conséquences.
Mais Jésus n'attend pas de baptiser pour enlever le péché ! Sa seule Présence le chasse, son seul Amour divin. Tout en Lui contribue à enlever le péché : son baiser peut donc très bien être une figure du Baptême, car il manifeste on ne peut mieux sa proximité amoureuse, sa Toute Puissance bienfaisante pour l'âme.
Isaïe se sentait impur, impropre à sa mission, mais l'ange toucha ses lèvres avec un charbon ardent : et il fut purifié, réconforté, affermis.

Combien plus Pierre ne fut-il pas purifié, réconforté, affermis par le Baiser reçu des lèvres de Dieu Lui-même !

Et ceux qu'il veut voir redevenir comme de petits enfants en ce qui concerne la pureté, ne les traite-t-Il pas vraiment ici comme ses petits enfants ? Quoi d'étonnant à ce que saint Jean ait fait sienne cette appellation, nous appelant "petits enfants" dans ses épîtres ? ( 1 Jean 3,7 )
France Vappereau
Cher apvs, après lecture et relecture de votre remarquable réfutation il y a quelques jours j'ai maladroitement effacé stupidement mon premier commentaire et n'ai pas eu le temps de le réecrire ne retrouvant pas ma pensée première.. mais ne cessant de penser à vos propos et à l'analyse de DGC voici ce que tout cela me suggère au fil des jours:
oui, Satan s'est peu à peu incarné en Judas, hélas …Plus
Cher apvs, après lecture et relecture de votre remarquable réfutation il y a quelques jours j'ai maladroitement effacé stupidement mon premier commentaire et n'ai pas eu le temps de le réecrire ne retrouvant pas ma pensée première.. mais ne cessant de penser à vos propos et à l'analyse de DGC voici ce que tout cela me suggère au fil des jours:

oui, Satan s'est peu à peu incarné en Judas, hélas, mais pourquoi ? Comment cela a t'il été possible alors que sa proximité avec notre Seigneur aurait pu l'aider et le conduire à changer, à se purifier, à se sanctifier en expiant ses fautes et ses nombreux péchés et en faisant réparations aux autres et à Dieu, et surtout à l'Homme Dieu mais Judas est profondément corrompu dans son coeur et dans son âme, son comportement avec sa mère blesse profondément Jésus lorsque Judas la lui présente...Notre Seigneur nous montre à ce moment là que chez Judas il n'y a pas seulement le désir du pouvoir religieux, politique, les désir impurs, la convoitise et la cupidité, un immense orgueil comme vous l'écrivez si bien, une multitude de péchés, vol, luxure, .tromperie et trahison, mais il se trouve en lui une particularité profonde et semble t'il indéracinable, à savoir la dureté de coeur. Judas est incapable d'aimer....sa propre mère, les disciples, les pauvres, il veut être aimé mais il ne sait pas aimer. il est complètement et définitivement "coupé" de ses émotions, de son coeur. De lui-même en sorte. Comment pourrait il aimer Jésus et se laisser changer, façonner par cet Homme Dieu venu sur terre pour le sauver?
Comment peut il comprendre la Miséricorde de Dieu qui repose non sur SA Toute Puissance mais sur un acte de réparation de l'Homme Dieu?
Comme Satan, Judas la rejette car il ne peut concevoir que Dieu malgré Sa Toute Puissance ne peut racheter les hommes qu'en s'offrant Lui-même comme Victime Propitiatoire. Son Sacrifice est nécessaire et incontournable et c'est l'Amour seul qui peut sauver l'homme qui se repentir sincèrement.
Judas a pour père le diable, il ne comprend pas le langage de l'Amour qu'il interprète comme faiblesse et comme Satan il devient peu à peu son Fils, "il ne veut pas servir", comme Lucifer, comme le tiers des anges, il n'est pas sensible à l'Amour.
Rejeter l'EMV comme DGC le fait, alors qu'il l'a lu témoigne de cette dureté de coeur qui mène à l'appartenance à Satan.
Judas ira jusqu'au suicide alors que Notre Seigneur aura TOUT fait pour l'attirer jusqu'à LUI.
Puisse DGC recevoir la compréhension de Cet Amour Infini qui parcourt toute l'EMV.
apvs
Chère amie, que devait être donc votre message initial, si votre présente analyse est d'une telle clairvoyance et d'une telle qualité ?
Merci pour ces précieux éléments de discernement, qui laisse entrevoir la finesse de votre lecture de l'oeuvre, et votre pouvoir d'en assimiler l'enseignement.
Je vais penser à vous engager pour la suite de ma réfutation !
Bien à vous en Jésus et Marie +
France Vappereau
Cher ami, 😉🤣la morale de cette histoire me concernant c'est qu'il ne faut pas se précipiter à parler, à écrire ou à intervenir....trop vite, et comme je le fais trop souvent.
Le Seigneur m'a donné une belle leçon 🤔😏 j'étais sans mots...🙃
Vous relire a été vraiment bénéfique à l' appréciation de votre analyse qui est très riche et très dense chaque fois (je suis incapable de me …Plus
Cher ami, 😉🤣la morale de cette histoire me concernant c'est qu'il ne faut pas se précipiter à parler, à écrire ou à intervenir....trop vite, et comme je le fais trop souvent.
Le Seigneur m'a donné une belle leçon 🤔😏 j'étais sans mots...🙃
Vous relire a été vraiment bénéfique à l' appréciation de votre analyse qui est très riche et très dense chaque fois (je suis incapable de me remémorer ce que j'ai écrit en première réaction...et cet effacement soudain m'a bien énervée 😁) mais cela m'a forcé à réfléchir davantage aux attaques de DGC, à vos réponses toujours pertinentes ainsi qu'à toutes les citations reprises par vous dans l'EMV , et à m'interroger sur le comportement de Judas en le comparant aux autres apôtres. Judas a sans doute des blessures profondes mais il ne les dépasse pas, il ne les offre pas au Seigneur, contrairement à Marie Madeleine, à Pierre et à chacun des autres apôtres. La Thora, la Parole Vivante n'a pas atteint ni rempli son coeur. Il ne fait pas confiance. Il ne s'abandonne pas, il reste dans l'apparence.....les mauvais jugements qu'il a sur autrui lui reviennent en boomerang et il ne peut accueillir l'Amour, je pense à un passage où seule Marie aurait pu l'atteindre et le toucher mais ce ne fut pas assez pour percer la dureté de ce coeur endurci...et Marie n'est jamais vraiment à l'aise avec lui, elle sait, sent, pressent qu'il est d'une autre filiation.....et elle est vigilante...C'est bien un pharisien comme vous l'écrivez si justement. Grâce à vous et à votre courage de ne laisser quiconque attaquer MV, je saisis mieux ce comportement rebelle qui refuse l'Amour, et cela m'éclaire aussi sur moi même.
DGC souffre aussi sans aucun doute et il rejette cet Immense Amour et part en guerre..

La dureté de coeur, l'insensibilité concernent beaucoup d'entre nous. Je m'examine à la lumière (plutôt sombre) de l'attitude de Judas et j'aperçois en moi beaucoup de ce pharisaîsme, c'est d'ailleurs ce qui me rend reconnaissante au Seigneur, de m'avoir permis de découvrir un jour cette Oeuvre inspirée et au fil des pages de comprendre et d'accepter d'avoir à progresser dans ce chemin de l'Amour.. J'ai une grande confiance dans cette Oeuvre inspirée qui m'aide et me conduit en ces temps si difficiles et pourtant si attaquée et dénigrée de tous côtés...Merci à vous et aussi à Adrien pour son commentaire , c'est si bon de vous lire . Que Dieu vous bénisse abondamment 💙🙏🏻🌟
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Là vraiment, dom Guillaume Chevallier nous offre du caviar, dans ce passage de ses articles que je n'avais pas encore commenté : sa pensée y atteint un niveau ... stratosphérique !