Vie de Mgr de Ségur, 1891, avec imprimatur de J.-B.-M. Simon, Ep. Amb.

Extrait :

« De retour de Lyon, Mgr de Ségur se rendit au presbytère d'Ars où le saint curé le rejoignit en revenant de l'église. Il y eut entre ces deux grands serviteurs de Dieu un touchant combat d'humilité. Mgr de Ségur agenouillé, lui demandait sa bénédiction ; M. Vianney s'y refusait, disant : « C'est à vous à bénir et non pas à moi. » Le curé d'Ars, vaincu par les instances de Mgr de Ségur, finit par se rendre au désir de son visiteur. Se souvenant de la promesse faite à sa mère, le pieux aveugle parla au curé d'Ars de sa cécité et de sa répugnance à en demander la guérison. Le saint prêtre lui promit de prier à son intention et l'engagea à prier avec lui. Mais les prières du curé d'Ars ne furent pas plus efficaces que celles de M. Dupont, de Tours, et Mgr de Ségur garda sa chère infirmité. Après le départ du prélat, M. Vianney avait dit à ceux qui l'entouraient : « Voilà un aveugle qui y voit plus clair que nous » ; et il avait ajouté : « Aujourd'hui, j'ai vu un saint » ; parole bien remarquable et consolante dans la bouche de l'homme de Dieu qui lisait dans les âmes comme dans un livre ouvert. » (‘Vie de Mgr de Ségur’, 1891, pp. 21-22 ; Imprimatur : J.-B.-M. Simon, Ep. Amb., p. 32)

« Le Pape Pie IX parlant un jour des œuvres de Mgr de Ségur dit : ‘ Que Mgr de Ségur fait de bien ! et ce bien s'étend à tous les pays : car ses petits livres vont partout et sont pour ainsi dire jetés aux quatre vents du monde. Oui, poursuivit le Pape, oui, tout le monde connait et aime Mgr de Ségur. ’ » (pp. 29-30; ibid.)

« La mémoire de Mgr de Ségur est demeurée en bénédiction auprès des hommes ; et pour résumer en un mot cette précieuse existence trop tôt brisée, il suffira de rappeler cette parole du Pape Pie IX : ‘ Mgr de Ségur est un saint ! ’. Parole remarquable dans la bouche de celui qui canonise les saints. » (pp. 32 ; ibid.)

Ayant défendu toute sa vie la Religion catholique tant par les livres que par son activité charitable et son action de diplomate, cet homme doux et humble, d’un dévouement total aux pauvres, au Christ et à Son Eglise, ayant admirablement supporté sa cécité si handicapante, mérite d’être considéré comme un apôtre parfait. Que de tels confesseurs de la foi manquent cruellement dans les ténèbres actuelles ! (Paul-André DELORME, Les derniers grands Français : Portrait de Mgr de Ségur)