Que penser des conversions de Medjugorje ?
Rappelons avant tout que de très nombreux orthodoxes, musulmans ou athées qui sont venus à Mejugorje en sont repartis… orthodoxes, musulmans ou athées. De même, lorsque l’on parle de «conversions» à Medjugorje, il est essentiel de s’interroger sur la nature de ces «conversions» : s’agit-il de véritables conversions au Catholicisme ou de conversions au «catholicisme» de la Gospa, trop évidemment pollué par nombre d’erreurs graves qui défigurent de nos jours la Vraie Religion (oecuménisme hérétique, rôle très accessoire de Marie etc…)
Comme l’a très pertinemment rappelé monseigneur Zanic, évêque de Mostar au début des apparitions, ceux qui viennent à Medjugorje «sont frappés, enthousiasmés par la prière, les confessions, et beaucoup se convertissent parce qu’ils croient que la Vierge Marie apparait. Mais de tels faits ne sont nullement une preuve de l’authenticité des apparitions ! C’est un fait connu dans l’histoire de l’Église que, derrière les hérétiques et les schismatiques, couraient des foules de partisans faisant des oeuvres de grande pénitence et de piété, partageant tout avec les pauvres, marchant pieds nus, ne se mariant pas etc… Mais de tels signes n’étaient pas la preuve que ces hérétiques marchaient dans la voie droite !» (La posizione attuale (non ufficiale) della curia vescovile di Mostar net confronti degli eventi de Medjugorje, 30 octobre 1984, cf. annexe du chapitre X, p. 361 et sq.)
Historiquement, dès le II°s de l’ère chrétienne, le montanisme est le premier représentant de cette mystique aberrante accompagnée de fausses manifestations surnaturelles. Très curieusement, Laurentin, l’un des plus farouches propagandistes de Medjugorje, ne manquait aucune occasion d’exalter «ce courant communautaire prophétique et glossolalique» précurseur du moderne charismatisme. Montan, probablement un ancien prêtre de Cybèle récemment converti au christianisme, prophétisant, saisi de transports extatiques, prononçant des paroles inintelligibles et aidé de deux femmes, réussit à mettre toute la Phrygie en émoi en peu de temps; hommes et femmes quittaient leurs villages et leurs villes pour se rendre dans une plaine où Montan annonçait l’imminente descente de la Jérusalem céleste et le début des mille ans de règne des élus et du Seigneur. Dans les assemblées, on priait, on prophétisait, on parlait en langues, on s’émouvait, souvent jusqu’aux larmes. Le montanisme connut un rapide succès en Phrygie et en Galatie : des villes entières se laissèrent gagner et la secte réussit même à impressionner fortement Tertullien, en Afrique. Fermement condamnée par les évêques d’Asie puis par les papes, elle perdura quelques siècles, avant de s’éteindre définitivement au IX°s.
Le Moyen Âge a vu surgir de nombreux groupes dissidents prêchant des doctrines mystiques hétérodoxes séduisant beaucoup de fidèles par de prétendus phénomènes surnaturels extraordinaires : Vaudois, amauriciens, frères du Libre Esprit, disciples de Joachim de Flore, fraticelles, «amis de Dieu», bogomiles, au XVI°s en Espagne les fameux alumbrados etc… De nouveau, il faut signaler l’étonnante, l’inquiétante sympathie de Laurentin pour ces faux prophètes et ces faux mystiques. L’expert de Medjugorje suggérait à son lecteur -sans la moindre preuve- que ces novateurs charismatiques étaient une chance de renouveau pour l’Église, mais qu’ils furent malheureusement incompris, odieusement calomniés et injustement condamnés par la hiérarchie !
Quant à la diabolique Madeleine de la Croix, dont j’ai placé l’ahurissante biographie racontée par Maurice Garçon sur Gloria.tv, sa «conversion» avait porté un grand nombre de personnes à embrasser la vie religieuse. Son adresse à conduire les affaires était si merveilleuse qu’on venait la consulter de tous côtés.
À Paris, pendant les troubles de la Ligue, le cas de Nicole Tavernier est peut-être encore plus stupéfiant car il semble qu’il s’agissait seulement d’une simple tromperie diabolique, sans que la malheureuse se fût formellement livrée à Satan comme Madeleine de la Croix. Cette personne réussit à tromper un nombre incalculable de personnes par ses extases, ses révélations, ses visions et ses prédictions; elle fut finalement confondue par la Bienheureuse Marie de l’Incarnation (madame Acarie). «Malgré tous ces effets prodigieux, Mademoiselle Acarie soutenait fortement que cet esprit n’était point de Dieu, mais de Satan, qui se travestissait en elle en ange de lumière. «Car, disait-elle, les extases, visions et révélations ne sont point un argument certain de la demeure ou assistance de Dieu en une âme. Combien en a-t-on vus qui ont été trompés avec ces sortes de visions ? Quoiqu’elles aient été cause de la conversion, ou même du salut de quelques âmes, c’est un stratagème du malin Esprit, qui est content de perdre un peu pour gagner beaucoup…»» («Vie admirable de la soeur Marie de l’Incarnation» par le père André Duval. 1621).
À la même époque, en Espagne, saint Jean de la Croix fut affronté à des cas analogues, faisant preuve du même charisme de discernement; comme avec cette religieuse augustine du couvent d’Avila qui avait séduit beaucoup de monde et qu’il démasqua : «Cette religieuse est possédée !»
Sous le règne de Louis XIV, certains prophètes camisards se dressèrent par centaines, proclamant l’ «Esprit», chantant et parlant en langues, prophétisant, ayant visions, apparitions et extases. Des prodiges atmosphériques se produisaient dans le ciel; la nuit, des étoiles insolites, ou de mystérieuses lumières indiquaient à ceux qui l’ignoraient le lieu où se tenait l’assemblée de prière clandestine. Des bergers avaient des apparitions d’anges; on entendait dans les airs des symphonies célestes; il y eut même un «prophète» qui se jeta dans le feu et en sortit indemne. Un jour on compta jusqu’à 8000 inspirés que l’Esprit faisait parler en même temps, dans un accord parfait ! On assistait à de surprenantes conversions de libertins qui versaient soudain d’abondantes larmes sur leurs péchés. «Si ces gens étaient des sorciers, se disait-on, ils ne parleraient pas autant de Dieu et ne feraient pas d’aussi belles prières !»
Bref, les exemples sont innombrables, bien plus nombreux que les quelques exemples cités ici; Laurentin, qui semble ignorer les signes et prodiges diaboliques survenus en faveur des protestants des Cévennes ou des jansénistes du cimetière de Saint-Médard, propose curieusement, sur les faux voyants de Lourdes, une thèse toute nouvelle, qui exclut une intervention préternaturelle d’origine satanique : c’était humain, tout simplement ! Il signale dans le même sens, pour un autre cas : «Les visionnaires d’Essen recommandent de faire pénitence, de ne pas travailler le dimanche, et autre échos du curé de la paroisse. On n’en trouve pas qui contredise les préceptes de l’Église. Un visionnaire provoque même une conversion.»
Puisqu’il s’agit pour lui de tromper les fidèles, Satan prend bien garde en effet de se faire démasquer trop tôt par des indices trop voyants. Les concessions à la vérité et au bien ne lui coûtent pas, pourvu qu’à plus long terme il arrive à insinuer quelques erreurs nuisibles aux âmes et périlleuses pour l’Église. Il n’hésitera donc pas à multiplier les discours pieux et les invitations à la prière, à la pénitence, au jeûne ou à la pratique des sacrements. Bref, sachant qu’on juge l’arbre à ses fruits, il n’hésitera pas «à perdre un peu pour gagner beaucoup», en laissant se multiplier «des fruits bons à manger et séduisants à voir». De plus, ses tromperies hypocrites peuvent durer fort longtemps, parfois trente ou quarante ans, avant d’être enfin démasquées ! On comprend dès lors que des concessions aussi larges et hardies à la vérité et au bien parviennent toujours à induire de nombreuses âmes en erreur. Aussi importe-t-il en ce domaine, de ne point se laisser trop impressionner par l’engouement des grands : princes, évêques, cardinaux, théologiens de renom et soi-disants experts. Par vanité personnelle, respect humain, crainte pusillanime ou encore adhésion à des hérésies subtilement introduites ou confirmées à propos par l’apparition, ils peuvent manquer de prudence et se laisser abuser.
On connait l’avertissement de Notre Seigneur : «Méfiez-vous des faux prophètes qui viennent à vous déguisés en brebis, mais au-dedans sont des loups rapaces. C’est à leurs fruits que vous les reconnaitrez. Cueille-t-on des raisins sur des épines ? Ou des figues sur des chardons ? Ainsi tout arbre bon donne de bons fruits, tandis que l’arbre mauvais donne de mauvais fruits. Un bon arbre ne peut porter de mauvais fruits, ni un mauvais arbre porter de bons fruits» (Mtt. VII, 15-20). Cette règle évangélique, dans sa simplicité, est évidemment le critère absolu. Il suffit à lui seul pour le vrai disciple du Christ, pour l’homme de Dieu doué du don du discernement, qui juge saintement sous la mouvance de l’Esprit Saint. Mais encore faut-il savoir apprécier justement la bonne ou mauvaise qualité des fruits spirituels constatés. Dans nos temps d’aveuglement et de désorientation diabolique, beaucoup prennent, hélas ! le mal pour le bien et un poison subtil pour une nourriture saine et bienfaisante. De plus, de tous temps les hérétiques et les schismatiques ont prétendu porter de bons fruits tandis qu’ils accusaient l’Église d’en porter de mauvais… C’est pourquoi il importe avant tout de dissiper de trop faciles et trop fréquentes ambiguïtés en rappelant avec insistance : 1° Que les bons fruits dont parle Notre-Seigneur sont des fruits de vie surnaturelle authentique. 2° Qu’ils doivent être constatés d’abord chez les voyants eux-mêmes, puis dans les âmes des fidèles auxquels ils s’adressent, enfin et surtout qu’ils doivent contribuer efficacement au bien général de la Sainte Église, Corps mystique du Christ. C’est à ce Corps mystique, en effet, que les fruits des interventions divines dans notre histoire doivent être finalement ordonnés, en sanctifiant le troupeau et en révélant à ses pasteurs les volontés plus précises de Notre-Seigneur sur son Église à une époque donnée de sa pérégrination terrestre.
Une surabondance durable de fruits surnaturels dans l’âme des fidèles est une autre marque que le doigt de Dieu est bien là, et leur ampleur est alors proportionnelle au rayonnement qu’il veut accorder à son intervention. C’est sa grâce qui attire les foules au lieu qu’il s’est choisi pour combler les âmes de ses bienfaits. «Venez au pied de cet autel -disait l’Immaculée à la chapelle de la rue du Bac, le 18 juillet 1830- là les grâces seront répandues sur toutes les personnes qui les demanderont avec confiance et ferveur. Elles seront répandues sur les grands et sur les petits.» Mais encore faut-il que tous les autres critères soient vérifiés. Car de bons fruits apparents ne sauraient évidemment suffire à accréditer une apparition comme divine. Toutes les impostures humaines ou diaboliques de grande envergure ont attiré d’innombrables fidèles, qui ont prié, qui se sont confessés, ont communié, parfois même se sont convertis ! Cela a pu durer pendant des années, tant que les autorités de l’Église n’ont pas dénoncé la supercherie. Que l’on se souvienne par exemple des fausses apparitions d’Ezquioga où affluèrent des dizaines de milliers de pieux pèlerins espagnols ! «Un prêtre de l’assistance faisait réciter le chapelet, raconte J. Gonthier; on chantait des cantiques. Et tous les observateurs remarquaient dès le début l’atmosphère de simplicité et de recueillement qui régnait parmi cette assistance, bien qu’elle comptât beaucoup de simples curieux.» (J. Gonthier, «Malédictions et bénédictions, textes prophétiques et mystiques, les apparitions de Notre-Dame», éd. Mazarine, 1947) Le démon permet souvent, provisoirement, la réalisation d’un certain bien, en escomptant d’en tirer plus tard un plus grand mal lorsqu’il dévoilera son jeu, faisant éclater un énorme scandale, comme dans les cas de Madeleine de la Croix ou de Nicole Tavernier. Comme le signalait déjà un grand spirituel du XVII°s, le père Louis Lallemant : «Il y a des personnes que le démon n’empêche point de faire beaucoup de bien, parce que le bien qu’elles font lui sert pour les tromper.» (Doctrine Spirituelle, p. 240, D.D.B. 1959) On peut ajouter dans le même sens : il y a de faux voyants à qui il laisse faire beaucoup de bien parce que ce bien est pour lui la caution rassurante indispensable de messages pernicieux pour l’Église; parce que c’est pour lui le seul moyen d’impressionner favorablement et d’abuser les Pasteurs chargés de discerner la nature des phénomènes extraordinaires et des oracles dont il est l’auteur. «Le démon, note judicieusement le père Poulain, ressemble aux joueurs qui comptent tricher; ils commencent par faire gagner leurs partenaires pour leur faire perdre ensuite dix fois plus.» (Auguste Poulain, s. j. «Des grâces d’oraison, traité de théologie mystique», Paris, 1906) C’est pourquoi il importe toujours d’établir soigneusement qu’il s’agit de fruits surnaturels incontestables, qui font grandir dans le peuple la plus pure Foi catholique, l’Espérance surnaturelle du Ciel et du Triomphe des Saints Coeurs de Jésus et de Marie sur tous leurs ennemis, l’amour de la seule véritable Église apostolique et romaine, l’obeissance empressée à ses saintes lois et coutumes, la pratique accrue et fervente de ses sacrements. Il importe aussi de vérifier que ces fruits sont bien les fruits spécifiques et spontanés de l’apparition elle-même. Ainsi à Fatima, comme auparavant à Lourdes, il est clair que les pèlerins sont venus en foule attirés seulement par l’irrésistible rayonnement de leur Mère du Ciel, et non par les exhortations enflammées du clergé leur garantissant, avant toute enquête canonique, la réalité de sa présence en ce lieu.
Pour Medjugorje, «Les fruits sont bons, intégralement, incontestablement. Donc les apparitions sont authentiques !», tel est l’argument repris sur tous les tons, avec de plus en plus d’insistance à mesure que, par ailleurs les objections rédhibitoires se multiplient et s’imposent à l’attention des théologiens chargés du discernement (incongruités, bizarreries, vulgarité, erreurs, ambiguïtés et hérésies caractérisées, scandales de moeurs, parjures et mensonges répétés, dissimulation, incitation à la désobéissance et même à la rebellion, fièvre de l’argent etc…) Comme si ce seul fait positif des fruits spirituels chez les pèlerins pouvait compenser les résultats négatifs de tous les autres critères ! La démarche est injustifiable et relève plus d’une irresponsable propagande que d’une recherche objective de la vérité en vue du bien des âmes. En effet, dans l’examen d’un cas d’apparition, donner la priorité -ou l’exclusivité !- à une évaluation superficielle des «bons fruits» du pèlerinage en négligeant les critères primordiaux concernant le contenu même de ces apparitions et des messages qui y sont délivrés, en omettant de considérer d’abord, dans le comportement des voyants eux-mêmes, les fruits des communications divines qu’ils disent recevoir, c’est suivre une méthode incertaine, imprudente, aberrante. Pour deux raisons :
- 1° Il est bien connu que toutes les grandes impostures diaboliques des siècles passés ont trompé, parfois durablement, des foules importantes et semblaient tout d’abord ne porter, et en surabondance, que d’excellents fruits surnaturels de piété et de conversion des âmes. Même les faux voyants de Lourdes ou d’Ezquioga ont provoqué des conversions ou suscité des vocations !
- 2° Autant le lien est direct, infrangible, entre le message rapporté par les voyants et l’Apparition à laquelle ils l’attribuent de même qu’entre leurs propres vertus et sainteté personnelles et les extases dont ils prétendent bénéficier, autant, au contraire, il est incertain et doûteux entre les fruits de conversion ou de pratique religieuse constatés chez les pèlerins et cette même Apparition. Les fidèles, en effet, réagissent non en fonction de ce dont ils auraient eu une expérience directe, mais selon ce que le clergé du lieu leur prêche, selon la manière dont des théologiens de renom leur ont présenté les évènements. Ils font confiance aux hommes d’Église, et ils peuvent être victimes d’une propagande qui rend les apparitions beaucoup plus crédibles, beaucoup plus classiques et semblables aux grandes apparitions authentiques antérieures qu’elles ne le sont en réalité. C’est pourquoi en ce domaine il importe avant tout de pouvoir démontrer la spontanéité et la spécificité des fruits de l’Apparition. Ainsi les conversions, les confessions, les heures de prières, bref, tout le bien surnaturel objectif qui s’est opéré à Medjugorje fut-il réellement le fruit des apparitions et d’elles seules ? Il faut répondre non. Car, contrairement à ce qui s’est passé à Fatima, ce n’est pas la Gospa de Medjugorje qui a attiré les foules. C’est le clergé qui les a fait venir ! D’une façon tout à fait inouïe dans toute l’histoire de l’Église, dès le 7° jour des apparitions, le curé Zovko décidait leur transfert dans l’église paroissiale. Le 8° jour les apparitions avaient lieu au presbytère, et le 2 juillet, 9° jour, il fondait solennellement le pèlerinage au cours de la messe du soir en présentant les voyants à la foule et en lui garantissant l’authenticité des faits : «La Vierge Marie est là !» s’exclamait-il ! (André Castella et Marina Ljubic «Medjugorje, dernière invitation à la prière et à la conversion», éd. du Parvis, 1986) Dans une région aussi foncièrement catholique que la Croatie, à partir du moment où les prêtres du lieu engagent toute leur autorité pour dire : «La Vierge Marie apparait ici chaque soir, il faut y venir en pèlerinage !» il est normal que les fidèles accourent en masse, qu’ils s’y confessent et qu’ils y prient avec ferveur. C’est tout à leur honneur et c’est leur mérite, mais cela ne prouve en rien la réalité des apparitions supposées. C’est ce qu’expliquait Mgr Zanic, avec raison. C’est pourquoi il ne faut pas hésiter à le dire, ce qui fait d’abord le succès du pèlerinage de Medjugorje, c’est l’attachement du peuple croate à sa foi et à ses dévotions traditionnelles. Ces traditions séculaires et fécondes que le clergé -au moins en partie- a eu la sagesse surnaturelle de maintenir. Ainsi Mgr Zanic à Mostar. Le père Deleclos, qui a pris le temps d’assister à de nombreux offices dans des villages et des petites villes du diocèse, nous en a fourni le précieux témoignage (La Libre Belgique, 10 mai 1985).
En conclusion :
1° Tout ce qu’il y a de bon à Medjugorje n’est pas le fruit spontané et spécifique des apparitions de la Gospa. Ce sont les fruits de la prédication traditionnelle de la dévotion à la Très Sainte Vierge rendue plus émouvante, plus saisissante, par l’affirmation du clergé garantissant sa venue quotidienne en ce lieu. Ce sont les fruits des sacrements. Les fruits de la chrétienté croate extrêmement vivante et qui rayonne sa Foi. Ce sont les fruits habituels d’un immense rassemblement de fidèles de tous pays, exempts de tout respect humain : Ce sont les fruits de l’Église.
2° On trouve en revanche à Medjugorje -en plus du vent de révolte qui a envenimé la querelle d’Herzégovine- plusieurs mauvais fruits qui sont produits, sans aucun doute, par l’arbre même des apparitions : incongruités, bizarreries, vulgarité, erreurs, ambiguïtés et hérésies caractérisées, scandales de moeurs, parjures et mensonges répétés, dissimulation, incitation à la désobéissance et même à la rebellion, fièvre de l’argent etc…
3° Et hélas ! ces fruits délétères d’un oecuménisme relativiste, d’un charismatisme échevelé frisant parfois l’illuminisme contaminent bien souvent, de façon plus ou moins grave et plus ou moins visible, les fruits de grâce les plus traditionnels de la dévotion mariale et de la pratique des sacrements.
4° C’est pourquoi le démon, tout en escomptant l’immense profit que constituera pour lui l’explosion du scandale révélant la nature véritable et ténébreuse des phénomènes extraordinaires qui ont trompé des millions de catholiques et tant de hauts personnages de l’Église, y trouve déjà son compte, sans plus attendre.
Au Mexique, le père Tiberio Munari, missionnaire xaviérien, animateur du «Centre Xavier» de Guadalajara, a fait paraitre 4 ou 5 livres sur Medjugorje. Le père Ruben E. Rios, prêtre mexicain, d’abord impressionné par cette propagande, fit une enquête à Medjugorje en 1985. Puis, désireux de consulter l’autorité responsable, le 29 septembre 1986, il se rendit à l’évêché de Mostar. Voici un court extrait de son entretien avec Mgr Zanic, publié en décembre 1986 avec l’imprimatur de Mgr Suarez Rivera, archevêque de Monterey (Medjugorje, Entrevista al Exmo Sr. Dr. Pavao Zanic, obispo de Mostar, Noël 1986. Traduit de l’espagnol) : Père Rios : «Excellence, que pouvez-vous me dire au sujet des conversions, de l’esprit de pénitence et de prière que l’on trouve, dit-on, à Medjugorje ?» Mgr Zanic : «Au Moyen-Âge, les hérétiques faisaient de grandes et terribles pénitences; mais cela ne prouvait pas qu’ils disaient le vérité. Pour moi, Medjugorje est la plus grande tromperie de toute l’histoire de l’Église.» Dans son rapport définitif de mars 1990, Mgr Zanic tenta une dernière fois de proclamer la vérité, sachant ce qui se tramait contre lui et qui devait aboutir à taire la conclusion négative sur Medjugorje des évêques yougoslaves; relevons dans ce rapport ces propos sur Laurentin : «… 3. Le théologien marial René Laurentin se conduit de la même manière. Il est venu me rendre visite autour de Noël 1983 et je lui ai offert à diner. Il m’a demandé pourquoi je ne croyais pas aux apparitions. Je lui ai dit que d’après le journal de Vicka et les paroles des autres «voyants», cette «Dame» avait parlé contre l’évêque. Laurentin répondit aussitôt : «Ne rendez pas cela public, car il y a beaucoup de pèlerins et de convertis.» Je fus scandalisé par ce propos, de la part d’un mariologue bien connu ! Malheureusement, c’est toujours la position de Laurentin : cacher la vérité et prendre la défense du mensonge. Il a écrit une dizaine de livres au sujet de Medjugorje et dans la plupart d’entre eux la vérité et l’évêque Zanic sont sous le boisseau. Il sait bien ce que les gens veulent entendre. Par conséquent, il lui est relativement facile de trouver ceux qui le croiront : «A veritate quidam auditum avertent, ad fabulas autem convertentur.» - «Ils se détourneront de la vérité et prêteront l’oreille aux fables.» (II Tim. 4, 4). Les «voyants» et les défenseurs de Medjugorje, conduits par Laurentin, ont vu dès le début que le croyant, en pays communiste, croit très vite et très facilement en tout ce qui est «miraculeux», aux apparentes guérisons miraculeuses et aux prétendus messages de Notre-Dame…» (…) «… Il y a beaucoup de prières et d’activités pieuses à Medjugorje. Certains disent même qu’il y a eu des conversions (nous sommes en 1990). Il est vrai que j’ai reçu des lettres sincères et très touchantes, et je suis triste pour ceux qui, tôt ou tard, seront déçus. Mais il y a eu aussi du fanatisme, de la superstition et de la désinformation dans les évènements de Medjugorje. J’ai aussi reçu par la poste beaucoup d’accusations très dures, que je ne puis citer, toutes au nom de la «Reine de la Paix». Ce qu’il y a de positif dans ces évènements ne peut justifier les falsifications et les mensonges qui ont été répandus pour gagner le monde à Dieu. Jésus a dit : «Je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité.» (Jean XVIII, 37) L’Église pourrait facilement attirer les masses si elle effaçait le sixième commandement, si elle autorisait le divorce, si elle permettait que chacun fasse et croie ce qu’il veut. Mais Jésus est monté sur la Croix pour la Vérité et les martyrs ont offert leur vie pour la Vérité. Saint Paul écrit à ses fidèles : «Si quelqu’un vous prêche un autre Évangile que celui que vous avez reçu, qu’il soit maudit.» (Gal. 1,9) Aujourd’hui, à travers le monde, de nombreux groupes de prières utilisent le livre du père Ivica Vego et méditent sur les prétendus messages de Notre-Dame, comme si cela était plus important que la Bible et que le magistère de l’Église enseignante. Je suis certain, en dépit de ces évènements, que Notre-Dame demandera pour nous les grâces nécessaires à l’Église pour qu’elle vive dans la vérité du Christ. Je sais qu’il y aura probablement un grand nombre d’âmes pieuses et sincères qui me comprendront pas et me prendront pour un ennemi de Notre-Dame. Je suis souvent allé à Lourdes ou dans d’autres sanctuaires liés à des apparitions que l’Église a reconnues. Ce que je fais, je le fais pour défendre la vérité et l’Église, et je prie Dieu d’avoir le courage de donner ma vie pour cela.»
(la quasi-totalité des ces lignes provient du livre de frère Michel de la Sainte Trinité, devenu depuis père chartreux et père abbé de la Grande Chartreuse « Medjugorje en Toute Vérité, selon le discernement des esprits »; elles ne sont, la plupart du temps, que le résumé de longs chapitres parfaitement sourcés.)
