Transmettre le Magistère

« Quant à déterminer quelles doctrines sont renfermées dans cette révélation divine, c’est la mission de l’Église enseignante, à laquelle Dieu a confié la garde et l’interprétation de sa parole ; dans l’Église, le docteur suprême est le Pontife Romain. L’union des esprits réclame donc, avec un parfait accord dans la même foi, une parfaite soumission et obéissance des volontés à l’Église et au pontife Romain, comme à Dieu lui-même.
L’obéissance doit être parfaite, parce qu’elle appartient à l’essence de la foi, et elle a cela de commun avec la foi qu’elle ne peut pas être partagée. Bien plus, si elle n’est pas absolue et parfaite de tout point, elle peut porter encore le nom d’obéissance, mais elle n’a plus rien de commun avec elle. La tradition chrétienne attache un tel prix à cette perfection de l’obéissance, qu’elle en a toujours fait et en fait toujours le signe caractéristique auquel on peut reconnaître les catholiques. C’est ce que saint Thomas d’Aquin explique d’une manière admirable dans le passage suivant :
« L’objet formel de la foi est la vérité première, en tant qu’elle est manifestée dans les Saintes Écritures et dans la doctrine de l’Église, qui procèdent de la vérité première. Il suit de là que quiconque n’adhère pas, comme à une règle infaillible et divine, à la doctrine de l’Église, qui procède de la vérité première manifestée dans les Saintes Écritures, n’a pas la foi habituelle, mais possède autrement que par la foi les choses qui sont de son domaine… Or, il est manifeste que celui qui adhère à la doctrine de l’Église comme à une règle infaillible donne son assentiment à tout ce que l’Église enseigne ; autrement, si, parmi les choses que l’Église enseigne, il retient ce qui lui plaît et exclut ce qui ne lui plaît pas, il adhère à sa propre volonté et non à la doctrine de l’Église, en tant qu’elle est une règle infaillible. La foi de toute l’Église doit être Une, selon cette parole de saint Paul aux Corinthiens (I Cor., 1) : « Ayez tous un même langage et qu’il n’y ait pas de division parmi vous. » Or, cette unité ne saurait être sauvegardée qu’à la condition que les questions qui surgissent sur la foi soient résolues par celui qui préside à l’Église tout entière, et que sa sentence soit acceptée par elle avec fermeté. C’est pourquoi à l’autorité du Souverain Pontife seul il appartient de publier un nouveau symbole, comme de décerner toutes les autres choses qui regardent l’Église universelle ».

Lorsqu’on trace les limites de l’obéissance due aux pasteurs des âmes et surtout au Pontife Romain, il ne faut pas penser qu’elles renferment seulement les dogmes auxquels l’intelligence doit adhérer et dont le rejet opiniâtre constitue le crime d’hérésie. Il ne suffirait même pas de donner un sincère et ferme assentiment aux doctrines qui, sans avoir été jamais définies par aucun jugement solennel de l’Église, sont cependant proposées à notre foi, par son magistère ordinaire et universel, comme étant divinement révélées, et qui, d’après le concile du Vatican, doivent être crues de foi catholique et divine. Il faut, en outre, que les chrétiens considèrent comme un devoir de se laisser régir, gouverner et guider par l’autorité des évêques, et surtout par celle du Siège apostolique. Combien cela est raisonnable, il est facile de le démontrer. En effet, parmi les choses contenues dans les divins oracles, les unes se rapportent à Dieu, principe de la béatitude que nous espérons, et les autres à l’homme lui-même et aux moyens d’arriver à cette béatitude. Il appartient de droit divin à l’Église et, dans l’Église, au Pontife romain, de déterminer dans ces deux ordres ce qu’il faut croire et ce qu’il faut faire. Voilà pourquoi le Pontife doit pouvoir juger avec autorité de ce que renferme la parole de Dieu, décider quelles doctrines concordent avec elle et quelles doctrines y contredisent. De même, dans la sphère de la morale, c’est à lui de déterminer ce qui est bien, ce qui est mal, ce qui est nécessaire d’accomplir et d’éviter si l’on veut parvenir au salut éternel ; autrement, il ne pourrait être ni l’interprète infaillible de la parole de Dieu, ni le guide sûr de la vie humaine.

Il faut encore pénétrer plus avant dans la constitution intime de l’Église. En effet, elle n’est pas une association fortuitement établie entre chrétiens, mais une société divinement constituée et organisée d’une manière admirable, ayant pour but direct et prochain de mettre les âmes en possession de la paix et de la sainteté. Et, comme seule elle a reçu de la grâce de Dieu les moyens nécessaires pour réaliser une telle fin, elle a ses lois fixes, ses attributions propres et une méthode déterminée et conforme à sa nature de gouverner les peuples chrétiens. » (Encyclique Sapientiae Christianae, 10 janvier 1890, sur les principaux devoirs des chrétiens, n° 31 à 35)

Léon XIII explique encore l’origine et la nécessité du MOU :
« Il est donc évident, d’après tout ce qui vient d’être dit, que Jésus-Christ a institué dans l’Eglise un magistère vivant, authentique et, de plus, perpétuel (Conc. Vat. sess. III. cap. 3), qu’Il a investi de Sa propre autorité, revêtu de l’esprit de vérité, confirmé par des miracles, et Il a voulu et très sévèrement ordonné que les enseignements doctrinaux de ce magistère fussent reçus comme les Siens propres. Toutes les fois donc que la parole de ce magistère déclare que telle ou telle vérité fait partie de l’ensemble de la doctrine divinement révélée, chacun doit croire avec certitude que cela est vrai ; car si cela pouvait en quelque manière être faux, il s’ensuivrait, ce qui est évidemment absurde, que Dieu Lui-même serait l’auteur de l’erreur des hommes.

« Seigneur, si nous sommes dans l’erreur, c’est Vous-même qui nous avez trompés » (Richardus de S. Victore, De Trin., lib. I, cap. 2). Tout motif de doute étant ainsi écarté, peut-il être permis à qui que ce soit de repousser quelqu’une de ces vérités, sans se précipiter ouvertement dans l’hérésie, sans se séparer de l’Eglise et sans répudier en bloc toute la doctrine chrétienne ? Car telle est la nature de la foi que rien n’est plus impossible que de croire ceci et de rejeter cela. L’Eglise professe, en effet, que la foi est une vertu surnaturelle par laquelle, sous l’inspiration et avec le secours de la grâce de Dieu, nous croyons que ce qui nous a été révélé par Lui est véritable : « nous le croyons, non point à cause de la vérité intrinsèque des choses vue dans la lumière naturelle de notre raison, mais à cause de l’autorité de Dieu Lui-même qui nous révèle ces vérités, et qui ne peut ni Se tromper ni nous tromper » (Conc. Vat. sess. III. cap. 3). Si donc il y a un point qui ait été évidemment révélé par Dieu et que nous refusions de le croire, nous ne croyons absolument rien de la foi divine. Car le jugement que porte saint Jacques au sujet des fautes dans l’ordre moral, il faut l’appliquer aux erreurs de pensée dans l’ordre de la foi.

« Quiconque se rend coupable en un seul point, devient transgresseur de tous » (Jc II, 10). Cela est même beaucoup plus vrai des erreurs de la pensée. Ce n’est pas, en effet, au sens le plus propre qu’on peut appeler transgresseur de toute la loi celui qui a commis une faute morale ; car s’il peut sembler avoir méprisé la majesté de Dieu, auteur de toute la loi, ce mépris n’apparaît que par une sorte d’interprétation de la volonté du pécheur. Au contraire, celui qui, même sur un seul point, refuse son assentiment aux vérités divinement révélées, très réellement abdique tout à fait la foi, puisqu’il refuse de se soumettre à Dieu en tant qu’il est la souveraine vérité et le motif propre de foi. « En beaucoup de points ils sont avec Moi, en quelques-uns seulement, ils ne sont pas avec Moi ; mais à cause de ces quelques points dans lesquels ils se séparent de Moi, il ne leur sert de rien d’être avec Moi en tout le reste » (S. Augustinus, in Psal. LIV, n. 19).

Rien n’est plus juste : car ceux qui ne prennent de la doctrine chrétienne que ce qu’ils veulent, s’appuient sur leur propre jugement et non sur la foi ; et, refusant de « réduire en servitude toute intelligence sous l’obéissance du Christ » (II Cor, X, 5), ils obéissent en réalité à eux-mêmes plutôt qu’à Dieu. « Vous qui dans l’Evangile croyez ce qui vous plaît et refusez de croire ce qui vous déplaît, vous croyez à vous-mêmes, beaucoup plus qu’à l’Evangile » (S. Augustinus, lib. XVII, Contra Faustum Manichæum, cap. 3). Les Pères du Concile du Vatican n’ont donc rien édicté de nouveau, mais ils n’ont fait que se conformer à l’institution divine, à l’antique et constante doctrine de l’Église et à la nature même de la foi, quand ils ont formulé ce décret : « On doit croire, de foi divine et catholique, toutes les vérités qui sont contenues dans la parole de Dieu écrite ou transmise par la tradition et que l’Église, SOIT PAR UN JUGEMENT SOLENNEL, SOIT PAR SON MAGISTÈRE ORDINAIRE ET UNIVERSEL [ndlr : mots en lettres capitales dans le document original], propose comme divinement révélée.

Pour conclure, puisqu’il est évident que Dieu veut absolument dans Son Eglise l’unité de foi, puisqu’il a été démontré de quelle nature Il a voulu que fût cette unité et par quel principe Il a décrété d’en assurer la conservation, qu’il nous soit permis de nous adresser à tous ceux qui n’ont point résolu de fermer l’oreille à la vérité et de leur dire avec saint Augustin : «Puisque nous voyons là un si grand secours de Dieu, tant de profit et d’utilité, hésiterons-nous à nous jeter dans le sein de cette Église, qui, de l’aveu du genre humain tout entier, tient du siège apostolique, et a gardé, par la succession de ses évêques, l’autorité suprême, en dépit des clameurs des hérétiques qui l’assiègent et qui ont été condamnés soit par le jugement du peuple, soit par les solennelles décisions des Conciles, soit par la majesté des miracles ? Ne pas vouloir lui donner la première place, c’est assurément le fait ou d’une souveraine impiété ou d’une arrogance désespérée. Et si toute science, même la plus humble et la plus facile, exige, pour être acquise, le secours d’un docteur ou d’un maître, peut-on imaginer un plus téméraire orgueil, lorsqu’il s’agit des livres des divins mystères, que de refuser d’en recevoir la connaissance de la bouche de leurs interprètes, et, sans les connaître, de vouloir les condamner ?» (De utilitate credendi, cap. XVII, n. 35).

C’est donc, sans aucun doute, le devoir de l’Église de CONSERVER et de propager la doctrine chrétienne DANS TOUTE SON INTÉGRITÉ ET SA PURETÉ. Mais son rôle ne se borne point là, et la fin même pour laquelle l’Église est instituée n’est pas épuisée par cette première obligation. En effet, c’est pour le salut du genre humain que Jésus-Christ S’est sacrifié, c’est à cette fin qu’Il a rapporté tous Ses enseignements et tous Ses préceptes ; et ce qu’Il ordonne à l’Église de rechercher dans la vérité de la doctrine, c’est de sanctifier et de sauver les hommes. Mais ce dessein si grand, si excellent, la foi, à elle seule, ne peut aucunement le réaliser ; il faut y ajouter le culte rendu à Dieu, en esprit de justice et de piété et qui comprend surtout le sacrifice divin et la participation aux sacrements ; puis encore la sainteté des lois morales et de la discipline. Tout cela doit donc se rencontrer dans l’Église, puisqu’elle est chargée de continuer jusqu’à la fin des temps les fonctions du Sauveur : la religion, qui par la volonté de Dieu a en quelque sorte pris corps en elle, c’est l’Église seule qui l’offre au genre humain dans toute sa plénitude et sa perfection ; et de même tous les moyens de salut qui, dans le plan ordinaire de la Providence, sont nécessaires aux hommes, c’est elle seule qui les leur procure.

Mais, de même que la doctrine céleste n’a jamais été abandonnée au caprice ou au jugement individuel des hommes, mais qu’elle a été d’abord enseignée par Jésus, puis conférée exclusivement au magistère dont il a été question, de même ce n’est point au premier venu parmi le peuple chrétien, mais à certains hommes choisis, qu’a été donnée par Dieu la faculté d’accomplir et d’administrer les divins mystères et aussi le pouvoir de commander et de gouverner. Ce n’est, en effet, qu’aux apôtres et à leurs légitimes successeurs que s’adressent ces paroles de Jésus-Christ : « Allez dans le monde tout entier, prêchez-y l’Évangile… baptisez les hommes… faites cela en mémoire de Moi… Les péchés seront remis à ceux à qui vous les aurez remis ». De la même façon, ce n’est qu’aux apôtres et à leurs légitimes successeurs qu’Il a ordonné de paître le troupeau, c’est-à-dire de gouverner avec autorité tout le peuple chrétien, lequel est en conséquence obligé, par le fait même, à leur être soumis et obéissant. Tout l’ensemble de ces fonctions du ministère apostolique est compris dans ces paroles de saint Paul : « Que les hommes nous regardent comme ministres du Christ et dispensateurs des mystères de Dieu » (I Cor, IV, 1) ». […]

Au contraire, ce véritable pouvoir, dont nous parlons, est déclaré et affirmé dans ces paroles : «Et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle». – «Qu’est-ce à dire, contre elle ? Est-ce contre la pierre sur laquelle le Christ bâtit l’Église ? Est-ce contre l’Église ? La phrase reste ambiguë ; serait-ce pour signifier que la pierre et l’Église ne sont qu’une seule et même chose ? Oui, c’est là, je crois, la vérité : car les portes de l’enfer ne prévaudront ni contre la pierre sur laquelle le Christ bâtit l’Église, ni contre l’Église elle-même »

(Origenes, Comment. in Mt., t. XII, n. 11). Voici la portée de cette divine parole : L’Église, appuyée sur Pierre, quelle que soit la violence, quelle que soit l’habileté que déploient ses ennemis visibles et invisibles, ne pourra jamais succomber ni défaillir en quoi que ce soit. « L’Église étant l’édifice du Christ, lequel a sagement bâti « sa maison sur la pierre » ne peut être soumise aux portes de l’enfer ; celles-ci peuvent prévaloir contre quiconque se trouvera en dehors de la pierre, en dehors de l’Église, mais elles sont impuissantes contre elle (Origenes. Comment. in Mt). Si Dieu a confié Son Église à Pierre, c’est donc afin que ce soutien invisible la conservât toujours dans toute son intégrité. Il l’a donc investi de l’autorité nécessaire ; car, pour soutenir réellement et efficacement une Société humaine, le droit de commander est indispensable à celui qui la soutient. Jésus a ajouté encore : « Et Je te donnerai les clés du royaume des cieux ». Il est clair qu’Il continue à parler de l’Église, de cette Église qu’Il vient d’appeler Sienne, et qu’Il a déclaré vouloir bâtir sur Pierre, comme sur son fondement. […]

Et parce qu’il est nécessaire que tous les chrétiens soient liés entre eux par la communauté d’une foi immuable, c’est pour cela que par la vertu de Ses prières, Jésus-Christ Notre-Seigneur a obtenu à Pierre que, dans l’exercice de son pouvoir, sa foi ne défaillît jamais. « J’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point » (Luc, XXII, 32). Et Il a ordonné, en outre, toutes les fois que les circonstances le demanderaient, de communiquer lui-même à ses frères la lumière et l’énergie de son âme : « Confirme tes frères » (Ibid). Celui donc qu’Il avait désigné comme le fondement de l’Église, Il veut qu’il soit la colonne de la foi. « Puisque de Sa propre autorité Il lui donnait le royaume, ne pouvait-il pas affermir sa foi, d’autant que, en l’appelant Pierre, Il le désignait comme le fondement qui devait affermir l’Église ? » » (Sess. III, cap. 3). » (Encyclique Satis Cognitum, 29 juin 1896 – De l’unité de l’Église)
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AveMaria44
Certains refusent le Magistère de la Sainte Église et préfèrent se choisir des gourous selon leurs vues, libres à eux, mais qu'ils cessent de se prétendre catholiques.....Pour prétendre défendre la saine doctrine contre le Magistère du pape, il ne faut pas manquer d'air.....
steack partage ceci
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Partage pour contourner la censure d'un sedevacantiste qui ne supporte plus la saine doctrine catholique et qui vient de supprimer ce commentaire :
Mgr Schneider enseigne dans son catéchisme Credo quand résister aux mauvais papes…Plus
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Mgr Schneider enseigne dans son catéchisme Credo quand résister aux mauvais papes…