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4. À la recherche des reliques saintes ~ La Sainte Lance (épisode 4/13) La transfixion (transpercement par un coup de lance) n’est pas mentionnée dans les Évangiles synoptiques (Matthieu, Marc et Luc …Plus
4. À la recherche des reliques saintes ~ La Sainte Lance (épisode 4/13)

La transfixion (transpercement par un coup de lance) n’est pas mentionnée dans les Évangiles synoptiques (Matthieu, Marc et Luc). Seul l’Évangile selon Jean (19, 33-35) précise: «S’étant approchés de Jésus, et le voyant déjà mort, ils ne lui rompirent pas les jambes; mais un des soldats lui perça le côté avec une lance, et aussitôt il sortit du sang et de l’eau. Celui qui l’a vu en a rendu témoignage, et son témoignage est vrai; et il sait qu’il dit vrai, afin que vous croyiez aussi.» (trad. Louis Segond). Ce coup de lance présente un caractère théologique plutôt qu'historique, l'auteur de l'évangile ayant probablement voulu répondre à la prophétie du livre d'Ézéchiel. Une tradition chrétienne veut que le soldat romain qui a percé le flanc du Christ sur la Croix à l’aide de sa lance (lance de la Passion appelée en latin dominica hasta ou sacra hasta) se nomme Longinus (en français Longin), d’où le nom latin de la relique: Lancea Longini. La tradition veut que cette lance ne cesse jamais de saigner à sa pointe. Le détenteur de cette lance est le même que celui du Graal dans les légendes arthuriennes. Le nom de Longin n’apparaît qu’avec l’Évangile de Nicodème, un apocryphe du IVe siècle. Une enluminure des Évangiles de Rabula (en syriaque) copiés en 586, et conservés à la bibliothèque Laurentienne de Florence, représente le soldat romain perçant le flanc du Christ, avec la légende (en grec) ΛOΓINOC (Loginos). Par la suite, c’est ainsi qu’on nomme traditionnellement ce soldat, et il monte en grade puisqu’on en fait souvent le centurion qui commandait la garde au pied de la Croix et qui, selon Matthieu (27, 54) se serait converti juste après la mort du Christ. La tradition énonce aussi le fait qu’en perçant la poitrine du Christ, Longin, à moitié aveugle, ait reçu une goutte du sang et de l’eau du cœur percé, et en ait instantanément recouvré la vue. Ce nom, qui s’écrit ΛΟΓΓΙΝΟC (Longinos) en grec, est forgé probablement à partir du grec ancien ΛΟΓΧΗ (longké) qui veut dire «lance». Selon une tradition locale, la ville catalane de Llança («Lance»), qui arbore trois lances dans son blason, prétend que Longin était originaire de ce lieu. Au cours de l’invention de la Vraie Croix près du Saint-Sépulcre par sainte Hélène en 326, la mère de Constantin recueille d'autres reliques de la Passion, dont les clous et la lance utilisés lors de la crucifixion. Ce récit d’inventio (invention au sens de découverte, mise au jour) pourrait être en partie légendaire, car à partir des années 350, l'Anonyme de Bordeaux qui raconte un pèlerinage à Jérusalem en l'an 333 ne mentionnant pas ces découvertes. Ce récit légendaire peut avoir été élaboré comme une réponse aux questions des pèlerins qui s'interrogeaient sur l'origine de la présence des reliques de la Passion à Jérusalem mais peut s'interpréter aussi comme une compétition entre les diocèses de Césarée et de Jérusalem qui revendiquent la primauté de l'Église dans la province palestinienne. La découverte et la détention de reliques, même fausses, à Jérusalem légitime alors la primauté de cette dernière. (2009)

John Kalousios