Un problème qui nous concerne tous

Homélie Monseigneur Lefebvre Pâques 30 mars 1986

Mes bien chers amis,
Mes bien chers frères
Permettez-moi, avant d’évoquer quelques considérations sur cette belle fête de Pâques, sur les sentiments qui doivent nous animer en ce beau jour, de compléter – surtout pour vous, mes chers séminaristes, qui allez dans quelques instants prendre le chemin des vacances – vous allez rencontrer vos parents, vos amis, et je ne voudrais pas que ce que je vous ai dit jeudi dernier à l’occasion de la messe chrismale, soit mal interprété par vous.

Nous le savons bien, mes bien chers frères, mes bien chers amis, nous savons bien que nous sommes actuellement devant une situation dans l’Église qui est de plus en plus inquiétante. Ce n’est pas depuis aujourd’hui que le problème se pose. Le problème se pose depuis le concile particulièrement et depuis l’application des réformes du concile.
Or, nous assistons à une espèce d’escalade de l’œcuménisme pratiqué par le pape et par les évêques. Ce n’est pas un mystère; c’est vu et su par tout le monde : c’est présenté à la télévision, par tous les moyens de communication sociale. Tout le monde est bien au courant de cet œcuménisme qui est pratiqué aujourd’hui par les autorités de l’Église.
Alors cet œcuménisme nous pose à nous – j’en suis certain -chers fidèles, chers amis, un grave problème de conscience. Pour nous, nous pensons et nous avons décidé – et je ne pense pas que nous ayons l’intention de changer : nous voulons rester catholiques. Et le catholicisme pour nous, signifie : garder la foi, les sacrements, le Saint Sacrifice de la messe, le catéchisme que l’Église a enseigné, a légué, comme un héritage précieux pendant dix-neuf siècles, à des générations et des générations de catholiques. Nous-mêmes nous avons reçu dans notre enfance, dans notre jeunesse, dans notre adolescence, notre âge mûr, nous avons reçu ce précieux héritage et nous y sommes attachés comme à la prunelle de nos yeux, en pensant que cette foi qui nous a été léguée et tous les moyens de garder la foi qui nous ont été légués, d’entretenir la grâce en nous, sont nécessaires, absolument indispensables pour sauver nos âmes, pour aller au Ciel. Ce n’est pas autre chose que nous voulons: demeurer catholiques, pour sauver nos âmes.

Alors, lorsque j’avais l’occasion de vous dire jeudi dernier, mes chers amis, que nous avons l’impression de nous éloigner toujours davantage de ceux qui pratiquent cet œcuménisme insensé, contraire à la foi catholique – je devrais dire plutôt, que demeurant catholiques et décidant de demeurer catholiques jusqu’à la fin de nos jours – ce sont eux que nous voyons s’éloigner de nous, parce que nous demeurons catholiques et qu’ils s’éloignent toujours un peu plus de la profession de cette foi catholique qui est le premier précepte qui est celui d’un baptisé, de professer sa foi.[ils apostasient publiquement]

Ce n’est pas pour rien que nos parrain et marraine ont prononcé le Credo le jour de notre baptême – et que nous-mêmes ensuite – à la confirmation que nous avons reçue, nous avons répété par nous-mêmes, ce Credo, qui nous attache définitivement à la foi catholique.

Or, c’est un fait certain, connu désormais de tout le monde, depuis surtout le voyage du pape au Maroc, au Togo, dans les Indes et dans les communiqués que le Saint-Siège officiellement a fait paraître encore ces jours derniers, pour dire que le pape avait l’intention de se rendre chez les juifs, pour prier avec eux, que le pape avait l’intention de se rendre à Taizé pour prier avec les protestants et qu’il avait l’intention – il l’a dit lui-même publiquement à Saint-Paul-hors-les-murs – de faire une cérémonie qui réunirait toutes les religions du monde pour prier avec elles, à Assise, pour la paix~ à l’occasion de l’Année de la paix qui a été proclamée par l’O.N.U. et qui pour l’O.N.U. doit avoir lieu le 24 octobre. Voilà les faits. Vous l’avez lu dans les journaux; vous l’avez entendu à la télévision, pour ceux qui ont la télévision.
Que pensons-nous ? Quelle est la réaction de notre foi catholique ? C’est cela qui compte, ce n’est pas notre sentiment personnel, une espèce d’impression ou une constatation quelconque. Il s’agit de savoir ce qu’en pense l’Église catholique; ce que l’on nous a enseigné; ce que notre foi nous dit devant ces faits.

C’est pourquoi je me permets de vous lire quelques mots très courts que j’ai recueillis dans le Dictionnaire de Droit canonique, du chanoine Naz, qui est officiellement le commentaire du Droit canon qui est la loi de l’Église depuis les premiers temps de l’Église. Le Droit canon édité et publié sur l’ordre du pape Pie X et publié par Benoît XV, le Droit canon est l’expression de la loi de l’Église qui a été suivie pendant dix-neuf siècles.

Que dit-il à propos de ce que l’on appelle la communicatio in sacris, c’est-à-dire la participation à un culte catholique, participation d’un culte catholique chez des non-catholiques ? Je crois que c’est bien ce qui nous occupe; c’est bien ce que nous voyons : la participation du pape et des évêques à des cultes non catholiques.

Qu’est-ce qu’en dit l’Église ?
La communicatio in sacris, comme le dit l’Église en latin : Elle est interdite avec les non-catholiques par le canon 1258, paragraphe 1, qui dit : Il est absolument interdit aux fidèles d’assister ou de prendre part activement aux cultes des a-catholiques de quelque manière que ce soit.
Et voici comment il l’explique (et cela je ne fais que copier ce qui se trouve dans le commentaire officiel de la doctrine de l’Église) :
« La participation est active et formelle quand un catholique participe à un culte hétérodoxe, c’est-à-dire non catholique, avec l’intention d’honorer Dieu par ce moyen, à la manière des non-catholiques « .
C’est exactement ce devant quoi nous nous trouvons. Je pense réellement que les évêques et que le pape ont l’intention d’honorer Dieu, par le culte non-catholique, auquel ils participent. Je ne pense pas me tromper.
« Une telle participation est interdite, sous n’importe quelle formequo vis modo – parce qu’elle implique profession d’une fausse religion et par conséquent le reniement de la foi catholique.[D'où l'on ne peut conclure qu'à l'apostasie ; mais Mgr Lefebvre ne le fait pas, il continue la tradition sans le Magistère, et sans la juridiction, sans dénoncer officiellement]

Il n’est permis ni de prier, ni de chanter, ni de jouer de l’orgue dans un temple hérétique ou schismatique en s’associant aux fidèles qui célèbrent leur culte, même si les termes du chant et des prières sont orthodoxes ». Ce n’est pas moi qui ai écrit cela. C’est écrit en toutes lettres dans le Dictionnaire de Droit canonique par le chanoine Naz, qui fait pièce officielle, qui a toujours été considéré dans l’Église comme un commentaire tout à fait officiel et valable.
« Ceux qui participent ainsi activement et formellement au culte des non-catholiques, sont présumés adhérer aux croyances de ces derniers. C’est pourquoi le canon 2316 les déclare suspects d’hérésie et s’ils persévèrent ils sont considérés comme réellement hérétiques ».
Ce n’est pas moi qui le dit, encore une fois. Pourquoi cette législation de l’Église ? Pour nous aider à pratiquer le premier commandement que nous avons de professer notre foi catholique.
Si nous professons notre foi catholique, il nous est impossible, inconcevable de professer une autre foi, un autre culte. Parce que en priant dans un autre culte nous faisons profession d’honorer le dieu qui est invoqué par ce culte, par le culte d’une fausse religion, une fausse religion. C’est honorer un faux dieu; un dieu qui est une construction de l’esprit ou qui est une idole quelconque, mais qui n’est pas le vrai Dieu.

Comment voulez-vous que les juifs prient le vrai Dieu ? Ils sont formellement, essentiellement contre Notre Seigneur Jésus-Christ, depuis précisément la Résurrection de Notre Seigneur. Et même avant, puisqu’ils L’ont crucifié.
Mais d’une manière quasi officielle, après la Résurrection de Notre Seigneur. Et ils se sont mis immédiatement à persécuter les disciples de Notre Seigneur et cela pendant des siècles. Comment peut-on prier le vrai Dieu avec les juifs ? Qui est Notre Seigneur ? Le Verbe de Dieu. Il est Dieu. Nous n’avons qu’un seul Dieu : Dieu le Père, le Fils et le Saint-Esprit, et qu’un seul Seigneur : Notre Seigneur Jésus-Christ.

Ce sont les évangélistes qui nous rappellent cela à satiété. Si donc on s’oppose à Notre Seigneur Jésus-Christ, comme le dit explicitement saint Jean dans ses lettres : Qui n’a pas le Fils, n’a pas le Père. Celui qui n’honore pas le Fils, n’honore pas le Père.

C’est normal, il n’y a qu’un seul Dieu en trois Personnes. Si l’une des Personnes est déshonorée, est refusée, on ne peut pas honorer les autres Personnes, c’est impossible. C’est détruire la Sainte Trinité. Par conséquent, en déshonorant Notre Seigneur Jésus-Christ, les juifs déshonorent la Sainte Trinité. Comment peuvent-ils prier le vrai Dieu ? Il n’y a pas d’autre Dieu au Ciel, que nous connaissions, qui nous ait été enseigné par notre foi catholique.

Voilà la situation devant laquelle nous nous trouvons. Je ne l’invente pas. Ce n’est pas moi qui le veux, je voudrais mourir pour qu’elle n’existe pas cette situation. Je voudrais donner ma vie. Mais nous nous trouvons devant cette situation. Comment la juger selon notre foi, suivant la doctrine de l’Église ? Nous nous trouvons devant un dilemme grave, excessivement grave, qui je crois n’a jamais existé dans l’Église : Que celui qui est assis sur le siège de Pierre, participe à des cultes de faux-dieux. Je ne pense pas que ce soit jamais arrivé dans l’Histoire de l’Église.

Quelle conclusion devrons-nous tirer, peut-être dans quelques mois, devant ces actes répétés de communication à des faux cultes ? Je ne sais pas. Je me le demande. Mais il est possible que nous soyons dans l’obligation de croire que ce pape n’est pas pape.
Car il semble à première vue – je ne veux pas encore le dire d’une manière solennelle et formelle – mais il semble à première vue – qu’il soit impossible qu’un pape soit hérétique publiquement et formellement.[il ne semble pas c'est impossible selon la foi]

Notre Seigneur a promis (au successeur de Pierre) d’être avec lui, de garder sa foi, de le garder dans la foi. Comment celui auquel Notre Seigneur a promis de le garder dans la foi définitivement et sans qu’il puisse errer dans la foi, peut-il en même temps être hérétique publiquement et quasi apostasier ? [impossible, il faut donc conclure....]

Voici un problème qui nous concerne tous, qui ne concerne pas moi seulement.
Si l’on nous a persécutés, si maintenant on nous traite comme des gens qui sont presque hors de l’Église, pourquoi ? Parce que nous sommes restés catholiques. Et alors nous constatons que demeurant catholiques, ces personnes s’éloignent toujours davantage de la doctrine catholique et par conséquent s’éloignent de nous. Que voulez-vous que l’on y fasse ? Absolument comme les juifs se sont éloignés de Notre Seigneur. Ils se sont éloignés toujours davantage, jusqu’à devenir des ennemis jurés de Notre Seigneur Jésus-Christ. Alors qu’ils auraient dû tous se réunir à Notre Seigneur; alors qu’ils auraient dû tous suivre la très Sainte Vierge Marie et les apôtres – à l’exception faite de Judas bien sûr – mais tous les disciples de Notre Seigneur, juifs, qui se sont convertis à Notre Seigneur et qui ont suivi Notre Seigneur. Notre religion chrétienne a commencé avec des juifs, des juifs convertis. Pourquoi y en a-t-il un certain nombre qui ont refusé de se convertir malgré toute l’évidence des miracles de Notre Seigneur, l’évidence de sa Résurrection ? Puisque les soldats qui étaient présents ont couru, effrayés, après l’apparition de l’ange et les tremblements de terre qui avaient eu lieu, sont partis voir les Princes des prêtres pour dire ce qui était arrivé. C’est-à-dire que Notre Seigneur n’était plus là; qu’il était ressuscité; qu’il n’y avait plus rien dans le tombeau et qu’ils avaient entendu un tremblement de terre effrayant. Ils venaient apporter leurs constatations, leur témoignage.
Qu’est-ce qu’ont dit les Princes des prêtres ? Au lieu de dire : Ah, vraiment, nous faisons amende honorable; nous nous sommes trompés; nous adorons Notre Seigneur Jésus-Christ s’il est ressuscité. Comment ne pas L’adorer ? Comment ne pas Le suivre ? – Non – Qu’ont-t-ils dit aux soldats ? : Voilà une forte somme d’argent et allez dire dans tout Jérusalem que pendant que vous dormiez, les apôtres sont venus prendre le Corps de Notre Seigneur.
Alors, comme le dit très bien saint Augustin, en souriant je pense, il dit : Mais comment ont-ils pu dire que les apôtres ont enlevé le Corps de Notre Seigneur Jésus-Christ, comment les ont-ils vus puisqu’ils dormaient ? Ils n’ont pas pu voir. Ils disaient même que pendant qu’ils dormaient les apôtres sont venus enlever le Corps de Notre Seigneur, donc ils ne les ont pas vus. Mensonge, mensonge, mensonge. C’est le démon qui les a inspirés; ils sont restés sous l’influence du démon.
Que faire, mes bien chers frères, mes bien chers amis ? Prier. Devant cette situation de l’Église nous devrions prier matin et soir, jour et nuit, prier la très Sainte Vierge Marie de venir au secours de son Église.

Car c’est un scandale considérable – au vrai terme de scandale – scandale, c’est pousser au péché. Eh bien par ce scandale de l’œcuménisme, par ce scandale de la participation aux cultes de fausses religions, les chrétiens perdent la foi. Les catholiques perdent la foi; ils n’ont plus la foi dans l’Église catholique. Ils ne croient plus qu’il n’y a qu’une seule religion vraie; qu’il n’y a qu’un seul Dieu, la Trinité Sainte et Notre Seigneur Jésus-Christ. La foi disparaît.
Quand l’exemple et le scandale viennent de si haut, que celui qui est sur le siège de Pierre et que presque tous les évêques… alors pauvres chrétiens, qui sont livrés à eux-mêmes; qui n’ont pas suffisamment de formation chrétienne, pour maintenir leur foi catholique malgré tout, ou qui n’ont pas à côté d’eux des prêtres qui les aident à garder cette foi, ils sont complètement désemparés.
Ou ils perdent la foi, ne pratiquent plus, ne prient plus, ou ils s’engagent dans des sectes quelconques. Alors nous devons beaucoup prier, réfléchir, demander au Bon Dieu de nous garder dans la foi catholique, quoi qu’il arrive.

Ces événements ne dépendent pas de nous, encore une fois. C’est comme un film de cinéma qui se déroule devant nos yeux. Depuis le concile, nous voyons la situation s’aggraver, d’année en année, toujours plus grave, toujours plus grave. Le synode a encore marqué un point d’orgue – je dirai encore plus grave que les autres – parce qu’ils ont dit : Nous continuons, nous continuons, malgré toutes les difficultés; le concile a été l’œuvre du Saint-Esprit, a été une Pentecôte extraordinaire, il faut continuer. Continuons dans l’esprit du concile. Pas de restrictions, pas de réprimandes, pas de retour à la Tradition.

Et nous voyons maintenant que le fait que le synode ait dit : Il faut continuer dans l’esprit du concile, eh bien nous voyons les étapes, maintenant se précipiter, aller encore plus vite. Forcément puisqu’il n’y a pas eu d’objection à ces vingt années d’esprit du concile mis en pratique. Maintenant, désormais, tous ceux qui sont d’accord avec ces transformations de l’Église, disent il n’y a pas de raison de ne pas continuer plus rapidement encore. On en arrive à la destruction totale de l’Église........
Etienne bis
Une application (a-dogmatique ?) du concile (pastoral ?) Vatican II... 🤭
N'est-ce pas Mgr Schneider qu'on voit en arrière-plan, en mauve.
Grosminet
Je ne crois pas Monseigneur Schneider capable de figurer sur ce tableau de carnaval, c'est plutôt Justin Welby, l'anglican de Cantorbéry qui se croit prêtre et évêque (!).
AveMaria44
Exact, c'était pour illustrer la pertinacité....c'est la nouvelle religion
Etienne bis
OK. Ils ont un portrait assez proche.
AveMaria44
auxilliaire d'Astana où il se passe la même chose.
Spina Christi 2
Imagine-t-on saint Pierre paradant tout sourire avec les pharisiens antichrist, avec les prêtres d'Astarté, Jupiter, Moloch, Apollon, Amon, Sin, Seth etc. et dans le respect de leurs religions respectives ?