LA DERNIÈRE ÉPREUVE DE L'ÉGLISE

En lisant respectivement les paragraphes 675 / 676 / 677 du Catéchisme de l’Église Catholique (Catechismo della Chiesa Cattolica - Di là verrà a giudicare i vivi e i morti) en référence à la dernière épreuve de l’Église, nous apprenons :
"Avant la venue du Christ, l'Église doit passer par une dernière épreuve qui ébranlera la foi de nombreux croyants. La persécution qui accompagne son pèlerinage sur terre révélera le "mystère d'iniquité" sous la forme d'une imposture religieuse qui offre aux hommes une solution apparente à leurs problèmes, au prix de l'apostasie de la vérité. La plus grande imposture religieuse est celle de l'Anti-Christ, c'est-à-dire d'un pseudo-messianisme dans lequel l'homme se glorifie lui-même à la place de Dieu et de son Messie venu dans la chair ; cette imposture anti-christique prend déjà corps dans le monde chaque fois que l'on prétend réaliser dans l'histoire l'espérance messianique qui ne peut s'accomplir qu'au-delà d'elle, par le jugement eschatologique ; même sous sa forme atténuée, l’Église a rejeté cette falsification du Royaume futur sous le nom de millénarisme, surtout sous la forme politique d'un messianisme sécularisé "intrinsèquement pervers" ; l’Église n'entrera dans la gloire du Royaume qu'à travers cette dernière Pâque, où elle suivra son Seigneur dans sa mort et sa résurrection.

Le Royaume ne s'accomplira donc pas par un triomphe historique de l'Église selon une progression ascendante, mais par une victoire de Dieu sur le déchaînement ultime du mal qui fera descendre son Épouse du ciel. Le triomphe de Dieu sur le soulèvement du mal prendra la forme du jugement dernier après le dernier bouleversement cosmique de ce monde qui passe".
Peut-on dire que la voie de la sécularisation, de la protestantisation et donc de l'apostasie de l'Église en révolutionnant les coutumes et la mentalité des catholiques mène déjà à la mise en œuvre de ce qui est écrit ci-dessus ?
Selon le père Curzio Nitoglia, prêtre catholique de Velletri, dans la province de Rome, "ce sont les forces occultes qui manœuvrent le monde qui, en utilisant la mise à jour dogmatique conciliaire pour introduire le modernisme dans l'environnement ecclésial, détruisent progressivement l'Église de l'intérieur et conduisent ainsi à l'accomplissement de ce qui est lu dans le Catéchisme".

Approfondissons le sujet en lui posant quelques questions précises.
D. Comment est-il parvenu à faire passer cet "aggiornamento" pour compatible avec la Tradition de l’Église ?
R. Avec le vieux truc de l'"herméneutique de la continuité et non de la rupture", commencé avec Roncalli et poursuivi jusqu'à Ratzinger, qui en a fait son "cheval de bataille". La majorité des évêques étaient, au début du Concile, de tendance traditionaliste, mais la minorité rhénane, farouchement soutenue par Jean XXIII puis Paul VI, parvint à renverser la vapeur et à faire jeter les documents de la commission anté-préparatoire (1960/62), dirigée par le cardinal Alfredo Ottaviani, et à les remplacer par des documents entachés de modernisme, quoique de manière très ambiguë et cachée. Ce n'est que plus tard que les théologiens rhénans tireront des conclusions (ouvertement modernistes) des prémisses initialement modérément modernisatrices des décrets du Concile.

D. L'"herméneutique de la continuité" a-t-elle été prouvée par Benoît XVI ?
R. Non. Depuis 1962, elle a servi à faire avaler à la majorité de l'épiscopat encore traditionnellement catholique des ambiguïtés et des nouveautés qui n'étaient pas ouvertement hérétiques, mais qui allaient servir de précurseur aux hérésies matérielles ouvertement proclamées par le pape François. D'une part, la Constitution de 1963 réaffirme les principes catholiques, mais, immédiatement après, en introduisant un 'néanmoins' ou un 'mais', elle les annule, les édulcore et les désarme, rendant possible l'erreur la plus explicite, qui, dans un premier temps, provoquera déception et réaction.

D. À quoi a conduit la pénétration du modernisme dans l'Église ?
R. Il s'est hissé au sommet de l'Église en subvertissant son dogme, sa morale et sa liturgie. Déjà présent dans les premières années du XXe siècle, il s'est emparé de son élite avec le Concile Vatican II pour arriver, avec la Nouvelle Messe, à la subversion que pratiquent et font pratiquer les prêtres et les fidèles, qui n'auraient pas compris et subi l'énorme portée doctrinalement subversive des seize Décrets du Concile Vatican II, si ceux-ci étaient restés au niveau de la spéculation théologique et n'avaient pas été déposés dans la pratique liturgique. On ne peut pas comprendre comment on est arrivé à la Nouvelle Messe de Paul VI ('69) si on ne part pas de la Constitution sur la Sainte Liturgie ('63). Le Concile Vatican II est le fruit empoisonné de la conspiration contre l'Église de Jésus-Christ.

D. Que dit la Constitution "Sacrosanctum Concilium" sur la "Sainte Liturgie" (4 décembre 1963) ?
R. L'article 50 de la Constitution conciliaire sur la liturgie Sacrosanctum Concilium parlait déjà d'une "révision du rite de la Messe". Cependant, la réforme de la liturgie de 1969 n'a pas été clairement exprimée dans la Constitution conciliaire de 1963, mais seulement suggérée et presque subrepticement, afin de ne pas provoquer d'emblée des réactions excessives.

D. Une " nouvelle liturgie ", une " nouvelle théologie ". Quelles sont leurs caractéristiques ?
R. Elles sont anthropocentriques et immanentistes. En effet, la Liturgie romaine de Tradition apostolique - codifiée, restaurée et rendue obligatoire dans l'Église universelle par saint Pie V, après la barbarie liturgique du luthéranisme - était avant tout un culte rendu à Dieu, ce n'est qu'ensuite et par conséquent qu'elle avait un caractère pédagogique, c'est-à-dire qu'elle cherchait à enseigner aux fidèles à mettre en pratique et à vivre l'esprit et la doctrine de l'adoration due par la créature au Créateur. Avec la Nouvelle Messe (fille de la Constitution Sacrosanctum Concilium), en revanche, les rapports sont inversés : l'homme et l'anthropocentrisme deviennent "l'as de tout" (comme le disait le Père Cornelio Fabro). La pastorale, la pédagogie, l'homilétique et l'enseignement deviennent plus importants que le culte, que l'adoration due à Dieu ; en bref, on ne croit plus que "le Verbe s'est fait chair", mais que "la parole est devenue papier...".

De plus, la Nouvelle Messe est en perpétuelle évolution, ayant perturbé la perpétuité propre au Rite Romain de la Tradition Apostolique et ayant mis en pratique "l'évolution constante et hétérogène du Dogme", condamnée à plusieurs reprises par St Pie X. Il ne faut donc pas s'étonner des messes sur le matelas de mer, elles sont la conclusion logique de l'esprit de la Nouvelle Messe. Enfin, la Nouvelle Messe est subversive, démocratique et "égalitaire", nivelant le sacerdoce ministériel par les laïcs.

D. Y a-t-il une corrélation entre le Nouvel Ordre de la Messe et le Nouvel Ordre Mondial ?
R. Le Novus Ordo Missae (liturgique) ne fait qu'un avec le "Nouvel Ordre Mondial" (temporel), puisqu'il lui a ouvert toutes grandes les portes (comme les Troyens l'ont fait pour le cheval d'Ulysse), dans la mesure où le Novus Ordo Missae est la préparation théologique/liturgique du "NOM temporel" de Klaus Schwab ou, si l'on veut, le "précurseur prophétique" du "faux Messie militant", qui est alors l'Antéchrist. Le caractère anthropocentrique du NOM ( Novus Ordo Missae ) est absolument indéniable, il suffit d'assister à la célébration d'une messe réformée et il ne peut échapper à aucun homme ("sensu constat" diraient Aristote et saint Thomas), doté de la droite raison, l'imposition de la table placée devant les fidèles qui regardent en face le célébrant ou le président de l'assemblée, c'est-à-dire le culte de l'homme, qui remplace le culte de Dieu. Comme le disaient les scolastiques, "contra factum, non valet argumenum" ( il n'y a pas de théorie, d'herméneutique, d'explication qui tienne) ... on ne peut pas parler de "continuité" là où la "rupture" (des tympans et plus ...) est constamment sous les yeux du pauvre spectateur.

D. Avec la nouvelle messe, l'homme a-t-il donc pris la place de Dieu ?
R. Il est indéniable qu'avec la nouvelle messe, l'homme a pris la place de Dieu. C'est un fait et "contre le fait l'argument" ou la répétition obsessionnelle (sans l'ombre d'une preuve) de l'herméneutique de la continuité (et non de la rupture) entre un rite et un autre ne vaut rien. Le cardinal Alfonso Stickler, l'un des plus grands historiens du droit canonique de la seconde moitié du XXe siècle, a écrit : "Nous attendons toujours une réponse et une réfutation du 'Bref examen critique du Novus Ordo Missae' et de la 'Lettre d'accompagnement' présentés par les cardinaux Ottaviani et Bacci à Paul VI" ... nous attendons toujours. La tactique gagnante de la révolution moderniste n'est pas la rupture ouverte et claire, mais la rupture cachée et dissimulée sous l'apparence de l'"herméneutique de la continuité", le véritable cheval de Troie pour entrer dans la Cité de Dieu, et c'est pourquoi Benoît XVI était beaucoup plus dangereux que François.

D. Voulez-vous entrer dans les détails ?
R. La tactique de Ratzinger était beaucoup plus insidieuse que celle de Bergoglio, tout comme un serpent qui se cache dans l'herbe ("latet in herba anguis") est beaucoup plus dangereux qu'une vipère couchée au soleil au milieu d'une route, qui ne mord que ceux qui veulent être mordus en s'approchant d'elle, même s'ils sont escortés. C'est pourquoi les traditionalistes n'ont pas réagi fortement, dans un premier temps, à la Constitution sur la "Sainte Liturgie" de 1963. Ils l'ont ensuite fait en 1969 à l'égard du NOM, qui avait jeté le masque de la continuité pour montrer, voire crier avec micro et guitares, celui de la rupture avec le Rite de la Tradition Apostolique (et avec les tympans des fidèles). On peut donc répondre aux objecteurs de "l'herméneutique de la continuité" : "Si nous nous taisions nous aussi, les pierres" des cathédrales, les micros, les timbales des spectateurs le crieraient, car le NOM est un spectacle à saveur vaguement religieuse plutôt qu'un Sacrifice sacré. Peu à peu, avec la promulgation du NOM, s'est amorcée une réaction explicite et bien structurée aux erreurs des textes de Vatican II, justifiée par la distinction entre l'enseignement dogmatique infailliblement assisté, qui définit et oblige à croire, et l'enseignement purement pastoral, qui, ne définissant pas et n'obligeant pas, n'est pas infaillible.

D. Certains traditionalistes ont-ils tenté de justifier la Constitution du Concile ?
R. Oui, ils ont affirmé que la révolution liturgique n'était pas le résultat de la Constitution de 1963 ("la lettre du Concile"), mais d'une mauvaise lecture ou d'une mauvaise interprétation ("l'esprit du Concile"). Ils avaient en partie raison parce que l'erreur explicite était encore très bien cachée, mais en partie tort parce qu'elle était potentiellement contenue dans la Constitution du Concile. La "Nouvelle Messe Montinienne" du 3 avril 1969 exalte l'homme et diminue Dieu, et la réaction a été radicale, claire et forte : Il suffit de penser à la lettre d'accompagnement du "Bref examen critique du Novus Ordo Missae", rédigé par les cardinaux Alfredo Ottaviani et Antonio Bacci, à l'excellent texte du "Bref examen critique" du 5 juin 1969 rédigé par une équipe de théologiens sous la direction du Père dominicain Michel Louis Guérard des Lauriers et de Monseigneur Ugo Maria Lattanzi, et au livre d'Arnaldo Vidigal Xavier da Silveira, "La nouvelle messe de Paul VI, qu'en penser ? "(téléchargeable sur gloria.tv ).

D. Pouvez-vous expliquer pourquoi la nouvelle messe a une caractéristique anti-christique ?
R. Parce qu'elle renversait la relation que la vraie religion établissait entre l'homme et Dieu. En effet, religion vient du verbe latin "religare", qui signifie unir deux éléments : l'homme à Dieu. Or, avec la nouvelle messe, il n'y a plus un sujet fini et créé (l'homme) qui adore et un sujet infini et incréé (Dieu) qui est adoré. La religion unit et relie la terre au ciel, en établissant un échange entre eux : le Verbe s'abaissant et s'incarnant et l'homme se rachetant, s'élevant par le don gratuit de Dieu. Mais si le sujet et l'objet (l'homme et Dieu) sont confondus au détriment de Dieu, il n'y a plus de vraie religion qui réunisse l'immanent et le transcendant. En résumé, la nouvelle messe est le triomphe de l'immanentisme, du panthéisme et de la négation de la transcendance de Dieu et de la religion chrétienne.

D. L'anthropocentrisme déjà théorisé par Nietzsche ?
R. Par Nietzsche avec la doctrine du Surhomme, alors qu'aujourd'hui avec Noah Harari on l'appelle "Trans/Humanisme". Or, le Surhomme, c'est l'Antéchrist. Le NOM a donc conduit la chrétienté à se désarmer devant l'avancée de l'Antéchrist et rend aujourd'hui l'humanité, sous la domination du "Nouvel Ordre Mondial temporel", prête et disposée à accepter le Trans/Humanisme. Une fois de plus, on ne peut que constater le lien étroit entre la Nouvelle Messe et le Nouvel Ordre Mondial antéchrist.

D. Comment peut-on définir la "Nouvelle Messe" ?
R. La nouvelle messe est le fruit d'un concile vécu et pratiqué par tous. Le problème de la nouvelle messe ou de la révolution liturgique de Paul VI peut être étudié à la lumière de la "guerre occulte" menée par les deux principales forces de la révolution : le judaïsme talmudique et la franc-maçonnerie, qui, en déformant la liturgie, ont semé la pagaille dans l'environnement ecclésial.

D. On dit que le Vetus Ordo sera supprimé. Peut-on dire que "Celui qui retient le mystère de l'iniquité" (Th 2,7) est "Jésus Eucharistie" ?

R. Jésus Eucharistie est l'un des grands obstacles à l'avènement et à la manifestation de l'Antéchrist.