Arthur De la Baure
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Les difficultés que posent le lefebvrisme doctrinal. Partie 4

La quatrième difficulté, les" papes" conciliaires seraient ignorants de la foi catholique
[Extrait du Numéro 343]


Mgr Williamson tente de désamorcer l'argument des sédévacantistes qui indique que, puisque les papes de Vatican II sont hérétiques publics, ils ne peuvent pas être papes. Il répond que les papes conciliaires, même s'ils ont affirmé des hérésies objectives, subjectivement ne sont pas coupables du péché ou du crime d'hérésie, parce que nous ne pouvons pas prouver, en dehors d'un tribunal, qu'ils sont vraiment conscients de contredire l'enseignement de l'Église.

Réponse. Il est d'abord nécessaire de revoir la distinction entre le péché d'hérésie et le crime d'hérésie. Le péché d'hérésie est l'acte de douter ou de nier une vérité de Foi Catholique. Il peut être formel ou matériel:

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L'hérésie formelle consiste à douter ou nier la vérité en sachant que ce que vous doutez ou niez est en fait un dogme ou un enseignement moral Catholique, et non pas seulement une conclusion théologique ou l'opinion de certains théologiens.

-L'hérésie matérielle consiste dans le fait de douter ou nier ce qui est objectivement un dogme ou un enseignement moral Catholique sans savoir que l'enseignement appartient à la foi.

L'hérésie est aussi un crime, c'est-à-dire, une violation de la loi de l’Église, pour laquelle il existe certaines peines.

Dans les deux cas, cependant, la commission du péché ou du crime, si elle est faite publiquement, apporte avec elle une rupture automatique avec l'Église catholique.
Les théologiens moralistes sont clairs en affirmant que la seule chose qui excuse de l'hérésie formelle est l'ignorance. On doit être ignorant du fait que l'on contredit une doctrine Catholique appartenant soit au magistère solennel de l'Église, soit au magistère ordinaire universel.
Mgr Williamson voudrait nous faire croire que, une fois que le fait d'hérésie est établi, c'est-à-dire, que quelqu'un a prononcé une hérésie, l'ignorance est présumée, jusqu'à ce que le contraire est prouvé devant un tribunal.
En réalité, le contraire est vrai. On est présumé innocent jusqu'à ce que l'on soit prouvé coupable dans tous les tribunaux en ce qui concerne le fait d'un crime, mais jamais quant à la formalité (culpabilité personnelle) du crime. Si cela était vrai, il serait nécessaire d'avoir deux jugements pour tous les crimes : l'un pour prouver le fait, et l'autre pour prouver que l'auteur savait vraiment ce qu'il faisait quand il l'a fait. Toute loi présume la culpabilité formelle lorsque le fait du crime est connu. La même chose est vraie pour le péché. L'absence de formalité dans le péché – c'est-à-dire, que quelqu'un est innocent, faute de connaissance - doit être prouvé.
Je donnerai quelques exemples. Dans le cas de la fusillade de masse du Colorado dans une salle de cinéma qui a eu lieu en 2012, les avocats de la défense de ce jeune homme ne contestent absolument pas le fait que leur client a tiré et perpétué des meurtres. Ils essaient de prouver que le tireur n'était pas sain d'esprit, et par conséquent, pour cause d'aliénation mentale, pas vraiment coupable du crime devant la loi. C'est à eux de le prouver ; il n'existe aucune présomption de loi en faveur du jeune homme.
Il y eut aussi la célèbre affaire à Oyster Bay Cove, New York, dans un bâtiment qui sert maintenant de centre de Messe de la Fraternité Saint-Pie V. Il y a plusieurs décennies, il y eut un meurtre dans ce bâtiment, réalisé par la femme d'un homme qu'elle a pris pour un rôdeur au milieu de la nuit. Elle a admis avoir tirer sur lui, mais soutint qu'elle le fit par erreur, ne réalisant pas que c'était son mari. Elle a été acquittée. C'était à elle, cependant, de prouver son ignorance, puisque la présomption de la loi était contre elle.
Puis il y eut le cas célèbre à Washington au cours de la guerre civile américaine, dans lequel le prétexte d'aliénation mentale temporaire a remporté un acquittement. Un homme est rentré à la maison à l'improviste et trouve sa femme avec un autre homme. Le mari est entré dans une telle rage qu'il a immédiatement pris un pistolet et a tiré sur l'amant de sa femme. Il a admis au tribunal avoir commis l'acte, mais a plaidé qu'il était innocent en raison du manque de formalité de l'acte, à savoir qu'il était temporairement fou à cause de son extrême colère.
Le fait est que toutes les lois, y compris la théologie morale et le Droit Canonique, présume la culpabilité une fois que le fait du péché est admis. La personne qui prétend ne pas être coupable en raison de son ignorance doit démontrer son absence de formalité par des preuves.

Mgr Williamson voudrait nous faire avaler, par conséquent, l'absurdité soutenant que les "papes" de Vatican II sont ignorants de la Foi Catholique. Nous sommes supposés croire que Benoît XVI, qui nie publiquement la résurrection des morts à la fin du monde, ne sait pas que cette doctrine fait partie du Symbole des Apôtres, du Symbole de Nicée, et du Symbole de Saint Athanase.
Le quatrième argument contre le sédévacantisme de Mgr Williamson par conséquent s'effondre parce qu'il est basé sur de faux principes concernant la culpabilité formelle, et sur l'absurde supposition que les "papes" Modernistes pourraient en fait être ignorants de la Foi.
C'est le péché public d'hérésie, d'ailleurs, et pas le crime canonique, qui suffit pour être un obstacle à la réception de l'autorité papale. ( mgr Sanborn)

St. Robert Bellarmin, De Romano Pontifice: « ... car les hommes ne sont pas tenus, ou capables de lire dans les cœurs ; MAIS QUAND ILS VOIENT QUE QUELQU'UN EST UN HÉRÉTIQUE PAR SES ŒUVRES EXTERNES, ILS JUGENT PUREMENT ET SIMPLEMENT QU'IL EST UN HÉRÉTIQUE, ET LE CONDAMNENT COMME UN HÉRÉTIQUE.

Pape Pie VI, Auctorem fidei ; : « De même (la proposition) qui affirme qu'il est nécessaire selon les lois naturelles et divines que, soit pour l'excommunication, soit pour la suspense, il y ait un examen personnel préalable, et que par conséquent les sentences dites ipso facto n'ont pas d'autre portée que celle d'une menace sérieuse sans aucun effet actuel, (est) fausse, téméraire, pernicieuse, injurieuse pour l'autorité de l'Église, erronée. »

St. Robert Bellarmin, De Romano Pontifice, II, 30, parlant d’un postulant à la fonction papale : « Car, en premier lieu, il est prouvé par des arguments d'autorité et de raison que l'hérétique manifeste est déposé ipso facto. L'argument d'autorité est fondé sur saint Paul (Tite 3:10), qui ordonne d'éviter l'hérétique après deux avertissements, c'est-à-dire après s’être montré manifestement obstiné — ce qui signifie avant toute excommunication ou sentence judiciaire. Et ceci est ce qu’écrit saint Jérôme, ajoutant que les autres pécheurs sont exclus de l’Église par sentence d’excommunication, mais que les hérétiques s’exilent eux-mêmes et se séparent eux-mêmes, par leurs propres actes, du corps du Christ. »
Arthur De la Baure
Les références concernant la doctrine de Benoît XVI sur la résurrection :
Benoît XVI, La foi chrétienne hier et aujourd’hui ; 2005, p. 252 : « Il est donc clair que l’essence de la foi en la résurrection ne consiste pas dans l’idée d’une restitution des corps, telle que nous l’imaginons habituellement ; cela reste vrai même si la Bible se sert couramment de cette représentation imagée. » …Plus
Les références concernant la doctrine de Benoît XVI sur la résurrection :

Benoît XVI, La foi chrétienne hier et aujourd’hui ; 2005, p. 252 : « Il est donc clair que l’essence de la foi en la résurrection ne consiste pas dans l’idée d’une restitution des corps, telle que nous l’imaginons habituellement ; cela reste vrai même si la Bible se sert couramment de cette représentation imagée. »

Benoît XVI, La foi chrétienne hier et aujourd’hui ; 2005, p. 255: « Les réflexions précédentes auront fait apparaître dans une certaine mesure de quoi il est question exactement dans le message biblique de la résurrection : le contenu essentiel de ce message n’est pas la représentation d’une restitution des corps aux âmes après une longue période intermédiaire... »

Benoît XVI, La foi chrétienne hier et aujourd’hui ; 2005, p. 259 : « Paul, répétons-le encore une fois, n’enseigne pas la résurrection des corps, mais celle des personnes... »

Voici ce que les papes enseignaient:

Pape Grégoire X, Concile Lyon II ; 1274, ex cathedra : « La même sainte Église romaine croit et affirme fermement que néanmoins, au jour du Jugement, tous les hommes comparaîtront avec leurs corps devant le tribunal du Christ pour y rendre compte de leurs actions. »

Pape Innocent III : « Tous ressusciteront avec leur propre corps qu'ils ont maintenant.... »

Pape Benoît XII : « ... tous les hommes comparaîtront avec leurs corps “devant le tribunal du Christ” pour rendre compte de leurs actes personnels... »